Critique d’Histoires de peluches

[Andor][Histoires de Peluches][Mice and Mystics]


Dire que ce jeu m’intriguait serait un euphémisme. Il faut dire que le postulat de base, des peluches qui partent à l’aventure dans un univers sombre avait de quoi interpeller n’importe qui. Et le côté narratif de la chose, rendait le tout encore plus intrigant. Si vous avez aimé Andor et Mice & Mystics, Histoires de peluches ne devraient pas non plus vous laisser indifférent.


Un jeu enfantin aux règles touffues


Chaque joueur va donc incarner un doudou, qui aura la lourde tâche de protéger sa petite fille, enfin l’enfant à qui il appartient. Et si vous pensiez que le monde des peluches est rose, et bien détrompez-vous ! Chacun va donc s’emparer de sa figurine et de sa fiche de personnage, il va aussi prendre 5 pions Rembourrage, les dés restants vont dans le sac, pour les blancs et les noirs, il y en a autant que de joueurs +1. On mélange les paquets de cartes, en suivant les instructions spécifiques, en enfin on place le plus important au centre de la table : le livre d’Histoire, qui servira de plateau de jeu et pour la narration. La partie peut débuter, en suivant les instructions données par le livre. À leur tour les joueurs vont piocher 5 dés, chaque couleur ayant un attribut spécifique (force, agilité, perception, résistance et chance), puis effectuer les actions. Les dés blancs permettant de gagner du rembourrage tandis que les noirs font augmenter la menace. Grâce aux dés, les joueurs pourront se déplacer, mais ils pourront aussi les stocker ou encourager un autre joueur en lui offrant 1 dé. Ils serviront aussi pour les tests de compétence ou les tâches de groupe. Bien entendu avec les dés, les joueurs pourront aussi attaquer les monstres, en mêlée ou à distance. Enfin, ils pourront fouiller. Les dés violets étant des dés bonus.


On procède ensuite à la vérification de la menace. S’il reste des monstres sur le plan ou que le nombre de dés est supérieur ou égal au nombre de peluches en jeu (les joueurs), ces derniers s’activent avec les répercussions que cela implique.
La partie (enfin le scénario) prenant fin si toutes les peluches sont inconscientes, dans ce cas elles ont perdu, ou bien si elles sont parvenues à terminer leur quête ce qui dans ce cas leur apporte la victoire. Comme souvent, j’ai condensé les règles afin de ne vous donner que les grandes lignes.


Figurines et gros livre


Le matériel est tout simplement magnifique ! Entre les figurines superbes, détaillées, grandes, et le livret lui aussi de grande taille et bien pensé, il y a déjà de quoi faire. Surtout, que c’est appuyé par des cartes bien sympa et des dés en quantité, même si sur ce point les couleurs auraient pu être mieux choisi afin d’éviter les confusions, le violet étant vraiment proche du rose. Les fiches Personnage sont aussi bien pensées. Et encore, je ne vous ai pas parlé de la direction artistique, qui est vraiment réussie. Elle sert bien le propos du jeu, sans tomber dans la guimauve, ni l’horreur à l’opposé. Un bon juste milieu qui n’empêche pas de regarder du côté du sombre. Une très belle édition, qui justifie le prix un peu élevé du jeu.


Aventure et histoires


On se prend vite au jeu, se mettant dans la peau de la peluche que l’on contrôle avec ses caractéristiques. On est assez proche du jeu de rôle, fusionné au jeu de plateau, où la narration à une très grande place. Une excellente chose si l’on joue avec des enfants. Cependant, il ne faudra pas négliger la partie narration dans le temps de jeu ou le déroulement d’une partie, car celle-ci est prépondérante. Les joueurs devront donc s’attendre à être coupé à divers moments afin que le narrateur puisse lire la suite de l’histoire. Si j’ai parfois lu qu’il fallait une personne exprès, non joueuse, pour jouer ce rôle, ce qui me semble un peu exagéré, il ne faut pas non plus minimiser cette implication narrative. Un joueur devra se « sacrifier » pour lire l’histoire, et donc connaître son déroulement afin de la distiller durant la partie, au moment le plus opportun afin de ne pas créer de coupes sèches où le maître de jeu cherche des infos. Et si j’ai employé le terme de maître de jeu, ce n’est pas un hasard, car oui, on peut vraiment appeler ainsi la personne qui chapeautera la partie, à la manière d’un jeu de rôle plus classique. Histoires de peluches est véritablement un jeu à la croisée des deux médiums. Un jeu assez lent, comptez entre 60 et 90 minutes selon la boite, plus proche des 120 minutes en réalité pour un scénario, de plus il est bavard, et ces deux éléments sont à prendre en compte avant d’en faire son acquisition. Et cela, même si la boite indique qu’il est accessible à partir de 7 ans, oui l’est si l’enfant est bien accompagné. Sur ce point, j’ai d’ailleurs envie d’émettre des réserves, car oui, le jeu peut se jouer à partir de 7 ans, mais il reste complexe, il faudra que le maître de jeu ait déjà une bonne expérience des jeux de société, un néophyte ne sera pas en mesure de se plier aux règles assez touffues où chaque mot compte. Et sur ce point la règle est assez dense et pointue, ne négligez pas donc pas votre première lecture, les aides de jeux étant très succinctes. Du coup, on aurait tendance à dire que le jeu est surtout pour des enfants plus âgés, et là, on se heurte au thème qui ne plaira pas à tous, après chaque enfant est différent. C’est donc avant tout une question de point de vue et je ne fais que vous partagez le mien. La durée de vie n’est clairement pas à remettre en cause, car chaque partie est assez longue et ils sont nombreux, surtout qu’il s’agit d’une histoire à suivre.


La soif d’aventure et de rembourrage


Histoires de peluches est un très bon jeu, dans ces mécaniques ou dans l’utilisation de son thème, sans oublier la narration omniprésente vraiment bien écrite, avec un univers riche et palpable. Mais voilà pour arriver à quelque chose d’aussi complet, il fait rédiger des règles parfois complexes et astringentes, qui appuieront un système de jeu assez lourd qui ne sera pas à la portée de tous, et nécessitera (pas obligatoirement) un maître de jeu pour maximiser la fluidité des parties. Après, si vous pensez faire partie du public visé, n’attendez plus, foncez, vous allez vous régaler ! Mais si c’est votre premier jeu de la sorte et que vous désirez initier des plus jeunes, prenez garde, faire une partie découverte avec un joueur connaissant déjà le jeu ou entre adultes pourra être une bonne chose pour vous faire une opinion plus tranché. Histoires de peluches est un bon jeu, exigeant qui demande beaucoup d’investissement, mais qui comme un doudou aimant sait aussi vous le rendre.

12 « J'aime »

Personnellement, je trouves les règles nettement plus simples et moins lourdes que celles de “Mice and mystics”, du même auteur…Après, effectivement, il vaut mieux que les plus jeunes cherchent autant une histoire qu’un “dungeon crawl”, sinon, ils vont vite s’ennuyer pendant la narration.