Quand notre ludothèque arrive à maturité...

Namaste!

En jouant hier une loooongue partie solo de Talisman, pleine d’aventures dans de Hautes Terres, des bois secrets et des donjons, je me disais que ma ludothèque avait (enfin?) atteint sa maturité.
Mes premiers jeux ( Armada, Supergang, FMP et autres Blood bowl) datent des années 80.
Je les ai gardés par nostalgie, et après ue épisode où j’ai possédé le délirant score de 900 boites, ma ludothèque compte désormais 90 titres parmi lesquels, en plus des reliques précitées:
* Des oldies de la génération de Catane (Elasund, Lowenherz,Morgenland, Dürch die Wuste…)
* Des classiques contemporains ( Kingdom builder, El grande, Tikal, Caylus, Serenissima…)
* Des plus modernes ( King of Tokyo, Dixit et ses esratz, Antique, Star realms, Paper Tales, Duel, Seasons…)
* Et quelques tout récents ( Pharaon, Clank!,Res Arcana, Mystic Vale, Terraforming Mars etc…)

J’y puise un peu de tous les thèmes et mécaniques ( Deck Bulding , Commerce, bluff, draft, combo, abstraits,territoire, conquêtes…)
Bref je trouve ma ludothèque harmonieuse et équilibrée, ce qui procure deux sensations:

- La satisfaction et le plaisir de jouer d’emblée, de creuser, de maîtriser et de ne pas avoir à apprendre de nouvelles règles( de cela j’en ai vraiment ras-le-bol)
- La déception ou frustration de ne plus être excité par telle ou telle annonce, car peu de renouvellement, et les jeux les plus récents, pour en avoir essayés beaucoup, ne me paraissent pas meilleurs que les anciens.
Mes attentes sont le reboot de Cleopatre et la société des archis, et le Clash of Cultures Monumental, soit deux jeux anciens réédités.

Alors deux questions:
- Est-ce que c’est parce que je suis vieux et plus capable de m’émerveiller? Que je pense qu’un jeu ne pourra plus me surprendre?
- Est-ce que c’est au contraire positif et harmonieux, comme la satisfaction d’avoir accompli une petite quête dans un champ de vie spécifique, sachant que j’ai plein d’autres loisirs?

Et vous votre ludothèque est-elle en équilibre? Statique et figé/ Dynamique?

Merci d’avance de votre participation et de vos expériences.


Une ludothèque c’est comme une bibliothèque, ou une collection de disques (concept en voie de disparition). Ce n’est jamais fini, jamais complet. Il y a toujours de nouvelles créations, de nouvelles idées. 
S’en priver c’est un peu considérer que la culture se fige.

Enfin, tout ça c’est très consumériste. L’important n’est pas de posséder un jeu ou un livre, l’important c’est d’y jouer ou de le lire. En fait, l’important n’est pas ce qu’on a sur ses étagères.

Je ne revend pas mes jeux, ce qui fait que j’ai une énorme ludothèque, mais ce n’est pas ça qui est important. C’est curieux quand même que j’ai moins de mal à vendre mes livres qu’à vendre mes jeux. Faut que j’en parle à mon psy :woozy_face:. Mais soyons réalistes, si j’avais gardé tout mes livres, je ne pourrais pas rentrer dans ma maison.


Je suis un peu comme toi, je ne m’intéresse plus tellement à la nouveauté. Je trouve que souvent le nouveau ressemble à du vieux en plus alambiqué. Du coup je préfère la version originale. C’est pour ça que je m’intéresse plutôt aux jeux d’un certain âge à côté desquels j’étais passé, ou les remises au goût du jour des vénérables anciens.

Maintenant c’est sûr, même en étant très raisonnable et sélectif, avec 1500 jeux qui sortent par an, et en traînant sur les sites d’informations ludiques, il y en a forcément l’un ou l’autre qui titille la curiosité. Je suis malgré tout parvenu à me stabiliser dans les 50/60 jeux, et parmi ceux-là il y en a peu dont je voudrais me séparer. Souvent les revendus sont les plus récemment achetés.

Et je partage ton ressenti, quel plaisir d’installer un jeu et de se lancer directement dans la partie, sans avoir à se rappeler les règles. Il vaudrait presque celui d’enlever le cellophane et de dépuncher un nouveau jeu 

C’est vrai qu’il y a de plus en plus de redites dans le flux de la production actuelle. Cela va bien au delà du simple phénomène des ok games. Mais il y a régulièrement, chaque année, deux ou trois nouvelles idées qui valent la peine. Ni plus ni moins que depuis le milieu des années 90´finalement. Et plein d’autres qui, même s’il n’apportent pas d’idées révolutionnaires, apportent un plaisir renouvelé ou une meilleure exploitation d’idées anciennes. Se priver de l’évolution des idées, même pour quelque chose d’aussi futile que le jeu de société, quand on s’y intéresse, c’est dommage.

Sujet très intéressant. 

Dans un monde ludique où pas mal de monde court après la dernière nouveauté, où il faut avoir testé ce sujet jeu à peine sorti en magasin (où il sera d’ailleurs épuisé avant d’arrivé en rayon car tout le monde l’aura précommandé), où on parle plus du prochain jeu à venir que des 10 derniers bons jeux sortis (mais avec 10 sorties par semaine, qui a le temps de s’y pencher)…

…bref, dans notre monde actuel, je trouve ça assez beau de pouvoir se poser devant sa ludo et se dire “ahh, maintenant j’ai tout ce qu’il me faut”. 


De mon côté, j’ai une formule un peu mathématique : il y a un nombre limité de genres de jeux. Si j’écarte ceux qui ne sont clairement pas ma came (wargames, améritrash), on arrive EN GROS à la dizaine. A partir de là, je devrais pouvoir me contenter des 2-3 voir 4 meilleurs représentants dans chaque catégorie. Pourquoi vouloir posséder 12 jeux kubenbois ? (bon, c’est le mauvais exemple, car c’est justement ma catégorie reine…)

J’ai donc arbitrairement décrété que ma ludo devait tourner autour de 50 boites. Et que si une boite y entre, une autre doit sortir. 
Ça c’est en Théorie, pays où j’adorerais habiter, car tout marche en Théorie. 

En pratique, MyLudo m’annonce que j’en suis à 61 boites en tout (y compris du Molkky, des petits jeux enfant, etc…), donc je vise plutôt à en revendre l’un ou l’autre (bye bye Architectes du Royaume de l’Ouest. C’était sympa mais ça va pas durer).


Du coup forcément, en voulant viser “le top du top”, j’alterne avec certains “grands anciens reconnnus” et quelques succès récents.
Si j’en profite pour faire un point : 

  • Kubenbois “pur” : Puerto Rico, Agricola, Caylus, Keyflower pour les vieux, mais aussi les plus récents Neta Tanka (un petit coup de coeur) ou Clans of Caledonia (). 
 
  • Pose de tuiles : Carcassonne, Taluva.
 
  • Acheter et aligner des cartes avec des trucs autour” : Wingspan, très joli et préféré de madame. It’s A Wonderful World,et sa prochaine extension à venir.  7 Wonders qui reste malgré le ponçage intensif de 150 parties, Splendor, Lindisfarne.
 
  • Deckbuilding : Clank pour la roublardise, Volfyirion pour le duel, Dice Forge pour les dés, pas besoin de plus.
 
  • “Hybrides qui mélangent un peu les catégories précédentes” : Pillards de la Mer du Nord, Deus, Monumental, Takenoko.
 
  • Grande tablée pour se mettre un peu sur la couenne et/ou rigoler” : Cyclades, Camel Up, Libertalia, Detective Club, Jamaica, Celestia, Detective Club mais aussi les excellents Deadwood 1876 et Tortuga 1667.
 
  • Exploration/immersion, en solo ou à 2 : 7th Continent, The Way of The Samurai et Spirit Island ()

J’en oublie quelques uns autour, notamment des petits jeux de carte, mais dans l’ensemble c’est ça, et je suis assez content de ce que j’ai.

Il y a probablement Architectes du Royaume de l’Ouest et Puerto Rico qui vont voir ailleurs… mais j’ai aussi l’un ou l’autre Kickstarter qui arrive…

Dans la wishlist, je zieute notamment l’Aube des Tribus, Hadara, Nidavellir… et Tainted Grail pour le solo… mais on attendra que l’occasion se présente. 


Bref, j’ai l’impression que moi aussi j’ai un peu arrêté de courir après le jeu parfait et que mes achats restent très parcimonieux. Ma ludo n’est donc pas figée dans le marbre, mais on va essayer de ne plus trop la faire grossir. Dynamique est peut-être le mot.

Après, cela ne m’empêche pas de courir les blogs, les news, les tests et avis de sorties récentes ou jeux plus anciens et les kickstarters en cours et à venir… Là par contre je peux m’exciter, me hyper comme à l’ancienne et m’enflammer pour la moindre annonce ! Seulement, je ne passe plus à l’acte d’achat, je me contente de rester au courant de la chose ludique, ce qui est presque devenu un jeu en soi.

Perso j’ai aussi un noyau dur de 50
jeux qui ressortent régulièrement parmi une Ludo de 100 jeux. 

MAIS je ne suis pas d’avis qu’il existe une ludothèque définitive. 

Premier argument : les jeux à usage limité (jeux narratifs, jeux d’enigmes, jeux d’enquête ) ; si tu es fan, il va te falloir aller chercher de nouvelles histoires (time stories, aftermath, Sherlock, Unlock!, legacies…)

Deuxième argument : j’ai des partenaires de jeu qui évoluent : 
- des enfants qui grandissent
- des collègues le midi
- des weekend en famille
- des soirées avec des joueurs 

Ma ludotheque évolue avec eux :wink:

Enfin 3e argument : comme l’indique jmguiche il y a de temps en temps des nouveautés qui détrônent dans notre cœur les vieilleries soi disant indémodables de nostalgiques invétérés :wink:
(Chacun les siens, moi c’est Res arcana, Root, 7thContinent, Codenames)


Sujet intéressant en effet, lié à plusieurs autres sujets et déjà traité aussi quelques fois de mon coté.

Sur exactement la même approche que Znokiss, j’ai “affiné” ma ludotheque les 3 dernières années, en gardant 2 à 4 jeux par mécanique que j’apprécie.
Peu de nouveaux jeux qui attirent mon attention, souvent j’achete un jeu qui a fait ses preuves. Ludotheque à 50 max, mais en vrai j’en ai 60 en comptant mes petites boites.

mais comme je l’ai évoqué, j’apprécie et j’ai toujours beaucoup apprécié les jeux au temps long (2h). les deux dernieres années ce qui a vraiment fait l’actualité chez moi en termes de nouveaux jeux, c’est Root et Concordia (l’un étant de 2012).
Il n’y a pas de ludotheque définitive, il y’a de très bons jeux qui sortent, et je trouve 1 ou 2 bons candidats chaque année (mais aucun encore en 2020 à part Venus Concordia).

Ce qui fait que je suis moins attiré par tous les jeux “malins” mais stratégiques qui sortent et qui font le gros de l’actualité des sorties.Les jeux dits intérmédiaires ou familiaux+… je constate que quand tu te retrouves dans ce type de joueurs, c’est l’engrenage d’achats et des ludotheques qui peuvent exploser. J’ai un copain, c’est infernal, il joue à du cathala, du Bombyx ou du space cowboys, c’est jeu sur jeu…(sans stigmatiser, je n’ai rien contre les jeux de Cathala, j’ai un ami qui s’appelle pareil d’ailleurs… :slight_smile: ref Nadine Morano).

Ma ludo arrive également à maturité avec +/- 150 titres.
J’essaye néanmoins de faire sortir les jeux qui n’ont plus été joué depuis longtemps mais force est de constater que j’ai du mal à le faire, car ce sont des jeux que j’apprécie…
C’est donc la place qui limite l’expansion et tant que ça passe encore, et bien je ne m’en soucie pas trop.
Sans tomber dans l’ivresse des débuts, j’aime encore découvrir des jeux (et même lire les règles ! bon sauf pour le petit dernier Nidavellir et son écriture inclusive lourdingue…).

Comparaison n’est pas raison, mais j’imagine qu’un cinéphile aime tout autant re(re-re-re)garder ses films préférés que de découvrir d’autres oeuvres qui sortent toutes les semaines. Toutes ne seront pas exceptionnelles, à son goût ou autre, mais le plaisir n’est pas là.
Nous sommes ici tous joueurs, mais peut-être (ou surtout) ludophile ?

Bonjour à tous,

J’ai commencé ma ludothèque dans les années 90. A l’époque, j’avais quelques titres comme Formule Dé, Heroquest, Space Crusade, Diplomacy, Cry Havoc, Fief et Flat Top (wargame), mais je pouvais les compter sur les doigts de la main. Il n’y avait pas encore de sites Web ni de boutiques en ligne spécialisés et surtout le choix était tres restreint.

En 2004, j’ai découvert TT par l’intermédiaire d’un ami et surtout j’ai en // arrêté de fumer en mettant mon budget clop dans les jeux (et dans les rangements…).

Le souci, c’est que depuis 2004, et pire encore, avec l’avenement de plate-formes comme Kickstarter, on est sans arret abreuver de nouveautés (quand on voit certaines campagnes KS à renfort d’animation et de SG, c’est dur de résister) et surtout je suis boardgamer et wargamer (plateaux et figurines, qui prennent elles aussi bcp de place), donc il y a tjs un truc interessant qui traine à acheter.

Heureusement, je sais maintenant résister un peu plus : j’y suis obligé par manque de place à moins de déménager, je n’achète plus les jeux par “automatisme” mais je parcours la regle avant ou regarde des reviews sur youtube pour me faire une idée.

Le seul pb, c’est de mettre des jeux en vente, j’ai encore du mal mais je me fais parfois violence.

Alors pour répondre aux deux questions initiales de Kundalini :

“- Est-ce que c’est parce que je suis vieux et plus capable de m’émerveiller? Que je pense qu’un jeu ne pourra plus me surprendre?
- Est-ce que c’est au contraire positif et harmonieux, comme la satisfaction d’avoir accompli une petite quête dans un champ de vie spécifique, sachant que j’ai plein d’autres loisirs?”

=> chez moi, c’est positif (les derniers wargames achetés sont magnifiques, et ca s’amplifie d’année en année) et les derniers boardgames achetés et joués m’ont bien plus (Fistfull of meeples, Margraves de Valeria, Parks, Wild Space).

“Et vous votre ludothèque est-elle en équilibre? Statique et figé/ Dynamique?”

=> rien de tout cela, elle est alimentée régulièrement, quoique un peu moins qu’avant vu le manque de place qui se fait ressentir cruellement (j’ai ma femme sur le dos à chaque arrivage de carton…)

En conclusion, il va falloir faire un ménage d’automne si je veux continuer sur ce trend :wink:

Je dois avoir un peu plus de 200 et j’ai effectivement cette sensation de maturité car ma ludothèque couvre l’éventail de mes besoins.

J’ai des jeux pour enfants/débutants (Takenoko, Médiéval Academy…) parfaits pour les initiations et un peu tous les autres types de jeux (de Concordia à Twilight Struggle en passant pas Gloomhaven, Arcadia Quest, Dixit ou Istanbul). Quel que soit le profil de joueur que j’accueille je sais que j’ai quelque chose à lui proposer, un jeu à deux (Sun Tzu, Heroes of Normandie ou un jeu à huit (l’excellent Nuns on the run par exemple). Et s’il faut du coopératif, Pandémic Iberia, D Day Dice,  The big book of Madness ou Freedom feront l’affaire

Bien sûr il y a quelques jeux que je considère “mineurs” et qui sortent peu mais le confinement m’a permis de les redécouvrir en famille avec plaisir. Et comme j’ai la place pour les stocker je n’ai aucun intérêt à les vendre (ils rapporteraient peu) ni à les donner (je préfère en conseiller de meilleurs à mon goût).

Ce qui est sur c’est que mon besoin d’achat est aujourd’hui très faible, je n’achète plus que pour deux raisons :
- un type de jeu (thème ou mécanique) que je n’ai pas : par exemple “Seigneur des Anneaux Voyages en terres du milieu” ou Marvel Champions.
- un petit achat plaisir occasionnel ou opportuniste parce que c’est pour ça qu’on joue (Colt Super Express pour jouer avec des neveux et nièces, Forbidden Stars un jeu excellent en promo).

Les KS ne m’intéressent plus. Acheter deux ans à l’avance n’a pour moi pas d’intérêt.
De même tous les gros jeux style Maracaibo, les Pfister se succèdent à un tel rythme que personne n’a le temps d’en profiter et comme j’ai déjà quelques jeux de ce calibre je n’ai plus aucune envie d’investir dans un Tekhenu ou Teotihuacan alors que j’ai Madeira, De Vulgari Eloquencia ou Marco Polo qui sont prêts à sortir.
Ce qui ne veut pas dire que je n’aurais pas plaisir y jouer si l’occasion se présente.

D’ici la fin d’année il est probable que j’achète deux ou trois jeux mais pour l’instant la seule chose qui me fait envie est l’édition limitée de Neuroshima Hex en vente sur le site de Portal. Juste parce que j’adore le jeu et que cela fera un superbe écrin (sans aucun intérêt ludique car j’ai déjà tous les éléments en version normale).

Bref pour revenir au sujet. Oui j’ai une sensation de maturité pour ma ludothèque même si elle évoluera au gré des envies et de la vie.

« La maturité de l’homme c’est d’avoir retrouvé le sérieux qu’on avait au jeu quand on était enfant. »
Friedrich Nietzsche

J’aime revenir à l’origine des mots.
Selon l’indispensable Dictionnaire historique de la langue française (dirigé par Alain Rey, un voisin de par chez moi), le mot « maturité » renvoie à l’état « d’un fruit, d’un organisme parvenu à la plénitude de son développement. »

Que serait donc une ludothèque parvenue à la plénitude de son développement ?

Avant d’avancer plus loin j’aimerais imaginer ma bibliothèque parvenue à la plénitude de son développement.

Ce mot de plénitude sous entend une sorte de fin. Comme un aboutissement qui n’envisagerait pas de suite. Comme une sorte de clap de fin. Comme si on avait tout vu, tout lu, tout joué.

Ma bibliothèque, là-haut sous les toits, abrite des milliers de livres. Des classiques inévitables (Balzac, Alexandre Dumas, Kessel, Conrad, Flaubert, London, etc.). Impossible de les citer tous.
Et pourtant je n’ai pas l’impression d’avoir atteint une (in)certaine plénitude.
Trop de classiques encore à lire et que de nouveaux auteurs contemporains à découvrir. Ah le plaisir de la première page d’un auteur inconnu.
Ma bibliothèque ne serait qu’un début au…final.

Revenons aux jeux.

J’ai « sérieusement » commencé à me construire une ludothèque il ya environ 7 ans.
Je devrais plutôt dire « nous » construire. Car c’est toujours dans l’optique de faire plaisir au maximum des joueurs de mon cercle de jeu, famille et amis, que j’ai alimenté ma ludothèque.

Alors oui les débuts boulimiques (on joue beaucoup, on veut jouer à tout, tout découvrir) ont fait déborder les étagères.
On se gave de « dépunchage », on hoquète devant chaque nouveau livret de règles, on trépigne d’impatience à l’installation.
Puis on joue, on aime puis on délaisse, abandonne, laisse s’accumuler la poussière sur les boîtes.

J’ai réduit ma ludothèque à une centaine de jeux. C’est peu et beaucoup.

On a gardé notre crème. Small World, Shakespeare, Lemming, 7Wonders Duel, Love Letter, Terraforming Mars, Dungeon Twister, Libertalia, etc.
Possible de les citer tous.
Certains sont des « vieux jeux », d’autres des nouveaux nés.

Les joueurs autour de moi se fatiguent d’ingurgiter de nouvelles règles et préfèrent savourer des jeux qu’ils connaissent.

Beaucoup de jeux se ressemblent et peu savent proposer de l’inédit.
Comme en littérature, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
Sur 10 livres d’auteurs contemporains que j’achète, 1 va me surprendre (et me faire dire « Waouh ! »), 2 ou 3 seront de bons moments de lecture et le reste sera du convenu, juste buvable voire insipide.

Par contre je suis rarement déçu par les auteurs dits classiques.

Les nouveaux jeux qui reprennent la mécanique d’anciens jeux pullulent.
Une p’tite variante des dominos par-ci, une p’tite variante d’Agricola par-là et hop ça repart.
Aujourd’hui j’ai presque bloqué mes achats de jeux. Je vends et j’échange. En passant je remercie tous les « trictaciens » avec qui j’ai « commercé ».
Par contre je ne vends aucun de mes livres. Y compris ceux que j’ai détestés, pas finis de lire.

Ma ludothèque réunit presque tous les genres, toutes les mécaniques, tous les thèmes. J’ai bien précisé : presque.
J’en ai pour tous les goûts de mon cercle de joueurs.
Et quel plaisir de poser un jeu connu de tous, sans avoir à plonger et se noyer dans le livret de règles.
Connaître, se connaître et se reconnaître autour d’un jeu joué et rejoué.
On grandit avec le jeu. On rit plus, on joue mieux…Ce même jeu semble changer comme on change nous mêmes.
On se souvient de rires, on se remémore des parties. Ensemble autour de ce jeu comme autour d’un ami que l’on connait bien.

Alors est-ce que ma ludothèque a atteint sa plénitude ?
Comme un achèvement, un aboutissement, une sorte d’apothéose ?
Non sûrement pas.
La recherche de la perfection est vaine, impossible, inaccessible.

Est-ce que nous, joueurs, avons fini de découvrir nos « vieux » jeux ?
Non sûrement pas.

Est-ce que nous, joueurs, avons fini de s’enchanter de nouveautés ?
Non probablement pas.

Est-ce que nous, joueurs, avons envie de dépenser plus pour jouer moins ?
Non assurément non.

Est-ce que nous, joueurs, avons envie de dépenser moins pour jouer plus ?
Oui évidemment.

Et puis cette « vieille » ludothèque qui n’en finit pas de rajeunir avec nos enfants…et nos petits-enfants à venir…de nouveaux rires, de nouveaux souvenirs…déjà.

Quel plaisir de voir le bonheur de nos enfants devant les pages de Balzac ou Alexandre Dumas !

«Acheter des livres jeux serait une bonne chose si l’on pouvait simultanément acheter le temps de les lire jouer.» Schopenhauer

Au final quel plaisir de découvrir de nouveaux joueurs, des stratégies inexplorées, des rires insoupçonnés, des finals inattendus, des tablées imprévues…
De beaux moments ludiques.
Comme une sorte de plénitude fugitive.
Comme une sorte de maturité du bonheur.
Un p’tit bonheur suffisant et passager.

Alors une ludothèque idéale ?
Une ludothèque sans embonpoint, sans clinquant agressif, apprivoisée, intime.
Rassurante mais non assoupissante.
Une ludothèque qui nous ressemble, qui nous rassemble.
Qui se découvre et nous découvre.

Une ludothèque en équilibre durable. En développement durable.
Qui tient debout.
Qui nous tient debout.


Allez, bons jeux à tous.







Très classe comme message Cripure! :slight_smile:

En fait, après la maturité vient la mort… Ou la renaissance éventuelle, mais c’est réservé aux fruits.
NON à la maturité !

Une ludothèque, ou plutôt une ludothèque active (pour ceux qui comme moi entassent), c’est un flux, avec des jeux qui entrent, d’autres qui sortent (et parfois reviennent), et d’autres qui restent plus ou moins longtemps.

Bref, mature, à mon avis, avec sa connotation « fini », n’est pas un bon terme. Il donne l’impression qu’il y a une espèce de but à atteindre alors qu’il n’y en a pas. Il donne aussi l’impression que ce qui compte dans le jeu c’est de le posséder, ou d’en posséder suffisamment, alors que ce qui compte, c’est de jouer.

J’aime bien la citation de Schopenhauer, mais en fait, acheter un livre, c’est secondaire, on peut vous le prêter, le prendre à la bibliothèque, vous le donner… La seule ressource critique n’est pas tant le livre que le temps.

J’aime déjà ce sujet et c’est plaisant de lire les différents avis.

Certainement que ma ludothèque est mature mais certainement qu’elle le sera encore plus avec le temps à venir.

La frénésie des débuts, il y a 6 ans, avait un aspect consumériste, certes, mais nous a aussi permis de cerner nos goûts et nos critères d’achats.

Par rapport à nos goûts ludiques (peu portés sur les gros jeux de gestion) je trouve que chaque année il y a quand même quelques nouveaux jeux qui valent la peine de s’y arrêter, rien que pour l’expérience proposée (Kosmopolit en 2020 - Cryptide en 2019 - Treasure Island en 2018 - Kitchen Rush en 2017) et d’autres qui vieillissent mal. Alors on fait le tri un peu tout le temps et affinent notre ludothèque.

Je lis avec un immense intérêt vos réactions et partages,d’une belle richesse

D’ailleurs, grand merci de vous être approprié ce topic.



Pour ma part, la maturité n’induit pas l’extinction du désir ou du plaisir.
J’éprouve certes une forme de désenchantement et ne suis plus autant l’actualité avec une faim aussi vorace.
Je n’écris plus au sujet des jeux, ne fréquente plus les salons (de toute façon, covid oblige…), ne saute plus sur les extensions, et en ai vraiment marre de traduire ou même explorer de nouvelles règles, mais je guette toujours une perle, parfois loin du buzz.

Bref, je pense que la maturité est une alchimie du plaisir à connaître et savourer, tout autant que le délice de dénicher encore une surprise, dans la sérénité de posséder déjà ce que l’on apprécie.
Oui, c’est ça, la sérénité.
Mais c’est peut être le yoga qui me rend comme ça! (34 ans de yoga cette année!)

cheeky

En tout cas, comme dans une de mes dernières acquisitions , Tang Garden (moderne, un peu surproduit, mais qui m’a refait aimer les jeux de tuiles à la Carcassonne), je contemple le jardin du monde ludique du haut de la colline de ma pile de boîtes, et j’y vois encore de belles perspectives.




La maturité est simplement la fin de la croissance, aussi bien pour un être vivant que pour une ludothèque.
Ce qui ne veut pas dire qu’on arrête de vivre et qu’on évolue pas mais on a atteint un palier.
Je pense que je continuerai longtemps à acheter des jeux, à aimer les jeux et à jouer mais je n’achèterai plus autant qu’il y a quelques années.

J’ai eu à une époque des milliers de livres. Au fil des déménagements (une dizaine) j’ai tout donné ou presque, en gardant deux ou trois cents. Ma bibliothèque est arrivée à maturité, ce qui ne m’empêche pas de lire toujours autant (bibliothèque ou achat puis don).

«Acheter des livres serait une bonne chose si l’on pouvait simultanément acheter le temps de les lire.»
Schopenhauer

merci je ne connaissais pas celle ci :wink:

Ma ludothèque est comme moi : boulimique

je me soigne… ou pas 

Je dois avoir 800 à 900 titres… et certains pour la collection (heureusement que j’ai trouvé cet argument pour justifier des achats sans certitude d’y jouer).

On ne se refait pas 

En ce qui me concerne ma collection a environ 300 titres. Je ne la considère pas comme mature car elle n’est pas en équilibre dynamique, j’ai du mal à vendre les jeux.

Je continue à explorer les nouveaux jeux sans ressentir de lassitude, car je vois beaucoup à explorer, et beaucoup de nouveaux titres intéressants. 

Néanmoins les achats ont beaucoup ralenti, pour trois raisons :
- compétition entre les jeux. Un nouveau jeu doit dépasser ceux que j’ai déjà, ou apporter du nouveau. Cela fait belle lurette que je n’achète plus de jeux de placement d’ouvriers. 

- manque de place physique. C’est quand même une limite dure, tant que je ne revends pas davantage mes jeux

- lassitude des joueurs : beaucoup de mes partenaires de jeu ne veulent plus apprendre de nouvelles règles, mais jouer aux jeux qu’ils connaissent. Ca limite forcément les opportuopportunités.

En termes de possibles futures acquisitions, il y a surtout Oath, dont j’attends les retours lorsqu’il sortira,  et la Guerre de l’Anneau, à l’occasion de sa deuxième édition en français.

Le fait que tu observes un ralentissement et une maturation ne présage en tout cas pas d’une courbe de renouvellement qui tend vers 0 ou 1 sur le long terme.
Peut être observeras tu un rebond dans quelques années. C’est ce qui s’est passé pour moi avec une vitesse de croisière de 1 jeu par an depuis plusieurs années, et une soudaine accélération cette année (déjà 7 jeux, et arrive le Noël ludique…).