Oh ! Mombasa-ahaha : "Tou es lé plous beau des baza' !"

[Mombasa]

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Parfois les choses changent, évoluent… ce n’est pas ni dommage, ni sale, non, c’est juste que changer, évoluer fait partie du mouvement de la vie. Parfois, ce changement, les lignes de cette évolution ne conviennent pas à tout le monde. Tout changement nous fait quitter une zone de “confort”, entre autre parce que c’est celle que nous connaissons. Et dans le domaine ludique, il en va de même : Il y a une dizaine d’année, les jeux dit “à l’allemande”, vent en poupe, se pratiquaient au sein d’une communauté ludique qui pouvaient jouer et rejouer à presque tout (quand on était un peu passionné… et il y en a, des passionnés). Depuis, cette communauté a grandi, et avec l’arrivée de nouveaux joueurs, les goûts, de façon globale, ont changés.

C'était la minute philo-psycho-de comptoir pour introduire Mombasa, le dernier arrivé dans le genre "gros jeu de gestion à l'allemande qui tache!" chez Gigamic. Alexandre Pfister, qui commence à se faire un p'tit nom entre le "petit" jeu de Stop ou Encore qu'est Port Royal (chez Matagot), et le jeu de tuile remarqué à Essen dernier Isle of Skye (sans oublier Broom Service), pose du lourd sur la table de jeu avec ce jeu pour 2 à 4 joueurs annoncé à 30 minutes par joueurs si vous réfléchissez vite. Allez, osez le colonial et suivez les illustrations de Klemens Franz et Andreas Resch. Bienvenue en Terre Africaine.

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Du Balsa ? Non, non !

Dans Mombasa, à l'époque, économiquement profitable, éthiquement discutable, de la colonisation européenne, les compagnies à charte se développent, faisant réaliser d'immense bénéfices aux investisseurs privés qui les financent. Vous êtes l'un de ces investisseurs et le plus riche à la fin des 7 manches que constitue une partie l'emportera. Votre richesse sera pécuniaire, mais aussi calculée en fonction de vos parts dans chacune des 4 compagnies (4 couleurs) du jeu et de la valeur de ses dites parts. Enfin, l'extraction diamantifère et la réalisation de contrat complèteront le tableau.

Lors de chaque manche, vous planifierez vos actions avant de les réaliser, une à chaque tour. Lorsque tous les joueurs ont passé, une petite phase de maintenance à lieu avant d'entamer la manche suivante.

Les actions se planifient grâce aux cartes que vous avez en main. Vous en choisirez trois au départ et jusqu'à 5 en fonction de votre avancée sur les deux pistes (diamants et livres de compte) de votre plateau personnel.

Les cartes Marchandises permettent d'acheter de nouvelles cartes au marché et/ou de faire progresser votre investissement dans les 4 compagnies, représentées en partie par 4 pistes autour du plateau. Ces pistes délivrent des parts dans la compagnie, ainsi que des bonus non-négligeables, demandant parfois en retour un investissement monétaire supplémentaire à bien prévoir. Jeu de programmation.

Les cartes Développement déploieront les comptoirs commerciaux des compagnies sur le continent africain pour en tirer profit. Mais une seule compagnie peut être présente sur chaque région. La bataille sera rude pour renvoyer les autres et garder la main-mise sur tel et tel endroit. D'autant que plus de comptoirs commerciaux d'une compagnie sont présents et plus les parts dans celle-ci rapportent. Vous avez d'ailleurs tout-à-fait le droit d'investir dans toutes les compagnies. Elles ne sont à personne en propre. Jeu de placement.

Les cartes Comptables vous font progresser sur la piste des livres de compte, rapportant des points en fin de parties. Pour passer de livre de compte en livre de compte, il faut que les pré-requis qui y sont inscrits soient respectés par les cartes actives à ce moment-là. Jeu d'anticipation.

Les Marchands de diamant vous font progresser sur l'autre piste, celle des diamants d'un nombre de case fixe et d'une prime en fonction de la main-mise de la compagnie afférente sur les riches mines du continent africain. Jeu d'optimisation.

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Enfin, les marqueurs Bonus vous permettront de choisir une action bonus, présente sur le plateau ou libérée par votre investissement dans une compagnie. Devenir premier joueur, récupérer de l'argent en vendant vos cartes, gains d'actions bonus pour le tour suivant, investissement dans une compagnie... à vous de choisir !

Passer vous demande de choisir et remonter une de vos défausses en mains. Plusieurs défausses ? Et oui, c'est un des points malins du jeu, générateur de décisions et de tempo saccadé ou harmonieux. Chaque carte est programmé sur un emplacement. Lorsque vous passez, après avoir récupérer une de vos défausses, vos cartes actives iront chacune dans la défausse qui lui fait face. Les combos de cartes seront dissociées, le temps de récupérer ces fortes cartes pourrait en être délayer. Une fois encore, tout est question de choix, de réflexions stratégiques, de momentum...

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Du diamant... mais gros !

Comme vous avez pu le certainement le deviner à la lecture de l'article, Mombasa est riche... très riche... trop riche ?

Il propose de nombreux choix, intriqués les uns aux autres. Vous pouvez envisager plusieurs stratégies, et il est même possible de la faire évoluer en cours de partie. Tellement même que la première partie se fait un peu en aveugle. Le jeu laisse une belle liberté et demandent donc un temps d'apprentissage pour faire fonctionner tout ça dans un ensemble cohérent... et surtout à même d'assurer la victoire. Le point fort reste le séquençage de jeu via vos cartes Actions : Entre celles que vous pouvez achetez pour le(s) tour(s) suivant et celle(s) que vous récupèrerez en fin de tour, à vous de correctement corréler tout ça pour optimiser.

c97cedeca67624a243b78888c05cbbf52b42.jpeSi l'ordre de jeu des actions ne peut se faire sans regarder ce qui se fait chez les voisins (place unique pour tel bonus, cartes à ne pas laisser), l'interactions est surtout forte via les comptoirs commerciaux. Prendre place dans une région en dégageant un comptoir, bien que n'étant pas gratuit, est simple. À vous de ne pas avantager le joueur juste derrière vous dans les investissements de cette compagnie en travaillant pour lui plus que pour vous... À ce jeu, il vaut parfois mieux être bien placé partout, quitte à être second, que dominer une seule catégorie !

Un jeu qui ne démérite pas, comme le prouve le Diamant d'Or reçu pour la création de cette distinction. Pourtant, et pour rejoindre l'introduction de cet article, un petit sentiment pointe le bout de kubenbois : "Finalement, Caylus semble plus concis, épuré, circonscrit... comme si Mombasa tenait plus de l'éléphant que du léopard !" Peut-être que ce sentiment n'est que dans l'oeil de celui qui regarde. Peut-être que l'estomac du joueur, victime d'un gavage ludique, devient plus délicat...

Il n'en reste pas moins un jeu qui, si vous souhaitez tripatouiller dans un bon jus de neurone, en oubliant le thème artificiel, avec de la réflexion qui dure (gare à l'analysis paralysis, temps de partie "explosable" à souhait) vous comblera. Particulièrement intéressant, le jeu des cartes de Mombasa et la corrélation/interaction entre la valeur de la part d'une compagnie et les comptoirs construits et/ou détruits est vraiment efficace. Et quand on aime... on ne compte pas !... Enfin si, on compte, mais surtout ses points de victoire !

► La TTTV d'explication des règles...

et le début de partie, si vous êtes abonnées

2 « J'aime »

Très trop à l’allemande?
Très trop colonialiste même si le thème est très trop artificiel?

Je passe

2 « J'aime »

Très trop à l’allemande?
Très trop colonialiste même si le thème est très trop artificiel?

Je prends

EDIT : pis j’aime bien quand M. Guillaume il chante

4 « J'aime »

Un très très bon jeu! Gigamic a fait très fort cette année !

1 « J'aime »

On s’est dit la même chose à la maison! Trop austère et même si la mécanique est rudement bien, on aura pas envie de le sortir.

Un jeu pour moi. Moi qui n’avait pas trouvé bcp de jeux à l’allemande en 2015, celui-ci va vite rentrer dans la maison. N’étant pas fan du Coop, du narratif, du partygame ou du minimaliste, l’année 2015 ne m’a pas fait dépenser bcp d’argent.

Je vais regarder une 2ème fois la TTTv mais j’ai pas été emballé du tout sur ce 1er visionnage, à 2 c’est pas folichon.
Une super règle qui va nous rappeler les temps sombres du colonialisme ça casse un peu l’ambiance.

Pour ma part, je possède le jeu depuis quelques semaines, ayant acheté la version anglaise. Pour les pousseurs de kubenbois, je confirme que le jeu est excellent. Le système de programmation rend les choix très subtils, ainsi que la piste comptable. Pour le thème, bien-sûr qu’il peut être dérangeant, mais cet épisode fait partie de l’histoire. Si l’on s’en tient à ce genre de restriction, on ne joue plus à Endeavor (cartes esclavage), ni à Olympos (tuile esclavage avantageuse)… Et l’on fait comme les américains qui ont fait remplacer les esclaves de Five Tribes par des fakirs ! Alors, doit-on se priver de perles ludiques juste pour occulter quelques pages sombres de l’histoire ?

7 « J'aime »

Bien sur que non et je travaille pas au marketing non plus mais pour moi c’est pas vendeur, l’Afrique ça me fait rêver mais pas sous cet aspect là. J’aurai abordé le thème différemment pour avoir un jeu plus rassembleur ce qui est le but au final, plaire au plus grand nombre.

Tout à fait d’accord. Sinon on ne nous infligera plus que des jeux bisounours au thème consensuel. Pendant qu’on y est arrêtons tous les jeux de guerre car la guerre c’est moche.

L’Allemagne fais du kubenbois, pas de pb.
L’Allemagne n’a pas le même rapport avec le colonialisme que la France, pas de pb.
Un jeu allemand fais du kubenbois sur le mondialisme colonialiste pb ou pas?

Je joue à Asante (jeu aussi allemand) avec bcp de vaudouisme ce qui m’éloigne d’un idéal de colon (le colon prends plus de, plus de, mais avec quelle tronche!).
Je joue à Five Tribes mais les esclaves ou les fakirs ne sont pas l’essence du jeu.

Monsieur G le dit bien “thème trop artificiel” et pourtant si lourd d’Histoire.
C’est donc du kubenbois mal fagoté!

en même temps ce genre de jeux ne se vend pas pour le thème hein !! ça se saurait !
et pour une fois les auteurs ont fait une intro historique expliquant les tenants et aboutissants de cette page d’histoire et invitant les joueurs à approfondir ce sujet.

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Donc en gros ce que vous dites est que ça serait pieux passé si l’auteur était français… Humm…

C’est allez ultra vite en besogne.

La nationalité induit l’appartenance à une histoire, une culture et certainement un auteur français aurait réfléchi à deux fois pour utiliser ce thème surtout en étant très pieux.

Certes, mais ce serait oublie que même si entré dans la danse tardivement, l’Allemagne a tout autant sa place que la France dans le colonialisme. Empire colonial allemand — Wikipédia

À mon sens c’est surtout la complexité du jeu et les choix graphiques qui pourraient freiner les ventes. Ce n’est pas le premier jeu qui permet l’exploitation des richesses tout en générant des conflits territoriaux. Il n’est pas fait allusion ( je crois) à l’esclavagisme comme dit plus haut; peut-on sinon jouer à Puerto Rico?

Pas dans l’imaginaire, pas dans le post colonialisme, pas dans l’Allemagne à fric, pas dans les DOM mon petit TOM.

La seconde guerre mondiale est passée par là.

Et encore heureux que le commerce ne soit pas triangulaire…

On fait la prochaine en MP?

Pas dans votre imaginaire… C’est bien là le probleme. Regardez le sujet sous un autre angle que votre imaginaire et vous verrez, tout ira mieux.

MP