Des jeux dans les librairies ?

Nouveau phénomène pas trop nouveau quand même.

Des jeux dans les librairies ?

Les jeux se trouvent dans les boutiques de jeux.
Avec ce genre de phrase, on sent que le Monde tourne rond et que tout est sa place et l'on en ressent une vague satisfaction très passagère ou, selon sa personnalité, un agacement fugace, voire rien aussi c’est possible ...

Des jeux nous pouvons également en trouver dans les grandes surfaces. Là, on entre dans un autre genre. Le genre qui se livre en palettes. Les valeurs sures... heu... sûres.

Et puis, on en trouve aussi en librairies. En fait ce n'est pas complètement une nouveauté puisque dans les années 80, la société Gallimard essayait de vendre du jeu de société et même du jeu de rôle en librairie en surfant sur la vague miraculeuse des "livres dont vous êtes le héros" qui faisaient fureur eux. Je dis eux parce que les dits jeux n’ont pas fonctionné plus que ça même avec leur boîte en plastique imitation livre.

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C'est certain, il y a des jeux qui ressemblent à des livres et des livres qui sont des jeux.

On a pu voir ces dernières années le retour des livres d'énigmes qui avaient été relégués par les ans au rang de vieux trucs barbant pour intellos myopes.
Voilà que monsieur Nintendo passe par là avec sa petite console et remet au goût du jour la musculation du cerveau qui, à défaut d'être un truc efficace, a le mérite d'être finalement assez ludique.
Ce petit coup de dépoussiérage des jeux de l'esprit profita donc en retour au support papier comme en son temps les jeux de société avaient profité du succès des jeux vidéo.

Ces livres qui deviennent (sont) des jeux fleurissent d’énigmes et jeux de logiques parfois issus des almanachs des arrières grands-parents mais remis au goût du jour avec une plus value pour devenir moins bête ce qui, en plus, déculpabilise de jouer. Ca tombait bien, le Sudoku devenait un peu has-been.

En parlant d'has-been, ces pauvres éditeurs ont bien du mal à se tenir a flot dans le monde de fessebouc et des I-machins dont certains y voient rien de moins que la mort du bouquin comme l’imprimerie annonçait la mort de la tonsure. Donc, pour ne pas avoir l'image de vielles dames poussiéreuses, les voilà partis à reconquérir la jeunesse dopée aux pixels en se parant de divers atours sensés leur redonner leur branchitude perdue.
D'une part on se range du côté de la presse pipaule avec des flopées de manuels pour devenir un benêt épatant (enfin épatant si vous êtes envoyé par un rayon Z dans les années 50 parce que sinon...) ou une parfaite pétasse trop hype capable d'organiser une party dans le plus pur style starak pour fêter son renvoi du collège.
D'autre part, on garde ses valeurs en ayant quand même encore un peu de pages mais avec plus de photos, et surtout un truc en plus, genre Pif Gadget pour montrer que les choses imprimées ne sont pas que pour les gens qui regardent Arte. "Hooooo! Comme c'est mignon ! Il y a même un petit livre avec !".

Eh! Oui! Les librairies se modernisent et en ces temps de fêtes de fin d'année, les boîtes et les coffrets sont les vedettes du moment.

Et puis, du coup, les jeux reviennent. D'abord parce que certaines librairies vendent des jeux traditionnels depuis longtemps, que les livres-jeux même déguisés en remèdes pour rendre moins niais ont bien marché et que certains produits sont de part leur nature des objets à cheval entre les deux univers.

Nous avons donc été, foufous que nous sommes, enquêter en librairies, ces lieux étranges où les forêts mortes nous parlent sans qu’on allume un écran.

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Première constatation, les chinois bossent décidemment de mieux en mieux. Nous le savions déjà dans le monde ludique mais là… On se croirait à la maison. Si les étagères offrent toujours des dos alignés alphabétiquement, sur les présentoirs du moment de l’affaire à saisir que c’est bientôt noël : Des boîtes ! Des boîtes avec des verres, des tasses, des produits de beauté, des graines, … Avec quand même un petit bouquin histoire de.

Passons sur les livres d’énigmes qui se font moins envahissants. Notre premier livre-jeu est un coffret. « Le jeu des énigmes de la peinture » et en plus, il a un voisin : « D’art d’art, le jeu ». Le bouquin tiré de l’émission était plutôt chouette et les deux concurrents affichent une sobriété assez classieuse. Du beau matériel donc. Et dedans ? Des cartes avec des repros histoire de montrer qu’on parle d’images mais format cartes donc… Les boîtes à sucre ont donc encore un petit avantage dans l’éducation de l’impressionnisme au quotidien. Pour le reste, vous avez déjà vu un Trivial Pursuit donc pas la peine d’épiloguer.

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En parlant du Trivial, on le retrouve désormais sous forme livresque et de calendrier ce qui n’est finalement pas bête puisque rares sont ceux qui usent encore du plateau (de fromage) en ne gardant que le plaisir des questions. Une bonne transition donc vers le livresque qui était déjà en germe dans le jeu originel.

Un peu plus loin « Plan social, le jeu préféré des patrons », une nouveauté. Un petit jeu de carte parodique édité par monsieur John-Harvey Marwanny (jean-Hervé Marouin de son vrai nom) qui nous avait déjà offert sa verve ironique avec quelques bouquins comme le « Livre d’insultes ». Là, nous attendons la chose en dur pour nous prononcer.

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On sent bien comme une envie. Pour l’instant le jeu en librairie, ce n’est pas encore ça. Les éditeurs ont du entendre parler du renouveau du jeu de société et prospectent doucement. Comme ils vont vite se rendre compte qu’un vrai jeu coûte beaucoup plus cher à fabriquer qu’un bouquin, pas sûr qu’on en voit beaucoup fleurir des jeux de libraires.

Dans la librairie de ma petite ville il y a certes des jeux pour enfants de chez MB, mais il y a aussi la gamme Gigamic, et j'ai même vu un gros de gestion à l'Allemande ! (je sais plus lequel). Ça m'a fait plaisir, même si ça m'étonnerais qu'ils arrivent à le vendre, vu que sur 4 boîtes commandées de Gosu, le Joué Club local en a vendu que 2..... alors qu'il n'y a pas de boutique de jeu à moins de 40 minutes de voiture ! On peut toujours espérer que les jeux d'auteur que nous aimons aient un avenir dans les librairies des coins sinistrés de la France !

Ici à Strasbourg on trouve facilement les jeux pour enfants Djeco en librairie. Ils sont souvent très bons et mes enfants adorent.

Merci pour cet article qui met en lumière un phénomène que nous avons tous, a un degré ou à un autre, remarqué: l'apparition des boites dans les librairies. Il faut distinguer plusieurs familles: les boites presentant un manuel ludique (cuisine, art, etc.)avec quelques ustensiles pour passer rapidement à la pratique. Ici, c'est l'emballage qui séduit le consommateur. Il en est tout autre pour les jeux sous formes de livres, qui peuvent (ou pas) disposer aussi de petits ustensiles en dur (ou en carton à découper). Enfin, il y a, comme le dit Tenskwatawa, le choix de libraires de mettre en rayon de vrais jeux comme on les aime ici. Entreprise qui peut faire mouche. Moi, je garde un souvenir ému des éditions Gallimard. J'ai découvert Talisman (qui depuis ne m'a plus quitté au gré de ses éditions succéssives), Le grand Jeu des Milles et unes nuit et même le mythique Sorcier de la Montagne de feu. Eh oui, c'est depuis lors que je suis devenu un geek en matière de jeux. Alors voila, je ne peux qu'encourager de telles entreprises, venant d'éditeurs ou de simples petits libraires, pour faire découvrir et aimer notre passion commune.

Le 1er rayon quand vous entrez à la FNAC de Caen, c'est une tête de gondole avec des jeux. Des petits jeux d'énigmes mais aussi le monopoly et l'anti monopoly + 2 -3 autres boites qu'on trouve plitôt habituellement en boutiques spécialisées. Si des grandes surfaces de vente s'y mettent, c'est bon pour le jeu mais quid des boutiques spécialisées ?

Maxi-livre avait fait une collection de "livre-jeu" qui permettait de découvrir des classiques du jeu peu connus chez nous comme les échecs chinois. Plus la collection s'agrandissait plus la qualité disparaissait. On peut encore en trouver dans les magasins de braderie de livre.

Superbe chronique, Dr Mops !

A la fnac Balexert, à Genève, juste à l'entrée, des Mow compte double. Ca fait plaisir à voir !

Mouaip, ça fait plaisir aux actionnaires d'Asmodée, surtout. Pis tant pis pour les petites boutiques qui les ont lancés...

Je suis libraire ET je vends des jeux. Je trouve les deux familles complémentaires dans leur impact social.Discussion et partage, contradiction, argumentation, lire et jouer me parraissent, à l'heure de la nuémrisation à outrance, réserver un espace physique ou nos humanités peuvent s'exercer...

AU début des années 60 (1900...), Hachette proposait un livre de la collection "verte" et des jeux originaux dans le même coffret !