Downforce : scène A à mille tonnes ! Très Pros(t) !

[Formel 1 - Nürburgring][Top Race]

1974… Mille… neuf cent… soixante-quatorze… le jeu dont nous allons parler aujourd’hui a donc une histoire qui approche les 50 ans ! Et lorsque vous saurez que c’est alors le premier jeu édité de l’auteur, qui, excusez du peu, fait en plus partie du cercle fermé des quintuples primés au Spiel des Jahres, j’ai nommé Wolfgang Kramer, je ne sais pas vous, mais moi, c’est automatiquement un arrêt au stand pour voir ce qu’il en est.

Toute une époque, visuellement...

Allez, fais vrombir les ch'vaux d'ta machine à remonter le temps !

En 1974, le jeu s'appelle Tempo et déjà les bases sont posées : jeu de paris augmenté d'un jeu de course se gérant avec une main de cartes pour chaque joueur et où il faut finir en étant le plus riche. Chaque carte permet de faire avancer un ou plusieurs concurrents, ceux que l'on souhaite voir gagner, bien sûr, mais également ceux sur lesquels nous n'avons pas parier. En 1980, le jeu revient et change de nom pour prendre celui d'un champion de l'époque : Niki Lauda's Formel 1 suivi en 1985 de Formel 1 Nürburgring, avec les mêmes règles et un autre circuit.

Formel 1 - Nürburgring

En 1990, Daytona 500 permet de rendre compte d'une réalité de course différente de celle des formules 1. C'est ainsi qu'une règle pointe le bout de son nez pour la piste extérieure dans les célèbres virages : les bolides ne peuvent s'y arrêter et y rouler coûte le double de points de mouvement. Cette version édité par Milton Bradley vaut au jeu une belle reconnaissance outre-atlantique... et sa thématique n'y est peut-être pas pour rien.

Top Race

En 1996 sort Détroit-Cleveland Grand Prix, avec deux circuits dans la boite et les cartes "Switch" (oui, non, rien à voir avec la console de jeux) qui, jusqu'au prochain tour du joueur qui l'a jouée permet d'échanger les couleurs entre deux voitures : Ainsi, je peux décider que les cartes incluant un mouvement pour rouge feront à la place avancer la voiture bleue... et vice-versa, bien sûr ! Mais c'est surtout cette même année que sort Top Race ! En pointant le bout de son aileron, ce jeu entre directement dans la liste des jeux recommandés lors du Spiel des Jahres (d'un autre côté, c'est aussi l'année où Wolfgang Kramer emporte le prestigieux prix avec El Grande). C'est aussi le jeu le plus décliné dans d'autres langues, dont le français, de la gamme avec pas moins de 8 versions, ce qui, pour l'époque, n'est pas rien (même si ces versions différentes versions s'étalent de 1996 à 2011).

Arrive alors 2017, puis 2018 (là, maintenant) pour la version française grâce au travail de chez Iello, une nouvelle édition qui devrait marquer un second tournant dans l'histoire de ce jeu. Les mécanismes ont été polies et façonnées par des millions de parties et le plus dur finalement pourrait bien avoir été de choisir quels éléments des différentes règles gardés ou non. Downforce en a sous l'accélérateur et risque bien de faire vrombir de plaisir une multitude de nouveaux joueurs avec une carrosserie chromée rutilante. Allez, ouvrons le capot et voyons ce qu'il y a dans le moteur :

Gentlemen, start your... bets !

Après avoir choisi sur lequel des deux plateaux la course se déroulera, Marina Bay ou River Station, chaque joueur se munira d'une feuille de score. les 6 cartes Vitesse "mono-couleur" à 8 et 6 cartes Pouvoir sont mélangées en deux tas à part. Les autres cartes Vitesse seront distribuées équitablement entre les joueurs et les jolies voitures colorées placées aléatoirement sur la grille de départ. Ces cartes présentent un certain nombre de voitures de couleurs associé à un chiffre. Elles auront deux utilisations.

Dans la première phase et après avoir pris connaissance de sa main, une carte Vitesse et une carte Pouvoir sont retournées et mises aux enchères. Chaque joueur choisit alors une des cartes de sa main. La valeur associée à cette couleur sur cette carte est la valeur d'enchère en millions de dollars. Celui qui emporte l'enchère ajoute la carte Vitesse 8 à sa main et replace celle qu'il avait choisit... (profitez-en pour jauger un peu les valeurs des cartes adverses)... Mais il indique sur sa feuille de score ce qu'il a virtuellement "dépensé" et, avec la carte Pouvoir, place devant lui la tuile Pilote à sa couleur. Lorsque chaque joueur a au moins une voiture (à quelques exceptions près possibles), la deuxième phase peut commencer.

Cette phase, qui est celle de la course, verra, en commençant par le joueur placé en pôle, chaque participant jouer une carte Vitesse par tour dans le sens horaire jusqu'à ce que toutes les cartes soient jouées... ou que toutes les voitures aient franchi la ligne d'arrivée. Chaque voiture présente sur la carte devra avancer d'un nombre de case correspondant au chiffre inscrit en face et dans l'ordre indiquée, de haut en bas, par la carte. Le blanc est une couleur Joker pour une voiture non présente sur la carte et au choix de celui qui l'a jouée.

Le déplacement se fait vers l'avant, diagonale permise, et au maximum de la possibilité de progression... et ne pas devoir le faire ferait perdre complètement l'intérêt du jeu. Cet intérêt, simple et pourtant génial, viens de l'organisation en une, deux ou trois lignes de courses maximum de la piste de course. En effet, si une voiture se retrouve bloquée par ses adversaires, sa progression est stoppée et le reste des points est perdu. Et nous voilà à tous regarder nos cartes pour les jouer au bon moment, comprendre : le moment où nos couleurs pourront avancer un maximum tout en ralentissant celles de nos adversaires par d'astucieux blocages... De la maîtrise à l'opportunisme de sa main de carte tout en étant perpétuellement en compétition avec ses adversaires.

À trois moments de la partie, une voiture franchira pour la première fois une ligne jaune, déclenchant une phase de paris intermédiaire où chaque joueur notera sur sa fiche la voiture qui finira sur le podium, celle-ci lui appartenant ou pas.

Lorsque la course se termine, il est alors temps de calculer le vainqueur, meilleurs parieurs ou richissime propriétaire. Vos voitures en propre vous rapportent de l'argent en fonction de leur classement (pourvu qu'elles aient au moins franchi la ligne d'arrivée), puis vos paris réussis également, mais plus ou moins suivant que le pari ait été effectué tôt et que la voiture soit 1ère, 2ème ou 3ème... le tout minoré de la somme investie au départ pour acquérir vos écuries... Tout se tient et tout se paye ! Et que ce soit en ayant choisi les bons pilotes et/ou en ayant gérer la course au mieux, le gagnant n'est pas forcément... le vainqueur... ou vice versa !

"Moi, j'suis le pilote sans visage, comme dans Michel Vaillant !"

Et là... 8 cases... Biiimmm... VRROOAAAMM... iiiiii !!!

Il y a, dans Downforce, comme une espèce d'évidence !... De cette sorte de sentiment de jeu qui nous garde dans la partie tout du long, en y croyant jusqu'au bout, en essayant de s'en sortir toujours au mieux, quitte à changer son fusil d'épaule en changeant ses ordres de priorité dans les paris. Les cartes jouées par les autres joueurs sont autant d'aléas de la course qui procure le sentiment d'être à la fois acteur mais aussi spectateur de la course comme dans la réalité... et à se retrouver à encourager verbalement ces voitures en plastique... et ce n'est pas Monsieur Phal en 2001 (ou le docteur Mops) qui dira le contraire :

[...]Top Race me fait suinter de bonheur à chaque partie.

La part de bluff, l'esprit de compétition, les paris sur la victoire, les enchères, toutes ces petites choses me font aimer ce jeu. [...]

Monsieur Phal, Mars 2001

Les pouvoirs sont une variable qui demande une petite réflexion pour optimiser ce qu'ils permettent, et donc ce qu'ils valent lors des enchères, certains étant plus accessibles que d'autres. Ainsi, Stratège permet d'ignorer une ligne sur la carte Vitesse jouée, et il est souvent assez facile de savoir laquelle choisir. Malin, qui permet de jouer la carte de bas en haut au lieu de haut en bas, demande plus d'habitude de jeu. Après, l'optimisation est bien au menu, et s'il faut de temps en temps jeter un oeil sur l'évolution générale de la course en lien avec vos possibilités de mouvement en main, il n'est pas utile de monter une stratégie sur 18 tours.

Certes donc, les amateurs "psychorigides du contrôle total" râleront sans doute parce que leurs merveilleux plans sans accroc, basés sur la toute puissance de leur cerveau, et le calcul froid des statistiques de victoire basé sur l'analyse sans huile de leur carte en main, se retrouvent finalement foireux parce que leur pilote s'est retrouvé coincé deux tours de suite dans la chicane suite à une petite alliance de deux écuries adverses et leurs cartes bien placées...

Mais pour ceux qui aiment s'amuser, vivre des émotions "vivantes" pendant la partie, c'est justement l'alternance des surprises et des calculs, des "oh purée, j'suis trop bien placé pour cette carte" suivi d'un "nooooonnn, il vient de me ruiner mon plan sans l'savoir" qui poussent à terminer une course sur une défaite en se disant que "purée, j'y ai cru mais dans le dernier virage, les dernières cartes, ça m'a tué" ou, sur une victoire : "comment j'ai trop bien géré, un as du pilotage, trop bien..." Ce qui, dans un cas comme l'autre, n'est jamais complètement vrai mais reste... "fun", sourire aux lèvres !

ça, c'est dans l'extension... et ça donne très très envie !!

Chacun des circuits a sa petite particularité, et la rejouabilité sera encore renforcé, y compris avec de nouveaux "Pouvoir" lorsque sortiront les deux circuits de l'extension Circuit Dangereux, dont l'un reprend la règle présente dans Daytona 500 (voir la partie historique) et l'autre propose deux boucles où bazar pourrait bien y régner avec carnage. Bref, un vrai et fort bon jeu, intemporel, de ceux que l'ont ressort avec plaisir, surtout lorsqu'ils sont bien édités... Et un Tric Trac Approved sur le drapeau à damier, un !!

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Un jeu de course et de Paris ça ne peut que me plaire !!

Top Race est de retour !
C’est un excellent jeu auquel je n’ai pas joué depuis dix ans au moins.
Ca donne envie de s’y remettre.

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Idem pour moi, je m’en vais ressortir mon top race tien :))

Ça ne nous rajeunit pas, un de mes premiers jeux « modernes » avec El Grande et Puerto Rico (en VO avec la règle traduite de l’Oya SVP).

J’y ai bcp joué à mon top race !
content qu’il soit réédité (et modernisé ?)

je suis tiraillé entre l’excitation à propos de l’article et son sujet, et la consternation face à son titre …
(c’est de pire en pire ; la phrase (a peu pres) reconstitué ne veut rien dire en elle même) :-((
je ne vous felicite pas monsieur Guillaume
mais je vous remercie pour cet excellent article :stuck_out_tongue:

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Keumendekûâ (pensée pleine d’affection pour toi, Kalbut) ???
La scène (ou Podium pour une course) A est la scène principale où sont remis les trophées en fin de course… et elles ne sont pas légères… au moins 1000 tonnes… du vrai travail de Pro… Alors, avec en plus le nom de trois champions dedans, il ne veut rien dire mon titre ?
:wink: :smiley: :smiley: :smiley:

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8-o
j’en reste bouche bée …

j’hesite à inscrire sur votre fiche (qui restera confidentielle à l’etablissement rassurez vous) entre une mauvaise foi aîgue ou la démence.

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