[Kanagawa]
Vous êtes peut-être déjà tombé sous le charme de ce jeu en regardant les deux TTTVs qui s'y rapportent, en présence des deux auteurs ; ou alors vous y avez peut-être même déjà joué puisque le jeu est maintenant disponible... ou pas ? Et à ceux-là, voici le moment de se poser, tel le célèbre scribe accroupi, même si ici, nous partons plutôt du côté de la grande baie de Tokyo.
Laissez-vous guider aussi bien par la voix assuré du maitre Hokusai que par sa voie enseignée, et sous vos mains (et vos neurones, également, vous le verrez) naîtra ce qui pourrait être l'oeuvre de votre vie ! Bienvenue à :
Le duo d'Abyss se remet à la planche à dessin pour nous livrer ce jeu à quatre mains, démarré sous l'impulsion de Charles Chevallier qui, ensemble avec Bruno Cathala, travailleront plus d'une année à approfondir le jeu afin d'en justifier tous les éléments constitutifs. Vous voici donc, oscillant entre les enseignements du maître et l'établissement de votre propre estampe, précipités dans une ambiance toute particulière qui, en plus de la mécanique de jeu, donne une "saveur ludique" propre au jeu. Permettez que nous en brossions un portrait rapide !
À vos palettes !
Sur le très attrayant plateau-Ecole en bambou, participant indéniablement comme les pinceaux à l'établissement de cette ambiance dont nous parlions, vont venir s'installer des cartes Enseignements, faces visibles ou cachées. Ces cartes, en plus du dos de cartes qui indiquent ce qu'il est susceptible d'avoir de l'autre côté, sont séparées en deux parties distinctes pour deux utilisations différentes en deux endroits différents à la suite de votre tuile de départ :
- La partie Estampe viendra agrandir votre oeuvre. Elle comporte paysage (icone et arrière plan), élément(s) (arbres, animaux, personnages, bâtiments), saison (à mettre en série pour maximiser les points de victoire) et PV(s) secs éventuels.
- La partie Atelier vous octroiera de nouvelles compétences en peinture de paysages ; de nouveaux pinceaux ; l'attention du maître pour devenir le premier joueur voir une aisance et une assurance de peintre, virevoltant de paysage en paysage dans le même tour.
L'organisation d'un tour est assez simple. Il se fait en trois étapes jusqu'à ce que une des deux conditions de fin de partie apparaissent (fin de la pioche des cartes Enseignement ou 11 cartes dans l'Estampe d'au moins un joueur).
Le premier joueur pioche et place une carte dans autant de colonnes que de joueurs encore à l'École.
Ensuite, en commençant par le premier joueur, chacun choisira à son tour s'il continue ses études, restant ainsi à l'école, ou s'il choisit une colonne et se saisit de toutes les cartes la constituant. Chacune de ses cartes devra être placée soit dans son atelier soit pour continuer son estampe. Dans ce dernier cas, il doit bien sûr satisfaire les pré-requis : Vous devez placer ou déplacer vos pinceaux afin qu'ils s'associent avec les icônes Paysage des cartes. Au maximum, il ne pourra y avoir que 3 cartes au maximum par colonne. Et récupérer plein de cartes vaut certainement moins que récupérer les bonnes. À vous donc de choisir quelle(s) carte(s) prendre et quand se décider à les prendre, sans oublier de regarder quelle(s) carte(s) vous laissez à vos adversaires et néanmoins respectés apprentis.
C'est aussi à ce moment que se vérifie l'acquisition des diplômes, rémunérateur en points de victoires. Seulement, pas de redoublement ici mais des choix : Soit je valide celui auquel j'ai droit, soit j'y renonce définitivement pour prendre celui du niveau supérieur... en espérant ne pas se faire griller la politesse par les copains.
Enfin, le détenteur du pion assistant devient le nouveau premier joueur, et hop, retour à esquisse !
Une toile de Maîtres !
Le déploiement matériel (plateau-bambou et petit pot à pinceau) et artistique (les illustrations de Jade Mosch magnifiques et complètement dans le ton) plonge de suite les joueurs dans une ambiance propice au jeu et à son thème. Les décisions qui vont émaillés votre partie et les réflexions proposées par les mécanismes du jeu s'en trouvent de fait agrémentées, comme plus légères.
Le rythme des parties comme leurs durées est en adéquation avec le niveau de réflexion demandé par la pratique du jeu. C'est en même temps "suffisamment profond" pour y jouer en mode "joueur qui optimise" et "suffisamment léger" pour y prendre du plaisir en jouant plus en dilettante. Vous devrez choisir régulièrement, sur les diplômes à valoriser de suite ou à risquer pour plus de gain, comme sur le fait de prendre ou d'attendre de bonifier l'offre au risque de se retrouver avec un lot de moindre valeur pour soi. Enfin, votre estampe personnelle, belle quelque soit votre score final, laisse un plaisir et un goût d'achèvement en fin de partie, même si vous n'avez pas gagné (en tout cas, pour la tranche de joueurs qui prend davantage de plaisir à jouer qu'à seulement gagner).
Un très bon jeu donc que ce Kanagawa, fort bien développé par les auteurs et par Iello pour un coup de coeur assumé !
どうもありがとうございました
► L'article de Ludovic Papaïs sur la recherche du titre (avec du Kanagawa dedans)
► L'article de Bruno Cathala sur l'influence de l'Hanafuda (avec du Kanagawa dedans)
► L'article de Charles Chevallier sur l'influence créative (avec du Kanagawa dedans)
► La Tric Trac TV qui explique comment jouer (avec du Kanagawa dedans)