Suite à un article (ici), je pense que nous (nous, les lecteurs de tric trac) avons tendance à oublier la majorité silencieuse des joueurs, à savoir, les petits joueurs (comme moi).
Lorsque les non-joueurs parlent de moi et des jeux de société, ils disent : Julien, c’est un gros joueur, il a plein de jeux et il joue tout le temps.
Les faits : ma ludothèque compte une vingtaine de jeux auxquels je joue, je m’achète pour environ 150 euros de jeu par an, et je fais moins d’une centaine de partie par an.
Là, je pense que la majorité des gens qui vont me lire vont dire (à raison) : c’est un petit joueur !
En effet, le dernier jeu que j’ai acheté c’est five tribes, c’était pour offrir, et je n’y ai même pas encore joué !
Et pourtant, je pense que la majorité des volumes de vente des jeux dits spécialisés (pour moi dobble est sorti de cette case, mais pas jungle speed par exemple), la majorité des volumes de vente disais-je, est à mon avis faite par des petits joueurs, qui achètent moins de 150 euros de jeux de société pour adulte pour eux par an.
Je précise bien pour eux, car ce genre de petits joueurs fait facilement comme cadeau aux autres petits joueurs, ou aux joueurs occasionnels (voire aux non-joueurs), un jeu pour faire partager les joies de leur hobby favori.
Je n’ai pas de statistiques pour étayer mes dires, mais le marché existe entre les gros joueurs qui vont acheté beaucoup mais uniquement les meilleurs jeux dans leur domaine et selon leurs préférences, et les rares jeux arrivant dans les magasins non-specialisés (Jouéclub et autres Toys’r’us).
Un jeu moyen qui va se vendre à 500 ou 1000 exemplaires n’est pas forcément passé par kickstarter. Le crowdfunding est un système touchant une infime minorité d’acheteurs potentiels, et dans le jeu de société francophone, il y a encore une large majorité de jeux qui ne passe pas par cette case. Et si des éditeurs ayant pignon sur rue comme coktail games n’utilise pas cet outil, c’est qu’il estime qu’il n’apporterait pas grand chose à ses jeux.
Ce que je veux dire, c’est qu’il ne faut pas négliger, en terme d’analyse économique, tout ces petits joueurs et ces petits jeux qui forment la partie immergée de l’iceberg.
Ce serait ridicule d’essayer d’analyser l’économie de la musique en ne se penchant que sur la soupe passant sur les pires radios et achetés en grande surface et les meilleurs groupes indépendants ayant sortis un album dans les 6 mois.
Les enfoirés, leur nom, c’est parce qu’ils chantent ?
Anonyme
Entre les lecteurs de tric trac et Mamie achetant un dobble, il y a un espace immense qui n’est pas rempli de vide, mais est au contraire plein de joueurs avec 4 ou 5 jeux dans leur ludothèque, qui peuvent passer plusieurs semaines sans jouer, et qui pourtant, par leurs nombres, représentent une part importante du marché.
Ces joueurs ne sont pas oubliés ni par les éditeurs, ni par les vendeurs, ni par les festivals, ni surtout par les joueurs qui sont et resteront les meilleurs ambassadeurs du hobby.
Jlamouche
PS : Petit hors sujet, sur la question de la surproduction en jeux de société ou en bd (ou en livre ou en …), le marché fait qu’aujourd’hui il est quasiment impossible de vivre de son travail d’auteur de jeu (de BD ou …). Mais
1) les éditeurs éditent ce qu’ils veulent comme ils veulent (du moins en démocratie)
2) les auteurs créent ce qu’ils veulent et tentent de vendre leurs création comme ils peuvent. L’impact écologique de la surproduction (si surproduction il y a) de jeu est bien faible, et si vous ne vous y retrouver plus, revendeur et tric trac sont vos amis.