test de lords of xidit

[Himalaya]

Le royaume de Xidit cherche un sauveur, et ce sauveur c’est vous ! Le Noir Fléau s’est réveillé pour la seconde fois, amenant avec elle peur et désespoir, et seuls les fiers Idrakys seront assez forts pour monter une armée et délivrer les cités. C’est votre mission et elle débute dès à présent.

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Lords of Xidit
Un jeu de Régis Bonnessée
Illustré par Stéphane Gantiez, Naïade
Publié par
3 à 5 joueurs
A partir de 14 ans
Langue des règles: Française, Anglaise, Allemande, Italienne
Durée: 90 minutes
Prix: 39,67 £


Préambule

Lords of Xidit est le remake amplifié d’Himalaya, un jeu datant de 2004, qui lui-même était déjà tiré de Marchands d’Empire, du même auteur Régis Bonnessée (j’adore ce mec, je suis un gros fan des remakes). Au-delà des changements et ajouts dans les mécaniques et le déroulement du jeu, Lords of Xidit a la volonté de fédérer plusieurs jeux et de lier les différents titres de chez Libellud. L’idée étant de créer un univers cohérent, c’est un point important et une idée très intéressante. J’y reviendrais longuement dans un paragraphe suivant.

Libellud édite de nombreux jeux, aux styles très variés, mais leur point commun reste le même : la qualité graphique des jeux.

Les règles :

Le royaume de Xidit compte sur vous pour devenir son sauveur. Vous faites partie d’une riche famille et votre devoir va être de recruter d’éminentes unités et de délivrer les cités des terribles menaces.

Après avoir installé le jeu et choisi votre couleur et votre Idrakys, vous allez vous munir de votre plaquette de programmation, de vos 20 jetons barde, des 15 étages de guilde, des 3 marqueurs de score et du marqueur d’ordre afin de débuter la partie. On place ensuite les piles sur les faces cités et menaces afin de constituer des pioches aux emplacements opportuns sur le plateau. On prend les 5 tuiles de la pioche des cités et on les dispose sur les villes concernées grâce au numéro, puis on dispose les unités représentées. Puis l’on prend les 5 tuiles de la pile de menaces et on les dispose de nouveau sur les cités concernées. Vous l’aurez compris ces tuiles sont réversibles, un côté cité et un côté menace. On prend ensuite les 3 jetons de décompte, que l’on place au hasard sur les 3 emplacements dédiés sur le tableau des exploits.

Tous ensemble, et secrètement derrière votre paravent, vous allez programmer les actions de votre Idrakys. Chaque tour se compose de 6 actions, qui vous mettront à chaque fois devant 3 choix possibles :

  • Se déplacer : votre Idrakys peut se déplacer sur le chemin de la couleur déterminée, soit bleu, soit rouge, soit noir.
  • Recruter une unité : en positionnant le disque sur le symbole vert avec une double flèche blanche.
  • Éliminer une menace : en choisissant le même symbole qu’au dessus.
  • Attendre : et donc ne rien faire en choisissant l’icône jaune en forme de croix.

Une fois que tous les joueurs ont choisi les actions, on révèle alors notre programmateur, et on résout chaque action à tour de rôle en commençant par le premier joueur. Une fois l’action effectuée on avance son marqueur d’ordre pour cacher celle-ci et ne pas la rejouer par inadvertance. Les déplacements vont se faire grâce aux chemins de couleur, permettant aux joueurs de passer de cité en cité. Lorsque vous avez choisi de recruter, vous pouvez récupérer une unité sur une cité, en choisissant toujours l’unité la plus faible, en respectant cet ordre : orange (paysan), vert (archer), gris (infanterie), blanc (prêtre) et enfin violet (mage de bataille). Une seule unité est recrutable par cité et par tour, appelé année, le jeu se jouant en 12 ou 9 années en tout.

Si vous avez choisi de contrer une menace, il vous faudra alors vous défausser des unités présentes sur la tuile de menace. En échange vous aurez le choix entre 3 récompenses :

  • Recevoir des florains d’or : la monnaie du royaume de Xidit.
  • Recevoir des jetons barde : le joueur reçoit le nombre de jetons indiqué et les dispose soit sur les territoires adjacents, soit dans le bastion central.
  • Construire un étage de la guilde de magie : le joueur ajoute une guilde de magie dans la cité récemment sauvée, en ajoutant le nombre d’étages indiqué sur la tuile. Mais attention, une tour ne peut pas dépasser 4 étages, ni posséder plus d’une couleur.

Une chose intéressante est à garder à l’esprit : le joueur peut choisir 2 récompenses parmi les 3 proposées.

En choisissant d’attendre, le joueur passe son tour jusqu’à la prochaine action. Le jeu continue ainsi durant les 12 années qui composent l’épopée des Idrakys, renouvelant les cités et les menaces au fur et à mesure. Sauf si le réveil des Colosses intervient. Celui-ci se produit lorsque la pile des menaces ne possède plus aucune tuile et qu’il est impossible de la ravitailler. Pour les vaincre, il suffit de se trouver sur une cité ne possédant pas de menace et de défausser autant d’unités de son choix que de points d’interrogation sur la tuile concernée.

À la fin des années 4, 8 et 12, on procède à un recrutement des armées. Chaque joueur va prendre dans sa main les unités qu’il a en sa possession (toutes ou non) dans une couleur et tous vont révéler leur main en même temps. Le joueur qui en possède le plus est récompensé. On procède ainsi pour toutes les unités.

Lorsque la douzième année est achevée, on procède au décompte selon 3 critères : la richesse, l’influence auprès des mages et enfin la renommée. Après chaque décompte le joueur ayant le moins de points est éliminé. Le dernier joueur restant en lice est alors désigné vainqueur.

Le matériel :

Je vous avais parlé de la qualité de la quasi-totalité des jeux Libellud, et Lords of Xidit ne fait pas exception, bien au contraire il place la barre bien plus haut. Les petites boîtes ont été mises dans les grandes, et en toute franchise le résultat est là. Naïade a fait de l’excellent travail, aussi bien sur la qualité de la réalisation que sur l’originalité et la cohérence de l’ensemble. Si vous avez joué à Seasons vous ne serez pas perdu, car il y a un lien de parenté évident qui est assumé par la présence des monstres de Seasons sur les tuiles de menaces. Au-delà de l’économie que l’on pourrait supposer, il faut surtout voir ici l’envie de créer un univers global où tous les jeux seront reliés, la preuve avec les quelques textes narratifs qui parsèment la règle et qui vous plongent dans l’ambiance. On retrouve également 2 cartes inédites pour Seasons, un plus bien sympa.

Le plateau est composé d’une partie logistique avec la gestion des pioches et autres systèmes de comptage, et une carte parsemée de cités, qui sont le cœur du jeu. Les cités sont simplement numérotées, mais l’on trouve à part une carte du monde du plus bel effet, qui introduit judicieusement l’univers.

Les personnages très différents collent parfaitement à l’univers et laissent déjà présager des castes ou familles qui pourront faire l’objet de jeux bien particuliers. Les tuiles de programmation ont laissé leur place à un programmateur en carton composé de 6 roulettes, simple et pratique.

Les figurines en plastique sont aussi d’une grande qualité, je n’ai pas noté de défauts de fabrication, et les couleurs se différencient bien entre elles sauf entre le blanc et le gris. Les règles bien illustrées se lisent bien, les lire ne sera donc pas un souci.

Lords Of Xidit est un superbe jeu, voilà c’est dit ! On voit qu’un énorme travail a été fait pour renouveler le jeu, mais aussi l’intégrer à l’univers étendu, tout en lui donnant de la consistance, sans oublier de lui insuffler une âme et une personnalité. Excellent, vraiment !

Le ressenti durant les parties :

Si par le passé vous avez déjà joué à Himalaya vous serez déjà familier des principales mécaniques du jeu : programmation, cheminement et récolte de ressources de moindre valeur en priorité. Mais ce n’est pas pour cela que vous ne serez pas un peu perdu devant les nouveautés qu’intègre Lords of Xidit, car au final elles sont assez nombreuses. Et la remise au goût du jour de l’ensemble peut légèrement perdre le joueur au départ. Il vous faudra alors quelques tours de chauffe, mais une fois cela passé, tout ira pour le mieux et le jeu s’avère fluide.

Et déjà les prémices de tactiques plus fines et de coups bas pointeront le bout de leur nez. Ne négligez surtout pas le rôle du premier joueur qui peut s’avérer décisif lors de certains tours. Il vous faudra deviner ce que les autres vont jouer, car ne croyez pas être le seul sur ce gros morceau que représente ce village, les autres ont également des vues dessus, ou peut-être que l’un d’entre eux préférera éviter ce pugilat pour recruter tranquillement dans d’autres villages. Rien n’est jamais joué et le guessing prend ici toute son ampleur.

L’ajout des différentes récompenses ajoute un véritable vent de fraîcheur au jeu, tout comme la présence du bastion qui mine de rien, laisse planer un certain suspens pas désagréable du tout. L’arrivée des golems qui planent sur le jeu telle une ombre menaçante sur le royaume apporte un compte à rebours nerveux au jeu, du coup on passe son temps à surveiller les tuiles de menaces et à échafauder des plans.

Assez fluide et nerveux, Lords of Xidit, une fois apprivoisé s’avère être une expérience ludique très agréable qui possède un furieux goût de reviens-y. Si vous avez accroché au style graphique et aux mécaniques du jeu, qui loin d’être statiques possèdent une excellente énergie, nul doute que Lords of Xidit ne pourra que vous interpeller, voire vous plaire, mais je ne voudrais pas m’avancer.

La durée de vie :

Le jeu se renouvelle très bien grâce aux nombreuses pioches aléatoires et aux tactiques des joueurs qui peuvent changer à chaque partie. De plus, Lords of Xidit diffère pas mal selon le nombre de joueurs, et si le jeu est plus aisé à 3 il devient bien plus retors lorsque ce nombre est dépassé. Le jeu propose même de réduire le temps d’une partie en passant de 12 à 9 tours.

Si vous accrochez aux mécaniques du jeu et à son univers, il n’y a aucune raison de ne pas le ressortir régulièrement. Et pour répondre à une question que vous devez vous poser si vous avez joué à Himalaya, oui Lords of Xidit propose une durée de vie encore meilleure avec des paramètres supplémentaires (les Colosses par exemple) qui donnent du piment au jeu, et lui permettent de ne pas toujours être identique.

Mon avis :

À l’époque j’avais trouvé Himalaya intéressant, proposant des mécaniques ingénieuses et un système de programmation exigeant, mais terriblement prenant. Mais malgré cela je n’avais pas forcément multiplié les parties, car je les trouvais un peu longues. Lords of Xidit a su améliorer ces points noirs (à mes yeux) pour le rendre plus fin, plus joli, plus fun, plus immersif. Plus tout !

Donc oui Lords of Xidit est mieux qu’Himalaya si vous vous posez la question. Pour autant il ne renie pas ses origines ni son héritage, et le fait qu’il s’inscrive dans un univers étendu avec Seasons enfonce encore le clou. C’est un jeu plaisant, prenant, non dénué de suspens et de coups fourrés où chaque tour apporte son lot de surprises, bonnes ou mauvaises, ainsi qu’une très bonne ambiance.

Je recommande donc Lords of Xidit que vous soyez un ancien joueur d’Himalaya ou un petit nouveau, rien ne devrait perturber le plaisir que vous prendrez en y jouant, si ce n’est vos yeux qui pleurent devant un jeu aussi joli.

Merci à Quilicus pour sa correction.

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