[Cinéma] Entre les murs

Sans discuter de la pédagogie de l'enseignant dans le film, Entre les murs a à mes yeux (de prof) le grand mérite de montrer des situations qui [si elles sont bien sûr concentrées, condensées] sont loin d'être exceptionnelles ou exagérées, avant tout en collège.
Bref, c'est une porte ouverte sur ce que les enseignants ne parviennent pas à dire aux non-enseignants ... parce que ceux-ci n'y croient pas.
Certes, ce n'est pas le sujet du film mais pour moi c'est en cela qu'il est utile.

MOz dit:
adel10 dit:oui a la tele , un navaro par exemple il y'a plus de moyen , c'est mieux realisé , il y'a une histoire , et parfois même y'a une morale et pas a 2 balle, et je n'aime pas Navaro

Je n'en crois pas mes yeux. Si tu penses vraiment cela, rien ne sert de discuter. Il y a des évidences qu'on ne peut pas remettre en question.

et oui je le pense , je trouve qu'entre les mur reflete une part infime de la réalité de l'ecole, et qu'il reflete surtout le message politiquement correcte , ou pensée unique ,qu'il est de bon ton d'avoir dans certain milieu,


maintenant je ne pense pas que navarro soit bien réalisé etc etc etc , je pense juste que c'est mieux qu'entre les murs
ensuite tu noteras que je n'avais pas parlé des transformer ceci dit c'est un assez mauvais film , mais quand même bien meilleurs qu'entre les murs,

pour apporter une petite voix dissonante :mrgreen:
http://www.rue89.com/2008/09/29/entre-les-murs-la-palme-de-la-demagogie

Entre les murs : la Palme de la démagogie
Par Laurent Dauré et Dominique Guillemin | Journaliste et enseignante | 29/09/2008 | 20H46
Laurent Dauré et Dominique Guillemin sont respectivement critique de cinéma et professeur d'histoire-géographie. Ils nous ont envoyé cette critique de « Entre les murs » que nous publions ici in extenso, en marge de la synthèse de vos critiques du film sorti le 24 octobre.
Sean Penn souhaitait récompenser un « film politique ». Politique, le film de Laurent Cantet l'est assurément. Une ambition dont nous ne saurions contester la légitimité, tant l'école de la République est au cœur des enjeux qui traversent la société française. Si l'on en juge par les commentaires qu'il suscite, Entre les murs ferait figure de réplique iconoclaste à une poussée conservatrice à l'œuvre dans l'éducation nationale. L'unanimité des éloges – jusqu'à ceux du ministre Xavier Darcos – atteste pourtant d'un profond malentendu sur le sens à accorder au film. En effet on peine à déterminer ce que Cantet sauve, dénonce ou prescrit dans l'école qu'il montre à l'écran. Une ambiguïté qui se retrouve dans les nombreux entretiens qu'il a accordés.
Ainsi, il a affirmé que « le débat sur l'Ecole est suffisamment idéologisé pour que nous nous soyons montrés très vigilants à ce qu'aucun discours idéologique ne se glisse dans le film (1)». Les critiques ont loué cette posture neutre, mimant le documentaire, ainsi que le réalisme social de son cinéma. Mais Cantet déclare aussi :
« Mes positions politiques transparaissent à travers ma vision de l'école,
c'est certain (2). »
Un film politique pourrait ainsi se soustraire à toute idéologie… Que Laurent Cantet en soit conscient ou non, son film repose sur des prémisses idéologiques. Il le reconnaît d'ailleurs explicitement en approuvant la pédagogie de François Bégaudeau :
« C'est sans doute celle que j'aurais souhaitée pour moi et mes enfants (3). »
L'école comme laboratoire de la « civilisation mondiale »
Alors, de quelle école se fait-il le prescripteur (4)? Il a voulu faire part de son « désir d'une école plus ouverte à la réalité qui nous entoure, plus ouverte au langage, à la diversité, à la transmission, au fait de vivre ensemble, d'une école qui ne soit pas
un sanctuaire où les élèves pourraient se débarrasser de ce qu'ils vivent et de ce qu'ils sont (5) ». Des propositions exprimées dans une phraséologie aussi vague que répandue – depuis le racolage publicitaire jusqu'à la communication politique – relevant d'un désordre intellectuel et langagier. Pour commencer, il faudra bien se pencher un jour sur cet usage omniprésent du terme « diversité », mot de passe privilégié du jargon de la mondialisation. Présentée comme le remède à tous les maux de la société française, la diversité se substitue à l'égalitarisme républicain jusqu'à devenir une fin en soi.
Mais de quoi s'agit-il au juste ? Pour Laurent Cantet, c'est la « diversité de profils dans la classe [qui] en fait la richesse:
« J'ai passé ma scolarité dans une petite ville de province. Nous étions entre « petits blancs », de la classe moyenne, parce que le collège unique n'existait pas encore. (…) Mes enfants me semblent beaucoup plus ouverts sur le monde en allant au collège à Bagnolet, dans une classe ressemblant à celle que je décris, que moi à leur âge (6) ».
De tels propos entretiennent une confusion malvenue entre la mission de brassage social de
l'école et une vision ethniciste de la société. Les jeunes français issus de l'immigration sont enfermés dans le rôle d'éléments « exotiques » d'une civilisation mondiale fantasmée dont l'école serait le microcosme (7). En somme, une version postmoderne du noir de service où l'on préfère sacrifier une assimilation possible pour
encourager des aspirations identitaires finalement conflictuelles.
L'école de la tchatche
Dans cet esprit, les termes « diversité », « métissage », « multiculturalisme» ou « mixité » sont employés indifféremment, sans jamais être explicités, privilégiant une conception esthétique de la société au détriment d'une véritable critique sociale.
L'école de la « tchatche ». Refusant de proposer des références communes aux élèves, l'école de Cantet met l'accent sur leur personnalité et leur « créativité ».
Comme le réalisateur le dit lui-même, « beaucoup de profs seront d'accord avec cette idée que les élèves n'apprennent rien si ils ne comprennent pas pourquoi ils doivent l'apprendre et que sans un certain plaisir à être à l'école, on n'apprend pas grand-chose. Le plaisir préside dans ces échanges, cette « tchatche », ces passes d'armes –
les gamins aiment être dans l'opposition (8). »
Il suffit donc juste de « jouer le jeu de la confrontation, de la délibération, afin qu'une parole juste des élèves puisse surgir (9)». Ce qui se traduit dans le
film par des scènes de « stimulantes joutes verbales (10) » où ni la «tchatche » des collégiens, ni la répartie du professeur ne parviennent à nous convaincre qu'il s'agit là d'un réel apprentissage.
L'école ne sort pas grandie de la mise en scène appuyée de ce qui n'est qu'un pugilat verbal. Marin, le professeur du film, dialogue en effet, mais avec cinq ou six personnalités marquantes, et non pas avec l'ensemble de la classe. C'est la parole de ceux-ci qui est «libérée », et elle seule, écrasant celle de la majorité silencieuse
réduite au rôle de spectatrice du conflit de prestige engagé entre ses camarades et l'enseignant. Pour que son cours se fasse au bénéfice de tous, il lui faudrait limiter cette parole intempestive, et donc établir son autorité. S'il ne le fait pas, c'est parce qu'il refuse d'endosser la légitimité de sa fonction au prétexte d'une posture faussement égalitaire.
La médiocrité pour tous comme idéal démocratique.
Rejetant la mise à distance (l'école « n'est ni une forteresse, ni un sanctuaire (11)»), le professeur adopte une approche compassionnelle qui relègue au second plan la transmission des connaissances. Qu'enseigner en effet lorsqu'il s'agit d'abord « d'accepter une remise en question du savoir par les élèves (12)» ? Bégaudeau se refuse
à s'associer au rôle salutaire d'une école dont les murs devraient faire écran entre les difficultés quotidiennes des enfants et leur découverte des savoirs. Ainsi, flattant les petites individualités – la sienne y compris –, il adopte une pédagogie de la séduction qui révèle un désir de fusionner avec une éternelle adolescence qu'incarneraient ses élèves.
François Bégaudeau revendique lui-même une certaine immaturité :
« Je ne suis pas né prof et je suis assez peu
adulte. Or, un prof se doit d'être un « suradulte ». J'ai toujours
eu du mal à dire à un élève : « il faut penser à ton avenir » alors
que je n'aime rien tant que les jeunes qui s'en foutent (13)».
Cet esprit de démission s'explique par la volonté d'instaurer un rapport
d'égalité entre le professeur et ses élèves. De toute façon, «aucun prof ne peut prétendre être un bon prof (14)». On s'efforce alors de « se mettre à leur niveau », « d'aller les chercher », «de négocier avec la classe ». Avant même d'enseigner quoi que ce soit, les prérequis de la transmission des connaissances sont eux-mêmes discutés (silence, discipline, autorité – rien ne va de soi).
Or,l'enseignement est une activité inégalitaire par essence, le savoir et la responsabilité étant d'un côté et pas de l'autre. Ceux qui par commodité intellectuelle n'assument pas cette position se justifient souvent à la manière de Cantet lorsque celui-ci dit, par exemple, que l'école serait « un terrain d'expérimentation de la démocratie, de la citoyenneté (15) ».
C'est une « école d'après l'école » qui est ainsi décrite, recherchant désespérément l'égalité, elle ne la trouve que dans la médiocrité pour tous ; une post-école qui favorise l'exclusion qu'elle prétend combattre.
Quoi qu'en dise Laurent Cantet, Entre les murs est un film idéologique. S'il s'en défend, c'est pour mieux contredire le « fantasme actuel de la faillite scolaire (16)» et couper court à toute critique. Comme chacun sait, l'idéologue, c'est toujours l'adversaire. Ainsi, neutre mais engagé, dans le confort de ses idées vagues, il célèbre les manifestations du désastre éducatif faute de vouloir les dénoncer.
Applaudisseurs de l'air du temps, Cantet et Bégaudeau ne sont nullement les iconoclastes progressistes qu'on nous a présentés. Gageons qu'une fois les récompenses récoltées et le tumulte médiatique tari, il ne restera d'Entre les murs que le souvenir d'une parodie de débat. Le contraire de ce dont a besoin l'école.
François Bégaudeau disait:
« Moi, je crois à l'historicité, c'est-à-dire à l'évolution des choses, que ce soit dans le langage, le corps, les mœurs… Je pense que l'on gagne là où l'on perd. Depuis une dizaine d'années, on a affaire à une génération de jeunes beaucoup plus doués physiquement. Le corps bouge mieux. On a sans doute gagné en énergie ce que l'on a perdu
en culture classique ou en qualités argumentatives (17). »
1 Laurent Cantet, entretien avec Dominique Widemann, L'Humanité, le 24
septembre 2008.
2 Propos recueillis par Bernard Achour, Illimité UGC, septembre 2008.
3 Entretien avec Elise Domenach et Grégory Valens, Positif, septembre
2008.
4 « J'aimerais que les personnalités politiques qui ont applaudi mon
film à Cannes ou ailleurs, parfois même sans l'avoir vu, aient
l'honnêteté de transposer cet enthousiasme dans leurs actes. Parce
qu'on ne peut pas dire que les décisions relatives à l'école de
l'actuel gouvernement soient vraiment raccord avec leurs concerts de
louanges ». Propos recueillis par Bernard Achour, Illimité UGC, septembre
2008.
5 Propos recueillis par Bernard Achour, Illimité UGC, septembre 2008.
6 Libération, le 22 septembre 2008.
7 « Cette école est traversée par le monde », Laurent Cantet, propos
recueillis par Laure Becdelièvre, www.cinelycee.com, le 4 juillet 2008.
8 Entretien avec Laurent Cantet par Juliette Cerf et Luce Vigo, Regards,
septembre 2008.
9 Laurent Cantet, entretien avec Laurent Rigoulet, Télérama, janvier
2007.
10 Laurent Cantet, propos recueillis par Bernard Achour, Illimité UGC,
septembre 2008.
11 Laurent Cantet, La Croix, le 24 septembre 2008.
12 Laurent Cantet, entretien avec Laure Becdelièvre, www.cinelycee.com,
le 4 juillet 2008.
13 François Bégaudeau, entretien avec Stéphanie Lamome et Isabelle
Danel, Première, septembre 2008.
14 Laurent Cantet, entretien avec Philippe Lagouche, La Voix du Nord, le
23 septembre 2008.
15 Propos recueillis par Laure Becdelièvre, www.cinelycee.com, le 4
juillet 2008.
16 Propos recueillis par Laurent Rigoulet, Télérama, janvier 2007.
17 Entretien avec Stéphanie Lamome et Isabelle Danel, Première,
septembre 2008.

Rien de dissonant à mes yeux.
Interpréter, donner un sens à ce film, sera le plus difficile !

Oui, enfin là il n'y aucune interprétation. Cette critique prend le film littéralement. Elle est complètement à côté de la plaque. C'est affligeant.

Ce point de vue, lui-même idéologique d'ailleurs, est intéressant, sauf qu'il fait l'impasse sur un point: au coeur même du film, les contradictions de la position de l'enseignant sont mises en scène. D'ailleurs, le récit est en partie le constat et la chronique de l'échec de cette position. La confrontation d' ''élèves qui refusent de faire leur métier d'élèves" face à un proff qui... refuse de faire son métier ? essaye de le faire autrement ? est dans une position de séduction ? n'est pas glorieuse. Mais au moins donne à réfléchir. Il est donc étonnant que l'on puisse trouver ce film idéoloogique car ce qui est mis avant est surtout la grande ambiguité des personnages -- car n'oublions pas que ce ne sont pas des idées théoriques de proff ou d'élève mais des personnages incarnés par des acteurs -- et de celui qui nous les montre. Aucun, si l'on regarde au-delà de la surface, n'est présenté sous un jour glorieux, même si les jeunes séduisent évidemment par leur énergie. Le film est imparfait, mais il montre comment des questions que l'école, et là on retrouve la position idéologique sous-jacente de cet article, a volontairement évitées, exclues même, et qui font inévitablement retour, sont saisies à bras le corps. Et comment cela aboutit à un échec. Est-ce idéologique ?

Encore une fois, de quelle école parlent ces proffs ? Et d'où parlent-ils ? Est-ce que ce n'est pas un peu gâcher de l'énergie de tenter de parler de cinéma quand, apparemment, la formation des enseignants, comme je le lisais l'autre jour est en train d'être profondément remodelée. N'est-ce pas plutôt là-dessus qu'il faudrait s'énerver ?

MOz dit:Oui, enfin là il n'y aucune interprétation. Cette critique prend le film littéralement. Elle est complètement à côté de la plaque. C'est affligeant.


disons que l'interpretation est surtout differente de la tienne et d'ailleurs même en partie de la mienne ,

chacun a le droit il me semble d'avoir une opinion differente

adel10 dit:disons que l'interpretation est surtout differente de la tienne et d'ailleurs même en partie de la mienne ,
chacun a le droit il me semble d'avoir une opinion differente


Parce que tu as une interprétation du film ? Interpréter, ce n'est pas dire comment on ressent le film. Interpréter, c'est dire comment on lit le film. C'est analyser ce qui s'y dit. C'est décrypter le discours que tient le film. C'est voir comment il fait sens. Or, on peut se tromper en analysant. On peut sur-interpréter, oublier des éléments qui font sens, voir le film avec de mauvaises lunettes... Rien à voir avec l'expression de son appréciation du film.

MOz dit:
adel10 dit:disons que l'interpretation est surtout differente de la tienne et d'ailleurs même en partie de la mienne ,
chacun a le droit il me semble d'avoir une opinion differente

Parce que tu as une interprétation du film ? Interpréter, ce n'est pas dire comment on ressent le film. Interpréter, c'est dire comment on lit le film. C'est analyser ce qui s'y dit. C'est décrypter le discours que tient le film. C'est voir comment il fait sens. Or, on peut se tromper en analysant. On peut sur-interpréter, oublier des éléments qui font sens, voir le film avec de mauvaises lunettes... Rien à voir avec l'expression de son appréciation du film.




il semble que tu detienne la verité; manifestement il te parait impossible que quelqu'un puisse penser differement de toi

et oui j'ai une interpretation du message du film , voir plus haut , et les auteurs de l'article aussi tu devrais en effet peut être porter des lunettes

adel10 dit:il semble que tu detienne la verité; manifestement il te parait impossible que quelqu'un puisse penser differement de toi

Je peux parfaitement me tromper et je n'ai jamais prétendu le contraire. Par contre, étant donné le peu de valeur que tu accordes au film, je ne vois pas vraiment l'intérêt de débattre des interprétations de chacun.
adel10 dit:et oui j'ai une interpretation du message du film , voir plus haut


Désolé, mais je n'ai lu dans tes interventions que des jugements de goûts extrêmement méprisants à l'égard du film, mais pas d'interprétation.

pourtant j'ai bien parler du message du film

je ne suis pas meprisant je pense vraiment ce que je dit, ensuite comme une partie de mes impots sert a produire ce genre de truc , en plus je suis dégouté

adel10 dit:pourtant j'ai bien parler du message du film


un peu de la forme aussi...

Vu cet après midi pour parler d'éducation ce soir.. Un a-priori négatif et finalement j'ai bien aimé. En fait, je rejoins assez la critique de Rue89 sur la méthode d'enseignement elle-même. mais je trouve que finalement le film est relativement neutre et pas forcément du côté du rpof. Après tout, on se retrouve quand même en face d'un type qui découvre à la fin de l'année qu'une élève n'a rien compris à rien et qui se cramponne à un mantra "c'est à cause du système des punitions" sans se demander si sa méthode d'enseignement n'a pas aboutit à l'impasse du conseil de discipline...
Un regret, j'aurais préféré moins de scène de classe et plus de scènes entre prof et parents-prof. En tout cas, maintenant j'aimerais bien que mon fils de 14 ans aille le voir pour voir comment lui le ressentira...