De vulgari eloquentia dans les taberna

[Siena]

C’est l’enfer ce truc.

De vulgari eloquentia dans les taberna

Dans une précédente news nous annoncions l’association de malfaiteurs franco-ritals destiné à nous briser les neurones en y prenant du plaisir.
Comme une seule dose ne suffit pas, après “Rio de la plata” voici venir “De vulgari eloquentia” de Mario Papini (qui avait déjà commis “Sienna”).

On se retrouve ici à nouveau dans du jeu de gestion mais plus question de construire des bâtiments, il faut se construire une destinée prestigieuse dans l’Italie du Moyen-âge.

A cette époque, les langues, patois, jargons et autres parlés parfois très locaux font ressembler l’Europe à une tour de Babel et le latin réservé aux lettrés ne s’avère pas très pratique à l’usage. Le gars Dante écrit donc après son exil un début de traité décrivant les avantages et inconvénients des parlers locaux dans le but d’avoir une langue unifiée.

C’est là que vous intervenez en tant que marchand,car tout le monde commence ainsi. Vous pourrez vous enrichir, changer de métier et même finir pape. Amen.

Default


Comme dans son petit frère de la news d’hier, si vous n’avez que cinq actions par tour, les possibilités de choix sont suffisamment multiples pour vous permettre de vous creuser la tête.

Dans l’Italie de la fin du Moyen-Âge, les marchands de tissu avaient besoin de rédiger leurs contrats dans une langue comprise de tout le monde et les lettrés cherchaient une alternative à la langue latine pratiquée par l’élite. C’est ainsi que la Volgare, la langue parlée par tous et issue de tous les dialectes des différentes régions de l’Italie, trouva sa reconnaissance. Elle servit à François d’Assise à rédiger son célèbre Cantique de frère soleil et à Dante pour la Divine Comédie (bien que ce dernier ait encore utilisé le latin pour faire l’éloge de cette langue vulgaire dans une œuvre qui a donné son titre à ce jeu).


Default



Au cours de la partie, les joueurs vont arpenter l’Italie, à la recherche de manuscrit dans les différentes langues régionales qui émaillent le pays. Pour ce faire, ils devront améliorer leur niveau de connaissance, afin de lire des manuscrits de plus en plus pertinents (et, concrètement, rapportant d’avantage de points en fin de partie). Chacun commence en tant que marchand et peut continuer dans cette voie pour chercher à devenir banquier, mais il pourra aussi rentrer dans les ordres afin de ne se consacrer qu’à l’étude des manuscrits en délaissant le commerce, voire chercher à devenir cardinal avec l’idée de remplacer à terme le pape mourant. Mais, quelle que soit son ambition de carrière, chaque joueur aura pour but d’être reconnu, à la fin de la partie, comme le plus fin lettré et l’homme à la culture la plus vaste, le plus à même à pratiquer la Volgare.

Aperçu des mécanismes
A chaque tour, un joueur aura cinq points d’action à dépenser. Ces points seront dépensés de très nombreuses façons différentes : déplacements, progression sur diverses pistes (commerce avec l’orient, devinette de Vérone, messager de Bologne, bibliothèque papale, Cantique de frère soleil, repos pour pouvoir jouer en premier), acquisition du soutien d’abbesses, de moines copistes, de nobles et d’homme politiques et, bien sûr, lecture de manuscrits. En visitant le pays, il pourra augmenter son niveau de connaissance et, en tant que marchand, sa fortune.

Comment gagner
Les points de victoire sont obtenus en fin de partie selon les manuscrits récoltés, selon le statut acquis dans l’échelle sociale, selon la richesse, selon la connaissance des secrets de la bibliothèque papale, de la devinette de Vérone et du Cantique de frère soleil et selon l’appui des grands d’Italie.

Il a fait son petit effet au salon de Essen chez les amteurs du genre et donc le voici désormais dispo en français vulgaire et éloquent.

Si vous préférez lire le Dante en latin cliquez ici.

“De vulgari eloquencia”
Un jeu de Mario Papini
Publié chez Giochix, Le Joueur & Matagot
Pour 2 à 5 lettrés
Disponible de suite
Prix conseillé 42 Tessères

1 « J'aime »

Deja dit sur le forum, mais j'aime beaucoup ce jeu. Trois parties seulement, a 4 joueurs. Pas forcement d'une interaction folle (quoique ca se discute), mais terriblement different (dans sa forme du moins) de nos gros jeux d'optimisation habituels...

J'aime vraiment beaucoup. C'est typiquement le genre de jeu que je n'attends pas, et qui me prend par surprise. Et puis quel thème, bon sang...

Allez hop, j'y vais de mon petit commentaire aussi.

Deux parties (dont une avec des erreurs, l'autre peut-être aussi ?), trois explications (sachant que la première partie, ce n'était pas moi qui avait expliqué) : malgré des règles churrigueresques en apparence, le jeu s'explique finalement très bien. La principale difficulté étant sans doute de ne pas oublier le petit point de règle par-ci par-là, et d'éviter les légers défauts d'ergonomie du plateau. Une fois lancé, c'est très fluide. Il y a des choix cruciaux et pas forcément évidents à faire, ce qui peut imposer un certain temps mort entre ses tours (et ce d'autant plus qu'on peut jouer premier à un tour et dernier au suivant). Mais si on s'amuse à regarder les difficultés rencontrées par ses petits camarades, ça passe. Et je ne peux qu'opiner lorsque M. Unkle parle d'un jeu au thème on ne peut plus original et à l'ambiance de jeu fort différente.

OUH LA, je pensais être la seule à connaître. Je vois qu'il y a du gros joueur par ici. Un jeu étonnant parce que 'gros' et en même temps, j'ai fait qu'une partie, mais dès la première partie on est dedans, je veux dire y a pas besoin d'en faire 3 ou 4 avant de comprendre. L'ergonomie en effet en plus est pas parfaite, mais pourtant ça se joue bein. Tres bien. J'espere avoir l'occasion de re-jouer.

Eloquentia, avec un t. Et tabernae, avec un ae liés si tu arrives à trouver la combinaison de touches qui va bien sur le clavier.

Je sais, c'est prétentieux, mais je n'ai pas pu résister...

Cher monsieur Faidutto : Non bene olet qui semper bene olet.

Mon seul prof de latin fut Jean Yann, ceci explique surement cela.

Voilà un jeu qui a été assez discret et c'est ma foi (sans jeu de mot) dommage. Peut-être cet avis fera de nouveaux adeptes grâce à une nouvelle visibilité dans la Timeline... Selon le choix des frères et d'un judicieux système de cube à récolter au fil des tours on peut finir cardinal ou même pape. La voie commerciale est envisageable tant les actions multiples laissent entrevoir toutes les stratégies possibles. Il faudra se tenir fermement à sa ligne de conduite, mais aussi profiter des opportunités. Beaucoup de plaisir avec ce jeu où il ne faut pas faire semblant de compter les petits cubes. Allez sillonner les routes des provinces de la péninsule, vous ne le regretterez pas !