de la multitude de jeux

Pour rebondir sur la phrase de Xavo qui s'inquiétait de la multitude des jeux sortis ces derniers temps.
En effet, je pense que 2001 et 2002 furent des très bonnes années pour le développement de notre pasion en France.
Les boutiques qui vendent des J.D.S sont contentes, les assos sont dynamiques, les sites fleurissent, les éditeurs s'enhardissent, les frontières se perméabilisent, les auteurs se montrent, les joueurs s'expriment.
Bref tout est là pour que notre passion sorte un peu de son ghetto.
Mais cette année 2003 me fait un tout petit peu peur par sa trop rapide prodigalité éditoriale: 252 jeux répertoriés en 2003 sur T.Trac, c'est énorme.
Pour ma part je n'ai véritablement joué qu'à 36 de ces 252 nouveaux jeux (dont 2 à moi).
Et seulement 5 ( en dehors des miens quand même) resteront dans ma première armoire, celle du salon qui peut s'ouvrir au débotté à tout moment pour une petite partie.
Soit 2 % des sorties de l'année!
Je me dit que vous aussi filtrez vos entrées et je me demande ce que deviendront les autres.
Allons-nous vers une crise à l'Allemande, beaucoup d'appellés et peu d'élus?
Quand j'entends parler des nombreux projets de tous les éditeurs et auteurs j'ai bien l'impression que 2004 va exploser ce record et peu être annoncer de futurs moments difficiles. Peut-être devrions nous faire tourner 777 fois un jeu dans notre bouche avant de le cracher.
Ceci dit, plus l'offre s'élargira plus les différents publics trouveront des jeux pour eux, et plus la visibilité de notre passion sera importante.
Le problème c'est qu'il est beaucoup plus difficile d'équiliber les comptes d'exploitation d'un jeu que d'un livre ou 1 C.D, ou même 1 D.V.D.

à vos avis,

Ph. d. P.

Xavo a aussi fait un édito sur ce développement sur La Guilde.

Je ne suis pas "acteur" dans le milieu du jeu de société (i.e. pas auteur, pas éditeur, pas marchand, rien, quoi) donc ma vision est très partielle voire lointaine.

Il me semble que le développement d'une activité (il me semble effectivement qu'il y a un frémissement même si je manque de recul pour en juger effectivement et objectivement) passe par la multiplication des titres.

Comme tous les produits culturels qui se mettent à se développer (la bande dessinée, par exemple, c'est aussi assez récent), il est clair qu'il devient impossible de suivre la production annuelle, même la production en français (nous avions recencé plus d'une centaine de titres nouveaux pour le jeu de l'année).

Au final, effectivement il y aura peu d'élus par rapport à la production mais plus d'élus qu'avant quand même, et peut-être que le succés pour les élus sera plus grand qu'avant.

C'est en général comme ça que ça se passe.

A la limite, je suis un peu cynique, mais je ne vois rien à déplorer, c'est juste comme ça que ça se passe.
Si les éditeurs éditent des jeux, c'est qu'ils pensent qu'ils trouveront leur public (j'espère pour eux).
S'ils décident d'en publier plus, c'est qu'ils pensent qu'ils ont plus de chance d'avoir un élu parmi ceux-là (plutôt que de sortir moins de jeux, mais d'être peut-être plus exigeant).

C'est aussi une leçon d'humilité : il est dur de savoir par avance ce qui va marcher auprès du public ou pas, donc au final, publions plus, donnons nous plus de chances et voyons ce qui marche.

(à noter parmi les 252 titres que tu mentionnes : un gros paquet de réédition / traductions / adaptations).

moi, je vois quand même des trucs à déplorer :
il deviendra impossible de tout tester, donc on test ceux qui ont un truc qui nous attire.

Genre, une pub plus efficace d'un éditeur plus riche, un auteur bien connue, une dessinateur (graphiste) plus talentueux.

Est ce que l'on aurait remarqué Puerto Rico (qui est quand même loin d'êter beau), s'il était sorti parmis 700 titres chez un éditeur moins connus.

En gros, ce système a du bon et du mauvais :
un nouvel auteur trouvera un éditeur connu s'il a de la chance.

Un nouvel éditeur a toute les chances de se planter.

En BD, on a le même phénomène :
un nouvel auteur qui sort chez Dargaud a eue de la chance.
Les nouveaux éditeurs, ben on n'en a pas vu beaucoup depuis 5 ans...

ReiXou dit:
(à noter parmi les 252 titres que tu mentionnes : un gros paquet de réédition / traductions / adaptations).


Tu parles d'Unanimo là ? :lol:
Ca n'empêche qu'un titre traduit ou adapté vient quand même s'ajouter aux productions de l'année.
Pour ma part j'ai atteind un seuil. Ma ludothèque est maintenant assez complête, donc je vais être de plus en plus pointilleux pour mes achats. Et j'ai effectivement peur que pas mal de jeux n'auront pas la chance de percer du fait du grand nombre de production ....

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi Mr Blue.
L'exemple de Puerto Rico n'est pas forcément le meilleur, l'auteur n'est pas un gros créateur (seulement deux jeux qui valent le coup et quatre en tout), l'éditeur est quand même un peu marginal quoique très connu du monde du jeu. Je crois que ce qui fait le succès d'un jeu, c'est tout d'abord la publicité qui est fait autour avant sa sortie. Et quand je parle de publicité, je parle de celle fait sur les forums (français, anglais ou allemand) soit par des personnes proches, soit par des personnes qui ont pu tester le jeu et qui l'encense. Mais les cas de Puerto sont quand même rare.
IL existe de nouvelles maison d'édition qui se monte et qui essaye de percer (Clementoni par exemple), mais c'est vrai avec deux gros jeux et trois "grands" auteurs. Ils prennent moins de risque.
Je ne sais pas comment ça se passe en Allemagne, mais en France, il y a pas mal de nouveaux jeux au concept original qui sont sorties et par des auteurs pas forcément reconnu. Il faut quand même reconnaître à Tilsit qu'ils font des efforts en publiant des versions françaises de jeux à succès et en publiant des nouveaux jeux...(Descartes depuis Mare Nostrum, c'est le désert, mais j'attends impatiemment le Roi Arthur de nos compères Bruno/Serge..).
Mais c'est vrai aujourd'hui que la multiplicité des jeux fait que cela devient de plus en plus dur à suivre, mais d'un autre côté il y en vraiment pour tous les goûts et c'est peut être le but recherché : toucher un plus large public en proposant un catalogue plus étoffé....

pareil, trop de jeux, on passera forcement à côté de perles... reste plus qu'à compter sur ce genre de forum et autres moyens d'information pour faire les bons choix.

Comme bien souvent, je rejoins l'avis de ReiXou...
Quelle source de sagesse, cet homme là ! :P

Bien sûr que si des jeux sont édités en masse, beaucoup et même l'immense majorité échouera dans le panthéon des collectionneurs exhaustifs... Mais cela voudra dire que le dynamisme sera présent, pour un marché de plus en plus solide. Il n'y a qu'à voir pour l'édition littéraire ou le jeu vidéo.

Deux écueils à éviter cependant :
- la guerre totale des prix (voir l'histoire récente des JdS en Allemagne)
- l'uniformisation des productions (qui a pratiquement tué la créativité dans le jeu vidéo)

Vu le marché en France, son évolution plus mesurée, il me semble qu'il est possible d'avancer de manière suffisamment raisonnée pour ne pas tomber dans ces pièges.

Les meilleurs resteront donc portés par le public et la communauté, et si les éditeurs sont suffisamment malins pour bien gérer leur niveau de risque, il y aura toujours des échecs, mais ils ne mettront pas en péril leurs finances...

Au final, c'est donc plutôt bon signe :wink:

Quand j'ai fait ma page sur Noel, j'ai répertorié plus de 200 références de jeux, dans les catalogues de la grande distribution, dont beaucoup m'étaient inconnues. Je n'ai pas la culture ludique de certains ici, mais quand même ca me parait beaucoup. Je ne sais pas si tous ces jeux sont rentables. Je ne sais pas si tous ces jeux ont des passionnés comme d'autres le sont des jeux à l'allemande. Je ne sais pas grand chose de ces jeux.
Je me dis juste qu'il y a une frontiere entre les produits qui s'impose dans la grande distribution et les produits qui sont bien notés sur TT. D'un coté, il y a en effet une petite sélection de jeux bien markettés pour un large public et de l'autre une multitude de jeux pour un public plus restreint. Cette frontiere est de plus en plus poreuse grace à Tilsit ou Asmodée, voir Tactic. Je ne sais si c'est un bien pour tous (les boutiques ont surement quelque chose à redire) mais en tout cas les "petits" éditeurs semblent faire bien du mal au Hasbro, Mattel et Compagnie. Me trompe-je ?

CORWYN59 dit:pareil, trop de jeux, on passera forcement à côté de perles... reste plus qu'à compter sur ce genre de forum et autres moyens d'information pour faire les bons choix.


C'est malheureusement de plus en plus difficile :? On sera forcement influencé par les avis sur une petite proportion des jeux et non plus sur l'ensemble des parutions. Comment sortir du lot la perle rare ?

Je me suis surpris hier à une réflexion : en regardant mes piles de jeux j'ai été étonné de l'apparition de jeux en langues étrangères. Ca paraît trivial à nous tous mais il y a encore quelques années j'aurais attendu leur sortie en français ou je ne les aurais simplement pas regardés. Trois exemples réçents en vrac : a Game of Thrones, Warcraft et Age of Mythology (hier midi j'ai craqué). Du fait que je les ai achetés, il y a plein d'autres eux que je n'achèterai pas (je suis pas millionnaire). Ce sont bien sûr les jeux dont on ne parle pas sur les forums qui subissent cette sélection.

J'étais attiré il y a quelques temps par Yggdrasill ... est-il sorti ? S'il l'est, vais-je l'acheter ? Tout dépendra alors de mon budget jeu et des commentaires existant déjà. Et s'il n'y a aucun commentaire, vais-je quand même prendre le risque de dépenser mes sous ?

En somme à force de voir passer des nouveaux jeux à la pelle je dois trier et sélectionner de manière subjective, en fonction de la tête de la boite ou de l'avis de gens qui n'ont pas tout testé. C'est plus que problématique.

En lisant les avis sur TT j'ai acquis plus de 10 jeux que je n'aurais probablement pas regardé avant. Mais tout le monde n'est pas comme moi (nous). L'abondance risque vraiment de tuer la poule aux oeufs d'or : les éditeurs.

Il ne faut tout de même pas oublier que, pour faire une analogie avec les CD par exemple, 9 albums produits par les majors sur 10 ne sont pas rentables. C'est le dixième qui permet de financer les investissements réalisés sur les 9 précédents (cf une interview de M. Lenegre, PDG d'Universal France). Il n'y a pas de raison qu'il en aille de la même façon pour les JDS si?

Raph dit:Il ne faut tout de même pas oublier que, pour faire une analogie avec les CD par exemple, 9 albums produits par les majors sur 10 ne sont pas rentables. C'est le dixième qui permet de financer les investissements réalisés sur les 9 précédents (cf une interview de M. Lenegre, PDG d'Universal France). Il n'y a pas de raison qu'il en aille de la même façon pour les JDS si?


SI ! les prix de fabrications sont infiniment plus élevés pour des jeux par rapport au prix de vente !

Un CD tout compris (fabrication, enregistrement, distribution, etc.) coûte entre 1 et 2 euros et le prix de vente et supérieur à 20 euros. pour les jeux les prix varient entre 10 et 70 euros mais les coûts de fabrication sont beaucoup plus élevés (ou je me trompe ?) proportionellement.

C'est clair que proprotionnellement, le coût d'un jeu est bien plus important que celui d'un CD par rapport au prix de vente. Par contre, je ne connais pas les marges pratiqués dans l'univers de la musique (donc l'argent que gagne l'éditeur sur ses ventes aux revendeurs).
Pour l'instant, on est quand même très très loin de la production annuelle de CDs et une augmentation de l'offre ne peut pas faire de mal. Elle permet d'avoir beaucoup de choix pour ceux qui achètent beaucoup mais qui veulent des choses un peu original tout en offrant aussi plus de choix de jeux accessibles pour ceux qui découvrent l'univers du jeu. Je pense que pour l'instant, l'augmentation du choix de jeux ne peux aucunement nuire au marché.

Il me semble que l'inquiétude de philippe ne concerne pas les joueurs ou le marché mais le devenir des petits éditeurs.

Si la communauté de joueurs loupe un jeu brillant par manque de communication, pour cause de multiplicité ou de téléscopage, elle n'en fera pas une syncope.

En revanche, le petit éditeur qui ne peut atteindre son point mort, quand il l'atteint, que sur la réédition de son jeu, peut ne pas survivre à ces phénomènes.

BdC

Comme pour la BD peut être? Ca se développe beaucoup depuis qq années, il y'a de plus en plus de sorties (la revue Calliope parle de "450 titres de septembre à novembre" cette année) et le marché est à 90% tenu par 7 éditeurs... Pourtant la BD "alternative" ne s'est jamais mieux portée! Elle est sortie du cercle des initiés. On trouve à la Fnac de tout petits éditeurs, la presse spécialisée en parle...
Je me trompe peut être mais j'ai l'impression que plus il y'aura de joueurs plus il sera possible pour de petits éditeurs de marcher. Bref toucher 1% d'1 million de joueurs serait mieux que 5% de 10 000.
Bien sur la loi des 10/90 s'appliquera toujours, mais peut-on vraiment l'éviter?

C'est difficle de comparer :
avec les CD car les cout de fabrications (pressage de disques) sont faibles certe, mais la remunération des auteur, compositeurs, interpretes, musiciens, le cout de la pub n'ont rien à voire.
avec la BD aussi car c'est un marché enorme. J'ai lu quelquepart qu'il se vend en france plus de BD que de livres.

Le jds est malheureusement un tout petit marchés.