Les changements à gauche

Ce que je trouve assez juste dans la colonne de Clémentine Autain, c'est l'idée que la gauche doit assumer ses idées, comme l'a fait NS pour la droite. En plus, apparemment, les Francais aiment ca, le débat.
Le problème est maintenant de savoir quelles idées, quelles perspectives; ce qui n'est pas la même chose qu'un programme électoral.

El comandante dit:Ce que je trouve assez juste dans la colonne de Clémentine Autain, c'est l'idée que la gauche doit assumer ses idées, comme l'a fait NS pour la droite. En plus, apparemment, les Francais aiment ca, le débat.


Juste pour dire que je suis assez d'accord avec ça: Une vraie gauche, moderne, aussi décomplexée et débarassée de ses "vieux éléphants" et autres old's 68, c'est un peu ce qu'il a manqué et manque encore.

xavo dit:C'est clair. Je pense que la logique voudrait qu'un centre gauche se constitue autout de Bayou / Strauss Kahn et que le PS porte des valeurs plus traditionnellement de gauche allant de Mélanchon à Royal en passant par Fabius (j'ai du mal à trouver un jalon : à partir de qui couper ?).


Un tour de manège gratuit pour celui qui arrive à situer Fabius sur une ligne politique !

O'Cédar dit:
Un tour de manège gratuit pour celui qui arrive à situer Fabius sur une ligne politique !

Facile, ça dépend si il a son perfecto ou les weston sur la photo.

Ah non, on avait dit, pas les affaires, pas les parents, et pas les opportunistes démagos...

Intéressante tribune de Mélenchon. Un des rares types du PS qui parlent aux citoyens avant de parler aux électeurs.

LE DEVOIR D’AUDACE
Tribune publiée dans l’Humanité du mercredi 9 mai 2007
Depuis 1978 avec Michel Rocard, dès 20 heures, les soirées de défaites électorales voient surgir de l'horloge socialiste un coucou familier. Il chante la chanson désormais traditionnelle de l'appel à la rénovation et à la conversion sociale-démocrate de la gauche. Hier surprenante, l'antienne est aussi obsolète que son objet après trente ans d'usage. On pouvait y réfléchir au siècle dernier. Mais en 2007, comment le navrant naufrage de la social-démocratie européenne, suivant de près celui du communisme d'Etat, pourrait-il encore servir de modèle? Au Royaume-uni ou en Allemagne, seule ou en alliance avec la droite elle démantèle l'Etat social qu'elle avait construit. En Espagne ou en Italie, tranquillement ou dans les combinaisons, les réformes sociétales remplacent les conquêtes sociales. Et je ne dis rien du bilan effrayant de la social-démocratie latino américaine. Ici ou là, bien sûr, passent quelques rayons de lumière. Mais la social-démocratie qu'idéalisent d'aucuns, faute d'imagination, n’est pas un avenir utile en France. Nous ne pouvons échapper au devoir de remiser au rayon des archives toutes les formules dorénavant épuisées. La modernité n'est pas un prêt à porter mais une création à accomplir. Cette réinvention de la gauche a lieu en ce moment même en Amérique latine, au Brésil, Vénézuéla, Bolivie, Equateur parmi d'autres pays. Evidemment, aucune ne nous fournit de modèle transposable. Mais l'énergie, l'audace et la persévérance qui les ont rendues possibles doivent impérativement nous servir de référence. Elles valent bien mieux que certaines illusions de confort. Comme par exemple de croire que notre nouvelle défaite est seulement affaire de personne ou de style de campagne. Elle sanctionne d'abord l'échec de la gauche - toute la gauche- à entraîner la société. Quelle rude leçon nous inflige la droite à ce sujet! La rupture proposée par Nicolas Sarkozy est le miroir de nos timidités, sa provocante clarté le revers des euphémismes sociaux-démocrates embarrassés dès qu'il s'agit de dénoncer l'accumulation des richesses dans les mains de quelques uns et le système qui rend possible cette spoliation. Le triomphe de Sarkozy est construit sur une victoire culturelle telle qu'à l'heure du choix, en toute bonne foi, la conscience sociale aveuglée par les mirages de l'idéologie dominante, les pauvres votent comme s'ils étaient riches!
Face à une droite décomplexée, une gauche tout aussi décomplexée doit enfin s'affirmer pour construire une nouvelle conscience citoyenne. Assez rasé les murs pour parler du partage de la richesse, pour assumer le rôle de l'Etat stratège dans l'économie, maître du temps long, gardien de l'intérêt général, acteur de première ligne face à l'urgence sociale. Assez de litote pour rejeter la monarchie patronale, affronter la tyrannie de la dictature de l'actionnariat sur l'économie productive. Tout tourne autour d'une question: quelle attitude avoir face à la mondialisation libérale, ce nouvel age du capitalisme? L'adopter : c'est la droite. L'accompagner : c'est l'illusion sociale-démocrate. Faire bifurquer le système au profit de priorités sociales et écologiques : c'est notre devoir d'invention. Comment faire? Avec qui? Dans quelle forme d'institution Républicaine en France et en Europe ? Qui oserait dire que nous ne possédons aucune réponse après tant d'années de colloques, de luttes, de forums sociaux et d'expériences sous toutes les latitudes. Ce qui manque c'est le lieu politique de la mise en mots partagée et en programme. C’est la condition pour que les idées deviennent une force matérielle : celle des millions de consciences qui la prendront en charge. Nombre au sein du PS évoquent la création d'un nouveau grand parti progressiste largement ouvert aux forces diffuses de la société civile qui agissent aujourd'hui sans débouché politique. L'autre gauche est ainsi mise au défi. Comme pour la candidature à la présidentielle va-t-elle maintenir sa fragmentation si désespérante et si nuisible à la gauche toute entière ? Alors il faudra admettre que l'avenir de la gauche est dans le parti unique que préfigure le Parti socialiste. Au contraire saura-t-elle proposer un dépassement de ses structures ouvrant ainsi un autre choix à gauche ? Celui d’une alternative prête à la conquête des pouvoirs plutôt qu'à l'adjuration, à des alliances plutôt qu’à l'ostracisation de ses voisins et cousins de gauche? Comme au lendemain du référendum les délais de réponse ne sont pas infinis. Et la droite ne nous laissera pas de répit.
Jean-Luc Mélenchon

O'Cédar dit:
xavo dit:C'est clair. Je pense que la logique voudrait qu'un centre gauche se constitue autout de Bayou / Strauss Kahn et que le PS porte des valeurs plus traditionnellement de gauche allant de Mélanchon à Royal en passant par Fabius (j'ai du mal à trouver un jalon : à partir de qui couper ?).

Un tour de manège gratuit pour celui qui arrive à situer Fabius sur une ligne politique !


Depuis la campagne du référendum sur la constitution européenne, Fabius s'est classé plutôt sur la ligne anti libérale, par conviction, par opportunisme ou par posture.

Mais on peut se poser la même question de la ligne politique de Bayrou et de son UDF Modem . J'ai du mal à comprendre ceux qui le classent au centre gauche avec DSK.

Et je suis d'accord avec Clémentine Autain et El Commandante sur la nécessité d'une gauche décomplexée. La gauche n'a pas à faire repentance pour un passé inavouable qui n'existe pas mais à se réapproprier et assumer ses idées.

Lesquelles?

Selon moi:
la question du partage de richesses

la question des droits et devoirs

La question du choix de société: consumérisme ou développement durable

La question démocratique: la démocratie représentative n'est plus suffisante dans notre société. Il y a nécessité de mettre en place, paraléllement une certaine démocratie participative. Nécessité aussi de mettre une dose de proportionnelle dans les élections législatives.

La question des partenaires sociaux. leur place dans notre société.

la question de l'héritage idéologique: sous la pression de l'extrème gauche(plutôt internationaliste),d'une part et de la droite bobo (plutôt européaniste) d'autres part certains thémes, comme celui de l'identité nationale , de la sécurité , de l'autorité de l'Etat, ont été abandonnés à la droite républicaine mais aussi à la droite extrème qui les a pervertis. Quand j'étais gamin, je me souviens que l'Internationale cotoyait La Marseillaise au PCF, que le chiffon rouge cotoyait la marseillaise au PS, tout en étant ouvert au monde.
Aujourd'hui, il me semble que parfois à gauche cela parait réactionnaire d'aimer son pays et de chanter La Marseillaise, qu'on ne trouve que mépris pour l'histoire française.Pourtant La gauche et la france n'ont pas à rejeter leur histoire commune, l'un et l'autre se construisant ensemble mutuellement.
Des racines et des ailes.

Les questions sociétales. même si elles sont importantes, ne doivent pas être le seul cheval de bataille de la gauche décomplexée, . pour autant il ne faut pas les occulter. A cet égard une attitude telle que celle de Mamére me parait appropriée( premier mariage homosexuel,piscine écologique). Des discours et des actes

la question de l'education: former des travailleurs ou des citoyens? arriver à concilier les deux?

petit inventaire à la Prévert mais qui n'est pas exhaustif. cependant, peut-^tre une bonne base de départ à la discussion?

bertrand dit:pleins de trucs pas cons l'est pas con El Bertrand ;)


pour mettre les pieds dans le plat : "développement durable", c'est un oxymore. D'ailleurs si depuis quelques années on colle l'adjectif durable, c'est parce qu'on s'est rendu compte que le modèle de développement (modèle politique défini dans les années 40) était une catastrophe. Le durable en soi n'a rien apporté, à part des bonnes intentions et de la bonne conscience. Maintenant quand les Brésiliens coupent l'Amazonie pour y mettre du soja qui va engraisser nos vaches, avant d'y mettre de la canne qui ira alimenter nos voitures, on se dit que c'est contenu dans un "plan de développement durable" et donc on est rassuré. Bullshit. Il faut se repencher sur le mot même de développement.
L'alternative c'est entre une socièté de consommation et une société de non consommation. Et ca va être dur à faire passer vu que quelqu'un a déjà loué à Coca Cola le temps de cerveau disponible. Just do it.

bertrand dit:Mais on peut se poser la même question de la ligne politique de Bayrou et de son UDF Modem . J'ai du mal à comprendre ceux qui le classent au centre gauche avec DSK.


Ben c'est lui qui le dit en fait. Il proposait de gouverner avec un premier ministre de centre gauche.

Je suis bien content d'avoir lancé ce sujet, car je trouve vos réponses intéressantes... la réflexion a déjà avancé en 10 jours ! Donc, une gauche moderne n'est pas une gauche qui renonce à son héritage, bien au contraire, et elle doit s'affirmer ainsi sous peine d'une confusion avec le centre de Bayrou et la perte d'une base électorale importante, c'est ça ?

Donc, autre question, sur le mode de Jean le Bon à la bataille de Poitiers ("Père, gardez-vous à votre droite, père, gardez-vous à votre gauche")... Si le PS s'ancre bien à gauche, plus nettement qu'aujourd'hui, quelle est sa spécificité par rapport aux mouvements et partis situés à sa gauche ?

Une différence importante avec "la gauche pure", c'est d'accepter de se salir les mains, de mettre les mains dans le cambouis gouvernemental.

C'est là dessus que le mouvement anti-libéral a trouvé son point de rupture.

Tu crois que les extrêmes seraient bien embêtés de gagner les élections, en fait ? Je pense que ce n'est pas faux... mais je vais encore me faire mal voir, là.

Philippe dit:... Si le PS s'ancre bien à gauche, plus nettement qu'aujourd'hui, quelle est sa spécificité par rapport aux mouvements et partis situés à sa gauche ?


Philippe, payé par Sarco Imperator pour aspirer en sous-main toutes les idées de gauche. :kingboulet: :wink:

A mon avis la grande différence c'est que PS et succédanés ont vocation et volonté de gouverner, de se frotter au réel, par le biais du réformisme, éventuellement soc-dem', éventuellement radical voire révolutionnaire.

El comandante dit:
Philippe dit:... Si le PS s'ancre bien à gauche, plus nettement qu'aujourd'hui, quelle est sa spécificité par rapport aux mouvements et partis situés à sa gauche ?

Philippe, payé par Sarco Imperator pour aspirer en sous-main toutes les idées de gauche. :kingboulet: :wink:


Mééééheu ! Et puis d'ailleurs, pourquoi pas ? Si je refourgue des idées de gauche à la droite, tu n'iras pas t'en plaindre, non ? Et puis ce serait un juste retour des choses, si j'en crois mes collègues qui disaient :"Que l'on vote pour l'un ou pour l'autre, on aura un président de droite." Mais je m'égare, je taquine, et je ne vois plus le danger (je veux dire la déviation du topic).

Personne ici alors pour défendre la gauche pure et dure et pourfendre les PS prêts à tous les compromis les plus honteux ? (je tente, je tente) Personne pour défendre l'idée de Hollande et d'autres d'un grand parti socialiste plus large que celui qui existe actuellement ? Car si je vous suis, nous irions plutôt vers un repli au moins temporaire du PS vers ses sources, quitte à se lancer dans une "reconquête" ultérieure.

Philippe dit:Personne ici alors pour défendre la gauche pure et dure et pourfendre les PS prêts à tous les compromis les plus honteux ? (je tente, je tente) Personne pour défendre l'idée de Hollande et d'autres d'un grand parti socialiste plus large que celui qui existe actuellement ? Car si je vous suis, nous irions plutôt vers un repli au moins temporaire du PS vers ses sources, quitte à se lancer dans une "reconquête" ultérieure.


J'ai l'impression qu'il est difficile de fournir un discour clair et de s'engager sur des actions quand un parti possède autant de sensbilités à ménager. Faire en sorte qu'il y en ai encor eplus, me semble rimer avec une accentuation du flou du message socialiste aujourd'hui. Ou alors, il faut que ces sensibilités se rassemblent autour d'une personne.

Philippe dit:Personne pour défendre l'idée de Hollande et d'autres d'un grand parti socialiste plus large que celui qui existe actuellement ? Car si je vous suis, nous irions plutôt vers un repli au moins temporaire du PS vers ses sources, quitte à se lancer dans une "reconquête" ultérieure.


Ces temps-ci la question se porte sur les valeurs des options politiques. Un grand parti attrape-tout serait forcément plus invertébré. Pas certain que ce soit ce que "les gens de gauche" (encore une notion bien floue) attendent.

xavo dit:Ou alors, il faut que ces sensibilités se rassemblent autour d'une personne.


Pourquoi une seule ? Tu ne crois pas que la force de la gauche c'est le collectif, comme disent les sportifs ? On doit bien en trouver quelques uns qui soient prêts à mettre leur ego de côté pour construire ensemble ? Je rêve ?

Ubik Liryc dit:
xavo dit:Ou alors, il faut que ces sensibilités se rassemblent autour d'une personne.

Pourquoi une seule ? Tu ne crois pas que la force de la gauche c'est le collectif, comme disent les sportifs ? On doit bien en trouver quelques uns qui soient prêts à mettre leur ego de côté pour construire ensemble ? Je rêve ?


La présidentielle pourvoit à la désignation d'une personne, pas d'un collectif. Même si derrière cette personne il y a un collectif, donc on ne peut échapper à la désignation d'une personne.

En effet la durée des mandats de députés et de président sont tout deux maintenant de 5 ans , que ces élections ont lieu la même année, les législatives, après la présidentielle.Celles-ci servent maintenant à donner de facto une majorité plus ou moins large au président

De fait, c'est la présidentielle qui méne le jeu.

On peut donc penser que partir en campagne présidentielle en ordre dispersée , en faisant campagne l'un contre l'autre ,comme cela s'est vu à gauche, entre mouvements, mais aussi au sein même d'un mouvement soit une erreur stratégique et augure mal des législatives.

La campagne interne au PS s'est faite trop tard, ce qui a engendré des ressentiments dans ce camp qui ont eu des répercussions sur la campagne.Il est donc nécessaire de désigner le candidat pour le plus grand parti de gauche, le plus rapidement possible, qu'il y est une visibilité forte et que le temps permette aux différentes composantes de retravailler ensemble à former une politique structurée sans arrière pensées personnelles.

Ubik Liryc dit:
xavo dit:Ou alors, il faut que ces sensibilités se rassemblent autour d'une personne.

Pourquoi une seule ? Tu ne crois pas que la force de la gauche c'est le collectif, comme disent les sportifs ? On doit bien en trouver quelques uns qui soient prêts à mettre leur ego de côté pour construire ensemble ? Je rêve ?


Non je ne crois pas en la force du collectif sans projet clair et comunément accepté. Il faut la force d'un but commun pour mettre tout le monde en mouvement. Ceci implique donc sortir des ambitions perosnnelles.
C'est pour cela que j'ai écrit qu'il faut ou un projet partagé, ou un leader. Autrement le risque est grand que le flou actuel soit maintenu et que les couteaux ne soient pas rentrés de sitôt.

Je ne parlais pas de la présidentielle bien sûr mais de la "reconstruction".
Je pense qu'il faut avant tout pousser tout ce beau monde à s'asseoir autour d’une table pour redéfinir les bases d’un projet de société. Attendre l’émergence d’un leader est pour moi la toute dernière des options.