[Rococo (Deluxe Édition) (VF)]
ROCOCOméritait, rien que par sa thématique, une version de luxe. Si ce jeu ne vous dit rien, c'est probable car le titre a un sens complétement différent en Allemagne. Il s'agit en fait d'un mouvement de mode qui a pris place en pleine période de renaissance. Pourtant, il a pris vie en France dans les années 1700, mais il s'est rapidement étendu dans l'empire germanique.
Pour être plus "vendeur", ce jeu portera alors un autre nom lorsqu'il sera édité par Filosofia et vous avez surement entendu parler des "Maîtres Couturiers", un jeu que Guillaume, lui même, a présenté lorsqu'il travaillait pour l'éditeur.
Sous ce thème surprenant se cache une pépite ludique pour les joueurs aguerris avec un jeux plein de stratégies, de coordinations d'actions et de flux tendus comme on les aime chez les gros joueurs. Toutefois, si le jeu se veut tactique, il n'est pas si compliqué que cela et une paire de tours suffiront à en comprendre tous les principes. En effet, si on devait résumer la mécanique, il s'agit de jouer 7 manches en faisant 3 actions (voire plus exceptionnellement) à chacune d'elles, à l'aide de nos cartes dont on va améliorer le contenu au fil de la partie. Oui, vous l'avez compris, on est non seulement sur un jeu de gestion de ressources, d'actions et d'agissements sur plateau, mais également dans le deck-building.
Tout se passe dans un somptueux château représenté, dans cette version de luxe, par un énorme plateau avec ses salles de bal surmontées d'un balcon pour en admirer un feu d'artifice. Louis XV a, en effet, décidé d'organiser un très grand bal, rempli de somptuosités et de raffinements. Bien entendu, pour participer à une fête royale, il est indispensable d'y venir vêtu avec les dernières robes et costumes à la mode ! Ne serait-ce pour le cachet mais aussi pour faire pâlir les autres invités de jalousie. Et c'est là que les joueurs vont intervenir !
En effet, vous prendrez le rôle d'une équipe de couturiers allant de simples apprentis jusqu'aux grands maîtres. Chaque personnage sera alors représenté par une carte pour indiquer son rang, mais aussi sa compétence personnel, bien utile pour apporter des bonus aux actions de base.
Toutefois, au delà de cette compétence personnelle, tous les personnages pourront exécuter, au préalable, une action principale en fonction de leur rang ! Et oui, ce n'est pas un simple apprenti qui ira embaucher quelqu'un quand même ! Ce ne serait pas dans le protocole !
Après avoir déplié l'immense plateau, chaque joueur reçoit alors une main de 5 cartes personnages, de jolies cartes intissées et toutes superbement illustrées pour la version luxe. On reçoit également un très beau plateau joueur qui résume toutes les phases du jeu dont les fameuses actions principales, une somme de 15 Louis (en métal dans la version la plus haute), ainsi qu'un jeton bobine de fil et dentelle, en 3D s'il vous plait. Ayant joué autrefois à la version de Filosofia, j'avoue que celle-ci est vraiment magnifique à voir et à manipuler. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je tenais vous la présenter
Lors de chaque manche, on mettra à disposition des personnages, prêts à rejoindre votre équipe, des robes et costumes à confectionner et bien sûr des ressources pour les réaliser (Tissus, Dentelles et Bobines de fil). Inutile de vous dire que tout cela va dépendre, non seulement de votre savoir-faire au niveau de votre personnel et de vos choix d'actions, mais aussi de vos finances.
D'ailleurs Rococo utilise le système tout simple du "plus tu as de choix, plus c'est cher". En effet, si vous embauchez en premier, par exemple, vous pourrez certes choisir parmi 4 cartes mais vous la paierez 5 Louis. Alors que s'il n'en reste qu'une, elle sera gratuite ! Il en va de même pour les ressources.
Côté robes et costumes, ce seront les plus récemment arrivés qui seront plus chers mais demanderont surtout d'avoir les ressources nécessaires en tissu et matériaux.
On comprend donc qu'il faut quelque part commencer par acheter ces jetons de tissus. Et c'est justement une action que tous vos personnages peuvent faire. On joue sa carte, on paye les ressources et on prend un jeton qu'on l'on va cacher dans sa réserve, sur un joli présentoir (Dans l'ancienne version, on le posait face cachée, il fallait les retourner pour s'en rappeler).
Une autre action consiste alors à créer une robe ou un costume en payant les ressources et les Louis nécessaires. La création peut alors être revendue, apportant ainsi des finances. Mais elle peut être également louée, et c'est là qu'intervient une grosse partie de la mécanique du jeu !
En effet, si vous louez votre oeuvre, il faudra alors placer celle-ci dans une salle de bal. Cet emplacement est très important car il va intervenir sur des majorités par salle de bal, mais aussi avec des objectifs et enfin un final pour le feu d'artifice. Chaque joueur essaiera alors de prendre les meilleurs emplacements et probablement se les disputer tout en cherchant à ne pas se faire prendre une place ailleurs. Croyez-moi, le monde de la mode est impitoyable et il se pourra même que vous allez vous précipiter sur une ressource ou une carte, juste pour ne pas la laisser à vos adversaires !
On se doute alors que de jouer en premier peut s'avérer utile, même si les coûts seront plus élevés en prenant en premier certains éléments. Et d'ailleurs, une action permet justement de passer premier joueur en prenant le magnifique pion Reine, puis le replacer sur le plateau au début de la manche suivante et détenir enfin le dé à coudre en Or du premier joueur. La classe ! Mais attention, il faudra avoir envie de sacrifier une carte pour faire cette action au détriment de quelque chose de plus productif. A voir s'il en vaut la chandelle !
En parlant de chandelles, vous aurez aussi l'occasion de participer aux ornements de la salle. Cette action permet de poser un de vos jetons de votre couleur sur l'un des ornements qui deviendra alors une source de quelques points, sachant que chaque point compte.
Mais ces ornements pourront aussi agir de différentes manières selon leur emplacement. Dans les salles de bal, il permettent juste de briser des égalités. Dans la cuisine, il viendront agir sur vos revenus de fin de manche, une position indispensable et limitée ! Les statues seront sources de points aussi selon votre variété de robes et costumes en fin de partie.
Mais le must du must sera de prendre position sur le balcon du toit du château pour observer le feu d'artifice final où les invités les plus prestigieux, celles et ceux de la salle royale pourront se rendre et surtout multiplier les points indiqués sur leur robe et costume !
L'autre saveur du Rococo tiendra dans la gestion et l'acquisition de vos cartes. Rappelez-vous, chaque carte déclenche une action principale selon son rang, mais possède aussi une action secondaire possible. L'acquisition de cartes sera alors très importante en fonction de ces bonus. Et seuls les maitres peuvent embaucher ! Il est donc indispensable d'en avoir en main,
Mais souvent leur pouvoir secondaire est plus faible que ceux des apprentis et compagnons. ce sera donc tout une tactique de construire son deck, sachant que seules trois cartes sont utilisées par manche ! L'acquisition d'une carte arrive en main, ce qui permet donc aussi d'avoir une action de plus. Mais un gros tas de cartes risquent de vous faire patienter pour les voir repasser en main au fil des manches lorsqu'elle seront toutes défaussées.
Il existe bien une action pour se débarrasser d'une carte, mais c'est toujours un crève-coeur de le faire, surtout si on a payé cette carte peu avant. C'est aussi un temps précieux perdu à ne rien faire. Heureusement, on touche une compensation financière. Pour ma part, je n'ai jamais revendu dans mes parties, je n'aime pas ça !
Je ne vais pas rentrer dans tous les détails des mécaniques du jeu, mais il faut surtout retenir que, sous ce thème, se cache un jeu redoutable où il faudra gérer tout un tas de flux tendus, optimiser une main de cartes tout en finesse et faire les bons choix pour chaque action que l'on programme au début de chaque manche.
Bien entendu, attendez-vous à ce que les adversaires fassent tout pour prendre la bonne place avant vous ! Vous rappelez-vous des ressources qu'ils ont acheté avant d'envisager une confection ? On aura presque le sentiment parfois d'une course d'ailleurs. Les 7 manches vont passer très vite et en fin de partie, vous lâcherez surement "quoi ?! Plus que deux manches ?!!!".
De fil en aiguille, les actions vont défiler très vite et au fil de la partie, chaque action sera à tirer à quatre épingle (Oui, je tenais à placer cette phrase sublime, merci)
Cette version contient également des extensions dont la principale met en jeu des bijoux. Dans cette extension, vous aurez alors l'occasion d'échanger des cartes vers de plus puissantes en accomplissant certaines tâches. Elle mettra surtout encore plus en valeur les apprentis et les achats de cartes deviendront cornéliens.
Cette extension sera encore plus exigeante dans vos enchainements et demandera quelques parties sans l'utiliser pour bien assimiler les principes de base. Vous pourrez ensuite l'ajouter pour un jeu plus pointu. Mais que serait une version de luxe si les extensions n'étaient pas incluses !
Au delà d'être un bon jeu où je prends beaucoup de plaisir à rejouer, je suis également sublimé par le matériel de cette version de luxe de Rococo. Certes le prix est là, mais le matériel est vraiment sur son 31. De magnifiques illustrations, des tuiles et jetons bien épais, des pièces en 3D, de la monnaie en métal, de belles cartes et un très grand plateau ! De quoi se faire plaisir à Noël, pourquoi pas ?
Note : Je n'ai trouvé le jeu disponible que sur le site de Runes Editions en VF, mais il existe peut-être ailleurs. Mais je crois bien qu'il s'agit d'une édition limitée.
Tapimoket
Fiche technique
Éditeur : Eagles Gryphon Games / Runes éditions
Auteur : Matthias Camer, Stefan Malz, Louis Malz
Illustrateur : Ian O'Toole
Nombre de joueurs : 2 à 5 joueurs
Âge : 12+
Durée : 60 à 120 minutes
Je pense qu’il y a une petite erreur dans le fiche technique en fin. L’illustrateur de cette version est Ian O’Toole, pas Menzel (qui a fait la première édition).
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