Un sujet utile parce que totalement inutile, j'avais en tête de créer un topic lié au plaisir que nous éprouvions, nous, TTciens, non pas dans le jeu lui-même, mais dans l'approche du jeu...
Je m'explique. Si si, je sens que c'est pas clair.
Samedi soir, ma femme et moi nous recevons un couple d'amis pour dîner. Ils sont joueurs mais l'on ne se voit pas tant que ça. Du coup, l'un de mes plaisirs est d'anticiper sur ce que pourra être la soirée jeu. En fait, je présélectionne quelques jeux dont je suis sûr que les critères conviendront.
Je sais pas vous, mais moi, j'adore ces moments où je me triture les méninges pour trouver les trois ou quatre jeux à sortir.
Concernant samedi prochain, j'ai sorti trois boites : Descendance, Un monde Oublié, Libertalia. J'ai l'impression qu'on a un peu oublié ces jeux et c'est donc l'occasion de me les remettre en mémoire. Ce pourrat aussi être l'occasion de leur faire connaître Via Nebula, mais comme j'ai dans l'idée de le leur offrir prochainement, je vais plutôt le garer planqué.
Voilà, un topic résolument inutile mais ça me ferait sourire de lire comment chacun de vous réagit et "tire plaisir" du jeu sans que ce soit encore l'heure du jeu. Vous faites comment ? Des listes, le hasard ? Vous envoyez l'invité choisir ? Comment ça se passe chez vous ?
Mais grave :)
Réfléchir aux bons jeux, farfouiller, préparer, faire du teasing, et souvent ne rien sortir (mais c'est pas grave, hein) --> c'est un boulot à plein temps !
C'est un très beau sujet, merci !
Ici, c'est souvent moi qui choisis, parce je connais les règles, le niveau de difficulté etc. C'est un moment-cadeau que j'offre à l'autre. Mini-Prunelles rajoute souvent un autre jeu dont elle a particulièrement envie. En ce moment elle ajoute Le joueur de flûte ou Mysterium voire les deux.
J'ai une amie qui chaque fois qu'elle passe me demande de lui montrer des jeux, on ne joue jamais dans ces moment-là mais je lui raconte le jeu, elle admire le matériel. Je l'ai contaminée et régulièrement elle va en acheter quelques-uns. Chaque fois on se dit qu'il faudrait se faire une soirée jeux et chaque fois, elle me demande plutôt de lui raconter les jeux. Quand nous étions voisines, nous jouions par contre, on avait plus le temps de se voir et de jouer.
Pour les soirées jeux à l'école, c'est aussi moi qui choisis et je le fais avec beaucoup de plaisir, de tendresse, même ! Je pense aux enfants, au plaisir qu'ils auront à découvrir tel jeu, à re-découvrir celui-ci. Aux parents, qui vont pouvoir partager ce moment avec eux, avec nous. C'est chaque fois, un bon moment avant la soirée !
Oui !! Merci pour ce témoignage, prunelle ! 
On oublie souvent l'élément "société" dans le jeu alors que c'est surement ce qui fait le succès de ces boites auprès du plus grand nombre.
Selon moi, choisir un jeu est un geste empathique : on va déjà vers l'autre.
Je pense d'ailleurs à ce sujet que si j'accumule autant de boites chez moi, c'est aussi pour ne pas risquer de me retrouver au dépourvu face aux envies des uns et des autres... On ne refait pas sa psychologie, au mieux, on l'adapte.
C'est sympa de lire un tel sujet, qui propose une approche intéressante du jeu. Je suis la plupart du temps celui qui arrive chez mes amis avec les boites. Et il m'arrive de rester de longues minutes devant ma ludothèque où mes jeux, alignés debout comme des notes sur une portée de musique, ne semblent attendre qu'une chose : que leur tranche soit choisie pour qu'on s'en paye une tranche... Selon les participants, selon mon état d'esprit du moment et mes envies, je vais tendre le bras vers telle ou telle boite, et en prêtant l'oreille, on pourrait entendre les murmures de déception de celles qui n'ont pas été choisies...
Il y a là une sorte de plaisir qui, poussé dans à l'extrême, possède quelque chose de sensuel, au même titre que lorsque j'enlève le cellophane d'une nouvelle boite et que j'en découvre le contenu. Et puis quand j'arrive à destination, que nous nous mettons autour de la table, j'ouvre mon grand sac et je sors mes boites, comme si nous allions partager un repas ludique.
Au fonds, les jeux, un peu comme les livres, ont une âme. Ils sont là alignés, en attente qu'on les ouvre, pour nous distiller leur cœur, quand bien même le moment sera éphémère, dans une sorte de dramaturgie du futile, mais aussi éternel, puisqu'on peut recommencer à loisir...
on parle d'une passion qu'est la notre, donc le plaisir se ressent à chaque étape pour ma part :
Les plaisirs solitaires
* le plaisir de commander, d'acheter le jeu
* le plaisir de recevoir le colis (l'attente du facteur est un vrai supplice par contre ;))
* le plaisir d'ouvrir la boite et de découvrir le matériel
* le plaisir de dépuncher, de préparer le jeu
* parfois le plaisir de Pimper la boite pour améliorer le rangement et l'ergonomie de l'ensemble
* le plaisir de lire les règles (sauf si ces dernières sont mal écrites, là ça peut devenir un vrai calvaire)
Les plaisirs à partager
* expliquer les règles (enfin ça aussi ça peut être un vrai calvaire selon qui on a à table ;))
* et enfin, le but ultime, JOUER enfin avec ses camarades de jeu ou en famille
Je ne pensais pas que l'on puisse encore lire ce genre de sujets par ici
En ces temps où l'on ne parle plus guère que de respects des délais (annoncés sur un forum), rapport qualité(du matos)/prix voire rentabilité en prix/nombre de parties, quelle joie de lire des gens sur leur plaisir de jeu...
Je joue depuis plus de 15 ans maintenant, et je ne le fais plus qu'avec des vieux grognards. Il y a bien sûr quelques avantages : on se connaît, on se vanne, ce sont d'excellents joueurs donc les parties sont souvent compétitives et les erreurs se paient comptant. On va rapidement assez loin dans le jeu, et on en voit donc vite les points positifs et négatifs.
Il y a des inconvénients aussi : on chipote sur tel ou tel aspect de la mécanique, on joue au (pénible) jeu des comparaisons avec tel ou tel grand ancien, sur le mode "c'était mieux avant", gna gna gna. Syndrome de l'expert, incapable de voir dans un jeu autre chose qu'un amas plus ou moins équilibré de règles et de critères objectifs, évaluables et comparables entre eux. Ou syndrome du winner, qui ne trouve son plaisir que dans l'exercice intellectuel de l'analyse froide (quel est le meilleur coup possible à cet instant du jeu ?) et dans la (toute aussi froide) victoire.
On retrouve cette "déviance" dans tant d'autres domaines : la cuisine, la littérature, le cinéma, la musique.
J'y participe à ma façon, bien sûr, je ne peux m'exempter d'aucun des travers cités.
Mais, du coup, les soirées sont gagnées par cette angoissante anesthésie du simple plaisir de jeu.
Quant à moi, je me sens parfois comme lou ravi, naïf perdu parmi les serial killers.
J'ai eu très récemment une petite discussion avec mon ami Marc, grand amateur du jeu devant l'éternel, immense découvreur aussi, et pas suspect de la recherche frénétique de la victoire - un excellent partenaire.
Nous parlions justement, en tout bien tout honneur, du simple plaisir de jouer.
Je mûris cette modeste réflexion à l'aune de ce nouveau topic.
J'adore découvrir les règles d'un jeu.
Lire le livret, et ne rien comprendre. Déployer le matériel et relire la règle en manipulant les pièces. Comprendre un peu mieux, du coup. Imaginant une partie avec des adversaires fictifs, retors, inconséquents. Ne pas aller au bout, parce que c'est bon j'ai compris l'essentiel, je peux l'expliquer. Refermer la boîte dans un silence discret, en imaginant les meilleures circonstances pour la rouvrir, un jour lointain ou proche.
J'adore réfléchir à un programme.
Mais surtout lorsqu'il s'agit d'un programme pour les casual. Parce qu'ils ne sont pas difficiles. Parce que le but est de les étonner, qui sait de les émerveiller, de leur montrer qu'il y a de sacrées belles raisons d'aimer le jeu même à nos âges.
J'adore les retrouvailles.
Ressortir un jeu non pas oublié, mais négligé depuis quelques temps, un jeu qui nous rappelle d'autres moments passés à plusieurs, d'autres discussions, d'autres personnes parfois. Rejouer, et se souvenir que oui, "c'est vrai qu'il est bien ce jeu". Nos petites madeleines de Proust, soigneusement rangées sur les étagères et qui n'attendent que nos mains distraites pour une nouvelle recherche du temps perdu.
J'adore expliquer un jeu
Surtout quand je l'ai bien compris. Surtout lorsque (cela arrive encore) j'arrive à allumer des petites étoiles dans les yeux de mes partenaires. J'adore par dessus tout ce moment où, "c'est bon, plus de questions ?", nous nous lançons dans une première partie comme la communauté de l'anneau prend la route de l'Est, avec de simples balluchons, peu de certitudes et quelques rêves encore.
Et puis...
J'adore jouer.
J'adore ce moment hors du temps où la "vraie vie" (cette longue route cahoteuse parfois pleine de contrariétés et de laideurs) est mise entre parenthèses. J'adore ces moments-là où la règle, simple ou complexe, bonne ou mauvaise, est la même pour tous, que l'on s'y plie de bonne grâce puisque, dame, ce n'est qu'un jeu.
J'adore cette petite pause dans la vie où le jeu prend le pas sur le je, et sur l'enjeu.
J'adore ces heures où l'on parvient à écrire une histoire, surtout lorsque (parce que le jeu et les joueurs s'y prêtent) cette histoire peut être belle, épique, romanesque... dût-elle se conclure par une défaite.
Il n'est pas besoin de quatre cent soixante sept boîtes dans sa maison pour cela. Juste quelques unes.
Et quelques belles personnes.
Joli sujet 
Perso j'adore l'ameritrash, les mondes imaginaires ou sombres, les tonnes matos, cartes, dès et les aléas des événements qui à mes yeux pimentent ces jeux, mais que d'autres subissent ... et peinent à supporter le hasard ou la perte de contrôle
Seulement voilà je joue surtout plus régulièrement avec ma famille proche qu'avec mon groupe d'amis plus réceptifs à ce genre de jeu.
Alors je suis bien obligé de préparer également ma liste de ces jeux dis familiaux afin d'avoir une chance de les accrocher!
Eh bien je n'en suis pas frustré pour autant parce que j'adore tous les styles et je m’éclate vraiment quand je sors presque tout les dimanche un 7 wonders qu'on a joué à fond, un Divinare, un Augustus (moins de succès), le time's up, timeline/chalenge et autres party games...
Le jeu du moment c'est 7 wonders Duel que l'on pratique presque en mode championnat avec les joueurs qui tournent...
Alors j'achète très peu, je soupèse vraiment ce qui peut leur plaire et comme ils n'aiment pas changer trop vite de jeu quand ça leur plait il faut vraiment trouver la bonne accroche.
Là j'ai bien envie de les initier à Mystérium, Dixit, Imagine, Codenames... et qui sait... un Maré Nostrum? qui sera ardu à sortir, mais je me souviens qu'il y a très très longtemps ils adoraient jouer au Risk en boucle...
pingouin dit :
Je ne pensais pas que l'on puisse encore lire ce genre de sujets par ici
En ces temps où l'on ne parle plus guère que de respects des délais (annoncés sur un forum), rapport qualité(du matos)/prix voire rentabilité en prix/nombre de parties, quelle joie de lire des gens sur leur plaisir de jeu...
Je joue depuis plus de 15 ans maintenant, et je ne le fais plus qu'avec des vieux grognards. Il y a bien sûr quelques avantages : on se connaît, on se vanne, ce sont d'excellents joueurs donc les parties sont souvent compétitives et les erreurs se paient comptant. On va rapidement assez loin dans le jeu, et on en voit donc vite les points positifs et négatifs.
Il y a des inconvénients aussi : on chipote sur tel ou tel aspect de la mécanique, on joue au (pénible) jeu des comparaisons avec tel ou tel grand ancien, sur le mode "c'était mieux avant", gna gna gna. Syndrome de l'expert, incapable de voir dans un jeu autre chose qu'un amas plus ou moins équilibré de règles et de critères objectifs, évaluables et comparables entre eux. Ou syndrome du winner, qui ne trouve son plaisir que dans l'exercice intellectuel de l'analyse froide (quel est le meilleur coup possible à cet instant du jeu ?) et dans la (toute aussi froide) victoire.
On retrouve cette "déviance" dans tant d'autres domaines : la cuisine, la littérature, le cinéma, la musique.
J'y participe à ma façon, bien sûr, je ne peux m'exempter d'aucun des travers cités.
Mais, du coup, les soirées sont gagnées par cette angoissante anesthésie du simple plaisir de jeu.
Quant à moi, je me sens parfois comme lou ravi, naïf perdu parmi les serial killers.
J'ai eu très récemment une petite discussion avec mon ami Marc, grand amateur du jeu devant l'éternel, immense découvreur aussi, et pas suspect de la recherche frénétique de la victoire - un excellent partenaire.
Nous parlions justement, en tout bien tout honneur, du simple plaisir de jouer.
Je mûris cette modeste réflexion à l'aune de ce nouveau topic.
J'adore découvrir les règles d'un jeu.
Lire le livret, et ne rien comprendre. Déployer le matériel et relire la règle en manipulant les pièces. Comprendre un peu mieux, du coup. Imaginant une partie avec des adversaires fictifs, retors, inconséquents. Ne pas aller au bout, parce que c'est bon j'ai compris l'essentiel, je peux l'expliquer. Refermer la boîte dans un silence discret, en imaginant les meilleures circonstances pour la rouvrir, un jour lointain ou proche.
J'adore réfléchir à un programme.
Mais surtout lorsqu'il s'agit d'un programme pour les casual. Parce qu'ils ne sont pas difficiles. Parce que le but est de les étonner, qui sait de les émerveiller, de leur montrer qu'il y a de sacrées belles raisons d'aimer le jeu même à nos âges.
J'adore les retrouvailles.
Ressortir un jeu non pas oublié, mais négligé depuis quelques temps, un jeu qui nous rappelle d'autres moments passés à plusieurs, d'autres discussions, d'autres personnes parfois. Rejouer, et se souvenir que oui, "c'est vrai qu'il est bien ce jeu". Nos petites madeleines de Proust, soigneusement rangées sur les étagères et qui n'attendent que nos mains distraites pour une nouvelle recherche du temps perdu.
J'adore expliquer un jeu
Surtout quand je l'ai bien compris. Surtout lorsque (cela arrive encore) j'arrive à allumer des petites étoiles dans les yeux de mes partenaires. J'adore par dessus tout ce moment où, "c'est bon, plus de questions ?", nous nous lançons dans une première partie comme la communauté de l'anneau prend la route de l'Est, avec de simples balluchons, peu de certitudes et quelques rêves encore.
Et puis...
J'adore jouer.
J'adore ce moment hors du temps où la "vraie vie" (cette longue route cahoteuse parfois pleine de contrariétés et de laideurs) est mise entre parenthèses. J'adore ces moments-là où la règle, simple ou complexe, bonne ou mauvaise, est la même pour tous, que l'on s'y plie de bonne grâce puisque, dame, ce n'est qu'un jeu.
J'adore cette petite pause dans la vie où le jeu prend le pas sur le je, et sur l'enjeu.
J'adore ces heures où l'on parvient à écrire une histoire, surtout lorsque (parce que le jeu et les joueurs s'y prêtent) cette histoire peut être belle, épique, romanesque... dût-elle se conclure par une défaite.
Il n'est pas besoin de quatre cent soixante sept boîtes dans sa maison pour cela. Juste quelques unes.
Et quelques belles personnes.
Ah quelle sujet sympathique !
Etant novice dans les jeux de plateau et avec une ludothèque franchement vide je prend beaucoup de plaisir a fouiner sur internet pour trouver des jeux qui pourrait me plaire. J'ai d'ailleurs déjà une jolie liste 
J'adore le déballage, un peu moins la lecture des règles. Et même si d'une certaine façon j'ai super hâte de commencer ma première partie, je sais aussi que ca serra vraiment pas la meilleur. Il y a alors comme une petite impatience: commencer a comprendre et aimer le jeu. Mais cela reste un grand plaisir.
pingouin dit :
Je ne pensais pas que l'on puisse encore lire ce genre de sujets par ici
....
Et puis...
J'adore jouer.
J'adore ce moment hors du temps où la "vraie vie" (cette longue route cahoteuse parfois pleine de contrariétés et de laideurs) est mise entre parenthèses. J'adore ces moments-là où la règle, simple ou complexe, bonne ou mauvaise, est la même pour tous, que l'on s'y plie de bonne grâce puisque, dame, ce n'est qu'un jeu.
J'adore cette petite pause dans la vie où le jeu prend le pas sur le je, et sur l'enjeu.
J'adore ces heures où l'on parvient à écrire une histoire, surtout lorsque (parce que le jeu et les joueurs s'y prêtent) cette histoire peut être belle, épique, romanesque... dût-elle se conclure par une défaite.
Il n'est pas besoin de quatre cent soixante sept boîtes dans sa maison pour cela. Juste quelques unes.
Et quelques belles personnes.
Merci pour ce beau moment de lecture dans lequel je me retrouve totalement, notamment sur ta façon de voir la notion de "vraie vie". Pour moi le jeu, sous toutes ses formes, me permet d'échapper temporairement à la réalité, belle ou moche, bonne ou mauvaise, et je me sens libéré... de tout 
Les jeux, c'est mes antidépresseurs à moi!
Encore merci!
pingouin dit :
Je ne pensais pas que l'on puisse encore lire ce genre de sujets par ici
En ces temps où l'on ne parle plus guère que de respects des délais (annoncés sur un forum), rapport qualité(du matos)/prix voire rentabilité en prix/nombre de parties, quelle joie de lire des gens sur leur plaisir de jeu...
Je joue depuis plus de 15 ans maintenant, et je ne le fais plus qu'avec des vieux grognards. Il y a bien sûr quelques avantages : on se connaît, on se vanne, ce sont d'excellents joueurs donc les parties sont souvent compétitives et les erreurs se paient comptant. On va rapidement assez loin dans le jeu, et on en voit donc vite les points positifs et négatifs.
Il y a des inconvénients aussi : on chipote sur tel ou tel aspect de la mécanique, on joue au (pénible) jeu des comparaisons avec tel ou tel grand ancien, sur le mode "c'était mieux avant", gna gna gna. Syndrome de l'expert, incapable de voir dans un jeu autre chose qu'un amas plus ou moins équilibré de règles et de critères objectifs, évaluables et comparables entre eux. Ou syndrome du winner, qui ne trouve son plaisir que dans l'exercice intellectuel de l'analyse froide (quel est le meilleur coup possible à cet instant du jeu ?) et dans la (toute aussi froide) victoire.
On retrouve cette "déviance" dans tant d'autres domaines : la cuisine, la littérature, le cinéma, la musique.
J'y participe à ma façon, bien sûr, je ne peux m'exempter d'aucun des travers cités.
Mais, du coup, les soirées sont gagnées par cette angoissante anesthésie du simple plaisir de jeu.
Quant à moi, je me sens parfois comme lou ravi, naïf perdu parmi les serial killers.
J'ai eu très récemment une petite discussion avec mon ami Marc, grand amateur du jeu devant l'éternel, immense découvreur aussi, et pas suspect de la recherche frénétique de la victoire - un excellent partenaire.
Nous parlions justement, en tout bien tout honneur, du simple plaisir de jouer.
Je mûris cette modeste réflexion à l'aune de ce nouveau topic.
J'adore découvrir les règles d'un jeu.
Lire le livret, et ne rien comprendre. Déployer le matériel et relire la règle en manipulant les pièces. Comprendre un peu mieux, du coup. Imaginant une partie avec des adversaires fictifs, retors, inconséquents. Ne pas aller au bout, parce que c'est bon j'ai compris l'essentiel, je peux l'expliquer. Refermer la boîte dans un silence discret, en imaginant les meilleures circonstances pour la rouvrir, un jour lointain ou proche.
J'adore réfléchir à un programme.
Mais surtout lorsqu'il s'agit d'un programme pour les casual. Parce qu'ils ne sont pas difficiles. Parce que le but est de les étonner, qui sait de les émerveiller, de leur montrer qu'il y a de sacrées belles raisons d'aimer le jeu même à nos âges.
J'adore les retrouvailles.
Ressortir un jeu non pas oublié, mais négligé depuis quelques temps, un jeu qui nous rappelle d'autres moments passés à plusieurs, d'autres discussions, d'autres personnes parfois. Rejouer, et se souvenir que oui, "c'est vrai qu'il est bien ce jeu". Nos petites madeleines de Proust, soigneusement rangées sur les étagères et qui n'attendent que nos mains distraites pour une nouvelle recherche du temps perdu.
J'adore expliquer un jeu
Surtout quand je l'ai bien compris. Surtout lorsque (cela arrive encore) j'arrive à allumer des petites étoiles dans les yeux de mes partenaires. J'adore par dessus tout ce moment où, "c'est bon, plus de questions ?", nous nous lançons dans une première partie comme la communauté de l'anneau prend la route de l'Est, avec de simples balluchons, peu de certitudes et quelques rêves encore.
Et puis...
J'adore jouer.
J'adore ce moment hors du temps où la "vraie vie" (cette longue route cahoteuse parfois pleine de contrariétés et de laideurs) est mise entre parenthèses. J'adore ces moments-là où la règle, simple ou complexe, bonne ou mauvaise, est la même pour tous, que l'on s'y plie de bonne grâce puisque, dame, ce n'est qu'un jeu.
J'adore cette petite pause dans la vie où le jeu prend le pas sur le je, et sur l'enjeu.
J'adore ces heures où l'on parvient à écrire une histoire, surtout lorsque (parce que le jeu et les joueurs s'y prêtent) cette histoire peut être belle, épique, romanesque... dût-elle se conclure par une défaite.
Il n'est pas besoin de quatre cent soixante sept boîtes dans sa maison pour cela. Juste quelques unes.
Et quelques belles personnes.
Pingouin, quand il s'agit d'écrire, vous n'êtes vraiment pas manchot. Vous êtes certainement la plus belle plume que je lis sur ce forum. Il y a comme un parfum qui se dégage. Si vous embrasser après de telles beautés était possible, je serais déjà pendu à votre cou.
Beau plaisir de lecture. Tout simplement, merci.
pingouin dit :Tout pareil !
Je ne pensais pas que l'on puisse encore lire ce genre de sujets par ici
En ces temps où l'on ne parle plus guère que de respects des délais (annoncés sur un forum), rapport qualité(du matos)/prix voire rentabilité en prix/nombre de parties, quelle joie de lire des gens sur leur plaisir de jeu...
Je joue depuis plus de 15 ans maintenant, et je ne le fais plus qu'avec des vieux grognards. Il y a bien sûr quelques avantages : on se connaît, on se vanne, ce sont d'excellents joueurs donc les parties sont souvent compétitives et les erreurs se paient comptant. On va rapidement assez loin dans le jeu, et on en voit donc vite les points positifs et négatifs.
Il y a des inconvénients aussi : on chipote sur tel ou tel aspect de la mécanique, on joue au (pénible) jeu des comparaisons avec tel ou tel grand ancien, sur le mode "c'était mieux avant", gna gna gna. Syndrome de l'expert, incapable de voir dans un jeu autre chose qu'un amas plus ou moins équilibré de règles et de critères objectifs, évaluables et comparables entre eux. Ou syndrome du winner, qui ne trouve son plaisir que dans l'exercice intellectuel de l'analyse froide (quel est le meilleur coup possible à cet instant du jeu ?) et dans la (toute aussi froide) victoire.
On retrouve cette "déviance" dans tant d'autres domaines : la cuisine, la littérature, le cinéma, la musique.
J'y participe à ma façon, bien sûr, je ne peux m'exempter d'aucun des travers cités.
Mais, du coup, les soirées sont gagnées par cette angoissante anesthésie du simple plaisir de jeu.
Quant à moi, je me sens parfois comme lou ravi, naïf perdu parmi les serial killers.
J'ai eu très récemment une petite discussion avec mon ami Marc, grand amateur du jeu devant l'éternel, immense découvreur aussi, et pas suspect de la recherche frénétique de la victoire - un excellent partenaire.
Nous parlions justement, en tout bien tout honneur, du simple plaisir de jouer.
Je mûris cette modeste réflexion à l'aune de ce nouveau topic.
J'adore découvrir les règles d'un jeu.
Lire le livret, et ne rien comprendre. Déployer le matériel et relire la règle en manipulant les pièces. Comprendre un peu mieux, du coup. Imaginant une partie avec des adversaires fictifs, retors, inconséquents. Ne pas aller au bout, parce que c'est bon j'ai compris l'essentiel, je peux l'expliquer. Refermer la boîte dans un silence discret, en imaginant les meilleures circonstances pour la rouvrir, un jour lointain ou proche.
J'adore réfléchir à un programme.
Mais surtout lorsqu'il s'agit d'un programme pour les casual. Parce qu'ils ne sont pas difficiles. Parce que le but est de les étonner, qui sait de les émerveiller, de leur montrer qu'il y a de sacrées belles raisons d'aimer le jeu même à nos âges.
J'adore les retrouvailles.
Ressortir un jeu non pas oublié, mais négligé depuis quelques temps, un jeu qui nous rappelle d'autres moments passés à plusieurs, d'autres discussions, d'autres personnes parfois. Rejouer, et se souvenir que oui, "c'est vrai qu'il est bien ce jeu". Nos petites madeleines de Proust, soigneusement rangées sur les étagères et qui n'attendent que nos mains distraites pour une nouvelle recherche du temps perdu.
J'adore expliquer un jeu
Surtout quand je l'ai bien compris. Surtout lorsque (cela arrive encore) j'arrive à allumer des petites étoiles dans les yeux de mes partenaires. J'adore par dessus tout ce moment où, "c'est bon, plus de questions ?", nous nous lançons dans une première partie comme la communauté de l'anneau prend la route de l'Est, avec de simples balluchons, peu de certitudes et quelques rêves encore.
Et puis...
J'adore jouer.
J'adore ce moment hors du temps où la "vraie vie" (cette longue route cahoteuse parfois pleine de contrariétés et de laideurs) est mise entre parenthèses. J'adore ces moments-là où la règle, simple ou complexe, bonne ou mauvaise, est la même pour tous, que l'on s'y plie de bonne grâce puisque, dame, ce n'est qu'un jeu.
J'adore cette petite pause dans la vie où le jeu prend le pas sur le je, et sur l'enjeu.
J'adore ces heures où l'on parvient à écrire une histoire, surtout lorsque (parce que le jeu et les joueurs s'y prêtent) cette histoire peut être belle, épique, romanesque... dût-elle se conclure par une défaite.
Il n'est pas besoin de quatre cent soixante sept boîtes dans sa maison pour cela. Juste quelques unes.
Et quelques belles personnes.
Cela ne fait pas longtemps que le plaisir de jouer m'est revenu et c'est vraiment ce plaisir qui me pousse à acheter des jeux de temps en temps et à essayer de les faire découvrir, de les partager.
Bravo pour cette belle transcription du "pourquoi j'aime jouer" (Tout le monde ne sait pas aussi bien que vous rendre sa pensée alors vraiment merci !)
Merci Pingouin, c'est l'un des plus beaux textes sur le sujet qu'il m'ait été donné de lire.
Merci, ça fait du bien de vous lire messieurs. Belle prose.
Concernant mes plaisir, j'en éprouve à quasiment toutes les étapes du jeu ^^
* Le plaisir de la prise d'informations : Parcourir les différents sites pour découvrir des avis, des vidéos d'explications et de parties. Bien évidemment cette étape c'est quand je découvre le jeu sur un site (Tric Trac/BGG).
* Le plaisir de l'achat : Acheter chez mon crémier (ou commander en ligne) procure un plaisir assez intense bizarrement. L'achat peut même limite être compulsif quand je passe chez mon fournisseur et quand je vois un jeu qui attire mon oeil (c'est la raison d'ailleurs pour laquelle j'essaye de ne pas passer trop souvent chez lui parce que mon porte-monnaie n'est pas extensible !).
* Le plaisir de l'ouverture de la boîte : Ce moment empli d'impatience où l'on a la boîte sous blister en face et que l'on veut découvrir le matériel. C'est d'autant plus plaisant si l'on a une bonne surprise au niveau de la qualité/de la profusion de matériel.
* Le plaisir du dépunchage/du rangement : Les deux vont de pair, le dépunchage et le rangement tout bien comme il faut du matériel (pochettes plastiques ou dans le thermo s'il est de qualité).
* Le plaisir de lire les règles : Même si généralement je les connais déjà avant en grand partie (même si je lis toujours quand même dans le cas où les renseignements glanés au préalable contenaient des erreurs).
* Le plaisir de faire découvrir le jeu à des amis : Qui est d'autant plus élevé lorsque le jeu séduit les joueurs (et ultime lorsque le jeu fait l'unanimité).
Je n'ai pas mis l'explication de règles pour une bonne raison. En fait j'aime expliquer les règles et je pense le faire la plupart du temps de façon claire. Par contre ! Comme il a déjà été dit, selon qui on a à la table ça peut être un vrai calvaire.
Et malheureusement pour moi, c'est souvent plus le calvaire qu'un plaisir pour plusieurs raisons :
* Madame (oui oui ma propre femme) n'est pas DU TOUT disciplinée lors de l'explication d'une règle et a plus tendance à m'énerver qu'autre chose.
Si elle ne connait pas la règle, elle est attentive environ 30 secondes avant de souffler, de ne plus écouter et de sortir une réflexion du genre "pff c'est trop long" ou "pff c'est trop compliqué" (ce qui a le don de m'énerver au plus haut point).
Si elle connait déjà la règle et que je suis en train de l'expliquer à d'autres personnes, d'une part elle a le même comportement, et d'autre part elle comble mes phrases du genre :
Moi - "blablabla"
Elle - "ah et tu peux aussi faire ça !"
Moi - "oui en fait j'allais le dire parce que j'explique les règles dans l'ordre" (encore pire quand elle donne de fausses indications)
Elle - "oui mais c'est trop long alors bon !"
Evidemment ça a aussi le don de m'énerver en plus de rendre l'explication moins claire puisque les autres personnes sont déconcentrées.
* Les amis qui sont dans une discussion à bâtons rompus en pleine explication de règle. Dans ce cas là :
Soit j'arrête d'expliquer en attendant de capter à nouveau l'attention de ces personnes (ce qui a pour effet d'embêter les autres personnes qui, elles, étaient restées attentives).
Soit je continue d'expliquer mais généralement ça se termine en "attend tu disais quoi au fait ?" ou pendant la partie la personne qui n'a écouté qu'à moitié ne respecte pas les règles et que l'on doit lui ré-expliquer.
Korilin dit :Et malheureusement pour moi, c'est souvent plus le calvaire qu'un plaisir pour plusieurs raisons :
* Madame (oui oui ma propre femme) n'est pas DU TOUT disciplinée lors de l'explication d'une règle et a plus tendance à m'énerver qu'autre chose.
Si elle ne connait pas la règle, elle est attentive environ 30 secondes avant de souffler, de ne plus écouter et de sortir une réflexion du genre "pff c'est trop long" ou "pff c'est trop compliqué" (ce qui a le don de m'énerver au plus haut point).
Si elle connait déjà la règle et que je suis en train de l'expliquer à d'autres personnes, d'une part elle a le même comportement, et d'autre part elle comble mes phrases du genre :
Moi - "blablabla"
Elle - "ah et tu peux aussi faire ça !"
Moi - "oui en fait j'allais le dire parce que j'explique les règles dans l'ordre" (encore pire quand elle donne de fausses indications)
Elle - "oui mais c'est trop long alors bon !"
Evidemment ça a aussi le don de m'énerver en plus de rendre l'explication moins claire puisque les autres personnes sont déconcentrées.
* Les amis qui sont dans une discussion à bâtons rompus en pleine explication de règle. Dans ce cas là :
Soit j'arrête d'expliquer en attendant de capter à nouveau l'attention de ces personnes (ce qui a pour effet d'embêter les autres personnes qui, elles, étaient restées attentives).
Soit je continue d'expliquer mais généralement ça se termine en "attend tu disais quoi au fait ?" ou pendant la partie la personne qui n'a écouté qu'à moitié ne respecte pas les règles et que l'on doit lui ré-expliquer.
Je me retrouve complètement dans votre description. Quand ma compagne, qui semble très proche de la votre, commence à lancer des "Mais c'est pas important ça !", j'ai envie de tout abandonner et de la laisser faire...
Sinon, pour revenir sur le thème général, je prends moi-même beaucoup de plaisir à jouer, mais cela commence bien avant. En effet, dès les premières recherches pour ma prochaine acquisition, en arpentant forums, vidéos et autres tests du jeu, je suis comme un enfant devant un catalogue de jouets. Je m'imagine déjà les premières parties, les amis à qui le jeu plaira, les soirées endiablées et les moments où on me dira "Ah, j'ai trop envie de jouer à XXXX, il est trop bon ce jeu" après quelques parties. Après, au risque de passer pour un fou, lorsque je reçois un jeu, j'en connais déjà les règles (Pas par coeur, mais pas loin...
), puisque j'ai visualisé tout ce qui était visualisable sur le sujet, parfois plusieurs fois. Mais tout de même, je ne peux pas m'empêcher, lorsque je déballe le jeu, de relire la règle, en me disant "Ah oui, c'est vrai, on peut faire ça ! Trop bien !!".
Et une fois que j'ai déballé méticuleusement tout le matériel et lu la règle en long, en large et en travers, j'attends déjà la première partie. Alors parfois, au risque de passer une seconde fois pour un fou, je me lance dans une simulation de partie, tout seul. J'aime découvrir la mécanique du jeu en vrai, prendre le temps de bien maîtriser les choses, afin de perdre moins de temps lors des premières parties réelles ; je déteste en effet être obligé d'aller lire la règle pour répondre à une question lors de mes explications. Par exemple, lorsque j'ai reçu Lords of Xidit, j'y ai joué au moins 2 ou 3 fois dans son intégralité, avec 3 amis imaginaires, j'y ai passé des heures, simulant les vraies décisions "optimales" pour chaque joueur, et ainsi, maintenant, je maîtrise complètement le jeu. Bon, nous n'y avons encore jamais joué car il me semble un poil trop lourd pour nos soirées jeux , mais bon, le jour où nous y jouerons, si ce jour arrive, je serai fin prêt !
Je suis le plus heureux du monde lorsqu'on commence un jeu, je resterais éveillé jusqu'au bout de la nuit, enchaînant les parties, encore et encore, mais malheureusement, mes compagnons de jeu ne sont pas aussi fous que moi, et nos soirées se terminent à des heures décentes, à mon plus grand regret. Lorsqu'une soirée se termine, je ne pense plus qu'à la prochaine...
D'ailleurs, quand est-ce qu'on joue ?
Arioch dit :Joli sujetOui alors là je te rejoins totalement !
Alors j'achète très peu, je soupèse vraiment ce qui peut leur plaire et comme ils n'aiment pas changer trop vite de jeu quand ça leur plait il faut vraiment trouver la bonne accroche.
J'ai une soif de découvrir ... toujours et encore plus... et mon entourage est toujours scotché aux anciens jeux.
Difficile de leur apprendre une nouvelle règle, un nouvel univers, une nouvelle mécanique ...
Et quand je réussi, ils adorent !
mais ne veulent surtout pas en apprendre un nouveau
Quelques citations détournées afin d'alimenter cet intéressant débat...
«Acheter des livres jeux serait une bonne chose si l’on pouvait simultanément acheter le temps de les lire jouer.» Schopenhauer
" Les mots jeux savent de nous des choses que nous ignorons d'eux." René Char
"Il y a plus d'aventures sur un échiquier jeu que sur toutes les mers du monde." Mac Mahon ou Pierre Mac Orlan ?
Allez ça sera tout pour aujourd'hui...bons jeux à vous