Kingdom of Fools, mais qu'à trois !

Kingdom of Fools, mais qu'à trois !

Prix de l’année du meilleur titre, ou bien ?

One Draw, quoi dont qu’est-ce ?

One Draw, vous n’en avez sans doute pas vraiment entendu parlé. Peut-être avez-vous pu m’entendre cependant prononcer le nom de Hayato Kisaragi, compère de Seiji Kanai sur Lost Legacy 1 et Lost Legacy 2 ? Il sera présent au Game Market d’Osaka, comme beaucoup d’autres auteurs de jeux, mais il aura dans ses poches une réédition et une nouveauté.

Commençons par la nouveauté : Kingdom of Fools. Les règles sont déjà en ligne sur le blog de l’auteur, les choses seront donc plus faciles… même si ces temps-ci, mon courage de traducteur est en train de filer sur le côté vacances de la vie.

プレイ人数:3人 プレイ時間:20~30分 対象年齢:10歳以上 ゲームデザイン…木皿儀 隼一 イラスト・グラフィック:長谷川 登鯉 内容物:カード×24枚、ルールマニュアル1部、メモ1部 価格:800円(予価)

Kingdom of Fouls est un jeu qui se joue… à 3 joueurs, pas un de moins, pas un de plus. Ça risque de rendre un peu compliqué l’investissement d’un éditeur étranger.

Les parties durent entre 20 et 30 minutes et le jeu se joue à partir de 10 ans. Imaginé par Hayato Kisaragi (木皿儀 隼ー)et illustré par Nagatanigawa Takamasa (長谷川 登鯉), la boîte plastique qui renfermera le jeu (information donnée sur Twitter, le jeu n’aura pas de boîtage et ne sera pas vendu en dehors du Game Market avant une éventuelle réédition plus aboutie) contiendra 24 cartes, deux pages recto verso pour la règle et une fiche de score, pour la modique somme de 800 yens (5-6 euros). Comme souvent dans les jeux japonais, les joueurs se retrouveront propulsés dans un temps et un royaume indéfinis, où ils se livreront une lutte de pouvoir afin d’atteindre la victoire.

このゲームでは3人用ですが、王様1人・家来2人という役割りに分けられます。 これはゲーム開始から終了まで変わらぬ関係性で、 それぞれが異なる行動をすることになります。 王様は家来を“あやつる”ようにプレイし、家来は王様の思惑の裏をかく。 立ち位置によってプレイ感覚の異なる、何度も楽しめるゲームです。

Comme je l’ai dit précédemment, le jeu se joue à 3 joueurs. Un joueur incarnera le Roi et deux autres les Vassaux du Roi. Les rôles seront conservés par les mêmes joueurs jusqu’à la fin de la partie. Chaque rôle imposera donc aux joueurs de jouer ses actions selon une perspective assez distincte, puisque les rôles donneront des opportunités particulières et pousseront les joueurs à faire des choix uniques. Le Roi fera usage de ses Vassaux comme un marionnettiste de ses créatures de bois et ces derniers devront donc essayer de deviner, et de contrecarrer, les intentions de leur souverain.

Comment ça marche ?

Au début du jeu, les joueurs choisissent de façon arbitraire qui incarnera quel personnage. Il est préférable, cependant, que le Roi soit incarné par un joueur habitué au jeu. Chacun se verra ensuite attribuer une carte bâtiment de départ : Le Trône, pour le Roi, et le Réfectoire ou le Magasin d’Alcool pour les Vassaux.

On mélange ensuite le reste des cartes bâtiment en les déclinant en trois piles, selon la couleur qu’elles possèdent (bleue, jaunes et rouges), avant de les poser face découverte au centre de la table. Les 3 cartes qui composent la pile bleue sont cependant empilées dans un ordre prédéfini : la “Statue”, la “Salle au Trésor” et l’“Arc de Triomphe”, la première étant sur le haut de la pile. Une fois que les piles de cartes jaunes et rouges ont été créées, on en retire une sur le dessus que l’on place devant la pile. Il y a donc deux cartes jaunes, deux cartes rouges et une carte bleue découverte au centre de la table.

Pour terminer la mise en place du jeu, les joueurs auront comme tâche préparatoire ultime de… s’armer de crayons et de feuillets, ou de jetons de plusieurs couleurs (des cubes !) pour représenter les ressources qu’ils accumuleront tout au long de la partie. C’est ça aussi, le minimalisme, héhé. Les différentes phases du jeu fonctionnent comme suit :

①王様が使う職業カードを、各プレイヤーに1枚ずつ、中央に1枚を選んで伏せる。 ②家来はカードを確認し、1人ずつどこか(王、もう一人の家来、中央)と入れ替える。入れ替える順番は王様が指定する。 ③手に入れた職業カードを番号の順に公開して行動を行う。カードの効果などで資材などを得て、それを利用して建物を獲得できる。 ●上記を繰り返して、ゲーム終了時に最もVP(勝利点)を持っていた人が勝者となります。

Phases de jeu

La première phase du jeu consiste à la distribution des cartes Métier en face de soi. Sur les 24 cartes présentes dans la boîte, 18 sont des cartes Bâtiment, 6 sont des cartes Métier. C’est donc la charnière mécanique de ce jeu minimaliste, matériellement parlant. Le Roi va prendre 4 cartes Métier de façon aléatoire dans la pile présente au centre de la table (deux cartes seront donc absentes de la manche. Les cartes ainsi retirées du jeu seront posées sur le côté, une face découverte et une face cachée). Le souverain va ensuite poser une carte Métier face cachée devant chaque joueur et une au centre de la table. Les Vassaux, uniquement lors de cette phase du jeu, pourront s’ils le souhaitent vérifier quelle carte leur a été attribuée. Seul le Roi pourra éventuellement regarder la carte qu’il a posée au centre de la table.

Une fois cette phase terminée, les joueurs ne pourront plus vérifier les cartes. Il est donc nécessaire de prendre une décision à ce moment précis de la partie. Cette décision intervient dans la phase suivante du jeu pendant laquelle les joueurs pourront décider soit de se satisfaire de la carte qui leur a été distribuée, soit l’échanger avec une autre carte présente sur la table. Il s’agit évidemment d’une prise de risque puisque les Vassaux, contrairement au Roi, ne connaissent que la carte posée devant eux et aucune autre. Là où le pouvoir du Roi devient digne de son rang, c’est que celui-ci pourra à tout moment vérifier les cartes de ses Vassaux. Un droit de cuissage ludique, en gros.

Dans la troisième phase du tour, les joueurs vont suivre les indications du Roi pour connaître à quel moment révéler leur carte Métier et en appliquer l’effet. Le Roi annonce donc un nombre, toujours en partant de 1… Quand le nombre énoncé correspond à celui sur la carte d’un Vassal, celui-ci se déclare et montre sa carte Métier à tous. A cet instant, le joueur doit réaliser deux actions dans l’ordre suivant : 1) appliquer l’effet de la carte Métier, (je reviendrai en fin d’article sur les effets produits par ces cartes) 2) acheter une carte Bâtiment au marché. Quelques explications sur les cartes Bâtiment :

  • Si vous jetez un œil à l’illustration présentant le marché, vous remarquerez que les cartes sont de trois couleurs différentes : bleues à gauche, jaune au milieu et rouge à droite. Ces bâtiments sont classés dans trois catégories distinctes indiquant leur rang de prestige : les cartes jaunes sont des bâtiments mineurs, les cartes rouges représentent les bâtiments supérieurs en prestige et les trois dernières cartes, bleues, sont des bâtiments de la plus haute distinction (explicités sous le terme “médaille d’honneur” en japonais).
  • Lors de l’action “achat” de la troisième phase, vous pouvez acheter n’importe quelle carte visible au marché. Vous ne pouvez cependant n’en acheter qu’une.
  • Lorsque vous achetez une carte bâtiment, vous réduisez vos ressources selon son coût et la posez devant vous.
  • Vous ne pouvez avoir que 3 cartes bâtiment différentes devant vous. Si vous acquérez une quatrième carte, vous devez la poser sur une pile déjà existante. A la fin de la partie, les cartes ainsi couvertes comptent malgré tout dans le calcul du score final !

Maintenant que la troisième phase est terminée, si les conditions de fin de partie ne sont pas encore réunies, on mélange de nouveau toutes les cartes Métier et on commence une nouvelle manche. La partie s’arrête lorsque deux piles de cartes parmi les trois disponibles sont épuisées. On compte alors les points de victoire de chaque joueur et celui qui en a le plus remporte la partie. En cas d’égalité, la royauté n’étant pas particulièrement clémente, c’est le Roi qui l’emporte. Si les deux Vassaux sont à égalité, tous deux remportent la partie.

Effets de cartes !

Laissez-moi d’abord vous présenter les deux types de cartes.

Les cartes Métier

  1. Le nom de la carte
  2. L’effet de carte : chaque carte a un effet particulier. L’effet est appliqué pendant la phase de résolution, lorsque les joueurs vont découvrir aux autres quelle carte leur a été attribuée par le Roi, ou après un éventuel échange à moitié hasardeux. Ici, l’effet est de gagner 1 Troupe (ressource utilisable pour ensuite effectuer des achats ou les échanger contre des points de victoire, par exemple).
  3. Ce nombre indique l’ordre de priorité de la carte lors de la phase de révélation et de résolution. Cet ordre de priorité commence par le 1.

Les cartes Bâtiment

  1. Le nom du bâtiment.
  2. L’effet de carte : les effets uniques de la carte. Ici, les deux symboles présentent à quel moment l’effet de carte s’applique. Le premier effet s’applique lorsque la carte Bâtiment est employée avec la carte Métier numérotée 6 (la Statue). Le joueur gagne alors 1 point de victoire. Le deuxième symbole explique que cet effet est continu (tant que la carte est encore visible, bien sûr). Le joueur peut, s’il le souhaite, échanger 1 Or ou 1 Troupe (ou Armée, question d’échelle) contre 1 point de victoire.
  3. Le coût : ce nombre indique les ressources nécessaires pour acquérir cette carte (ici, 3 Or).
  4. Points de Victoire : ce nombre indique les points de victoire que cette carte vous apportera à la fin de la partie (ici, 2 PV).

Fais-moi rêver, parle-moi des métiers !

C’est demandé si gentiment… Je ne peux guère vous en dire plus sur les cartes Bâtiment puisque celles-ci ne sont pas présentées dans le livret de règles actuel. Les cartes Métier par contre sont bien présentées. En voici un récapitulatif complet. A noter que la traduction française que j’en donne sera susceptible de changer lorsque le traducteur officiel prendra en charge ce travail de choix de “mots”.

  • 死神 le Dieu de la Mort : Si un Vassal a cette carte, il peut deviner la carte Métier actuellement possédée par le Roi. Il annonce un nom de carte et même si sa réponse est juste, le Roi ne réagit pas. Par contre, le Roi devra garder le silence lorsque le nombre de sa carte sera énoncé et concéder un tour sans rien faire.
  • 小魔法 Le Petit Sorcier : Un Vassal essaie de deviner la carte possédée par le Roi. Si sa réponse est juste, il pourra appliquer l’effet de cette carte et empêcher le Roi de jouer son tour normalement.
  • 鍛冶屋 Le Forgeron : Vous recevez 1 cube “Armée”/“Troupe”.
  • 錬金術師 L’Alchimiste : Vous recevez 1 cube “Or”.
  • 将軍 Le Général : Vous comparez votre puissance militaire avec vos voisins. Vous gagnez 1 point de victoire par joueur vaincu.
  • La Statue : Vous recevez 1 point de victoire.

En guise conclusion

Le nouveau jeu de Hayato Kisaragi semble encore avoir l’empreinte de ses précédentes créations ludiques, orientées Seiji Kanai. Une mécanique très simple, à base de cartes et quelques cubes. Du mind game, du bluff, de l’élimination directe (perte d’un tour pour le Roi)…

Deux cartes Métier parmi les 6 se ressemblent beaucoup (les cartes 1 et 2), et le couperet peut paraître violent pour celui qui incarne le Roi. J’imagine que le jeu peut s’avérer très frustrant pour celui qui incarne ce personnage s’il perd plusieurs tours de suite.

Après avoir testé le jeu lors du Game Market d’Osaka, mes premières impressions sont plutôt positives. Je n’ai pas incarné le Roi, mais ce rôle est autrement plus délicat et peut amener le joueur qui l’incarne à éprouver une grande frustration. Juste à imaginer plusieurs tours de suite pendant lesquels ses Vassaux devinent la carte Métier qu’il garde pour lui-même, l’empêchant ainsi de participer activement au jeu, voilà un mécanisme qui, s’il advient lors de la première partie, pourra laisser un goût amer. L’astuce, indiquée dans la règle, qui consiste à demander à un joueur expérimenté d’incarner le Roi est une évidence même après la première partie. Les regards se croisent, dubitatifs, vindicatifs souvent, souriants parfois, normalement inquisiteurs… les Vassaux jouent ensemble sans pouvoir communiquer afin de mettre des bâtons dans les roues du Roi. Au final, chacun essaie de prendre l’ascendant sur ses deux opposants, mais si les Vassaux se liguent, version histoire sans parole, contre le Roi, celui-ci aura bien du mal à faire valoir ses droits de souverain.

Il y a une tension continue pendant la partie qui est réjouissante. Malheureusement, un jeu limité à 3 joueurs est selon moi une erreur de jugement créatif. Hayato Kisaragi aurait dû attendre un peu plus longtemps avant de sortir son jeu et le peaufiner pour qu’il soit jouable à 4 joueurs… C’est une remarque qui n’a de sens que commerciale, mais il me semble que les auteurs japonais ont parfois tendance à nier l’intérêt que représente une ouverture vers un public élargi, se satisfaisant d’installation ludique orientée vers un nombre de joueurs forcément très limitatif. Entre les jeux créés pour 6 joueurs et plus, Loups-Garous de Thiercelieux-like, et ceux créés pour 3 joueurs, ou 5 et seulement 5 !!, on se retrouve avec des auteurs qui créent des pépites à fort potentiel mais se tire une balle dans le pied, la plupart des éditeurs risquant de faire montre de frilosité quant au potentiel réel de jeux aussi restrictifs.

Parlons composants… je trouve l’impression des cartes trop sombre, rendant les couleurs très marquées de noir… Les cartes telles que présentées dans la règle sont plus claires et lumineuses. Aussi, la qualité des cartes est, c’est souvent le cas au Japon, problématique. Leur format est aussi étonnant pour un jeu qui nécessite des protège-cartes. Pour conclure sur les questions matérielles, je crains que les cartes ne s’abîment très vite, malgré un relativement beau rendu mat, et l’absence de cubes ou de marqueurs pour mesurer les ressources en Or ou en Armée est finalement dommageable pour ceux qui ne sont pas adeptes du DIY.

Le principe de faire produire les jeux au Japon est une très bonne idée, que je salue d’ailleurs vivement. Seulement, quand la qualité proposée est largement inférieure aux souvent trop dénigrées entreprises chinoises, le principe perd de son intérêt… Je n’arrive pas à croire que des auteurs de jeux aussi expérimentés que Hayato Kisaragi puissent encore faire appel à des imprimeurs si peu efficaces.

Izobretenik

2 « J'aime »

Bel article (j'étais à deux doigts de dire "comme d'habitude).

Pour les mauvais imprimeurs, les japonais n'ont pas le monopole de "l'erreur", quand on voit la différence de graphisme entre la boite de "nations" et ses cartes (ou est ce un hommage a St petersburg?), ou la mauvaise qualité des cartes de "Makabana 013", on peut se demander comment des éditeurs de jeux aussi expérimentés puissent encore faire appel à des X X si peu efficaces.

au plaisir de vous lire

Hop ! Hop ! Hop ! J'en profite pour rappeler que tous le monde peut indiquer sa configuration de nombre de joueur optimale sur toutes les fiches de jeux.

Hop ! Hop ! Hop ! J'en profite pour rappeler que tous le monde peut indiquer sa configuration de nombre de joueur optimale sur toutes les fiches de jeux.

@Christd : Je vous conseille de vérifier votre intégrité physique au plus vite. Il semblerait que l'un de vos invités vous ait dérobé 0,04 partie de votre corps. Espérons qu'il ait bien choisi son larcin.

1 « J'aime »

Ce que je disais justement aux auteurs de Three Kingdoms Redux : nombre d'éditeurs nous font croire que leurs jeux se jouent de A à Z joueurs alors que dans les faits, ils sont totalement injouables ou extrêmement débalancés à moins d'être exactement X joueur(s). Nul besoin d'en nommer, ils sont légions. Vous faites un jeu pour 3 et vous n'essayez pas d'inventer un sous-mécanisme mercantile bidon plaqué à saveur de noix de coco juste pour écrire sur la boîte "2-4 joueurs" ? Je vous salue bien bas.