[The Game][The Mind][The Void]
Vous le savez, à Tric Trac, nous aimons les innovations artistiques, les inventions folles, le frétillement créatif. Nous aimons aussi voir nos habitudes de joueurs bousculées, au rythme d’idées neuves qui excitent notre imaginaire. Et le jeu dont nous allons parler aujourd’hui ne déroge pas à la règle. Bien au contraire. C’est une révélation.
Sobre
C'est d'abord avec surprise que nous avons reçu une boîte de The Void à l'officine. Tout particulièrement en cette période estivale particulièrement calme. Le petit jeu de Salvador Malevich, actuellement en kickstarter, et dont les sommes folles avancées par les bakers sont déjà à l'image du jeu éponyme, nous a tout d'abord dérouté par son minimalisme et sa simplicité. Plus que Love Letter en son temps. Moult plus fort que The Game. Pis que The Mind.
Le genre de jeu où l'on se dit d'abord que ce n'est pas possible, qu'il n'y a rien. Et pourtant ! Pourtant la démarche jusqu'au-boutiste de Monsieur Salvador est effarante d'efficacité ! Nous en sommes revenu blanc comme un linge d'effroi tant le projet poussait les bornes du possible au plus loin. Plus que minimalisme et simplicité, The Void atteint la pureté ludique.
Aussi, nous ferons honneur au geste sensible du jeu, et resterons le plus sobre possible dans notre prose.
Règles
Pour jouer à The Void, rien de plus simple. Chaque joueur possède 4 cartes en début de partie. Le but du jeu est de se débrouiller pour vider l'entièreté de toutes les mains. Celles-ci doivent finir aussi emplies que le vide interunivers.
A votre tour, vous jouez une carte, et pas n'importe laquelle. La carte jouée dépend bien évidemment des dernières cartes posées. Il vous faut jouer avec finesse, afin de ne pas perturber l'ordre vibratoire du blanc. C'est en effet là que réside le cœur du jeu. Pousser le regard par-delà les limites du rien, afin d'organiser toute les valeurs identiques dans l'ordre le plus pur de leur réalité interne et externe.Chaque carte jouée pouvant être contestée. il vous faudra alors ajouter à votre main d'autres profondeurs de blanc. Afin de pousser toujours plus loin. D'apprendre à voir au-delà. D'atteindre autre chose.
Analyse
Il y a quelque chose d'extrêmement méditatif dans The Void. Et ce n'est pas un hasard, au vu de son créateur. Salvador Malevich fut 3 années de suite champion mondial de Yoga. Auteur de plusieurs récits de voyages. En Inde. Puis au Népal. Enfin au sommet immaculé de l'Himalaya. On comprend mieux l'influence zen qui parcourt son jeu. Monsieur Salvador fut récemment las des pattes de mouches inutiles noircissant inutilement ses belles pages sobres. Avec The Void, il a su pousser plus loin son envie de partager la science de la pureté.
Et il faut véritablement se concentrer à The Void. Pour basculer de l'autre côté de l'abstraction. Loin des vicissitudes de la représentation exacerbée. Des mouvements. Des bruits. Des cris. The Void amène à une transcendance de son propre état. De celui de joueur d'abord. Puis d'être humain ensuite. Avant de n'être plus qu'une énergie sentiante. Voguant sur le flot de l'univers. Et soudain. Par le jeu. L'on voit. L'on sait. L'on comprend. Jamais le medium ludique n'aura autant été à ce point l'instrument d'une expérience de vie. Au-delà de la vie même.
Pur
Nous vous laissons. Des ailleurs futurs nous attendent. Déjà, nous plongeons dans le fond immaculé du studio. Nous en percevons désormais les reliefs sacrés. Cette porte ouverte depuis si longtemps sur un monde bien plus grand que les limites du réel.
Il nous faut juste d'abord récupérer Monsieur Guillaume qui, en position du lotus, flotte à 5 mètres du sol.
Et c'est sur ces mots ayant déjà basculé que nous vous attendons de l'autre côté.
