Une fondation Spiel des Jahres ?

Plus que le jeu : le jouer

Une fondation Spiel des Jahres ?

Tous les amateurs de jeux de société connaissent aujourd'hui le prestigieux prix allemand du Spiel des Jahres, l'équivalent du Goncourt pour le jeu.

Un prix qui a servi de modèle à beaucoup d'autres, notamment en Europe et à commencer par le français Prix du Jeu de l'Année - As d'Or.
Les liens bien que non officiels entre les membres des jurys des différents pays sont toujours effectifs et les échanges réguliers sur l'évolution du milieu, les problèmes d’éthique ou d'organisation.

Une différence reste néanmoins de taille quand on compare le prix français et allemand : celui du financement.

En France, le prix est financé entièrement dans le cadre de l'organisation par la ville de Cannes via le palais des Festival. Ce mode de financement découlant naturellement de la mutation de l'ancien prix des As d'or qui récompensait autrefois des jeux présentés dans ce festival.
Un prix qui est devenu le Jeu de L’Année après un désir de réforme et la mise en commun des énergies avec la jeune association du Jeu de l'Année qui venait de voir le jour à l'époque. Plutôt que de diviser les efforts, les deux organisations ont décidé de travailler de concert donnant la forme actuelle du prix national qui couvre désormais toutes les publication francophone d'une année.

Le financement de nos voisins allemands est tout différent puisque le SdJ perçoit un pourcentage sur les jeux qui ont obtenu un prix. Un pourcentage qui varie de 1 à 1,5% du prix de vente éditeur du jeu.
Le prix éditeur est celui auquel l'éditeur le vend au distributeur qui le vendra aux boutiques qui le vendront au clients.

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Les gains sont donc fonction du succès public.

Malgré cette relative incertitude ce budget est sans aucune comparaison avec celui de fonctionnement de son homologue français. Les bénéfices ainsi engrangés s'étalant tant que le logo apparait sur la boîte peuvent ainsi dépasser la centaine de milliers d'euros, le prix et le logo générant lui-même sa propre popularité.

Alors se pose la question : Les membres du jury allemand possèdent-ils donc tous une villa sur les bords de l'Adriatique et plusieurs grosses Mercedes ?

Clairement pas. D'autant que nos voisins ont décidés de répartir une partie de cette richesse non utilisée pour le fonctionnement interne à des projets.

Il ne s'agit pas d'une fondation mais d'une nouvelle branche de leur activité. Il s'agit d'aide sonnante et trébuchante à des projets ludiques.

L'expérience a commencé cette année et, malgré une communication modeste, elle a battu des records de popularité. Popularité surtout en Allemagne bien sûr mais aussi en Suisse, Autriche et Italie.

Mais alors qu'en était-il des années précédentes ? En fait cette action d'aide existe depuis plus longtemps mais ne se pratiquait pas sur concours et en général dans une grande discrétion.

46 projets ont été proposé avec des demandes de subventions allant de quelques centaines d'euros à plusieurs milliers. Les projets acceptés seront révélés à la fin du moi de mai.

Si vous aviez dans l'idée de faire financer votre projet de jeu, abandonnez immédiatement ! Comme vous pouvez l'imaginer le SdJ ne peut aider à financer des projets qui entrerait en conflit d'intérêt avec leur première tâche : sélectionner et récompenser des jeux.

Les projets sont donc plus orientés autour de manifestations, d'expositions ou tout ce qui peut concourir au mieux jouer et à considérer le jeu comme une activité culturelle.

Cette subvention quand elle est accordée, ne se renouvelle pas. Il s'agit juste d'une aide pour débuter ou pour un projet ponctuel. Elle ne serait être reconduite.

Et j’oubliais le principal... le projet ne peut se dérouler que dans des pays de langues allemande. Mais si l'Italie se propose, cela peut être une ouverture pour les créateurs de projets en Alsace ?

Les organisateurs de cette généreuse organisation ont après cette première tentative décidés de rendre les critères plus clairs pour l'année prochaine.

Voilà une initiative réjouissante que l'on pourrait peut-être reproduire ici mais pas sur que de se côté du Rhin, les éditeurs acceptent de payer pour un logo.
Mais ceci est un autre sujet...

Pour en savoir plus : Direction le site officiel (allemand)

Sans vouloir faire de procès d'intention, j'avoue être surpris de ce système de pourcentage : Le jury ne risque-t-il pas d'être tenté de primer un jeu plus gros (donc plus cher) pour augmenter les royalties ?

@ XRippe : il est vrai que - depuis le début du système de licences - ce reproche a été répété à maintes reprises avec la "preuve" qu'il n'y a pas encore eu de lauréat sous forme de jeu en petite boîte (que ce soit un jeu de cartes ou de dés). Des représentants du jury ont d'habitude argumenté que les décisions prises étaient toujours indépendantes et sans aucune arrière-pensée se traduisant dans le succès persistant du prix au fil des décennies et son acceptation en public.

Comme les membres du jury travaillent à titre bénévole et que tout gain est utilisé pour couvrir les frais de "publicité" (activités diverses telles que la participation à des salons ludiques) ou pour la promotion de projets ludiques comme le décrit l'article du Docteur, le jury n'a donc pas vraiment d'intérêt à gagner plus en récompensant un jeu grosse boîte tout en défavorisant un meilleur jeu petite boîte.

Un petit ajout au bel article du Docteur Mops : durant la première décennie du prix jusqu'en 1989, il n'y avait pas encore de système de licences, toute action publicitaire ayant été couvert uniquement par les cotisations des membres bénévoles de l'association "Spiel des Jahres e. V.". Source d'information (un article du membre fondateur Tom Werneck, en allemand) : http://www.spiel-des-jahres.com/cms/front_content.php?idart=246

Merci raccoon de cette précision.

À l'époque où j'ai œuvré dans le prix français, le jury a eu de longues discutions avec ses homologues allemands et notamment Tom Werneck qui est une personne aussi intéressante qu'adorable. Et je dois dire que de tous les points abordés, celui de l'indépendance était de loin celui le plus mis en avant.

De ce point de vue, ce financement leur semble justement un garant.

Merci pour les explications.

Noté bien : l'Italie est un pays de langue allemande si si !

On y cause officielement le germain dans le Trentin, tout comme on y cause officielement le français dans le Val d'Aoste.

Ceci explique peut être la participation de projets italiens ...