Extrait de “Carte décisive”, autobiographie de Damdamiano, 2061
Chapitre 6
La coupe du monde 2020
A l’époque, j’étais encore un jeune selectionneur peu expérimenté, loin de celui qui a mené la Finlande au sacre européen de 2026. J’étais sur un nuage après deux victoires sereines en phase de poule, et le stress est monté d’un coup dans le vestiaire, avant le match. Certains cadres semblaient trop sûrs d’eux, certains jeunes trop pétrifiés, ce match à élimination directe face à de solides Uruguayens s’annonçait difficile.
J’avais demandé aux joueurs d’attaquer vite, et d’essayer de scorer avant que nos adversaires n’installent leur défense, et c’est ce que nous fîmes dès les premiers instants en nous créant vite une action dangereuse. La partie commençait bien, les uruguayens ne parvenaient pas à s’approcher de notre surface, notamment grâce à Marchetti qui avait annoncé sa retraite internationale pour après la compétition. Mais le ciel s’assombrit rapidement… Costa se procura une occasion, superbe, tout en passes longues et profondes, mais son tir s’envola. Sur l’action suivante, nous montâmes une belle contre-attaque, mais encore une fois le cadre se déroba. Je me trouvai alors rapidement démuni offensivement, et ne pus que compter sur ma défense qui restait d’une exemplarité sans faille. Bianco n’eut qu’une seule intervention à faire, sur un tir timide. C’est grâce à cette solidité que nous pûmes regagner les vestiaires sans avoir encaissé de buts, mais la maladresse de mes attaquants nous empechèrent par deux fois de marquer.
La deuxième période commença avec encore de bonnes défenses, et Marchetti toujours dans le coup. Mais de l’autre côté, nous avions maintenant du mal à nous approcher des buts sudaméricains. Et peu à peu, le match s’enlisait dans le milieu de terrain… A l’heure de jeu, nous réussîmes enfin à construire une attaque, l’attaquant fut enfin efficace et le tableau de marque fut débloqué. Je pouvais enfin respirer, soulagé d’avoir pris l’avantage, ce qui pouvait s’avérer décisif si ma défense restait aussi impériale. Je décidai pourtant de continuer à attaquer, mais nos contre-attaques et offensives se heurtaient à la défense bleue ciel. Et ce sont eux qui finirent par placer une contre-attaque, mon défenseur central perdit son sang froid, pour la première fois. Le coup franc direct fut bien tiré, malgré le mur, et l’Uruguay revint au score, à une 20aine de minutes de la fin du match. Tout était à refaire.
Je décidai de jeter toutes nos forces dans la bataille, mais maintenant la défense adverse était enfin au niveau de l’évenement, et il nous fut impossible d’approcher. Ce qui devait arriver arriva, les uruguayens tentèrent une nouvelle contre-attaque, et c’est grâce au jeune DeLuca que l’action fût avortée. Ce petit, après avoir porté à lui seul Brescia au titre européen, venait de signer un contrat à Milan. Tout le monde se souvient aujourd’hui de la carrière qu’il a eue et comment il a mené l’Italie à remporter 3 coupes du monde consécutives, mais c’est une autre histoire.
Le dernier quart d’heure s’écoula sous haute tension, avec deux défense de fer, jusqu’à la 88ème minute, où la Celeste lança une ultime contre-attaque. Le terrain fut remonté rapidement et je ne pus respirer qu’en voyant ma défense récupérer proprement le cuir. Les prolongations ne donnèrent rien, tout allait se jouer sur une cruelle séance de tirs aux buts.
Le gardien uruguayen partit du bon côté sur notre premier tir, et derrière l’attaquant celeste prit notre portier à contre pied, 1 partout. Mon second tireur s’avança, tête et chaussettes basses, son tir effleura les gants mais je pus respirer, deux sur deux. Mais le gardien adverse n’était vraiment pas loin de s’imposer. Second tir uruguayen, Luigi sautillait sur sa ligne, s’élança du bon côté, et arrêta le tir ! Deux à Un ! Sur la série suivante, les gardiens ne parvinrent pas à s’approcher du ballon, trois-deux. Mon quatrième tireur, notre buteur De Rossi, transparent ce soir, prit son temps pour poser la balle sur la craie. Son tir partit fort, et pris le gardien à contre-pied. Je serrai le poing, quatre sur quatre. C’était au tour de Suarez, s’il ratait, c’était terminé. Mais un attaquant de sa classe savait être présent dans les grands moment, sa frappe ne laissa aucune chance à Luigi. Quatre-trois. Mon cinquième tireur, la qualification au bout du pied, s’approcha lentement. Le stade était silencieux. Il plaça son tir près du poteau, très près du poteau. Le gardien se détendit du bon côté, je le vis s’approcher du ballon au ralenti… Puis les filets tremblèrent. Je tombai à genoux en regardant mes joueurs quitter le rond central en courant, en liesse. Nous étions en demi-finale.
A suivre…
Uruguay-Italie : 1-1, 3-5 tab. Pas de buteur connu