
Vous avez probablement déjà lu cette phrase, ici ou ailleurs : 'Demandez nos jeux à votre détaillant'.
Et la plupart d’entre-vous se sont naturellement dit 'Pas nécessaire, mon détaillant rentre toutes les nouveautés, donc il aura ce jeu quand je passerai le voir'.
Et jusque il y a peu, c'était effectivement généralement correct: la plupart des détaillants suivent activement les nouveautés, et travaillent activement à pouvoir vous les proposer en rayons dès leur sortie. Du coup, toute nouvelle sortie en Français se retrouvait sur les rayons de quasiment tous les détaillants.
Je dis jusque il y a peu, car nous avons vu ces derniers temps beaucoup de changements dans le petit milieu du jeu de société, et il me semble utile de revenir ici sur ces changements.
Les détaillants ne peuvent à l'heure actuelle matériellement plus vous présenter d'office toutes les nouveautés qui sortent.
Non seulement le nombre de nouveaux jeux disponibles rien qu'en français chaque année à quasiment triplé ces trois dernières années, mais il est tel que plus aucune boutique de jeux n'a assez d'espace pour mettre en rayon ne fut-ce que un exemplaire de chaque jeu sorti cette année.
Et pour les boutiques web, ou l'espace de rayonnage est 'infini' (en fait il est limité par leur entrepôt, mais sans commune mesure avec un détaillant traditionnel) la limite n'est pas l'espace mais les finances.
Alors attention, c'est ce qu'on appelle un 'bon problème à avoir': les joueurs n'ont jamais eu autant de jeux à leur disposition, et les types de jeux existants se diversifient de plus en plus.
Là ou il y a quelques années on avait une nette distinction entre quelques grandes catégories de jeux, on trouve aujourd'hui des jeux de tous types. Le monde du jeu est devenu aussi riche que celui du livre ou de la presse magazine, chaque joueur est aujourd'hui assuré de trouver un jeu qui corresponde à sa personnalité, à ses envies ludiques et à son groupe de joueurs!
Mais cette prolifération à des conséquences, et d’autres changements dans le milieu du jeu viennent s’y ajouter.
Premièrement, il y a la montée du financement participatif, qui amène des modes de communication différents de ceux de l’édition ‘traditionnelle’. Pour une édition ‘traditionnelle’, on lance la communication une fois que le jeu est presque disponible, pour soutenir sa sortie en boutiques et dans le catalogue du distributeur. Avec le participatif, il y a une communication avant le lancement du projet, pour amorcer la pompe, beaucoup de communication durant le projet, et tous les éléments du jeu sont exposés et détaillés durant la campagne, qui précède la sortie du jeu de plusieurs mois, parfois même plus d’un an. Quand le jeu est ensuite fabriqué et disponible, il faut de nouveau communiquer dessus avec une situation un peu paradoxale ou le ‘nouveau produit’ qui est disponible maintenant est en fait déjà un ‘vieux produit’ pour lequel une grosse campagne de comm’ à été faite lors du financement.
Couplé à l’augmentation du nombre de jeux, il devient très difficile de le remettre sous les projecteurs quand il devient disponible, d’autant plus que les vidéos, nouvelles et autres ont déjà été faites lors de la campagne.
Et le 'nouveau' jeu est perçu par le détaillant comme un 'vieux' jeu car il en a déjà entendu parler il y a des mois.
Deuxièmement, il y a de gros changements dans le secteur de la distribution. Les gros distributeurs deviennent très gros, et de nombreux nouveaux acteurs sont apparus pour offrir des alternatives, et offrir des fonctionnements différents. Et on trouve de tout, du distributeur ‘low cost’ qui prend peu de marge mais n’offre que des prestations purement logistiques et du dépôt vente, au distributeur ‘high end’ qui prend une plus grosse marge mais achète des tirages complets en achat ferme, ou achète carrément les éditeurs pour en faire des studios de création sous leur label.
Ici encore c’est sain et globalement positif d’avoir des changements et du développement dans le secteur de la distribution, mais il y a des effets de bord.
Le plus visible est que les ‘gros’ distributeurs ont un catalogue plus étoffé que les ‘petits’.
Comme un détaillant doit commander au moins pour un montant donné pour obtenir un envoi sans frais de port, il lui est plus facile de préparer une commande dans un gros catalogue, et les produits issus de plus petits distributeurs seront commandés moins souvent - le temps d’accumuler assez de produits à commander pour justifier la commande.
De plus selon le montant total commandé, le détaillant obtient une remise commerciale proportionnelle, parfois liée à un engagement de reprendre certaines gammes complète du catalogue du distributeur. (Ecoutez l’excellente émission de la radio des jeux consacrée aux détaillants pour plus de détails à ce sujet.)
Comme les finances du détaillant et ses rayonnages ne sont pas extensibles à l’infini, il doit inévitablement ‘arbitrer’, c’est à dire décider quels produits commander pour sa boutique.
C’est la qu’il peut jouer son rôle de commercant : sélectionner des produits qu’il à envie de vendre et de conseiller, et affiner sa proposition commerciale en fonction de son public, et de l’image qu’il veut que sa boutique renvoie.
Il est aussi important de souligner ici que pour votre détaillant, sélectionner les jeux qu’il va proposer en rayons est un exercice assez difficile et périlleux. En effet il achète les jeux de manière ferme au distributeur. S’il se plante, il ne peut pas retourner les invendus à l’éditeur, il devra les garder en rayon, et au pire les solder après un certain temps.
Cependant les points expliqués ci-dessus (taille de catalogue et remises) viennent influencer ses décisions, au bénéfice des catalogues des plus gros distributeurs.
Ces évolutions conjuguées font que votre détaillant ne peut simplement plus proposer toutes les nouveautés en rayon, seulement une sélection. Sa sélection.
Si un jeu vous intéresse, il est dorénavant très important de le faire savoir à votre détaillant. Vous êtes son client, et il est intéressé par vos envies!
Pour la première fois cette année, j’ai eu des retours de mon distributeur et d’autres éditeurs distribués par d’autres distributeurs qui m’ont dit ‘ah ce jeu là toutes les boutiques ne l’ont pas rentré, seulement une partie des boutiques’.
La raison invoquée : leurs clients ne leur avaient pas demandé ces jeux, ils ne peuvent plus tout suivre alors ils ont ‘arbitré’.
Ma première réaction à été la surprise, étant moi aussi habitué à ce que les nouveautés Françaises soient d’office présentes dans toutes les boutiques de l’hexagone à leur sortie.
Mais en se renseignant plus avant et en prenant la peine d’analyser le marché, il devient évident cette époque est révolue.
Je pense qu’on peut dire que 2016 à été à ce niveau un tournant dans l’évolution du marché du jeu de société, il y aura un ‘avant’ et un ‘après’. L’explosion de nouveautés et la consolidation des distributeurs ont ici un effet tangible et qui ne sera pas passager.
Et c’est ici que vous avez un rôle très important à jouer, et dont l’importance va aller croissant dans le futur proche : Demandez nos jeux à votre détaillant!
Et je ne parle pas que pour Flatlined Games, c’est valable pour tous les éditeurs indépendants! Si vous appréciez nos jeux, faites-le savoir à votre détaillant, et il sera ravi d’en tenir compte dans ses commandes. Et nous serons ravis de continuer à vous proposer des jeux toujours plus diversifiés.
(Et demandez Argo à votre détaillant, c’est un excellent jeu ;-) )
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Commentaires (92)
Dans la continuité de cette réflexion, je vais tenter quelque chose de nouveau pour SteamRollers.
Le jeu va faire l'objet d'une campagne de financement sur Kickstarter, et sera une exclusivité Kickstarter pendant une période de un an.
En pratique, les backers auront naturellement leur exemplaire, et les détaillants qui participent à la campagne pourront proposer le jeu en rayons.
Par contre, les autres détaillants et la distribution n'auront pas accès au jue durant une période de 12 mois après la campagne.
L'idée n'est évidemment pas de limiter les ventes pour le plaisir, et encore moins de couper les ponts avec les détaillants. D'ailleurs les détaillants qui prendront la peine de participer à la campagne auront une exlcusivité de un an par rapport aux autres, un bon moyen de se différencier!
http://blackdiamondgames.blogspot.be/2017/01/too-many-board-games-tradecraft.html
En gros, quand il y a des actionnaires majoritaires qui ne sont pas là pour faire avancer la boite, alors ce n'est plus une boite indépendante.
(maintenant que j'ai déblatéré tout ça, concernant Asmodée, j'en sais rien du tout :) Si ca appartient à un groupe financier dont le métier n'est pas uniquement le jeu, alors non, ils ne sont pas indépendants)
Pour moi l'indépendance est une relation réciproque entre deux entités ou personnes. Tu est un auteur indépendant car tu es libre de choisir avec quel éditeur tu vas travailler à chaque jeux que tu fais, de même que j'imagine qu'un éditeur est libre de refuser d'éditer un de tes jeux même si il t'as déja édité auparavant.
Ce qui à mon sens n'est plus le cas avec Asmodée. Asmodée est libre de faire ses choix, par contre en tant que clients d'Asmodée je le suis beaucoup moins: obligation de référencement, objectifs de CA, et objectifs de vente. La taille de leur catalogue rend asmodée indispensable à toute boutique, ce qui les mets dans une position de force vis vis des revendeurs et certainement également auprès des éditeurs qu'il distribue. le fait qu'Asmodée soit détenue par un fond d'investissement les poussent à une rentabilité extrême. Aucun autre distributeur avec lesquels je travaille ne se permet de changer aussi régulièrement ces conditions toujours à son avantage.
Je crois que pour pas mal de monde, l'utilisation du mot "indépendant" est sans doute un abus de langage. Si l'on fait un parallèle avec le cinéma, la musique, la BD, Asmodee est un distributeur indépendant, comme tous les autres. Ils ne sont liés part contrat à personne, même si un fond d'investissement possèdent la majorité des parts. Ils n'ont pas de contrat les liants à une entité supérieure. Par contre, leurs studios d'éditions ne sont pas des éditeurs indépendants. Space Cowboys, par exemple, s'ils font bien ce qu'ils veulent, n'est pas un éditeur indépendant. Ils sont liés à Asmodee.
Penser que l'indépendance est une question de taille, de CA ou de nombre d'employés est une erreur.
je me permets une petite intervention. Vous dites donc qu'une boutique ne peut plus vivre sans Asmodee ? ça me paraît très contraint et catastrophique, dit comme ça.
J'avais l'impression que ça restait un choix de la boutique, en fonction de sa taille, ses possibilités, ses clients qu'elle connaît... et enfin, d'un choix personnelle du propriétaire de la boutique. J'avais l'impression qu'une boutique pourrait bien (en ayant tout-à-fait conscience que ça demanderait un gros travail de conseils et de restructuration) si elle en faisait le choix, celui justement de ne plus travailler avec Asmodee, avoir de quoi satisfaire tous les types de clients avec d'autres jeux à mettre en face de chaque jeu "manquant", vu la richesse du milieu ludique... donc d'innover et se ré-inventer pour faire face à un élément déplaisant et dont le ratio "intérêt/pénibilité" est défavorable.
Ainsi, si la boutique reste avec Asmodee malgré des changements vécus comme des contraintes fortes, c'est que "l'intérêt commercial et économique" pour la boutique est encore de rester avec Asmodee comme partenaire commerciale... c'est dans son intérêt... Si ce n'est plus intéressant (que ce soit économiquement, certainement la raison première, ou autres puisqu'on peut faire des choix éthiques différents aussi), pourquoi rester ?
J'entends plus "indépendant" dans le sens de l'indépendance vis-à-vis du contenu du catalogue : si je suis distributeur-éditeur, j'aurai probablement tendance à mettre le paquet sur les titres que j'édite parce que je vais gagner plus d'argent avec. En même temps, le risque est de faire fuir les éditeurs qui sont en contrat avec moi pour les distribuer, mais la tentation est là.
Plus gros, il y a plus d'obligations et de dépendance a d'autres parametres (dividendes pour les actionnaires, croissance, payer et satisfaire ses employés, tenir les contrats avec les partenaires extérieurs ...), ce n'est donc plus un acteur indépendant.
Je crois que tous les distributeurs français sont tous aussi éditeur... Si j'applique votre utilisation du mot, il n'y en a donc aucun distributeur indépendant. Me trompe-je ?
J'ai créé un sujet dans le forum, cela sera mieux pour discuter...
https://www.trictrac.net/forum/sujet/l-independance
Comment une boutique peut espérer survivre sans la majeur partie de ces éditeurs dans son magasin ? C'est une vrai question que je pose. J'ai du mal à entrevoir la possibilité pour un revendeur de se passer de tout ou parti de ces éditeurs.
Pour rebondir sur l'article, une boutique aujourd'hui ne peut pas se passer d'Asmodée: ses titres sont demandés.
Si tu rentres dans une boutique de jeux et qu'il n'y a pas Dobble, Splendor, Aventuriers du rail ou Timeline, je ne pense pas que tu puisses t'en sortir, meme avec toute la bonne volonté du monde et une qualité de conseil haut excellente.
Une boutique qui n'est pas considéré comme un gros client par Asmodee (basé sur le chiffre de commandes j'imagine), qui ne commande donc pas beaucoup, n'a juste pas la même remise, les même conditions qu'un gros client qui lui, parce qu'il commande beaucoup aura une bonne remise. Les boutiques qui se plaignent du système sont donc des boutiques qui n'ont pas accès à ces remises parce qu'elles ne commandent pas assez. Si elle commande quand même, elle aura quelques euros de moins de marge. A la boutique de voir si cette différence est trop importante. Asmodee n'a aucun interêt à mettre à mal les boutiques qui vendent leurs jeux, ce sont ses clients. Si le système est mauvais, il finira par s'effondrer car si plus aucune boutique ne peut commander chez Asmodee, comment Asmodee va gagner de l'argent ? Comment les éditeurs qui passent par Asmodee vont gagner de l'argent ?
J'aurais tendance a dire: avec des gros volumes et des grosses/tres grosse boutiques
Je suppose que ce genre d'arbitrage a lieu dans pas mal de boutiques de ce type, et finalement ça rejoint le propos de l'article.
Peut-être qu'il faut voir avec les boutiques qui en sont contentes s'il faut le changer :o)
Mais l'obligation de commander de certains jeux en package comme pré-requis à la remise, ça me chagrine plus. Et je vois mal les boutiques profitant de la-dite remise se plaindre de la disparition de ce fonctionnement.
Asmodée semble globalement assez soucieux de maintenir un marché vivant et dynamique. ce serait bien qu'il existe une offre différentiée selon le type de clients (conditions plus favorable à certaines taille de boutiques modestes, par exemple). En même temps, je ne connais pas du tout l'offre d'Asmodée donc je suppute grave. ^^
Afin de mieux m'expliquer et de vous faire comprendre notre situation de boutiquier, je me permet de faire un parallèle avec TT, car nous avons un point commun,celui de conseiller les gens pour les aider à trouver le jeux qui leur conviendra le mieux. Et une grosse différence, je suis client d'Asmodée alors que pour TT c'est l'inverse, c'est un annonceur qui vous achète de l'espace publicitaire.
Que penseraient les lecteurs de TricTrac si tout les jeux distribué par Asmodée disparaissait de TricTrac, plus d'articles, plus de fiche de jeu, plus de TTTV. Cela représenterai combien de contenu en moins, 30%, 40%? (regardez pas curiosité, si vos stats vous le permettent)
Imaginez: Aucune info sur 10 jeux primé au As d'or et 4 Spiel ces 4 dernières années.
Difficilement envisageable, je suis dans la même situation
Que penserai un client lambda qui entrerai dans ma boutique est qui n'y trouverai pas:
Les aventuriers du rail, carcassonne, catan, 7 wonders, dobble, mystérium, splendor, jungle speed,...et j'en passe. Sans compter Novalis qui élargi sont catalogue à vitesse grand V, jeux de role, magic et débauche des éditeurs habituellement distribués par d'autre. Oui le secteur ludique est riche, la diversité de jeux est là, mais porter pas des locomotives bien souvent distribué pas Asmodée.
Dans tout les cas, il ne comprendrai pas pourquoi dans cette boutique, ou site d'information ludique il n'y as pas les jeux parmi les plus connus et les plus joués. Et on perdrai tous grandement notre crédibilité et très certainement notre emploi.
De plus, ce serai ce passer de moultes très bon jeu , c'est sur que si la qualité des jeux distribués par asmodée était celle des jeux dujardin/TF1 ça faciliterai les choses, mais ce n'est pas le cas. Et effectivement je ne pense pas qu'une boutique spé puisse vivre économiquement sans le catalogue Asmodée/Novalis (environs 2300 références) et il l'ont bien compris.
Juste une question, pourquoi TT retirerait les jeux de qui que ce soit ?
Je vous dis pas d'enlever des jeux, je vous demande juste d'imaginer ce que serai TT sans les jeux distribué par Asmodée, aussi vide que mes étagères si je faisais de même. Vous ne pouvez pas vous passer d'en parler, ce serait mal faire votre travail, comme je ne peux me passer de les vendre.
est-ce qu'un boutiquier a déclaré ici que les conditions d'Asmodee étaient abusives?
Si oui, est-ce qu'il pourrait les énoncer (sauf si elles sont confidentielles bien sûr) pour qu'on puisse juger de leur caractère abusif plutôt que de parler en supposant qu'elles incluent ceci ou cela?
:) certes, mais je n'ai aucune raison d'imaginer un jour devoir retirer ou ne plus parler d'un éditeur ou d'un distributeur. C'est un peu comme le demander d'imaginer écrire des articles sans la lettre E :)
Finalement, si la ristourne est conditionnée par un côté moins attrayant, pourquoi ne pas faire disparaître la ristourne et l'obligation de prendre ceci ou cela ? Ca permettrait à chaque boutique, même celles qui sont plus modestes d'être sur un pied d'égalité.
Je suis bien conscient que ce n'est pas dans l'intérêt du distributeur, mais pour la survie des points de ventes plus modestes mais nécessaires dans le paysage, peut-être faut-il y réfléchir.
Je serais personnellement très ennuyé que ma crémerie ferme.
le Monsieur Herisson répondait a Mr Guillaume qui lui le suggerait, que les boutiques se passent de Asmodée, d'ou la comparaison avec ce meme cas de figure chez TT.
Ceci dit, je serais content d'avoir le meme type de discussion/vision sur le monde du jeu en UK (ou j'habite), les boutiques n'ont pas l'air de fonctionner de la meme maniere ...
Si nous cessions (avec tout plein de scénarios différents quant aux raisons de cette cessation) de parler des jeux Asmodee, il y aurait effectivement une grosse période de "vide", de "changement"... peut-être même la possibilité que nous "mourrions"...
Cependant, je veux croire, même à tort, que l'inflexion serait possible, que notre ton et nos choix changeraient pour présenter des alternatives, des jeux autres, avec un public cible certainement plus restreint... au moins au départ... mais avec un intérêt et une histoire réelle afin d'emporter avec nous le public... et donc finalement une adaptation et une survie possible... mais autrement... et si le public suit... sinon...
... et bien sinon, changer de métier... :(.... ;) :D
nou y revoici au point de depart de la discussion
et c'est souvent le cas lorsqu'il s'agit de faire un constat, un etat des lieux ou de la chose.
Le défi de renouveler son métier est plus difficile dans le second cas et passe probablement par une diversification d'activité (boutique-bar, boutique-animationPro, boutique-collectivitéLudothèque, etc...) afin de réduire l'amplitude du risque lors d'un changement de politique dans le coeur du métier (la vente de jeux en contact direct).
Petit clin d'oeil bien évidement, j'adore Perec.
Je suis d'accord, qu'il serait idiot pour une boutique de s'en passer d'Asmodée. Dans la quantité, ils ont pleins de bons jeux alors ne pas les proposer à ses clients ne serait pas pro, par contre, je ne pense pas qu'il faille se battre pour quelques points de pourcentage en achetant des jeux que l'on ne souhaite pas commander....
Vous êtes bien l'auteur d'un jeu qui est distribué par vous ? Notez que je n'ai rien contre, voire je m'en fout, cela ne me pose pas de problème, c'est juste que si l'indépendance c'est de ne pas avoir de conflit d'intérêt avec les éditeurs que l'on distribue, je crois que peu peuvent se vanter de rentrer dans la case "indépendant".
Il me semble qu'il y a dans votre catalogue un jeu dont vous êtes au moins l'auteur... Je n'ai aucun soucis avec ce fait, juste si l'on pense que l'idée est d'avoir comme image l'indépendance en opposition à d'autre en prétextant certains aspects, il vaut mieux être sûr de ne pas soit même être sur un ligne, si minime soit elle, tout autant dépendante. :o) Encore une fois, je n'ai aucun soucis avec le fait qu'un distributeur puisse être auteur, éditeur ou même tienne une boutique, un site web ou une revue. Et quoi qu'il en soit, je pense que vous ne refuseriez pas de devenir un GROS distributeur. :o)
Ça ne l'est que si la boutique veut ensuite profiter d'une remise plus grande, ça ne l'est que si le boutiquier en prend la décision en considérant qu'il (lui) ne saurait (ou ne voudrait finalement) pas faire autrement et donc qu'il ne peut (ou ne veut) s'en passer pour ce que ça lui rapporte (en terme de ventes, de présences des jeux, de conditions de ventes...) Bref, le différentiel est positif.
Le fait de s'en passer reste donc une question de choix, avec une remise en question qui s'en suit de son activité, un risque (non-négligeable) de ne pouvoir passer le cap, comme le dit justement Phoenixeux.
Discussions intéressantes... il faut que je me discipline pour le continuer dans le forum... :-D
Malheureusement, la boutique près de chez moi (à 20 minutes en voiture, 40min aller-retour) ne propose pas cela. Résultats : je commande beaucoup en ligne... Au moins, je connais le stock et je réserve ma boite. Et ça m'évite de me déplacer pour rien (oui, j'habite un peu en campagne !).
Enfin bref, je donne juste mon avis en tant que client et ce qui fait que je choisisse une boutique plutôt qu'une autre. Et ce qui pourrait, pour mon cas personnel, permettre à la boutique de gérer ses commandes auprès des distributeurs.
Ca va par contre renforcer la segmentation entre jeu 'grand public', qui a vocation à être découvert en boutique par des joueurs occasionnels qui recherchent le conseil du détaillant et les jeux 'core' comme on les appelle (jeux pour joueurs passionnés) pour lesquels il va devenir indispensable que les joueurs qui s'y intéressent signalent à leur détaillant favori qu'ils aimeraient les voir en rayons.
Et les canaux multiples de vente que sont le détaillant/distributeur, les sites de vente en ligne, kickstarter, amazon, les sites des éditeurs qui vendent en direct, ... vont devenir complémentaires alors que jusqu'ici ils sont perçus comme concurrents.
Il deviendra à terme je pense assez naturel pour un joueur de se diriger vers son détaillant pour certains titres et vers internet pour d'autres, suivant le type de jeu (genre Kingdomino je prends chez mon crémier, mais Conan ou Mechs and Minions je sais que je dois l'acheter en ligne).
Je pense que l'une des missions des boutiques physiques (qui s'adressent effectivement en priorité au grand public) pourrait être de réserver un espace, même réduit, à la mise en avant de certain jeux très core vendus hors distribution traditionnelle. Un peu dans une optique de montrer : "ça existe, peut-être êtes-vous un passionné en devenir de tel ou tel type de jeu. Et voici comment acquérir ce gros jeu." (via la boutique directement ou un code promo désignant la boutique comme prescripteur de la vente).
Outre la commission minime possible en cas de vente, cette mission de présentation ne serait pas forcément bénévole : le marchand pourrait "vendre" l'espace "publicitaire et demander (imposer ?) des éléments de matériel pour démo (PnP de bonne qualité, petit module d'initiation, etc).
Bref, j'imagine qu'une relation boutique/éditeur voir boutique/auteur-autoéditeur pourrait se développer.
Et mon côté core serait content de conseiller des titres au crémier pour que la bonne parole soit diffusée sans pour autant effrayer le débutant !
Je reprends un exemple que m'a susurrer Monsieur Phal dans nos discussions : Lorsque les voitures sont arrivées, je veux bien croire que les maréchaux-ferrants ont dû tirer la gueule pour leurs emplois, leurs petits commerces... il aurait donc fallu stopper les voitures ? possible... mais ça n'a pas été le choix fait... et depuis, il y a des garagistes.
Si je prend 2 exemples opposés que je connais de plus ou moins loin :
1/ On a d'un côté les taxis qui ont verrouillé dès l'origine leur métier par le mécanisme de licence, s'enfermant dans un mode rigide stoppant l'innovation, et même baissant la qualité de service et/ou le rapport qualité/prix.
2/ De l'autre, l'hôtellerie qui a l'habitude de tenter des initiatives (cabanes dans les arbres, base de loisir intégrée aux campings, offres package en fonction des atouts de l'environnement, etc...). Et pourtant une partie de la clientèle "fuit" vers les nouveaux marchés du particulier à particulier, qui ont comme gros avantages de subir 15 fois moins de pression légale et normative (ce qui est décourageant pour l'esprit d'initiative soit dit en passant).
Dans les deux cas, ces professions doivent accepter la donne et trouver une place plus petite qui puisse leur convenir et être viable. Et l'état d'esprit pour survivre, à mon avis, est de ne se refuser aucune idée originale. Se démarquer, en lien avec ses convictions/passions, tout en acceptant de ne pas conquérir la masse de clientèle catégorisée par le marketing. Oser offrir des concepts et expliquer la démarche au client qui, je le pense, est demandeur d'une consommation chez un commerçant au profil authentique, ne le prenant pas pour un mouton.
C'est cette réflexion qui devrait pousser les boutiques de jeux à prendre des risques, sans même attendre la demande explicite de la clientèle (voir ma proposition ;)).
je ne citais pas l'exemple du garagiste pour la conversion professionnelle. La voiture qui, pourtant à son démarrage n'était pas "positive" pour tous(sale, bruyante, un peu lente...), restait à l'époque des charrettes et des chevaux une concurrente. Les professionnels "traditionnels" ont bien dû être "déroutés".
Et ça ne contredit pas, je trouve, les exemples que tu donnes :
1) Über, face à une situation verrouillée (celles des taxis) montre bien à quel point ces derniers, appuyés sur leurs "privilèges", en protecteur de leur pré carré et (peut-être) incapable d'évoluer, se crispe sur leurs acquis et veulent bloquer toute évolution. (Peut-être sentent-ils qu'ils risquent de "mourir" sinon ?)
2) L'hôtellerie, visiblement plus adaptative, change et évolue (au moins en partie) pour perdurer.
On se rejoint donc pour ne se refuser aucune idée originale, se démarquer... et savoir ce que l'on veut (qui peut être "ne pas conquérir la masse de clientèle catégorisée par le marketing). Là encore, une boutique qui voudrait "conquérir la masse de clientèle catégorisée par le marketing" devrait donc jouer avec les règles de ces "gros du marketing, de la com', du chiffre & co"... en sachant ce que ça coûte... et ce que ça "coûte" !
Punaise, on dirait un maître de arts martiaux qui parle ! ^^
Ceci dit, ayons une pensée pour les maréchaux-ferrants qui n'avaient guère de choix que celui de disparaitre...
Tentative d'uchronie pour le fun : ils réagissent avant l'avènement de l'automobile, forment une coopérative d'échelle européenne, proposent des chevaux clé-en-main avec contrat vétérinaire de maintenance et revendent en même temps les vieux attelages (hors leasing) à bas coup aux usines de voitures qui trouve là une force mécanique moins chère que la vapeur et le charbon. De part leur poids économique, ils influencent la politique de construction du réseau routier et on se retrouve avec un Paris hippique à base de vignettes anti-crottin et de service de Galop-bleu.
Hum. Pardon. :-P
Ca sent la fin de notre raisonnement si personne n'y trouve à redire.
Cela pose une autre question: comment, du coup, entendre parler de ces jeux laissés-pour-compte dans le contexte du marché du jeu actuel?
Capital Lux c’est comme les knackis, c’est bon, mangez-en !
Vous avez bien fait de le demander à votre crémier ;)
C'est à dire la dernière personne qui dépense son argent pour acheter une boite dans laquelle il y a un jeu de société.
Après je peux l'offrir, y jouer ou lui faire prendre la poussière (et dans poussière, il y a toutes les autres possibilités).
Moi ce que j'entend clairement dans le message d'Ehanuise, c'est que le client final à le droit tout puissant d'acheter ce qu'il veut acheter au marchand et pas juste ce qu'il peut acheter parmi ce que le marchand lui propose.
Pour cela, il doit être informé. Et Tric Trac informe, et çà c'est génial. Informé de ce qui existe, à quoi cela ressemble, pour savoir si c'est fait pour lui.
Mais surtout, pour être informé, le plus réellement informé possible, il faut S'informer, c'est à dire être actif dans sa démarche d'information. Et à la lecture de l'article d'Ehanuise, le client final aura l'information que ah oui il peut peut être l'avoir dans sa crèmerie sympa habituelle, le jeu qui à l'air cool, qu'il a vu il ne sait plus trop ou, sur tric trac peut être.
Et juste pour info, car c'est un peu le même gros sujet cosmique, les knackis. Achetez rapidement un paquet de 10 knackis dans votre crèmerie habituelle. Vous les mangez, elles sont bonnes, parfait. Maintenant, informez-vous. Une knacki, historiquement c'est une knacki à base de porc, çà coûte dans les 4 euros le kilo, et c'est bon. Il se peut que dans le rayon de votre crèmerie, il n'y avait de disponible que des knackis au jambon, visuellement le paquet c'est tout pareil sauf que la ou c'est pas marqué porc, c'est marqué jambon, çà coûte dans les 8 euros le kilo, et c'est surement bon, voire très bon. Je dis surement, parce que des knackis au jambon, je n'en achète pas. J'en achète des au porc les semaines ou j'en trouve, parce que je suis bien informé de l'existence de cette différence. Et Hehanuise il me rappelle que oui cela fait des semaines que je suis bien bête de ne pas le dire que j'en veux moi aussi des knackis au porc, et le aussi est très important car je ne dois pas être le seul.
Le charcutier voit le porc avant les côtes, le marin....c'est le contraire !!
Simple non ?
Alors oui, je sélectionne en fonction de ma clientèle, des jeux que j'ai pu tester en salon, qui m'ont été présenté par les commerciaux qui vienne me voir ou lors de journée pro, et des infos qu'on peu avoir sur internet. Mais surtout, j'en zap, d'autant plus que les sorties sont de plus en plus concentré sur de courtes périodes (essen, cannes). et que le principale outil de communication des éditeurs est le mail, vite perdu dans la masse ou dans la corbeille.
Certains jeux sont inratables portés par de grosse opération de com, mais beaucoup se retrouve noyé dans tout ça. Bien sur, si je rate un "bon jeu" au moment de sa sortie, mon commercial va certainement m'alerter sur cette "nouveautés bientôt en rupture qu'il faut rentrer", mais les recommandations des clients vont m'inciter encore plus à référencer tel ou tel jeu. L'article est à mon sens très juste sur ce point, il est beaucoup plus dur d'exister pour les petits éditeurs distribué par de petit distributeur fasse à de grosse machine qui, elle, nous impose de référencer leurs nouveautés et dont nous avons les commerciaux au téléphone toute les semaines.
Et effectivement, aucun de mes clients ne m'as demandé Argo, et je ne l'ai pas encore rentré.
Ceci dit arriver sur les étagères ne fait pas tout, il faut pouvoir encore y rester et faire ses preuves pour conserver ces quelques centimètre carré car une nouveauté qui arrive chasse inévitablement un autre jeu. Et là commence le deuxième dilemme du gérant de boutique, "quel jeu ne plus référencer?"
Une partie importante du message que je veux faire passer aux joueurs qui recherchent un titre particulier est que les jeux qui ne sont pas en rayons peuvent toujours être demandés à leur détaillant, qui sera ravi de les commander :)
j'ai eu 2 fois le coup : flamme rouge (pourtant avec une regle en fr) et chocolatl (extension pour cacao)