Editeur ne respectant pas le contrat d'édition

Bonsoir

Je voulais savoir si ce genre d'expérience vous était déjà arrivé et savoir comment vous aviez réagi. Et ca permettra à ceux qui recherchent un éditeur de savoir à quelle sauce ils seront mangé...

Mon histoire : j'ai signé il y a 2 ans environ un contrat d'édition (j'étais super content à l'époque) pour faire éditer un jeu de cartes par un grand du domaine (je préfère ne pas donner de nom pour éviter les polémiques, il se reconnaitra).
Dans ce contrat, cet éditeur s'était engagé à ne pas faire de versions internationales du jeu, contre une réduction du nombre de jeux vendus, ce que j'avais accepté.
Au final, le jeu se vend plutôt bien grâce à un très bon travail commercial.
Et donc tout se passe bien jusqu'au jour où, il y a 6 mois environ, l'éditeur (toujours le même) décide de faire une version internationale du jeu, vous savez, une version où ne demeure que les graphiques, alors qu'il m'avait garanti ne jamais le faire.

Quand même, vu la situation, j'ai le sentiment d'avoir été un peu trahi par l'éditeur et j'envisage vraiment de mettre fin au contrat, ce que le contrat prévoit par chance. Le deuxième élément, c'est que le jeu perd vraiment en jouabilité sans le texte et avec les graphismes choisis par l'éditeur.
Entre temps, l'éditeur m'annonce vouloir revenir à une version du jeu avec le texte, mais uniquement pour la France, et sans me donner plus de détails, donc je ne sais même pas s'il le fera réellement ou non.

Qu'en pensez-vous ? Avez-vous déjà vécu ce genre de situation ?

j'espère qu'un auteur confirmé dans le domaine pourra te répondre.
Etant édité par un jeune éditeur(qui j'espère deviendra grand :wink: ) je ne peux pas t'aider.La seule chose que je peux te demander c'est :
ça te gène tant que ça que ton jeu devienne internationnal?
Ou c'est parce que la disparition des textes dénature réellement ton jeu?

Merci de ta réponse ludo61. Ce qui me gêne dans la disparition du texte c'est l'augmentation du temps de prise en main des cartes, qui rebute un grand nombre de joueurs, et qu'à terme le jeu se fasse oublier.

Bon, je suis peut être à côté de la plaque, mais de mon point de vue si ça fait deux ans que la version francophone est commercialisée en France et que ton éditeur songe à faire une réédition cette fois internationale, c'est que ton jeu a certainement du bien s'écouler. Ce qui signifie peut être qu'il n'y a plus grand chose à espérer du marché Français où le jeu a visiblement déjà fait ses preuves. C'est donc peut être pas plus mal cette version internationale malgré ses défauts non? Personnellement je pense que c'est au contraire une belle oportunité de lui ouvrir de nouvelles perspectives.

Je pense que la 1e chose à faire est de les rencontrer pour comprendre ce qu'il se passe et rappeler les termes du contrat. Les éditeurs sont souvent des gens intelligents et conciliants.

Tu peux toujours mettre en balance que tu veux avoir au moins un droit de regard (et non un droit de consultation) sur la forme de la version internationale, sous peine de casser le contrat et d'aller voir la concurrence puisqu'une clause du contrat te le permet.

Maintenant, si l'éditeur propose d'iconographier pour remplacer du texte avec une explication de l'iconographie dans les règles, par exemple, ce n'est pas un mal AMHA. Et puis ce serait dommage de te priver d'une opportunité vers l'international. C'est généralement très bon pour un auteur.

Mais quoi qu'il en soit, si il était stipulé dans ton contrat que tu ne lui donnait pas les droits sur ton jeu à l'international et qu'il l'a fait, il y a un problème. Par contre, je ne suis pas juriste, alors quoi faire...?

Cher Monsieur,

Attention, il y a une différence entre "faire une version internationale" et ne pas distribuer le jeu à l'international... Si un éditeur fait un jeu sans texte parce que c'est plus beau et qu'il le distribue seulement en France, je ne vois pas bien ce qui peux l'en empêcher si dans votre contrat ils ont les droits d'exploitation pour la France ou les pays Francophones.

Je ne sais pas si je suis bien clair :lol: Bref, il y a d'un coté le jeu et son esthétique et d'un autre le droit d'exploitation de distribution...

Ceci étant, si votre jeu se vend, c'est plutôt une bonne chose non ? êtes-vous en discussion avec des éditeurs étrangers ?

Bien à vous de cordialement

Monsieur Phal

Si je relis bien ton message, je rejoins Phal: ce n'est pas la distribution sur le territoire international qui te gène mais le fait que le jeu soit en version iconographiée. Si c'est le cas, je ne comprends pas trop que l'éditeur se soit engagé là-dessus dans le contrat. De mon point de vue, ce sont des décisions éditoriales qui concernent l'éditeur et beaucoup moins l'auteur. Qu'il ait changé d'avis n'est pas étonant en fonction de la vie du jeu, des retours, de ses contacts avec des distributeurs étrangers,..... En tant qu'auteur, je pense qu'il ne faut pas trop se substituer à l'éditeur pour ce genre de décision. Tu as l'air de dire que la restriction à faire une version non iconographié a été prise en sachant que le nombre de vente serait moindre: je crois que cette phrase suffit à tout éditeur pour se convaincre de faire une version iconographiée....
Mais ce n'est que mon avis :wink:

Je crois que Monsieur Phal et Sebduj négligent ce que l'on appelle le droit moral de l'auteur.

Pour précision, ce droit permet à l'auteur de maîtriser sa création, et notamment de la protéger des agissements des tiers (éditeur compris).

Ainsi, lorsqu'un éditeur modifie le thème, les mécanismes ou la présentation d'un jeu, il doit en principe solliciter et obtenir l'autorisation de l'auteur.

S'il ne le fait pas, il porte atteinte au droit moral de l'auteur.

Donc, si tu penses que la disparition des textes dénature profondément ton œuvre, tu peux t'en plaindre auprès de ton éditeur, voire porter l'affaire devant les tribunaux si celui ci ne veut rien entendre.

En opportunité, je pense toutefois que ce serait une très mauvaise idée car:

- il est assez difficile pour un auteur de se prévaloir de son droit moral en présence d'un contrat d'édition, car les deux sont souvent contradictoires. Par exemple, ton droit moral pourrait te pousser à demander le retrait de ton jeu de la vente (par exemple parce que tu as honte de ton jeu mettant en scène des pédophiles depuis que tu es devenu père (désolé pour l'exemple)), alors que dans ton contrat d'édition, tu as autorisé ton éditeur à publier ton jeu pendant cinq ans.

- Dans les faits, l'auteur de jeu de société s'oppose rarement aux modifications apportées par l'éditeur, car il est généralement très content d'être enfin publié :artistpouic: (as tu déjà saisi toute la chance que tu as d'être édité et réédité?)

- l'objet de ta "plainte" me semble confuse:
soit tu penses que le retrait du texte sur les cartes dénature ton œuvre, et là tu peux demander à ce que l'on respecte ton droit moral.

soit tu penses que le retrait du texte risque de porter atteinte à la diffusion de ton œuvre dans le temps. Et là, je sèche, car je pense que la réédition d'un jeu dans un format diffusable internationalement ne peut que renforcer sa pérennité. A ta place, je sauterai de joie.

A mon avis, le seul cas où tu dois impérativement interpeler ton éditeur (voire lui envoyer une lettre recommandée s'il fait la sourde oreille), c'est si ton contrat d'édition ne prévoit qu'un droit d'édition "France", alors que l'éditeur s'apprête dans les faits à diffuser ton jeu à l'étranger. Une renégociation de ton contrat d'édition me semble alors indispensable.

Le tout est de savoir si, de manière générale, une gratification particulière est consentie par les éditeurs lorsqu'un jeu est vendu à l'international où si rien ne change côté droits d'auteur. Si rien ne change, je ne vois vraiment pas en quoi tu t'estime lésé.

Merci beaucoup pour toutes vos réponses en si peu de temps.

Sur le plan juridique, c'est assez simple, par simple recommandé, le contrat est rompu, pas besoin de plus car une clause prévoit ce mode de rupture dans ce genre de situation (l'éditeur m'avait envoyé suffisamment de mails avant la signature du contrat pour préciser sa position et son accord sur la conservation du texte, mentionné à nouveau dans le contrat).

Ce que je comprends dans vos posts, c'est que ce genre de situation (où l'éditeur ne respecte pas le contrat) est assez rare. Et qu'un simple rappel à l'odre suffit.
Si j'obtenais l'engagement que le jeu soit vendu dans sa version avec texte pour les pays francophones, anglophones et germanophones d'ici 2 à 3 ans, ca me satisferait. Quite à prolonger ce délai exceptionnellement. L'éditeur ne l'entend pas de cette oreille.
Je me demande vraiment pourquoi avoir signé ce contrat si c'est pour arriver à la rupture. Car je pense que c'est ce qui va se passer.

Merci à vous pour votre aide

Ouais mais d'un autre côté il faut se placer du point de vue de l'éditeur. Tu imagine le surcout engagé par une production en trois langue plutôt qu'une production muette. Grosso modo 3 fois plus de travail, trois fois plus de frais de production et un volume divisé par trois en ce qui concerne la négociation des prix auprès des imprimeurs. Et puis faut quand même se dire que ce sont des gens qui connaissent leur boulot et savent ce qui peut nuire à un jeu ou pas et dans quelle proportion. Tu le reconnais toi même dans ton poste en admettant que le succès de ton jeu est en partie lié à leur travail marketing. Honnêtement, je ne crois pas qu'un auteur soit en mesure de négocier ce genre de détail avec un éditeur. Maintenant j'imagine que tu as bien évalué les conséquences néfastes qu'une rupture de contrat à ton initiative et une éventuelle action en justice pourrait valoir à ta réputation en tant qu'auteur et sur d'éventuelles futures créations...

Cher Monsieur,

Il est tout de même étonnant de rompre un contrat parce qu'un éditeur à travaillé pour faire un succès et veut encore plus vendre votre jeu. Une première sans doute :lol: J'espère pour vous que vous réussirez à trouver un autre éditeur pour la France et des éditeurs étrangers après...

Bien à vous de cordialement

Monsieur Phal

Je ne connais pas ton jeu (je l'ai peut-être chez moi? il est référencé sur TT? bon allez c'est quoi ton jeu? :mrgreen: ) mais la version internationale me fait penser à Roma.
Mais pour le coup c'est l'inverse!
Roma affiche clairement une universalité en mettant des icônes et la suite Arena affiche du texte! qui finalement va rebuter tous ceux pour pour qui l'anglais donne des boutons malgré l'intérêt porté au jeu.
Je peux comprendre ton point de vue (du moins partiellement puisque je ne peux juger en tant que joueur si le texte a de l'importance, c'est purement subjectif hein!) mais à l'époque actuelle je trouve très bien que des éditeurs offrent des rampes de lancement plutôt que de s'appuyer sur les mêmes pointures.
Pour ma part j'avais rencontré un éditeur (qui ne se reconnaîtra pas car il ne vient jamais sur TT) qui, oralement, je dis bien oralement, m'avais promis de m'éditer après avoir testé mon jeu. C'est la peau de l'ours pour l'instant me suis-je dit, tant que je n'ai rien signé c'est pipoland.
Il m'a trimballé de coup de fil en coup de fil prétextant qu'il fallait que je le rappelle le mois suivant! curieux pour un éditeur qui d'un mois à l'autre a plein de rdv sauf avec moi!
:lol:
du coup je me suis déplacé et je lui ai demandé où en était l'histoire.
Il s'est mis en colère dis-donc!
:shock:
comme quoi il n' y a que la vérité qui blesse. L'a pas aimé quand je lui ai demandé de se positionner plus clairement que je sache comment m'engager avec lui ou autrement.
Depuis je suis passé à autre chose!
Bon courage à toi!

:)

leonmars dit:Roma affiche clairement une universalité en mettant des icônes et la suite Arena affiche du texte! qui finalement va rebuter tous ceux pour pour qui l'anglais donne des boutons malgré l'intérêt porté au jeu.


De mémoire, seule la version multilingue de Roma comporte des icônes. La première version monolangue comportait du texte.

Rody dit:
leonmars dit:Roma affiche clairement une universalité en mettant des icônes et la suite Arena affiche du texte! qui finalement va rebuter tous ceux pour pour qui l'anglais donne des boutons malgré l'intérêt porté au jeu.

De mémoire, seule la version multilingue de Roma comporte des icônes. La première version monolangue comportait du texte.


autant pour moi!
c'était surtout plus pour illustrer le propos!

:)

petit scarabee dit:Merci beaucoup pour toutes vos réponses en si peu de temps.
Sur le plan juridique, c'est assez simple, par simple recommandé, le contrat est rompu, pas besoin de plus car une clause prévoit ce mode de rupture dans ce genre de situation (l'éditeur m'avait envoyé suffisamment de mails avant la signature du contrat pour préciser sa position et son accord sur la conservation du texte, mentionné à nouveau dans le contrat).
Ce que je comprends dans vos posts, c'est que ce genre de situation (où l'éditeur ne respecte pas le contrat) est assez rare. Et qu'un simple rappel à l'odre suffit.
Si j'obtenais l'engagement que le jeu soit vendu dans sa version avec texte pour les pays francophones, anglophones et germanophones d'ici 2 à 3 ans, ca me satisferait. Quite à prolonger ce délai exceptionnellement. L'éditeur ne l'entend pas de cette oreille.
Je me demande vraiment pourquoi avoir signé ce contrat si c'est pour arriver à la rupture. Car je pense que c'est ce qui va se passer.
Merci à vous pour votre aide


Fais attention de ne pas être trop aveuglé par ton point de vue. A ta place, plutot que d'être omnibulé par le fait de ne pas admettre des icones à la place du texte, je bosserai comme un fou pour trouver des icônes qui fonctionnent le mieux possible. Casser un contrat est toujours néfaste, pour les 2 parties. C'est quelques chose que l'on fait en cas d'extrême nécessité. Dans ce cas, j'ai le sentiment que l'éditeur ne souhaite qu'une chose: que ton jeu fonctionne le mieux possible. Dans ce cas, autant faire confiance à l'autre partie et à son expérience en mettant un peu d'eau dans son vin afin de réévaluer la situation. Il ne faut pas sous-estimer la chance que tu as d'avoir un contrat avec un éditeur qui en outre semble faire un bon boulot commercial. Gâcher ca pour ce que j'estime être un détail n'a aucun sens (un détail pour l'auteur, pas pour l'éditeur) (sauf peut-être si petit scarabé est le surnom de la secrétaire de l'ami Reiner :^: ).

N'oublie pas qu'un contrat se renégocie toutes les X années, si on ne laisse pas passer la date.
Je te conseillerais plutôt d'accepter bon gré mal gré tes petites royalties sur le national et l'international jusqu'à la "fin" du contrat, de ne pas laisser passer la date et de renégocier tes royalties à échéance, ou de ne pas renouveler le contrat à cette date.
Attention à ne pas laisser passer la date car la reconduction est souvent tacite est pour X années également.

Mmmm.
Je comprends le point de vue de l'éditeur. Mais dans ce cas pourquoi avoir accepté de signer ce contrat avec cette clause si elle n'est pas tenable ?
Je suis ok pour tous les pays avec une langue "exotique" type le roumain ou autre, là une version internationale s'impose. Je parle donc pour les 3 langues déjà citées.

Dans ce contrat, il n'y a pas de clause de renégociation ni de date d'échéance.
En ce qui concerne les royalties, elles me conviennent, je ne souhaite pas davantage.

petit scarabee dit:Dans ce contrat, il n'y a pas de clause de renégociation ni de date d'échéance.


Ça existe, ça, des contrats à vie ???????????????????????