Azul, quand rester sur le carreau devient un plaisir

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Autant vous dire que si l’on m’avait demandé par avance ce que je pensais d’un jeu ayant pour thème le carrelage portugais, j’aurais hésité et aurais été très dubitatif. Le tout en état d’urgence mentale afin de trouver l’attitude sociale la moins blessante que j’échouerais encore à trouver…

À moins que mon goût pour l’humour décalé ne me fasse m’écrier (un peu snob) qu’est c’est « trop hype de génial de la mort". Notez bien qu’entre ces deux attitudes, il existe un abime dans lequel mon esprit lent s’enlise immanquablement provoquant un vide insondable dans mon regard et une légère bulle de bave à la commissure des lèvres. Le temps que je me décide, mon interlocuteur à déjà trouvé un partenaire plus réactif me laissant avec mes carreaux, mon abyme et ma bave face au vide existentiel.

Heureusement tout ceci est hypothétique car ma rencontre avec Azul c’est déroulée tout autrement puisque mes amis de la rédaction m’ont invité à y jouer parce que ça le valait bien et que j’ai le plus beau travail du monde qui consiste à jouer à des jeux de société tout en vous parlant de ma bave.

D’abord Azul est un jeu de maître Michael Kiesling. Le créateur de Tikal, Torrès, That’s Life, Pueblo et bien d’autres et cela retient forcément l’attention quand il publie une nouvelle oeuvre ludique. Concernant le carrelage, c’est évidement un prétexte servant de joli habillage à un jeu abstrait à la fois simple et efficace. Enfin simple… Il faut quand même être un petit peu joueur et posséder quelques neurones ludiques.

Introduits par les Maures, les Azulejos (carreaux de revêtement mural en faïence, originalement décorés de bleu ou polychromes) furent adoptés par les Portuguais au moment où leur roi Manuel 1er, durant une visite au palais de l'Alhambra dans le sud de l'Espagne, fut conquis par l’éblouissante beauté des tuiles décoratives. Manuel 1er ordonna la décoration immédiate, avec des tuiles semblables, des murs de son palais. Azul vous transporte au 16e siècle, truelle en main, à embellir les murs du Palais Royal de Evora !

La première phase du jeu consiste à se procurer de jolis petit carreaux en les prenant sur différents lieux posés au centre de la table. Chaque lieu possède, au départ, 4 carreaux piochés au hasard dans un joli sac

Notre objectif est de remplir les lignes intermédiaires (lignes motifs) de notre plateau individuel avec des carreaux d’une seule couleur par ligne. En fin de manche, quand une ligne sera complétée, un (et un seul !) carreau de cette ligne viendra orner notre carrelage final.

Le plateau de jeu individuel

Drôle de magasin ce Bricocarrelage !

À notre tour, nous allons donc pouvoir récupérer des carreaux. On choisit le lieu qui nous convient et l’on prend tous les carreaux d’une même couleur qui s’y trouvent. Pas les autres ! Les autres nous les plaçons au centre de la zone de jeu. Celle-ci va donc se remplir de tous les carreaux que le joueurs délaissent. Cette zone des « invendus » devient donc de plus en plus intéressante car on peut y prendre également tous les carreaux d’une seule couleur.

En plus, c’est la que ce trouve le jeton qui permet devenir le premier joueur de la manche suivant et donc de choisir en premier. C’est un avantage indéniable.

Manuel ! Tu me ranges les caisses par couleur !

Dans Azul, on ne se précipite pas tout de suite pour poser son carrelage n’importe comment.
Tutututu ! On range d’abord ses carreaux par couleur dans les lignes de motif de notre plateau individuel.

C’est très important parce que seule les lignes complètes permettront de poser un carreau dans le carrelage final. Toutes les lignes n’ont pas la même longueur : il suffit d’un seul carreau sur la première ligne, de deux sur la deuxième, …et 5 sur la cinquième.

heureusement les lignes incomplètes se conservent pour la manche suivante

J’ai craqué chef… C’était une promo…

Et forcément il y a quelques astuces… D’abord, quand vous avez déjà collé un carreau dans le carrelage final, vous ne pourrez plus en poser d’autres de la même couleur dans la même ligne parce que ce n’est pas beau (et surtout interdit par la règle).

Plus le jeu avance, plus les choix se restreignent.

Parfois, on est trop gourmand. On ramasse plus de carreaux que nécessaires pour compléter une ligne. Alors nous sommes punis : les carreaux en surplus sont posés sur notre plancher (en bas de notre plateau individuel) et cela nous donnera des malus au moment du comptage de points de victoire. Fallait pas gâcher !

D’ailleurs, le jeton « premier joueur » vient aussi sur ce plancher du diable. Certes on jouera en premier mais nous le paierons avec un malus.

Décorez vos Torres en Azul

Zone de motif et carrelage

Au Portugal, on lie l’avenir en tirant les carreaux

En fin de manche (quand tous les carreaux ont été récupérés par les joueurs), il est temps de construire son carrelage et d’en toucher les points de victoire. Nous avons donc vu qu’une ligne de stockage complète permettait de placer un nouveau carreau alors celui-ci va nous rapporter des points.

Pour cela Kiesling à imaginé un système qui permet d’optimiser les points de victoire :

Chaque carreau posé créé une nouvelle ligne et une nouvelle colonne.

Il suffit alors de compter le nombre de carreau qui se touchent sur la ligne puis ajouter ceux de la colonne. Prime donc aux carreaux qui en touchent d’autre mais ce n’est pas toujours si facile à faire.

Pas besoin de motif pour se faïancer…

Ne nous le cachons pas plus longtemps, Azul est un jeu abstrait où l’on retrouve tout le savoir faire de Kiesling qui nous propose ici un challenge à la fois simple et très astucieux. Les amateurs sauront apprécier le savant dosage entre l’aléa du tirage initial des tuiles et les choix cornéliens qui en découlent. Après une première partie de découverte, on aura saisi toutes les ficelles et les enjeux et là les choses se corseront et se joueront souvent au point près.

Notez que le jeu dispose d’un matériel très agréable dont un plateau réversible proposant un mode de pose expert.

Entrant dans cette catégorie aux limites floues qu’est le familial +, Azul se prête aussi bien aux novices qu’aux joueurs plus expérimentés. Pour nous c’est à la fois du carreau et du coeur.

Le plancher de la mort : chaque tuile en surplus vient nous coller un sale malus...

Correctif : Notez que les premiers tirages du jeu possèdent une petite erreur dans la règle du jeu. Pour le comptage des points celui-ci se fait bien selon deux cas possibles : celui ou la tuile posée n’en touche aucune et celui où elle est adjacente à une ou plusieurs autres tuiles.

Azul est disponible en boutique de là maintenant tout de suite.

Variante Docteur Mops

Le jeu propose comme expliqué ci-dessus deux cas différents pour le scoring. Afin de simplifier les choses pour les novices, je vous propose comme alternative de les ramener à un seul cas :

Chaque carreau posé créé une nouvelle ligne et une nouvelle colonne que l’on compte et que l’on additionne. Une tuile isolée marquera donc 1 de ligne + 1 de colonne (au lieu d’un seul point dans les règles de base). En cas de tuiles adjacentes on compte toutes les tuiles adjacentes de la ligne plus celles adjacentes de la colonne, la tuile de base étant à nouveau comptée deux fois.

► Télécharger la version finale des règles françaises de Azul

28 « J'aime »

ça fait plaisir de vous relire Mops

6 « J'aime »

Exactement, merci pour l’article et pour la variante Qwirckazul.

Commandé direct pourtant je ne suis pas fan des jeux abstrait mais celui là a l air bien (un petit regret 5 joueurs auraient été mieux pas grave je prends quant meme)

Pris à Essen mais il est déjà dans mes cartons… Au Portugal! Donc pas encore pu y jouer… Merci Mops :slight_smile:

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Excellent jeu, magnifique et subtil. Très agréable à jouer. Je recommande.

Un jeu que j’attend pour Noël. Quel style mon cher Mops :wink:

1 « J'aime »

Tout à fait. Il y a du gottlib dans le docteur Mops ! Quel talent.