La souscription de l'auto-financement

Un nouveau forum sur Tric Trac

La souscription de l'auto-financement

Le monde change. Certainement. Inexorablement. Et l’un de ces changements touche depuis peu le monde merveilleux du ludique. Le Crowdfunding. Sous ce nom barbare se cache un concept assez intéressant ; à la base.

Avant, quand le monde était vieux, lorsque vous aviez une idée, il fallait aller convaincre les banquiers pour avoir de l’argent afin de lancer votre production. Des fois elles prêtaient, des fois elles ne prêtaient pas. Et des fois elles vous prenaient votre maison, votre voiture et l’argenterie de la Tante Zoé. Oui. Les banques c’est moche. Laids. Et c’est surtout has been ! Je t’en foutrais du triple A dans la gueule moi Kom’rad !

Une fois lancé, tout n’était pas joué. Il fallait ensuite trouver son public. Le convaincre. Le séduire. Qu’est ce que c’était difficile, pénible, le vieux monde d’avant.

Maintenant, le monde est jeune. Ouaich cousin. Il n’a plus de frontières grâce à l’internet. On a tous des amis merveilleux sur Facebook qui nous Poke par ci et nous Like par là. Deux point zéro qu’il est le monde. Du coup, quand on a une idée, on peut faire appel directement aux gens qui peuplent la terre (et qui ont l’ADSL) pour financer son projet. On va sur un site de Crowfunding, on décrit avec moult détails ce que l’on veut faire et on propose aux futurs clients de participer à l’aventure en donnant de l’argent directement. Oui. Ha ha ha, la tronche du banquier. Dans sa gueule les 6,4% d’intérêt. Et en plus je garde l’argenterie de tata Zoé.

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Ce merveilleux monde de l’autofinancement avec l’argent des autres est une belle idée. Dans le secteur qui nous intéresse ici, sur Tric Trac, il permet à des projets très « core » de voir le jour. En limitant les risques. Forcément. Vous évaluez le nombre d’exemplaires que vous voulez tirer, vous voyez si la sauce prend et avec un peu de chance vous voilà avec un tirage à la Corneille. Nous partîmes pour cinq cents; mais par un prompt renfort, nous en fîmes trois mille…

Le procédé plait tellement –quelle joie que de se sentir utile en participant à de la création- que l’on se retrouve avec de plus en plus de projets, sur de plus en plus de plateformes. Tellement que, chez nos amis de l’étranger, des éditeurs avec pignons sur la rue, de ceux qui étaient en place à l’époque du vieux monde, font appel à ces plateformes pour financer leurs propres productions. Oui. Une espèce de genre d’appel à souscription de précommande, mais avant que le produit existe. Dingue.

Pour le joueur, c’est que du bonheur. Il peut participer à la hauteur qui lui convient. Être sûr d’avoir sa boîte, d’avoir des bonus s’il a misé un peu plus que le prix minimum, d’avoir le plaisir de vraiment participer à la concrétisation d’un projet. Beau. Sensation d’être utile. Oui. Ou la promesse, pour certains de s'enrichir. Un peu.

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Bien sûr, tout cela n’est pas sans poser quelques problèmes. Si pour le moment tout est merveilleux, que l’on voit des projets partir sur des besoins de 20 000$ et se retrouver financés à 900 000$, on risque d’être bientôt submergé avec la panoplie de surprise qui va avec. Si en musique, par exemple, il peut y avoir un léger décalage entre la démo et la version studio, pour un jeu ce décalage pourrait surprendre…

Le souci, pour le joueur, c’est la surabondance de choix et de ne plus savoir où miser. Pour les projets, c’est d’être noyé au milieu de centaines d’autres… Et là, c’est le drame. Une fois qu’un joueur aura financé 5 projets dans l’année, est-ce qu’il aura les moyens d’en financer d’autres ? Comment vont réagir les éditeurs traditionnels ? Est-ce que dès les premières déceptions (matériel de piètre qualité par exemple) les internautes ne vont pas devenir frileux ?

Mais le plus gros souci, en tout cas pour nous qui suivons l’actualité, c’est le risque de surabondance d’infos à diffuser. Que faire ? On ne peut parler de tous les projets, parce que nous ne savons pas si le jeu sera édité ou non. Au final. Bien sûr, la plupart des projets actuellement en financement vont arriver à boucler leur 100%. Bien sûr que pour certains projets, vu qui le porte, vu le jeu, on sait qu’il va se retrouver sur les étals. Pour le moment, nous avons choisi d’annoncer en "Une" de Tric Trac que les jeux qui sont financés à 100% minimum, ceux qui sont sûrs d’arriver sur les étals.

Mais nous avons trouvé une solution pour que vous soyez au courant. Oui. Grâce au forum. Nous avons ouvert une section « De les projets participatifs ». Section dans laquelle seront créés des sujets de discussion, ouverts par ceux qui le souhaitent, pour suivre tel ou tel projet sur telle ou telle plateforme. Simple. Efficace.

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Vous y trouverez actuellement un certain nombre de projets en cours, comme l’édition en français de « Alien Frontière : Aurora », « Empathy », « Dungeon World », « Tooth & Nail : Faction » et « Pur Week-End 2 ». Des projets plus ou moins avancés. Plus ou moins financés…

Bien. Pas bien. Bon. Pas bon. L'avenir nous le dira et chacun vera midi à sa porte...

Pour aller voir sur le forum les projets en cours, c'est par là !

Simple, clair et efficace. Bravo M. Phal !

Bon article. On en est aux débuts de cette façon de faire. Elle permet à des projets un peu décalés de voir le jour. Je ne vois pas pourquoi le financement de projets de cette façon ne marcherait pas. Après bien sur, plus il y en aura, plus il faudra faire le tri. Y'a du bon et du moins bon, mais au final, un peu comme dans l'édition traditionnel. Personnelllement j'ai craqué deux fois (Massilia et Tahiti), mais ce n'est pas pour ça que je financerai n'importe quoi, juste comme ça... À la limite c'est même plus restrictif, on pèse le pour et le contre avant de participer à l'aventure, alors que des fois on craque devant une boite en magasin dont on aurait pu se passer...

Très intéressant !

Novice en la matière, j'ai tout de même une ou deux questions..

Si je comprends bien, l'objectif est de s'auto-éditer. C'est donc au créateur de gérer la somme obtenue pour assurer la production et la distribution ?

Si les sommes investies dépassent largement l'objectif de départ alors que l'auteur a bouclé son projet définitivement, où va le surplus ? ce sont déjà des bénéfices ?

J'espère ne pas prêter à sourire avec ce genre de questions tâtonnantes... :p

Non pas du tout!

En fait, dans la plupart des cas, tu "participes" finaciérement à la hauteur qui te convient.

Plus tu "investis", plus tu auras de "bonus"!

Pour Alien Frontiers Aurora, par exemple, tu peux donner une somme sans contrepartie, ou prendre la boite de jeu classique. Mais tu peux aussi mettre plus et avoir de matériel (plus de choix de couleurs de pions) ou carrément des figurines à la place de pions classiques.

Et si le financement n'arrive pas à son total de 100% à son terme, tu récupéres tes sous! Sinon, tu reçois ce que tu as "commandé" une fois que la production est terminée.

Généralement il faut compter 3 mois entre la fin d'un financement et la reception de la boite chez toi.

Voili, voilou!

Au-delà du problème du banquier, il y a aussi celui de l'éditeur. Vous savez celui qui parfois étrangle la créativité des auteurs, qui les poussent à dénaturer leurs créations... mais qui surtout prennent la majeure partie des risques, s'assurent que le projet sera mener à bien, en temps et en heure et qui est capable de différencier les gens fiables des rigolos qui ne sortiront jamais rien, les bons projets des mauvais projets, bref.

Je n'ai rien contre le crowdfunding, et j'ai participé à plusieurs projets sur des sommes allant jusqu'à 60€, mais uniquement sur des projets ou le produit est quasiment prêt à tirer / télécharger / etc. En revanche, et c'est inévitable, ce modèle finira forcément par engendrer des projets à 600,000€ qui n'aboutiront jamais, parce que l'équipe a mal géré ses sous, le projet était trop ambitieux, des problèmes légaux apparaissent en court de route, voire l'initiateur du projet est carrément malhonnête.

Donc voilà, le crowdfunding, c'est super pour des petits/moyens projets, particulièrement les projets de niche qui ne trouveront pas d'éditeur ou d'investisseurs classiques. Mais quand je vois des projets qui demandent ou atteignent des sommes dépassant les centaines de milliers d'euros, ça me donne un peu le tournis.

Je toruve cet article très bon M. Phal, même si je suis un fervent participant de Kickstarter. Par contre, très peu pour les jeux de plateaux ou de société, pour la simple et bonne raison que les frais de port pour "de par de chez moi", c'est carrément exagéré. Je suis plutôt "backer" pour des projets ciné documentaire ou musique.

Bon, je dois avouer qu'il y a quand même une petite version nouvelle de Tsuro qui me tente bien...

Il y a certains projets dont les sommes ramassées frôlent le délire : D-Day Dice, ou le projet de Steve Jackson, par exemple. Et puis, les dix mille variations sur les jeux de zombies, qui font frissonner les Ricains. Mode passagère ? Je me le demande.

Et quand vous titrez "fiancement"... doit-on en conclure que vous prévoyez de vous fiancer ou que vous abordez le sujet avec défiance ??

;o)

Merci pour ce bon "résumé" d'actualité.

Pour ma part, j'ai toujours aimé le principe de la souscription qui trouve ici des outils parfaits sur le Net. Ce qui m'agace c'est la langue de bois de certains parlant de collaboration là où je ne vois que des demandes de financement ou encore qui jouent sur le côté fan des passionnés en récompensant les meilleurs versements par une surenchère de bonus comme si le projet en lui-même ne se suffisait pas.

Au moins, on sait enfin le prix du sourire de la crémière finalement.

Autre sujet, on voit désormais non pas des projets persos ou alternatifs fleurir dans ce cadre mais aussi des professionnels. Ainsi l'appel de fond de "Zombicide" est fait par un éditeur pour améliorer la quantité de tirage du jeu (réduisant ainsi le risque et les coûts de fabrication). Le risque dans ce cas est de voir des projets de pros dissimulés en projets persos afin de faire des coups. Les projets persos étant tirés souvent à de faibles tirages arrivent avec les frais à des prix plus élevés que des jeux passant par un circuit commercial. Voilà de quoi vendre des jeux un peu plus chers quand on a déjà les moyens et les circuits de productions si l'on est un peu malhonnête. Cela ne concernerait bien sûr que de vilains petits éditeurs, le gains restant infime plus de plus grosses entreprises.

J'ai changé ma façon de faire mes achats ludiques, ne m'aventurant quasiment plus à acheter des jeux à peine sortis... Je préfère attendre quelques mois pour vérifier que le jeu qui m'a tapé dans l'oeil est encore d'actualité une fois l'effet buzz passé.

Cette nouvelle façon de consommer n'est donc pas pour moi.

"Autre sujet, on voit désormais non pas des projets persos ou alternatifs fleurir dans ce cadre mais aussi des professionnels. Ainsi l'appel de fond de "Zombicide" est fait par un éditeur pour améliorer la quantité de tirage du jeu (réduisant ainsi le risque et les coûts de fabrication)."

Qui ont d'ailleurs tendance à mettre dans l'ombre les projets moins bien finalisés des amateurs. C'est sûrement ce qui perdra ce type de plateformes à termes. Par contre, je suppose que Kickstarter et consorts sont plutôt contents de voir leur marge grossir à mesure que des noms connus font appel à eux.

"Oui. Ha ha ha, la tronche du banquier. Dans sa gueule les 6,4% d’intérêt."

Oui enfin... rappelons que Kickstarter prend 5% de la somme et Ulule 8%. Du coup, il faut gonfler son objectif d'autant pour réunir la somme exacte voulue... ce ne sont pas des intérêts, mais c'est tout comme ! Obligés d'emprunter plus pour en utiliser moins. ;)

(personnellement je trouve que 8% c'est très exagéré...)