Concordia Vénus : Amour, Gloire et... Confrontation

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Spoil alert : à l’annonce d’une réédition VF de Concordia chez Matagot, l’auteur des lignes qui vont suivre ne s’est plus senti de joie. Et quand il a appris qu’il s’agissait d’une édition augmentée de nouvelles règles et d’un mode de joueur en équipe, il a cru défaillir d’excitation. Toutefois, c’est en professionnel qu’il s’est promis d’écrire cet article. Mais une rechute est toujours possible, vous voilà prévenus.

Concordia, à la base c’est quoi ?

Petite mise à jour pour ceux qui seraient passés à côté de la première édition française de cette création de Mac Gerdts, publiée par Ystari en 2014: de 2 à 5 joueurs se concurrencent sur les voies terrestres et maritimes de l’Empire Romain afin d’étendre leur influence dans les provinces au travers d’un réseau de villas disséminées sur le territoire.

La mécanique de base est simple : les joueurs commencent chacun avec un deck de cartes personnages qui vont leur permettre de déplacer leurs colons, construire une villa dans des cités, déclencher la production des ressources d’une province ou acheter de nouvelles cartes qui rejoignent leur main. Évidemment, une action jouée passe dans la défausse du joueur et ne revient en main qu’avec la carte « reboot » assez peu rentable hormis cette fonction pourtant indispensable.

L’intérêt ludique porte sur les contraintes qui nécessitent la planification des actions et une gestion minutieuse des ressources : une route ne peut être occupée que par un seul colon, chaque villa construite augmente le coût de construction dans la cité pour les joueurs suivants, la place disponible dans son entrepôt est limitée et, cerise sur le gâteau, le déclenchement des productions d’une province profite aussi à toutes les villas adverses qui l’occupent (ce qui s’avère un épouvantable dilemme quand on ne veut faire AUCUN cadeau à des concurrents !).

Tout le sel de Concordia repose sur le décompte final : alors que pendant toute la partie on jongle avec la gestion des ressources et des sesterces, ces éléments n’ont plus aucune utilité lorsqu’il s’agit de compter les points. Pas la peine d’être le plus riche du cimetière comme dit la chanson. En effet, le décompte repose sur les cartes possédées en fin de partie, chacune est associée à un Dieu de l’antiquité qui rapportent des points selon un critère spécifique : les cartes Jupiter vont rapporter 1 PV par villa ne produisant pas de brique, Saturnus : 1 PV pour chaque province où l’on est installé, Mercurius : 1 PV pour chaque ressource différente que l’on produit, Mars : 2 PV par colon que l’on a sur le plateau… Bref, la victoire va a celui qui a réussit à faire coïncider sa stratégie avec les Dieux associés aux cartes acquises durant la partie.

Le nouveau matériel de l’édition « Concordia Vénus »

Outre le jeu de base, cette nouvelle édition présente plusieurs nouveautés : 3 plateaux supplémentaires, des personnages et un nouveau comptage de point associé à la déesse Vénus, ainsi qu’un mode par équipes. Pour les propriétaires des versions précédentes, il est à noter que Concordia Vénus est compatible avec les extensions Salsa et Gallia.

Des 3 nouveaux plateaux, ONIUM semble le plus proche de celui de base : il est découpé en 12 provinces et possède le même nombre de cités, y compris pour celles uniquement accessibles par la voie terrestre. A l’opposé, HELLAS et CYPRUS se différencient par un nombre réduit de provinces et de cités, et présentent chacun une caractéristique propre modifiant les stratégies de déplacement des colons : HELLAS est une bande de terre entourée d’eau avec quelques zones exclusivement maritimes alors que CYPRUS présente deux blocs radicalement différents entre une portion navigable et un important territoire terrestre. Chacun de ces plateaux offrent ainsi des possibilités de jeux différentes pour un bon renouvellement des parties.

4 nouvelles cartes personnages font leur apparition avec deux particularités : elles sont associées à la Déesse Vénus qui rapporte 2 PV par province où l’on possède au moins deux villas et, à l’exception de la carte Maître qui permet de copier sa carte précédente, elles offrent le choix entre deux actions prises parmi les plus importantes du jeu : se déplacer puis construire, déclencher la production d’une province, acheter et/ou vendre des ressources.

Le jeu en équipe

La véritable révolution de cette édition Concordia Vénus porte sur la possibilité de jouer en équipe à 4 ou 6 joueurs. Vénus, Déesse de l’Amour nous pousse ainsi dans les bras d’un(e) partenaire afin d’affronter conjointement les autres duos – évidemment vilains – tout en ayant sa stratégie personnelle (du matériel pour un 6e joueur a été ajouté).

Dans ce mode, les joueurs sont répartis afin que les équipiers ne soient pas placés l’un après l’autre, pour une raison simple : lorsque le joueur actif joue une carte, son partenaire peut immédiatement profiter de la même action. Le jeu en devient ainsi totalement différent puisqu’il nécessite systématiquement de s’interroger si le personnage que l’on s’apprête à jouer est aussi bénéfique et utile pour son partenaire. Il est donc indispensable d’évaluer les deux stratégies, sans communiquer trop ouvertement avec son associé. Là-dessus les joueurs doivent définir des règles en début de partie, mais il est difficile de rester discret au fur et à mesure que le jeu avance et que les conséquences des actions deviennent plus importantes. C’est là une des petites faiblesses : le temps de jeu indiqué de 90 minutes semble considérer que les joueurs communiquent peu entre eux et ont le devoir de comprendre implicitement la stratégie de leur partenaire. Quand on sait que – contrairement aux ressources qui ne sont pas échangeables entre équipiers – un joueur peut utiliser l’argent de son associé sans que celui-ci ne puisse contester, il est difficile pour un peuple latin d’éviter les discussions sans impacter la durée de partie.

Mais l’interaction entre joueurs et les négociations teintées de mauvaise foi ne font-ils pas partie du plaisir ludique, méritant d’ajouter une bonne heure à des parties mémorables ?

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Il ne s’agit donc pas d’une énième extension mais d’un jeu complet avec reboot du jeu de base et plus encore.

Toujours content de voir un bon jeu ancien (5 ans ouhah l’ancêtre) revenir sur la page actualité.

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Une vraie bombe ludique

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Pour information : il existe une coquille dans les règles au niveau de la mise en place, il est indiqué que le premier joueur prend 5 sesterces, le deuxième 4 sesterces, le troisième 3 etc … c’est une erreur. Le premier à 5 le deuxième 6 … etc …
Sinon après 2 parties à 2 joueurs, c’est clairement un excellent jeu, j’ai hâte de tester en équipe . Merci pour cet article.

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A noter aussi une erreur d’impression (mais sans conséquence) le nom de la carte Maçon a été remplacé par Forgeron. Mais les caractéristiques sont bien celles liées aux cités de briques.

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Merci je ne l’avais pas vu celle la ^^, trop concentré sur les icônes surement !