un newbie à essen

[Prohis]

Ou le journal de mon expédition outre-Rhin…

J’ai vécu mon premier salon d’Essen cette année, dans un contexte un peu particulier puisque je présentais Prohis sur le stand de Blackrock. Deux semaines après mon retour, je me suis dis que je partagerais bien mes impressions sur l’événement avec vous !

Mon premier jeu édité, que je « défendais » pour la première fois face au public dans sa version finalisée, sur le plus grand salon du monde… Un contexte particulier je vous dis !

L’entrée du salon, et le « petit » stand Asmodée

Retenu par des obligations professionnelles je suis arrivé au salon le vendredi matin seulement. Ca bouchonne dès la sortie de l’autoroute, mais trouver un parking est aisé, une armée de stewards nous guide dans la ville (même à l’intérieur du parking un type m’indique où et comment me garer, façon avion dans un aéroport). Une belle organisation à l’allemande !

J’attends un peu à l’entrée que les gars de Blackrock viennent me donner mon pass, précieux sésame pour les 3 jours. Il est 10h30 et derrière les hôtesses j’entrevois la foule énorme à l’intérieur, sachant qu’il y a au moins autant de monde dehors à attendre d’acheter son billet. Je devine déjà le gigantisme du truc : le premier stand visible est celui d’Asmodée, des dizaines de tables, des affiches géantes… Ca en jette !

Julian arrive avec le pass. Moi : « Ca va, ca se passe bien ? », lui : « Nickel, mais j’ai l’impression qu’il y a moins de monde qu’hier »… Qu’est-ce que ça devait être la veille ! On entre dans la mêlée, on zigzague entre les visiteurs, on sort pour prendre un raccourci. Punaise, il est loin le stand ! Et encore, il y a 3 autres halls…

Petits souvenirs dans la langue de Goethe

Arrivé sur le stand Blackrock, tout le monde a le sourire, les tables de jeu sont toutes occupées. Prohis bien sûr, mais The Boss, Armadöra tournent aussi régulièrement et Haru Ichiban, qui ne cessera d’intriguer les visiteurs malgré la rupture de stock dès le 1er jour…

A peine débarqué et hop : « Tiens l’auteur vient justement d’arriver, il va vous expliquer les règles », c’est parti… Il faut faire clair et concis, mais les joueurs n’ont pas l’air trop difficiles à convaincre et la partie est ponctuée par plusieurs éclats de rires : « On prend une boîte ! » ! Whaou, ma première vente ! Tout fier, je vais voir Jean-Louis (Money Man comme je l’appellerai plus tard), pour lui confier l’acheteur. « Ca démarre bien » lui dis-je, et lui de me répondre : « Mouais… c’est calme aujourd’hui, mais hier ça a bien marché on en a vendu 90… »

Alors bon… 90 ça fera peut-être sourire certains éditeurs… Mais moi, je peux vous dire que ça m’a filé la banane comme pas possible !

Le stand Blackrock, avec mon nom en haut de l’affiche

Les explications s’enchaînent, la plupart en anglais, la gorge s’assèche. Quelle heure se fait-il ? J’ai un peu faim, il doit être 13h30 – 14h, un regard à la montre : 16h30 ! On perd toute notion du temps : pour un auteur, déjà découvrir la boîte de son jeu pour la première fois c’est émouvant, mais voir la réaction du public en direct ça fait vraiment quelque chose ! D’autant que presque tous les groupes qui ont essayé ont acheté une boîte derrière. Alors c’est vrai que le public d’Essen est particulier, ce n’est pas un public « méfiant » comme on peut en rencontrer sur d’autres salons, pas besoin de multiplier les ruses pour appâter le chaland (en même temps je ne suis pas expert, je n’ai pas fait 50 salons non plus), les gens ont envie d’essayer tout ce qui se présente sous leur main. Autre surprise concernant la faune locale, la diversité : je m’attendais à du joueur velu, je me disais donc que ce ne serait pas vraiment le public cible pour mon jeu. Erreur… il y a de tout, des jeunes, des vieux, des couples, des groupes à signe distinctif (t-shirts identiques, badges…), et surtout de toutes nationalités. En vrac, ce que j’ai pu rencontrer : Français, Allemands, Belges, Néerlandais, Anglais, Macédonien, Japonais, Américains… Sur une partie j’ai même fait jouer en même temps une Italienne, un Allemand, un Anglais et une Péruvienne. Alors je sais que je vais me mettre à dos un peu de monde, mais encore une fois les plus sympathiques étaient les Belges !

Pas le temps de lambiner. En 3 jours je n’aurais quitté le stand que 3 fois : une fois pour constater que Colt Express était sold out, une autre pour aller saluer Etienne Espreman (rencontré il y a 2 ans à Europa Ludi) et le dimanche pour enfin manger une currywurst. Comble de l’hérésie je n’ai même pas acheté un seul jeu, vous y croyez vous !?

Et puis Essen c’est aussi les restaus le soir, les hôtels où le jeu ne s’arrête jamais, les auteurs en recherche d’éditeurs, les protos qui vont bientôt sortir, croiser des têtes connues et admirées (voir Bruno Faidutti acheter une boîte de Prohis ! Bon, en même temps je ne sais pas encore ce qu’il en pense…)

Tony, notre petit esclave… Enfin notre illustrateur, en travail de 10h à 19h non stop…

Mais au final ce que moi j’en retiendrai c’est la passion des gens. Passion des joueurs, prêts à se coltiner des heures de route pour essayer des jeux qu’ils auraient pu découvrir pour la plupart dans la boutique au coin de leur rue. Chez les animateurs et éditeurs aussi, l’investissement va au-delà de l’intérêt pécuniaire, j’ai vu à côté de moi une équipe donner le meilleur d’elle-même, pour dédicacer des boîtes du matin au soir, expliquer les règles encore et encore, enchaîner 12500 rendez-vous sur la journée, avec une énergie qui ne faiblissait pas malgré la fatigue accumulée et le manque de sommeil…

Sur le forum le débat fait rage sur les tendances du marché, la communication des éditeurs… Blackrock ne sort pas 50 jeux par an, ils ne placardent pas des pubs partout sur internet, ne nourrit pas le buzz, mais ils croient en leurs jeux, je le sais je l’ai vu de mes propres yeux ! Et j’ai la chance inouïe qu’ils aient choisi d’éditer le mien…

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Prohis
Un jeu de Marc Brunnenkant
Illustré par Tony Rochon
Publié par Blackrock Editions
3 à 6 joueurs
A partir de 10 ans
Langue de la règle: Non renseigné
Durée: 20 minutes
Prix: Non renseigné


5 « J'aime »

Merci pour le retour d'expérience.

C'est sur venir à Essen la première fois c'est quelque chose. Venir en temps qu'auteur ça doit être encore mieux !

Chouette retour d'un amateur de jeux non blasé.

1 « J'aime »

Ouai, chez Black-Rock ils doivent être content :)