Mon Essen 2019, charnière et appréhensions, photogravure et réflexions

Cela fait maintenant une dizaine d’années que je vais à Essen chaque année

et j’ai abordé cette édition avec appréhensions.

Non pas à reculons mais plutôt en questionnement sur l’utilité de la chose.

En amont seulement un ou deux rendez-vous pris de pur “business”,

quelques séances de dédicaces et surtout l’espoir d’inattendu et d’imprévu.

Une année-test.

Préambule
Quand je vais à Essen c’est pour palper l’ambiance du monde du jeu, ressentir le marché, en faire le tour en quelques jours, en mode international. S’y retrouver entre amis, collègues, éditeurs et collaborateurs, y découvrir de nouvelles têtes et de nouveaux horizons, de nouvelles perspectives.
En 2018, en plus de rendez-vous de suivi des projets en cours, j’avais blindé mes journées de rendez-vous “pro” qui pour la plupart n’auront pas donné grand-chose au final, avec une année de recul. Et souvent cela aurait pu se faire à distance. C’est finalement ce qui n’était pas prévu au programme qui fut porteur et de bon augure. Une discussion démarrée sur un stand, un verre pris à l’Atlantic (sans alcool), une personne présentée qui prend contact ensuite, un proto joué au Bredeney la nuit, etc.
Donc pour 2019, à pas de velours, uniquement des rendez-vous de suivi, quelques dédicaces, des rencontres et surtout du temps pour mieux cerner la chose. J’ai beaucoup discuté, croisé bon nombre d’acteurs du monde ludique, faisant souvent écho à mes questionnements et voilà ce que j’en retiendrai (et les 10 heures de vol Munich-Séoul m’auront bien aidé à mettre mes idées en ordre ^^).

Le Salon

Pour ne pas y aller par quatre chemins, trop c’est trop. J’ai réussi à visiter tous les halls et parcourir quasiment toutes les allées - si si c’est vrai -, que ce soit avant l’ouverture, presque au calme ou pendant la journée en pleine marée. Et ce fut l’overdose.
Trop de monde, et pas que des marcheurs, non, aussi sur les stands, plus de tables, encore plus de démonstrateurs, du mouvement incessant, non-stop. C’est la frénésie voire l’hystérie, des jeux, encore des jeux et du matériel débordant des tables de tous les côtés. Sans compter le volume sonore et le brouhaha entêtant. On a parlé de 80 décibels, seuil de risque de pertes auditives, l’équivalent d’une tondeuse à gazon ou d’une tronçonneuse électrique, en permanence.
Ok... on ne rajeunit pas et il y a certainement une forme de nostalgie d’un Essen plus “collégial”, à échelle humaine. Mais, non, Essen est bien un monstre protéiforme, tentaculaire, absorbant et oppressant. Pourtant toujours curieux et plutôt positif, c’est la première fois que j’en ai eu marre. A me retrouver un soir dans ma chambre d’hôtel à 22h30, épuisé visuellement, pour souffler, encaisser et réussir à redémarrer le lendemain.
Au bout du compte c’est paradoxal. Car je suis convaincu que dans cet essor, il y a des passionnés à découvrir, des éditeurs à surveiller, soutenir, de la créativité tous azimuts, des idées, des projets. Et d’un autre côté, on en voit foncer dans le mur en klaxonnant, la tête ailleurs, en touriste. Ce qui me conforte dans l’idée que le ticket d’entrée dans le monde du jeu est bien trop bas... On évolue d’ailleurs dans un des rares métiers de l’édition où il n’y a pas vraiment de formation. La plupart se formant sur le tas, par la pratique et non par la théorie, voire de manière empirique. Moi il ne me viendrait jamais à l’idée d’ouvrir une pâtisserie parce que j’aime les gâteaux !
Bref, un sentiment mitigé et un ressenti d’étrange bouillie.

Les Jeux

Je vais certainement répéter voire paraphraser ce qu’on peut lire et entendre depuis quelques jours, rien de transcendant et pas de vraies surprises. Avec aussi l’impression - biaisée car baignant dans le jus toute la journée - que j’avais déjà toutes les infos en amont, de connaître déjà les jeux. J’avais d’ailleurs une bien courte liste et j’ai simplement rapporté Tapestry (en VF), Freshwater Fly, Ishtar, Chartae et des KS loupés, en pickup ou en exclu comme Dicetopia, les deux nouvelles extensions Everdell, Terror Below...

La Production

Cependant il y a quelque chose qui m’a sauté aux yeux.
Une production que j’ai jugée dans l’ensemble très sombre. J’entends par là des jeux aux couleurs ternes, aux tons sombres bouchés, aux lumières enterrées... Comme un voile gris déposé sur les visuels (cf. la nouvelle “La Couleur tombée du ciel” de Lovecraft). Ce qu’on peut constater aisément en se référant aux visuels mis en ligne - certes rétroéclairés sur écran mais aux teintes et contrastes plutôt éloignés du rendu final (par exemple le dos de boîte de Flotilla avec des éléments et personnages illisibles, noyés dans des tonalités très, trop, dark ou sur d’autres jeux, des motifs à peine perceptibles en arrière-plan).

A mon avis, cela tient à plusieurs choses :
- l’utilisation excessive voire abusive du papier mat. Ça peut être classieux, certainement “à la mode”, bien pratique pour faire ressortir un titre avec par-dessus un filtre Spot-UV (vernis sélectif). Mais mal exploité, c’est vite le massacre des couleurs !
Pour info, le papier mat reflète moins la lumière que du papier standard ou brillant, ou linen, et à, de plus, tendance à “boire” les couleurs et donc à faire s’étendre/baver certaines teintes. Ce n’est pas (que) moi qui le dit, certains fabricants précisant clairement dans leurs guidelines que l’emploi du papier mat va compresser la gamme de couleurs pour un rendu terne voire délavé, des tons sombres plus sourds et il est fortement recommandé de l’anticiper en augmentant la saturation et les contrastes d’au moins 10~15% pour tenter d’essayer de compenser (1). Et encore ce n’est pas gagné d’avance car...

- l’absence quasi-généralisée de photogravure. A une époque pas si lointaine, il y avait un poste de travail disons entre l’éditeur et l’imprimeur, le photograveur. Pour faire simple, il s’agissait de caler les fichiers pour l’impression. Mais attention, ce n’est pas seulement appuyer sur des boutons dans Photoshop ou Indesign et apposer un profil couleur comme presque n’importe qui peut le faire, c’est avoir une vision complète de toute la chaîne graphique et d’impression pour avoir les connaissances techniques nécessaires pour assurer une impression juste et précise, sur tous les supports. Avec, de plus - et c’est capital, des compétences en image, graphisme et illustration, pour une vision artistique et stylistique du rendu final !
C’est tout un pan de la chaîne qu’on peut faire sauter et bien rares sont les imprimeurs avec en leur sein de vrais photograveurs et les éditeurs à pouvoir être efficients là-dessus.

- trop se fier aux bons à tirer avant l’impression. Un bon à tirer, BAT, c’est un document imprimé ou numérique qui fait “preuve” de tirage final, à faire valider et approuver par l’éditeur. Dans le cadre de l’édition de livre, c’est peut-être plus fiable et moins délicat que pour le jeu car il y a moins de facteurs impactant comme des formats différents, des matériaux différents. Alors que dans le jeu on va imprimer sur du papier seul, du papier qui sera encollé sur du carton, et/ou plié, découpé, etc.
Pour ma part, je trouve ahurissant qu’on puisse lancer une production sur un BAT numérique, c’est-à-dire d’après à une image rétroéclairée sur écran (et donc plus lumineuse “qu’en vrai”), écran qui n’est pas forcément calibré et certainement pas réglé comme ceux de l’imprimeur... Et pour un BAT imprimé, comment s’y fier pleinement quand on sait que ce sont le plus souvent des tirages faits sur des machines consacrées, hors chaîne d’impression ? Et qu’en plus, plus tard, lors de la production de masse, les calages vont certainement bouger un peu au fil du tirage. Et que pendant le tirage, s’il n’y a pas de contrôle humain fréquent et efficace, ça ne tiendra pas tout seul tout du long par magie (2).

Les Séances de Dédicaces

J’ai envie ici d’ouvrir un aparté, sans faire de caprice. Il y a peu je suis retombé sur un message de Denis Bajram (la saga “Universal War”) datant de 2014 expliquant pourquoi il avait décidé de ne plus faire de dédicaces de ses BD, le monde de la BD ayant franchi certaines limites (lecture complète > https://www.bajram.com/?p=426). Extrait :

J’ai arrêté parce que je suis inquiet de voir les auteurs ne se montrer quasiment que sous le seul jour de la dédicace. Malgré toute la bonne volonté des quelques festivals qui ont un vrai programme culturel. Quand on entre dans une manifestation BD, on ne voit que des files de gens, cachant les auteurs qui, si on arrive enfin à les approcher, s’avèrent avoir la tête baissée sur leur dessin. Passionnant, des zombies devant des fantômes…
La plupart des manifestations ne sont pas des festivals de BD, mais des festivals de dessin original rapide sur page de garde. Une illusion de rencontre, alors que ce ne sont que des usines à faire ces petits originaux.


Heureusement, dans le monde du jeu, nous sommes encore bien loin de ces extrêmes.
Mais, ça m’a fait réfléchir. Je ne renie pas les séances de dédicaces, c’est encore un moment convivial et fort sympathique où l’on peut discuter et échanger avec le public, les auteurs et illustrateurs présents, les éditeurs. Mais je pense que ça reste aussi étroit et qu’on peut trouver de meilleures formules.
Sur le fond, je trouverais cool qu’une petite rencontre puisse être organisée avant les dédicaces, avec les joueurs présents, qu’ils soient 5 ou 50, qui sait, même à l’arrache sur le stand concerné, même 15 minutes ce serait instructif, des questions-réponses sur le jeu présenté, un petit moment de partage. Et les dédicaces ensuite. Les joueurs pourraient ensuite repartir avec leur boîte dédicacée mais aussi avec une histoire à raconter !
Une anecdote, une pensée, un bout de genèse ou de making-of en tête à partager avec les autres à qui ils feront découvrir le jeu ! De la comm et de la “contamination” facile.
Sur la forme, je suis un peu fatigué de dessiner au fond d’une boîte, du bout d’un feutre, le poignet cassé. Qui plus est sur un triste fond gris, ça manque de sens. J’en ai discuté autour de moi et quelques idées ont germé. Mais, héhé, assumant mon orgueil, je vais les garder pour moi pour l’instant et les mettrai en pratique à la première occasion. En espérant que ça fasse mouche et que je sois bien le premier à le faire, à suivre... ;)

Les Rencontres

Le tableau n’est pas tout noir ! Essen c’est un écrin à rencontres et retrouvailles.
Que ce soit avec les fidèles et habitués, les nouveaux et découvreurs, le public. Au détour d’une allée, dans le hall d’un hôtel ou lors d’un repas partagé. Surtout quand on vient de loin.
Par exemple, cette année, plusieurs éditeurs américains ont fait le déplacement, pour la première fois. J’ai enfin pu rencontrer en personne l’équipe de Van Ryder Games avec qui j’ai travaillé sur “Detective: City of Angels”. En deux ans et demi, nous n’avions communiqué que par mails interposés. C’était étonnant et touchant, si loin si proche, et les moments passés ensemble à Essen ont cimenté nos relations. De même que pour le jeu “Atlantis Rising” et les membres d’Elf Creek Games ou encore Keith Matejka de Thunderworks Games avec qui je vais collaborer.
En introduction, j’évoquais l’inattendu qui m’a surpris et ravi plusieurs fois en ces quelques jours. Que ce soit pour des projets dans l’air qui prennent soudainement corps ou prochainement pour d’autres que je n’avais pas vu venir.
Et la suite alors ?
Je me permets de rappeler que je réside en Corée du Sud.
Essen, c’est loin, il faut compter une vingtaine d’heures de voyage porte à porte, la double-peine, et un certain budget mine de rien. De l’énergie, du plein-temps, sans compter ce que ça consume avant et après, en devant mettre entre parenthèses les affaires courantes pour une bonne dizaine de jours. On est loin de la promenade enjouée en Europe ou du trip de vieil ado geek excité. Je parlais d’une année-test car sur le salon, à chaud, un peu trop secoué par le maelstrom, je me suis demandé “à quoi bon”, car il est désormais impossible de faire réellement le tour de la chose, profiter de tout. Difficile de tout concilier et un peu usé de devoir faire l’impasse sur des rencontres et découvertes.

MAIS. Car il y a toujours un mais. Avec à peine quelques jours de recul, le peu de ce que j’ai pu faire sereinement est tellement agréable et puissant, nécessaire, constructif et instructif, que ça vaut largement le périple, que ça compense amplement les aléas et la charge en pleine poire. J’envisage déjà une venue 2020 avec une approche différente, s’adapter.
Peut-être venir moins longtemps, ou condenser sur les jeudi-vendredi les activités sur le salon et passer les samedi-dimanche à jouer dans les hôtels, truster les fauteuils carrés derrière le mur végétal de l’Atlantic, prendre le temps, faire des sauts de puce dans l’arène si besoin est. J’ai presque déjà hâte ;)
...j’ai fait long en full text. J’avais pas mal de choses en tête depuis un moment et ce temps post-Essen m’aura permis de rassembler tout ceci sous cette forme, en espérant que cela reste digeste... ;)

Notes
(1) Pour ma part, quand je crains que ça coince pour les couleurs, avec les nuanciers Pantone, j’indique et pointe très précisément quelques valeurs de teintes à suivre de près sur une couverture de boîte, un plateau, des cartes. Des plus sensibles aux plus “évidentes” à imprimer. Ainsi le fabricant peut contrôler plus fidèlement ce qui est attendu.
Et je recommande vivement la lecture de ces ouvrages-clef, pas super fun mais formateurs :
- La chaîne graphique: Prépresse, impression, finition
https://is.gd/FoEvI8
- La gestion des couleurs pour les photographes, les graphistes et le prépresse
https://is.gd/U7VHCx

(2) Je sais qu’il y a des éditeurs méticuleux et prévenant qui envoient quelqu’un sur place, à plusieurs reprises, chez le fabricant pour suivre de près la fabrication et rectifier le tir “en live” si nécessaire, et/ou qui exigent plus de vérifications sur la chaîne d’impression.
Il est aussi possible de faire fabriquer des exemplaires de préproduction, plusieurs fois. Ce qui se normalise mais il me semble qu’il faut savoir garder son sang-froid et rester en éveil quand on reçoit ces exemplaires-là, où le pathos peut vite prendre le dessus, en ayant le bébé en main, après des mois voire des années de dur labeur. Et bien entendu, tout ceci a un coût important sur lequel il est facile de tirer un trait...
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dans mes bras monsieur Vincent ! qu’il est bon de lire votre fine analyse de la maladie de la Sombre-Ternite qui s’abat sur certaines productions actuelles !!!
le probleme, c’est que lorsque vous le signaler comme je l’ai fait aupres des interessés sur le forum on vous prend de haut et vous renvoie dans les cordes sans se préoccuper de votre experience de la chose…

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angle de vue passionnant

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Très intéressante analyse.

Pour l’illustrer il suffit de relire les attentes et commentaires d’Essen 2018 (à peine un an) sur les blogs ludiques ou le forum TT.
Des dizaines de jeux évoqués, attendus, espérés. Des coups de coeur, des emballements.
Et un an après, qu’en reste t-il ? Une poignée de jeux survivants.
Comme dans le monde littéraire ce sont d’ailleurs souvent les productions d’auteurs déjà confirmés qui résistent le mieux (Lacerda, Pfister…). En particulier car elles bénéficient d’un accompagnement commercial (buzz).
Mais si un livre n’a en général vocation qu’à être lu une fois, les jeux étaient créés pour être joués plusieurs fois. On peut douter que ce soit encore le cas aujourd’hui de la plupart des productions.
Je serais curieux de savoir combien de jeux d’Essen 2018 auraient encore pu se vendre à Essen 2019, non soldés.

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Merci pour cet article très intéressant sur Essen qui confirme mon ressenti très lointain sur ce salon où je n’ai jamais été (pas le budget, le temps , l’envie…). J’ai suivi d’assez près les retours des joueurs pour beaucoup conquis par l’atmosphère et quelques autres plus rares qui se demandaient parfois pourquoi ils y allaient encore et toujours.
Alors pourquoi y aller encore? (je parle pour les joueurs. Les pros , leur présence je la comprends parfaitement, c’est un salon, une foire , il faut vendre ses produits, c’est normal, rien de péjoratif dans ce que je dis.)
-Hypothèse 1:pour jouer?
D’après ce que j’ai compris, les tables pour les 25 ou 30 jeux qui ont buzzé avant ou pendant le salon auxquels tout le monde veut jouer sont prises d’assaut et sont difficiles d’accès. Restent les autres jeux noyés dans la masse plus accessibles avec les fameuses “pépites” que tout le monde espère dénicher mais comment les trouver parmi tous les OK games?
-Hypothèse 2:pour acheter des jeux?
Je suis toujours halluciné par les sempiternelles photos des joueurs montrant “leurs prises de guerres” avec une vingtaine ( voire beaucoup plus ) de jeux empilés. Se rendent-ils compte que certains sont déjà sortis ou sortiront dans quelques semaines? Quelle est l’urgence d’avoir tous ces jeux d’un coup? Ils mettront plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour jouer à tout, sans oublier que certains jeux de l’année dernière n’ont peut être pas été joués… Bien entendu, pas de jugement de ma part, chacun fait ce qu’il veut avec ses sous et ma foi, ces serial acheteurs permettent à l’industrie ludique de tourner…
-Hypothèse 3:(la plus probable pour moi) pour en être, faire partie d’une communauté.
Aller à Essen, c’est sans doute avoir le sentiment de faire partie d’une grande famille de passionnés qui se comprennent, qui ont les même codes pour qui le jeu de société, c’est autre chose que le Uno ou le Monopoly (contrairement à la masse, les autres, les “mécréants”), ça nous rassure sur nos choix de vie: non, on n’est pas tout seul à aimer cela…

Merci également sur l’analyse sur l’aspect de plus en plus sombre des jeux ( j’ai appris des choses) et sur les dédicaces (ceux qui ont été une fois à Angoulême comprennent l’ampleur du problème.)

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Pour arriver à concilier les 2 premières hypothèses il faut vraiment aller à Essen en mode commando avec un plan de bataille et stands à viser en priorité, des listes claires et précises pour optimiser ses déplacements et…oui, communier. J’y crois aussi pas mal, rien que physiquement, dans ces grands temples, il se passe quelque chose intérieurement. On peut se laisser porter par la houle. On voit d’ailleurs des gens errer, le nez levé sur les accroches des stands, en mode perdu dans ses pensées, ailleurs. Il suffit d’ailleurs de jeter un œil à des vidéos youtube sur les mouvements de masse et de foule pour comprendre le phénomène.
“Nous”, les professionnels, ça peut vite nous faire péter un câble, comme les résidents du Mont Saint-Michel envahi, quand on s’aperçoit qu’on va être en retard à un rdv car il va nous falloir 20 minutes pour traverser deux halls. On a plusieurs mondes et univers réunis qui ne se croisent pas forcément au quotidien et là au même endroit dans le même temps, forcément ça brasse.

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De plus, je pense qu’en période de “crise” (et c’est plutôt le cas de partout, que ce soit la finance, l’environnement, etc), les gens ont généralement besoin de se raccrocher à du rassurant, du classique, du réconfortant. Pas, plus le temps de fouiner et dénicher, ni prendre des risques, mais plutôt se tourner vers du solide et de l’éprouvé. J’ai d’ailleurs été très étonné du nombre de jeux “à l’allemande” qui ont “buzzés” cette année. Des jeux longs, étendus sur table. Il n’y a qu’à voir les différents classements, whishlists & co. Et ce même si on dit que ce sont le plus généralement les passionnés et joueurs habitués qui notent et participent.

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:wink:
C’est quelque chose de sensible et délicat car il peut être difficile parfois de discerner un véritable choix artistique et esthétique et une impression un peu loupée. Sans compter qu’il faut vraiment avoir le produit entre les mains, avec une lumière correcte pour se faire un avis. Sur photos, c’est chaud car ça peut être filtré ou pris de travers. Il m’est arrivé quelque fois de m’étrangler en recevant des photos des exemplaires de pré-prod, de les trouver catastrophiques alors que les photos en question étaient tout simplement foirées ^^
Avec l’habitude, ça se “ressent” mais il suffit d’aller voir les previews des visuels sur le net (pas des photos) pour comparer et se rendre compte que ça peut coincer quelque part.

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Oui, communier c’est vraiment le terme. Faire acte de profession de foi (encore un terme religieux décidemment). Montrer, se prouver qu’on est un vrai passionné, je comprend cette démarche et je ne veux pas la dénigrer. Et si j’avais un peu plus de temps, d’argent et si j’habitais un peu plus près de l’Allemagne, j’irais probablement aussi (juste pour voir et acheter comme les autres …)

Oui, communier c’est vraiment le terme. Faire acte de profession de foi (encore un terme religieux décidemment). Montrer, se prouver qu’on est un vrai passionné, je comprend cette démarche et je ne veux pas la dénigrer. Et si j’avais un peu plus de temps, d’argent et si j’habitais un peu plus près de l’Allemagne, j’irais probablement aussi (juste pour voir et acheter comme les autres …)

pour mon malheur, j’ai toujours constaté et parfois signalé le fait quand j’avais le matos de jeu déballé sur ma table …
mais certains éditeurs savent mieux que vous parce qu’ils sont éditeurs voyons !! ils maitrisent pas la chaine d’impression graphique et se situent à 10.000 km du lieu de fabrication mais ils vous retorquent qu’ils maitrisent tous les outils et que vous allez pas leur apprendre leur metier … sauf que leur metier, c’est pas d’être imprimeur …

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Je suis content que vous insistiez sur certaines étapes essentielles du travail d’édition… Pour ma part, je regrette que certains éditeurs produisent des jeux irréprochables quant à la forme (qualité de l’impression, choix des couleurs, etc.), mais dont le contenu (le fond) laisse à désirer… Il suffit de se rappeler, exemple récent, les erreurs sur le plateau de l’édition anniversaire de Pandémie, par exemple, mais les exemples ne manquent pas d’erreurs sur les cartes, de règles mal formulées (ou mal traduites), qui se contredisent, etc. Et les éditeurs de devoir produire des packs correctifs (Spirit Island), des PDF de règles actualisées… Quant aux joueurs, ils s’arrachent les cheveux ou doivent se débrouiller en fouillant les forums à la recherche de réponses…

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Merci pour votre retour sur votre expérience du festival d’Essen 2019 !

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Merci pour tes prises de reculs, toujours instructives et agréables à lire. :slight_smile: :slight_smile: