Même les plus grand succès ludiques s’étiolent si on ne leur prodigue pas quelques attentions de temps en temps.
Après avoir récupéré la licence de Jamaica, l’équipe des Space Cowboys a donc décidé d’offrir au jeu son premier lifting depuis le changement de couverture en 2010. Convaincus à juste titre qu’il manquait très peu de chose pour remettre en lumière ce vrai classique au gros potentiel ludique.
Histoire de la flibuste
Lors de sa sortie en 2007, Jamaica avait déchainé un torrent d’envie et de jalousie envers les rares privilégiés qui avaient pu se le procurer.
A l’origine, une société d’assurance suisse, Assura SA, avait commandé un jeu à Gameworks (éditeur original de Jamaïca) afin d’en faire bénéficier ses clients. Oui, les assurances suisses ont d'improbables largesses envers leurs assurés.
A contre courant des jeux d’entreprise ennuyeux, de bonnes fées s’étaient penchées sur le berceau de Jamaica avec Bruno Cathala, Malcolm Braff et Sébastien Pauchon pour la création du jeu, et Mathieu Leyssenne au dessin.
Forcement, avec un jeu avec de si belles illustrations, un tel trio d’auteurs, et un article de Mr Phal dans Tric Trac, se mirent en marche chez les joueurs alléchés toute une gamme de magouilles, astuces et autre système D ludique afin de récupérer le précieux objet.
Finalement, devant ces demandes de plus en plus présentes, il devint disponible dans quelques rares boutiques. Puis, à partir de 2008, un accord de distribution entre Gameworks et Asmodee le rendit (enfin) disponible partout.
Le code des pirates
Techniquement, Jamaica est un jeu de course à programmation simultanée, agrémentée d’une dose d’interaction, d’un poil de gestion et d’une once de fourberie.
Les règles sont très simples : tout d’abord, chaque joueuse ou joueur se voit remettre son kit de parfait pirate : un bateau, une cale avec 5 emplacements, et 11 cartes actions munies de deux icônes. Ces cartes sont identiques pour tous les participants, mais l’on va les mélanger, et en piocher trois pour commencer à jouer : tout le monde ne va donc pas avoir les mêmes cartes au même moment.
Puis, à chaque tour, le ou la capitaine lance deux dés, qui vont être répartis sur les emplacements du matin et du soir. L’on choisit alors simultanément l’une de ses cartes en main, et on va la jouer à son tour, effectuant l’action du matin (icône de gauche), puis celle du soir (icône de droite).
Sur la photo, le joueur vert va d'abord récupérer 3 or, puis avancer son bateau de 5 cases.
En cas de déplacement, l’arrivée sur une case peut déclencher un paiement en victuailles ou en doublons, la découverte d’un trésor, ou l’abordage d’un bateau.
Et c’est (presque) tout !
Le contenu du nouveau coffre
Visuellement, la nouvelle boite carré, en reprenant les codes du format Catan/Aventuriers du Rail, permet de situer le jeu parmi ces grands classiques, catégorie dans laquelle il a légitimement sa place.
La règle du jeu quitte la présentation format carte au trésor. Je ne pleurerai pas ce format bien joli mais peu pratique. A la place, on hérite d’un format plus plus classique, mais avec un système d’onglets tellement génial que l’on se demande pourquoi personne n’y avait pensé avant ! Et la qualité du papier choisi pour ce livret est très agréable au toucher.
Les onglets de la règle permettent d'accéder facilement à l'information souhaitée. Une idée qui devrait faire florès.La seule chose qui change vraiment, c’est les règles de pénurie. Auparavant, elle était gérée de la façon suivante : si on n’a pas assez de nourriture ou d’or pour payer le prix d’une case, on paye à la banque tout ce que l’on peut, puis on doit reculer jusqu’a la première case que l’on peut payer, et enfin s’acquitter du prix en question.
A l’usage, cette règle paraissait confuse, surtout pour des novices.
Dorénavant, on fait simple, et efficace : si on ne peut pas payer en totalité, on paye tout ce que l’on peut, puis on jette le dé pénurie et on en applique le résultat. Le dé pénurie n’est autre que le dé de combat sur lequel quelques icônes ont été rajoutées.
Chose appréciable, le bateau pirate translucide, goodie de lancement, est inclus dans toutes les boites de la première édition : plus besoin de soudoyer son ludicaire, il sera votre !
Dernier petit détail, l’extension The Crew va revenir en 2022, et le thermoformage est d’ors et déjà calculé pour que l’on puisse en ranger le matériel dans la boite de base.
Et pour quelques détails de plus
Jamaïca est un jeu de Bruno Cathala, Malcolm Braff et Sébastien Pauchon, illustré par Mathieu Leyssenne et édité par les Space Cowboys.
Vous le trouverez chez votre ludicaire contre la somme de 45 doublons. Renseignez vous cependant, ils semblerait que nombre de commerçants préfèrent être payé en euros.
Ce jeu simple, mais pas simpliste, permet de passer un bon moment, mais surtout d’être un excellent jeu passerelle, avec lequel vous allez pouvoir convertir des joueurs et joueuses novices aux joies de la pratique des jeux de société.
Il est également plus que vivement conseillé avec des enfants à partir de 8 ans, voire moins : j’y ai vu des enfants plus jeunes, certes très motivés par l’univers des pirates, faire d’honnêtes compétiteurs.
Permettez moi de finir par un conseil de vieux loup des mers : attention à ne pas vous disperser, les abordages, trésors pirates enfouis et cales pleines de doublons, c’est bien beau, mais le jeu est un jeu de COURSE ! Le meilleur des pirates mais qui arrive dernier, souvent perd la partie !
Vous pouvez revenir à vos activités ludiques, pour ma part, je retourne avec les frères de la côte.