Je ne sais pas pour vous, mais moi j’aime bien les défis, cela me motive et me stimule. Lorsque l’on m’a proposé de faire un versus entre Shinobi Wat Aah ! et King of Tokyo, je n’ai pas vu tout de suite ce qui pouvait les rapprocher si ce n’est leur thème asiatique. C’est ce qui m’a plu : tenter autre chose, voir ce qui peut ressortir de deux jeux qui pour moi ne sont pas similaires, de comprendre aussi le ressenti des lecteurs lorsqu’ils ne comprennent pas mes choix, en quelque sorte être de l’autre côté de la barrière. Ce versus faisait partit des choix proposés lors du sondage, et je tenais à vous remercier d’y avoir participé aussi nombreux.
J’écris cette présentation avant de rédiger ce versus, ce qui me permet de vous parler de quelque chose de manière tout à fait neutre : la répartition des points et des égalités. On me reproche parfois que les jeux arrivent souvent à égalité. Comme j’ai pu déjà le dire, je ne vois les égalités qu’à la fin, en rédigeant le tableau récapitulatif, c’est donc totalement involontaire de ma part. Cela est principalement dû au fait que les jeux sélectionnés pour les versus sont souvent d’excellents jeux avec des idées vraiment innovantes. Autre point, après je ne vous embête plus, l’idée de base est surtout de vous présenter deux jeux ayant des similitudes (même si sur certains versus cela ne saute pas aux yeux), pas d’en faire un combat de coqs avec arrachage de crête.
Je vous laisse maintenant à votre lecture et bon versus.
Point de comparaison : mécanique de choix d’action et de gestion
Les plus terrifiants monstres de l’histoire ont envahi la baie de Tokyo, tandis que les clans Ninja se battent entre eux pour déterminer qui prendra le pouvoir. C’est peu de dire qu’il y a de la baston dans l’air ! Donc quoi de mieux qu’un versus pour voir qui deviendra le nouvel empereur du Japon !
Dans Shinobi, votre but sera d’avoir le maximum de points à la fin de la partie en battant à la fois le boss caché et vos adversaires. Vous pourrez pour cela compter sur la force des différents clans et leurs pouvoirs. Shinobi est un jeu de gestion de main et de combinaison de cartes à pouvoir avec tous les coups fourrés que cela implique.
Dans King of Tokyo vous devrez réussir à battre tous vos adversaires ou bien être le premier à remporter le maximum de points de destruction. Pour ce faire, vous devrez frapper vos adversaires et réussir à rester le plus longtemps possible dans Tokyo, tout ceci à l’aide de dés et de cartes pouvoirs.
Mettre à mal ses adversaires, voici l’ordre primaire qui vous sera donné dans les deux jeux. Shinobi est un jeu bien équilibré avec des pouvoirs tout aussi intéressants les uns que les autres. Le hasard de la pioche pourra avoir une incidence (surtout à 2 joueurs), heureusement limitée par le système de Corruption qui équilibre le tout. King of Tokyo est avant tout un jeu fun où vous trouverez aussi du hasard à cause des dés, le fait de pouvoir les relancer aidant à équilibrer l’ensemble. Les cartes pouvoirs y sont intéressantes et pimentent bien le jeu.
Les deux proposent donc des mécaniques différentes mais tout aussi intéressantes. J’accorde néanmoins le point à Shinobi car je trouve ses mécaniques plus subtiles, plus aptes à créer de réelles stratégies ou différentes manières de jouer. On n’y est pas enchainé au hasard comme c’est le cas avec King of Tokyo et ses jets de dés, jeu avec lequel la stratégie passera essentiellement par le choix des dés à garder et des cartes à acheter.
En mode petit scarabée Shinobi se montre tout à fait accessible si ce n’est le fait, récurrent dans les jeux de cartes à texte, de devoir lire les pouvoirs des différentes cartes et de les retenir. Dans King of Tokyo, vous n’avez qu’à choisir un personnage et faire quelques lancers de dés pour donner des exemples aux personnes qui ne connaissent pas le jeu, c’est très intuitif. Du coup, ça passe comme une lettre à la poste pour un large public. De plus, les cartes pouvoirs étant visibles, il est possible de jouer avec des enfants et de leur lire.
Vous serez donc facilement arrivé à la conclusion que le point revient à King of Tokyo grâce à une meilleure accessibilité, même si Shinobi n’est pas « compliqué » à prendre en main.
Voici un point plus complexe à départager car les deux jeux possèdent du matériel bien sympathique. Dans Shinobi les cartes sont superbement illustrées et le plateau bien pensé, même si son utilité n’est pas forcément justifiée (c’est surtout un plus esthétique). Quant aux petits shurikens en bois, c’est une idée qui plait beaucoup auprès des joueurs.
Dans la boite de King of Tokyo vous trouverez également des cartes et un plateau, mais aussi des dés verts et des cartons avec des roulettes pour vos personnages. Ces derniers, en carton à mettre sur des socles, contribuent énormément à l’ambiance du jeu. Heureusement d’ailleurs, sans quoi je n’aurais pas su comment départager les deux jeux. C’est donc grâce à ces personnages et à un matériel plus diversifié que King of Tokyo remporte ce point, bien qu’il ne faille pas pour autant sous-estimer le matériel de Shinobi, d’excellente qualité.
Shinobi vous permet de jouer jusqu’à 4 joueurs à partir de 10 ans, pour des parties allant de 20 à 45 minutes. Quant à King of Tokyo, vous pourrez y jouer jusqu’à 6 joueurs à partir de 8 ans pour des parties d’environ 30 minutes. L’élément âge et durée de partie sont des points très subjectifs, pourtant ces derniers permettent de faire pencher la balance du côté de King of Tokyo. Mais j’ai envie de prendre la chose à contre-courant, car à 2 ou 3 joueurs KOT (si vous me permettez) n’est très amusant et devient plus intéressant lorsqu’il y a de nombreux joueurs autour de la table. Shinobi reste très sympa à 2 mais dépasse parfois la durée indiquée, se rapprochant des 60 à 90 minutes en mode grand maitre (je dis bien parfois, car c’est selon les joueurs), le mode petit scarabée étant plus court. Cela me paraissait plus juste de bien parler de tous ces points, et j’attribue donc tout de même le point à King of Tokyo.
KOT est un jeu fun avant tout ; on le sort en famille ou entre amis pour débuter une soirée, mais pas forcément de façon plus régulière. Shinobi étant plus fin, il sera plus aisé de le sortir, ne serait-ce que pour une partie en mode petit scarabée. Qui dit plus facile à sortir dit souvent durée de vie plus intéressante, il est donc normal d’attribuer ce point à Shinobi.
L’ambiance c’est bien le point fort de ces deux jeux (et un point peu utilisé dans les autres versus jusqu’alors). Dans KOT la baston va être à son comble, on charrie, on nargue, on expulse les autres de Tokyo à grands coups de poing ou de queue (voir de tentacules) et la bonne ambiance règne toujours autour de la table. Il y a aussi de l’ambiance autour d’une table de Shinobi mais tout dépend avec qui vous jouez : ça peut parfois être très tendu et vous pouvez subir un effet tête de Turc ou bien prendre en grippe un autre, bref ça va parfois grincer des dents et râler bien fort. Certes il y a de l’ambiance, mais ce n’est pas toujours plaisant. Attention ce n’est pas la faute du jeu mais de celle des joueurs, pour autant je pense que le point doit revenir à King Of Tokyo qui est un jeu quasiment vendu avec l’ambiance.
Des bastons de monstres dans de grandes métropoles, on nous sert ça depuis déjà des décennies, après réussir à l’adapter de manière ludique et amusante en jeux de société est une chose remarquable. Le jeu de cartes à pouvoirs, est un aussi un classique, mais dans Shinobi cela colle parfaitement au thème, et les subtilités de jeu comme la Corruption, le fait de conserver ses cartes entre chaque tour ou le système de boss font de Shinobi le vainqueur de ce point.
Les deux tournent autour des 25€ pour un matériel sensiblement identique. Il va donc être compliqué de les départager. Il existe en revanche deux extensions pour KOT, une troisième arrivant bientôt même si cela n’entre pas vraiment dans le comparatif. C’est assez arbitraire, mais avec ses personnages, ses gros dés et le reste du matériel le point revient à King of Tokyo.
Je vous parlais en début d’article des égalités et du résultat que je découvrais à la fin. Ici il est clair que King of Tokyo a remporté ce match, pourtant en lisant l’idée de ce versus évoqué par un lecteur, je me suis dit que j’avais une petite préférence pour Shinobi, une préférence personnelle, de joueur. Pourtant, en tentant de rester le plus neutre possible, en analysant les points forts et faibles de chaque jeu, le résultat m’a surpris (j’ai dit en tentant, car ça reste subjectif malgré tout). Ainsi, vous vous rendez mieux compte du déroulement rédactionnel d’un versus, et du fait qu’il y ait parfois des égalités.
Pour en revenir à notre versus, même si KOT y devance Shinobi, il faut garder à l’esprit que les deux jeux sont vraiment très bons et ne feront pas du tout doublon car possédant chacun des qualités qui leur sont propres. Plus fun d’un côté, plus tactique de l’autre et surtout ne se sortant pas pour les mêmes occasions ni le même public. Ne boudez donc pas votre plaisir et n’hésitez pas à tester les deux et à découvrir ce qui pourra vous plaire chez l’un ou chez l’autre.
Points forts/Points faibles :
Shinobi Wat aah !
+ superbes illustrations et matériel fort sympathique
+ pouvoirs équilibrés qui permettent de jouer de plusieurs façons
+ idée du boss très intéressant
- Jeu qui peut détruire des familles ou des amitiés !
King of Tokyo
+ matériel qui met dans l’ambiance
+ jeu dynamique et fun
+ des extensions qui sont amusantes
- Beaucoup de hasard
- Moins amusant avec peu de joueurs
Et le petit tableau final :
Merci à Chips pour sa correction.
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