Un jeu primé à Boulogne sort chez Hans im Glück
Il y avait bien quelques rumeurs persistantes comme quoi Vauban aurait trouvé un éditeur, en Allemagne qui plus est. C’est maintenant presque officiel, suffisamment en tout cas pour pouvoir annoncer que Hans im Glück devrait le sortir d’ici à la fin de l’année sous le nom de Versailles. Eh oui, comme souvent, le jeu a été rethématisé. C’est dommage, juste le jour où Vauban est reconnu par l’Unesco mais j’imagine que Versailles ça parle à beaucoup plus de monde.
Versailles, donc, est un jeu de Xavier Georges, un auteur belge dont ce sera le premier jeu publié.
Le truc vraiment bien c’est que ce jeu a commencé sa carrière lors du concours de Boulogne Billancourt 2007. Il fut l’un des trois lauréats avec “Miam Miam” de Laurent Escoffier et “Mind Ninja” de Nick Bentley. Une bien bonne cuvée, la 2007 puisque ce sera le quatrième jeu à trouver sa place chez un éditeur après “Québec 1608”, “Hurry Cup” et “Les Géants de l’île de Pâques”.
Il ne lui aura pas bien longtemps pour trouver un éditeur si on tient compte du temps de développement nécessaire. Les Munichois de Hans im Glück devaient être un peu à l’affut. Et finir chez eux, c’est quand même la top classe, surtout quand on aime faire des jeux pour joueurs. Et Versailles semble bien être dans cette catégorie.
D’ailleurs, je n’hésite pas à vous remettre le commentaire que Monsieur Phal en faisait à ce moment-là : “Après avoir discuté avec l’un des membres du jury, il semblerait que “Vauban” est une pure merveille dans le genre “pour joueurs”. Moi, la façon dont il m’en a parlé, ça me fait envie. Un truc à classer dans la famille de “Caylus”. Mmmmm, vivement qu’il trouve un éditeur ou que l’on croise un prototype lors d’une manifestation ludique. Bon, niveau édition, c’est sûr que comme dit le Docteur Mops, “il surfe sur le principe de jeu qui viennent de sortir et qui ont beaucoup de succès”, espérons que ça ne lui posera pas de problème.”
Le jeu sera illustré par Michael Menzel, la référence actuelle de l’illustration de jeux allemands, ce qui laisse augurer de jolies choses pour un jeu à la thématique royale.
Les connexions étant nombreuses entre Hans im Glück et Filosofia, il y a fort à parier qu’une version française verra le jour très prochainement car les Québécois aiment faire plaisir aux joueurs qui souffrent d’avoir séché leurs cours d’allemand au collège.
Pour lire ou relire la brève concernant la remise des prix à ludothèque de Boulogne : cliquez ici.
Edit:
Plus bas dans les commentaires, Xavier Georges est intervenu pour expliquer comment le jeu est passé de Vauban à versailles. Et son texte trouve tout naturellement sa place ici :
A l’origine du jeu, il n’y avait pas de thème, juste une petite mécanique sympa. Je me suis rapidement orienté vers mes sujets de prédilections : la construction, l’architecture. Construction d’une abbaye, puis d’un réseau d’abbayes, puis finalement d’une cathédrale, thème que j’affectionne particulièrement. C’est alors que lors du salon d’Essen 2006, je découvre deux jeux sur ce thème : Les Piliers de la Terre et Notre-Dame.
Patatra. Nouvelle recherche. Vauban pointe à ce moment le bout de son nez. Et plus j’apprends à connaître ce personnage et son oeuvre, plus l’envie d’y travailler s’impose à moi comme une évidence. Vauban arrive assez peu de temps avant l’inscription au concours de Boulogne 2007.
Un an plus tard, le jeu est primé, et Hans im Gluck me propose de l’éditer (je résume ;-).
Cependant, pour Hans im Gluck, le thème de Vauban présente 3 défauts :
- Vauban est un illustre inconnu en Allemagne,
- Il s’agit d’un thème trop « militaire »,
- Il s’agit d’un thème de construction trop exploité.
A ce stade, ils n’ont pas de propositions alternatives, mais me disent y réfléchir.
J’insiste. Je leur fais remarquer qu’un autre nom pourrait être trouvé en conservant le thème, ce qui permettrait de conserver Vauban pour une édition française. Manifestement, je n’arrive pas à les convaincre. Ne souhaitant pas perdre la main sur cette question cruciale, je leur fais une série de propositions d’autres thèmes qui me semblent tenir la route, dont les abbayes, à l’origine du jeu. C’est ce thème qui, dans un premier temps, emporte leur adhésion.
Ce n’est qu’assez récemment, après discussion avec l’illustrateur, qu’ils m’ont demandé mon avis sur « Versailles ». Et je dois bien l’avouer : j’ai vraiment été séduit par ce thème. Il ne s’agit plus d’un jeu de construction, et pourtant, ce changement apporte une nouvelle cohérence au jeu. En effet, la concurrence à laquelle se livrent les joueurs est quelque peu artificielle dans Vauban, mais est à fond dans le thème de Versailles.
Et les premières illustrations de Michael Menzel ont tués mes derniers regrets.