Critique de Aeon’s End


Les deckbuilding, tout le monde connait où presque, instauré par Dominion nous avons eu de cesse de voir cette mécanique utilisée dans de nombreux titres. La coopération, c’est pareil, tout le monde a une idée de ce que c’est. Mais connaissez-vous le deckbuilding coopératif ? Non, et cela vous intrigue n’est-ce pas ? Dans ce cas Aeon’s End et la critique que je m’en vais vous proposer devrait grandement vous intéresser !


Magie, démons et brèches


Chaque joueur va incarner un héros qui va disposer de points de vie (variable selon la difficulté), d’un deck de cartes personnalisé et de 4 cartes Brèche, sans oublier un jeton qui indique sa place dans le « tour ». Car oui, vous n’allez pas jouer dans le sens du tour, mais selon le nombre indiqué sur la carte tirée du paquet spécifique. Celui-ci mélange les cartes des joueurs, ainsi que celles du Némésis, l’ennemi que vous aurez à abattre durant une partie et qui dispose de son propre deck et points de vie.


À votre tour, vous pourrez effectuer les actions que vous souhaitez, dans l’ordre que vous le souhaitez et autant de fois que vous le pourrez. Ces actions seront : jouer une gemme ou une relique (une carte), acquérir une carte dans le marché (parmi les 9 types de cartes piochés en début de partie), gagner une charge, stabiliser, ouvrir ou préparer une brèche (pour utiliser des sorts), et enfin résoudre des effets « lorsque préparé » ou « pour défausser ». »Une fois, cela fait, le tour est terminé, le joueur conserve les cartes non jouées de sa main et repioche des cartes pour en avoir 5 en main. Très important lorsqu’il n’y a plus de cartes dans la pioche on ne mélange pas sa défausse, on la retourne juste. C’est très important, mais aussi très intéressant comme concept. Puis l’on pioche une nouvelle carte de tour. Lorsque c’est à la Némésis de jouer, on applique les effets des cartes Pouvoir de lui et des serviteurs, puis on pioche une carte. Si c’est une attaque, on applique son effet, si c’est un serviteur ou un pouvoir en met la carte en jeu en suivant les instructions.


Si les héros sont épuisés, ils ne meurent pas, cela renforce le Némésis, ils perdent une brèche, défaussent leurs charges et surtout infligent des dégâts supplémentaires à Gravehold, la ville qu’ils protègent. Vous perdez la partie si tous les joueurs sont épuisés ou si la vie de Gravehold tombe à zéro. Et vous remportez la partie s’il n’y a plus de cartes dans la pioche de la Némésis et qu’il n’y a plus de serviteurs ou si la vie de la Némésis atteint zéro.


La boite aux héros


Parlons à présent du matériel, un point essentiel d’un jeu de société. Dans cette grosse boite, vous trouverez de nombreuses cartes, des intercalaires pour les ranger, des petits jetons, et des fiches épaisses pour les personnages et les Némésis. Les illustrations sont d’excellentes factures et plongent bien dans l’ambiance du jeu. Elles restent classiques pour un jeu avec des mages et des démons, assez proches de celles de Magic par exemple, mais elles remplissent parfaitement leurs rôles. Le thermo et les intercalaires permet de ranger les cartes sans mélanger, tandis que quelques sachets permettent de ne pas perdre les jetons. Le jeu est proposé avec « deux » règles, la première classique, bien mise en page avec de nombreux exemples, la seconde est et une feuille de mise en place pour la première partie. Nous sommes devant une excellente édition, il n’y a aucun doute là-dessus, la version française a bénéficié d’un soin tout particulier.

Résister encore


Les règles ne sont pas vraiment complexes à prendre en main, surtout que des aides de jeu sont fournies dans la boite. Le plus difficile sera de ne pas faire de bêtises devant tant de paquets de cartes lors de la mise en place et du rangement. Mais une feuille à part, permet une première partie facilitée, donc ne vous laissez pas arrêter par cet aspect. Autre point fort du jeu, ces différents héros qui auront des manières bien différentes d’être joués avec des decks personnalisés. Une bonne manière de jouer autrement, mais aussi de rallonger la durée de vie. D’ailleurs, les monstres à affronter seront à choisir en début de partie chacun ayant ses propres aptitudes. Il n’y a pas de personnages plus cheatés qu’un autre, ils sont bien équilibrés. Et au niveau de la durée de vie, ces petits points ne sont pas les seuls ajouts, car en jouant avec des points de vie moindre vous pourrez ajuster la difficulté, ou en jouant avec les capacités Expert des Némésis. Dernière chose sur ce point, le jeu peut aussi se jouer en solo. Certes, c’est moins fluide et surtout moins amusant, car vous jouerez ici avec plusieurs mages, ce qui complexifiera un peu le jeu et surtout vous privera de dialogues avec un partenaire, mais ça a le mérite d’exister et de bien tourner en plus. Même si je lui préfère de loin la configuration à 3, qui permet une bonne diversité des pouvoirs, tout en ne rallongeant pas trop les parties. À 2, Aeon’s End s’en sort aussi très bien. Il y a une certaine montée en puissance de la tension, même si le début ne sera pas toujours très dynamique, il faut le temps de s’équiper et aux Némésis le temps de se chauffer, surtout lors des premières parties, après ça devient plus intenses, surtout que les cartes sont moins préparées et plus mélangées.


Parlons à présent du public, il faudra déjà avoir roulé sa bosse dans le monde ludique, pour appréhender le jeu, car sinon celui-ci pourra facilement vous sembler complexe. Il sera à conseiller avant tout à des joueurs déjà aguerris, des amis joueurs ou à des ados ayant déjà une certaine expérience, car les 14 ans indiqués me semblent judicieux. Même si ça reste simple et fluide. On joue ses cartes pour en acheter de nouvelles grâce à l’éther, ces dernières étant pus puissants cela nous offrira des possibilités supplémentaires, tout en essayant de préparer ses sorts sur les brèches. En payant vous tournerez celles-ci afin de bénéfice d’avantage lorsque vous lancerez un sort comme plus d’attaques par exemple. Le jeu se résume à ces quelques actions, ce qui reste assez simple. Si vous débutez dans le jeu, faites vous accompagner d’un joueur connaissant déjà le jeu. Mais dites-vous que les 60 minutes indiquées, conviennent pour une partie où l’on connaît déjà bien le jeu et ne prend pas en compte le temps de mise en place et de rangement. Enfin le thème très medieval-fantasy, est bien rendu, les illustrations aidant et le nom des attaques n’y étant pas étrangers. On ne sera pas pris dans une quête à proprement parlé avec une avancée narrative (dommage), mais ça tient la route.


Deckbuilding et coop font-ils bon ménage ?


Si je vous ai parlé de notre proto au début ce n’est pas pour rien, car j’ai pu voir comment 2 jeux avec la même mécanique de base (pas encore très utilisée dans le jeu de société) peuvent proposer 2 expériences différentes, et ainsi voir les forces qui habitent Aeon’s End. Tout d’abord son système de ville à protéger, avec Gravehold, mais aussi ses brèches qui sont une très bonne trouvaille, sans oublier les petits plus (similaires dans notre jeu), les personnages aux pouvoirs variés, la menace à combattre avec ses points de vie, son deck et ses compagnons d’infortune et qui peut changer à chaque fois, tout comme les cartes que vous pourrez acquérir. Tout ceci fait d’Aeon’s End un très bon jeu, pas si compliqué que cela, et à la bonne durée de vie, qui se jouera très bien quelque soit la configuration et qui saura vous proposer une aventure assez longue pour en faire le tour. À mes yeux il ne manque qu’un côté narratif plus poussé, mais c’est une broutille face à un jeu qui tourne très bien ainsi. Un jeu à découvrir si vous avez soif d’aventure, que ce soit en groupe ou même seul.

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Voici un avis critique comme on les aime ! Justifié et documenté. Ca fait plaisir à lire, que l’on soit d’accord ou pas !

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Merci pour ce commentaire, j’ai essayé d’être le plus objectif et surtout assez concis.

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merci pour cet avis
le jeu est vraiment tres bon avec beaucoup d’originalité par rapport au deckbuilding classique (pas de brassage de cartes, les breches, les cartes attaques qui se s’actionnent qu’au prochain tour, l’aleatoire du tour de jeu, …), perso j’adore, j’espere que les extensions sortiront bientot

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Superbe article pour un grand jeu ! Un must !

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On peut jouer en solo avec un seul personnage. C’est indiqué dans la règle à partir de “Pour une véritable expérience solo”.
On a 3 cartes joueurs et deux nemesis dans l’ ordre du tour. En jeu, les effets appliqués aux alliés s’applique à notre personnage.
Si on est épuisé ce n’est pas la fin du jeu, seul les PV de Gravehold compte pour un game over.

Ce n’est pas une variante et ce n’est pas pour rien que dans le tableau de création de la pioche Némésis, il y a le nombre de carte par palier à ajouter pour “1 joueur” (1/3 et7).

J’adore justement ce jeu pour pouvoir y jouer seul car il s’y prête vraiment et c’est un vrai plaisir, en tout cas pour moi, ne pas avoir à jongler entre deux deck de personnages durant ma partie.

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Un bon article, agréable à lire, pour un très bon jeu, que j’ai découvert il y a quelque jours !

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Je connais le deck-building coopératif (DC Board Game + Crisis), mais la critique de ce jeu m’intéresse aussi (surtout que j’aime le deck-building et j’aime le coopératif) :slight_smile:

Je pense qu’ils t’ont entendu pour le côté narratif puisqu’ils ont créé une version Legacy du jeu (prévendue sur KS) :slight_smile: A savoir si elle sortira en VF…