Concours de Boulogne 2006

Concours de Boulogne 2006Le vingt-cinquième concours des créateurs de Boulogne est arrivé à son terme d’on connaît les “Primés”. Ils sont nombreux ceux qui attendent de savoir, enfin, s’ils ont le droit de bomber le torse en disant de leur jeu “il a été primé à Boulogne”. Ils sont nombreux ceux qui espèrent connaître le même parcours que “Méditerranée”, de Dominique Ehrhard, ou de “Du Balais”, de Bruno Cathala et Serge Laget (primé l’année dernière, édité et élu jeu de l’année juste après)… Et même, parfois, ils sont inquiets. Forcément de penser donc, il y avait pas loin de 200 règles proposées, pas loin de 70 prototypes tester pour arriver à 14 finalistes.
2006, 25ème anniversaire oblige (voire 30ème si l’on considère l’année de création du concours et non le nombre de fois où il a été organisé), il y a une nouveauté, ce qui explique la sélection plus “mince” et “rigoureuse” de seulement 14 finalistes, qui, justement, auront le droit pour la première fois d’utiliser un logo “Finaliste” comme une espèce de label. Et ne pensez pas que c’est comme qui dirait une récompense pour éviter la déception. Que nenni. Cette année est un grand cru, la plupart des finalistes sont d’excellente facture. La pré-sélection faites par les organisateurs a été dirigé par cette idée là. Un travail toujours aussi énorme de la part de l’équipe de Boulogne qui amène à une liste de finalistes incroyable. à tel point que, par exemple, parmi les “non primé”, chaque membre du jury a un chouchou qui est resté sur la touche, consensus et désir de variété oblige. Mais nous en reparlerons, en tout cas du mien…
Cette année, le jury, était composé de 8 membres aussi éclectique qu’international : Christwart Conrad, (journaliste, consultant ludique, créateur de jeu (Allemagne)), David Parlett (ludologue, créateur de jeux (Angleterre)), David Fallot (Développeur Jeux-Vidéo, Adhérent et testeur de la ludothèque de Boulogne (France)), Elisa Fromont (association “A-Rennes des Jeux” (France)), Monsieur Phal (webmaster de www.trictrac.net (France)), Natacha Deshayes (ALIF, Association des ludothèques d’Ile de France (France)), Oriol Comas I Coma (ludologue, créateur de jeux, journaliste (Espagne)) et Sébastien Braun (boutique www.aucoindujeu.com (France)).
Comme les années précédentes, ce magnifique jury (quoi ?! Ben oui, forcément magnifique de les plus observateurs ont déjà compris pourquoi) a essayé d’avoir une liste variée et pas monomaniaque. Je sens poindre l’impatience d’assez de suspens, voici les noms des 4 primés :
- “La Bonne Soupe” de Laurent Escoffier et David Franck (France)
- “Les Croisés du Temps” de Arnaud Urbon et Ludovic Vialla (France)
- “Oklaoma” de Sébastien Pauchon (Suisse)
- “Panama” de Philippe Baudoin (Canada)
La Bonne Soupe”, de Laurent Escoffier et David Franck est un jeu de stratégie de la reflexion qui cache sous un thème simple et familial un truc de mathématique qui, l’air de rien, fait tourner les neurones. Chaque joueurs a des parcelles de légumes plus ou moins exploitées. 9 “tuiles” carrées contenant de 1 à 9 parcelles que l’on va placer sur la table en recouvrant celle des autres, ou les siennes. Puis, une fois fait, on place le (ou la) jardinier(e) à sa couleur qui génera, forcément, les autres dans leur ramassage de nos légumes. Car, on ramasse des légumes en posant ses “tuiles”. Lorsque l’on recouvre une “tuile”, on ramasse les légumes se trouvant au dessous (sachant que l’on doit quand même toujours être en contact avec la table avec au moins un coin). Du coup, avec les légumes récoltés, on peut faire des soupes. Une 4 légumes rapporte plus de points qu’une 3 légumes, et qu’un 2 légumes… Sachant qu’on ne peut pas stocker plus de 6 légumes, vous voyez le problème. Le truc malin, c’est que l’ordre du tour est déterminé par le nombre de parcelle à sa couleur visible sur la table. C’est toujours le moins visible qui joue ! Et quand on sait que le champ visible le plus grand à la fin rapporte des points, on comprend alors la finesse de la pose… Ajoutez à ça d’autres petites subtilités et hop, vous obtenez un jeu malin et rapide.
Les Croisés du Temps” de Arnaud Urbon et Ludovic Vialla est assez connu des habitués de Tric Trac puisqu’il était en démo à la Gen Con. Un jeu qui tire son originalité dans la gestion de 3 plateaux représentant 3 époques. Ce que l’on construit à l’époque la plus ancienne peut détruire des bâtiments régnant sur une période plus récente. Un jeu de stratégie de placements qui a un goût de “Euphrat & Tigris”, c’est vous dire. Un jeu pas évident à appréhender au moment de l’explication des règles, mais qui se révèle évident des les premiers tours. Une bonne façon d’exprimer que ce jeu correspond à ce que j’aime est de vous avouer que j’ai réussi sous la menace à me procurer un prototype pour jouer avec mes amis… (Quelle honte, je sais) !
Oklaoma” de Sébastien Pauchon est un jeu de placements avec de l’enchères dedans qu’on se rend même pas compte qu’on fait de l’enchères. Chaque joueur à 13 pions à sa couleur, numérotés de 1 à 13. En début de partie il reçoit 2 cartes objectifs, l’un de position sur les 5 régions de la carte, l’autre de forme sur les chemins de la cartes. à son tour, on pose un de ses pions sur un emplacement de la carte (un pion rond sur l’un des chemins). le joueur suivant peu passer, et se retire donc du tour, ou poser un pion à sa couleur sur le rond suivant, mais uniquement s’il est de valeur supérieure. Quand tout le monde à passé, par envie ou forcé (ben oui, quand on n’a pas de pions de valeur supérieure, on ne peut pas jouer), le dernier pion placé est retourné et garde la position jusqu’à la fin de la partie. Forcément, sur certain emplacement il y a des bonus et des malus. Quand un joueur n’a plus de pions, la partie s’arête. On révèle les objectifs, on fait les comptes et celui qui a le plus gros score est déclassé “Grand Vainqueur”. Un jeu facile, évident, malin, subtil, fin et pour tous les types de joueurs (ou presque). Sébastien Pauchon avait déjà été primé l’année dernière avec “Califes et Marchands” qui sortir a Essen en octobre sous le nom de Yspahan chez Ystari Games. Le comble du “ce gars est trop fort”, Sébastien Pauchon avait 3 jeux finalistes cette année, et 3 jeux dans des registre radicalement différent ! Sébastien Pauchon, un nom qui, à mon avis, va marquer le monde de la création ludique d’on en reparlera souvent.
Panama” de Philippe Baudoin est une pure merveille d’il lui faut un éditeur de suite pour qu’on puisse y jouer rapidement. Un jeu d’une rare fluidité et intelligence, comme si Walace avait fait un “Age of Steam” familial pour le Spiel des Jahres. Juste ce qu’il faut de difficulté, de reflexion, d’interaction… Chaque joueur va devoir poser plus ou moins 5 pions selon le nombre de participants sur le plateau. D’abord les pions numéroté 1 et 2, puis 3 et 4, etc… La phase suivante permet de faire les actions des cases que l’on a choisie. D’abord les actions des pions 1, puis des pions 2, etc… Actions combinées à la récupération d’argent. Actions qui peuvent être de construire un canal pour gagner des points de victoire, prendre des “action” d’un canal afin de marquer des points de victoire à la fin de partie, prendre des experts pour gagner plus de points de victoire au moment de la construction d’un canal… Bref, pour assurer votre partie, vous allez devoir prendre des décisions pour mettre la pression, contrôler la fin de partie, embêter vos camarades, ne pas vous faire avoir… Vous allez devoir observer ce que font les autres, vous adapter, jouer les opportuniste, bluffer en posant vos pions entre 2 cases… Philippe Baudoin, que certains connaissent puisqu’il est le webmestre du site “Les Plateaux”, nous a pondu la un jeu qui doit sortir dans le commerce pour que tout le monde puisse en profiter ! Une bonne façon d’exprimer à quel point ce jeu correspond à ce que j’aime est de vous avouer que j’aimerais me procurer un prototype, même en usant de menace, pour jouer avec mes amis (je sais, quelle honte !).
Cette année, les primés sont de haute volé, mais les finalistes ne sont pas en reste. J’ai particulièrement apprécié le jeu de Régis Hunault “James Town”. Un prototype tellement bien fini qu’on aurait dit un pur Aléa, jusque dans la finition de la règle. Bon, c’est du Lourd, Régis Hunault ne faisant jamais dans la dentelle. Une espèce de genre de “San Juan” à la “Puerto Rico” avec du “Sankt Petersburg” dedans ! Quand on connait sa production, notament “Joutes Médiévales” primé l’année dernière, on ce dit que cet homme est fort ! Bon, il y a des réglages à faire encore sans doutes, ce type de jeu demandant une précision d’orfèvre. Mais bon sang que j’aime le travail de cet auteur ! Bon sang que j’ai envie de rejouer à “James Town”… Il faut que je réussise à me procurer un prototype sous la menace pour jouer avec mes amis (quelle honte, je sais, je sais…).
Merci à la Ludothèque de Boulogne de m’avoir permis de faire parti du Jury et félicitation pour letravail colossal que représente l’organisation impeccable de ce concours. Merci aux autres membres du jury pour le plaisir que j’ai pris à jouer avec eux…
Allez, le mieux pour vous donner envie (et prier les dieux ludiques en force pour que les éditeurs nous offrent une édition commerciale) est d’aller voir les quelques photos : cliquez là !
Le site de la ludothèque de Boulogne : Cliquez là !

Pour Tric Trac,
Monsieur Phal, Reporter.
Crédits photos : Monsieur Phal