Catacombs : Le Donjon à portée de doigt !

[Catacombs]

Alors que Roosan, le champion poulet, s’était avancé dans l’ombre, il aperçut Varesh qui préparait sa boule de feu à l’autre bout de la pièce ! En face de lui, Xoric tentait de réfréner sa frénésie guerrière tant bien que mal tandis qu’Oleira bandait son arc à la corde en fibres végétales elfiques… en un mot comme en “sang”, ils étaient prêts ! Derrière les colonnades, Phoshar le dragon et ses esprits de feu ne s’attendait certainement pas à la volée de plumes et d’ergots qu’ils allaient se prendre sur la tête… Il déclencha sa technique de la “fureur des plumes déplumantes” !

Catacombs est un jeu du trio Ryan Amos, Marc Kelsey et Aron West. Sorti en 2010 chez Sand of Times Games, il remporte le Golden Geek et le Dice Tower Award du jeu le plus innovant, sans compter d'autres nominations outre-Atlantique. C'est en 2014 qu'avec Kickstarter, une seconde descente dans les souterrains obscures lui est permise... mais le financement participatif étant ce qu'il est, ce n'est que l'année dernière que cette dernière version, la troisième à vrai dire, apparût via Elzra Corp., nouvel éditeur pour l'occasion. Retour sur un "Dungeon-crawler" très spécial.

Une boîte à trésor !

Bien avant l'arrivée de Flick'em Up, et sans compter d'autres jeux utilisant ce mécanisme ludique, Catacombs propose à un groupe de héros typique des poncifs med-fan (médiéval fantastique... sous-entendu un guerrier, un magicien, un voleur et une elfe) de traverser moult salles humides profondément enfouies sous le sol et peuplées d'affreux monstres pour revenir avec de scintillantes cicatrices, honorables trésors (ou le contraire) et la tête de l'Affreux-en-chef qui commandait là-dessous tous ces "minions". Si la première version était très... "sombre", voir "old school" dans le graphisme, la troisième prend un parti pris graphique plus coloré, et en même temps aussi marqué, très plaisant.

0a3bb22608a2860b3906c735d627c818e011.jpe

Une première édition... Oui, c'est ça... très... marqué, quoi... spéciale et particulière, finalement !

3f76ac179e98dbae4c6f68c9ea87045723cb.jpe

Chaque joueur saisit donc le pion de bois à son effigie, place un marqueur au niveau max de ses points de vie et récupère quelques éventuels cartes décrivant ses capacités spéciales, son équipement de départ ou ses sortilèges. Il y aura toujours 4 héros sur "la ligne de départ" et en face, un joueur incarnera le grand méchant, à choisir parmi Gros Dragons, Liche et autre Gorgone Pétrifiante. Un maître du jeu ? Non, non, un vrai vilain qui fera tout pour faire échouer les héros.

Certaines cartes Salle, réparties par niveau, seront sélectionnées pour composer l'enfilade de pièces qui iront crescendo et aboutiront au repaire du Grand-Pas-Beau-Final : 1 niveau 0, 3 niveaux 1 et 1 niveau 2, entrecoupées d'une auberge et d'un soigneur, preuve s'il en est que ça va fritter.

Une elfe, déjà empoisonnée, prête à se venger... au poison !

Un grand méchant qui balance des cailloux... et ses sbires... outch !

Les cartes décrivant les monstres, leurs pions, les trésors et autres cartes Poison terminent un matériel pléthorique et conséquent, aussi bien en quantité qu'en place requise sur la table. Y'a pas, ça en jette ! D'autant que les plateaux sont plus grands qu'avant (oui il y a plusieurs plateaux même si un seul est utilisé à chaque salle) et entourés maintenant de garde-fous bienvenu pour prévenir toutes pichenettes violentes.

92a66cb0d881ec1d3899770f20004fc41057.jpe

Tué... Oui, madame Piche... Net !

Pichenettes ? Oui, bien sûr, nous n'aurions pas cité Flick'em Up si la pichenette n'était pas au centre de ce jeu. Les héros, chacun leur tour, pourront utiliser une action qui se concrétisera par un disque de bois à "pichenetter". Puis les monstres pichenetteront à leur tour, et ce jusqu'à ce qu'ils meurent tous, faisant passer les héros à la salle suivante ou que les héros meurent tous, marquant la victoire de l'autre engeance du Démon.

Seulement, voilà, plusieurs éléments viennent renforcer l'intérêt de ces pichenettes (qui se font sans le pouce).

Premièrement, les pichenettes, suivant les icônes et un code couleur, n'ont pas les mêmes effets : La pichenette-rush est une pichenette de déplacement. Les coups d'épaules repousseront les autres jetons mais sans leur faire le moindre mal ; La pichenette de mêlée, basique, vous permet d'envoyer votre héros frapper un jeton adverse pour lui faire un point de dégât... et même à plusieurs cibles si vous parvenez à les toucher par ricochets.

Et il y en a d'autres effets : la pichenette à distance : vous placer un petit disque de bois à côté de votre héros et vous tirez... réellement quoi... en restant à distance, et de préférence à l'abri ! Le coup de bouclier (un bouclier, animal ou un sort qui vous protège...) vous permet de repousser un adversaire puis revient se replacer à vos côtés en protection ; la pichenette empoisonnée qui vous fait tirer une carte de poison numéroté... et lorsque la somme dépasse votre seuil vitale, c'est la mort... les rats vont vraiment vous effrayer ! et la pichenette-assommante, coup critique, corrosive, pétrifiante... bref !

Chaque monstre, carte d'équipement apporte son élément qui, thématiquement aussi bien que mécaniquement ajoute un jeu dans le jeu. Certains éléments comme les armures, ou certains monstres, sont insensibles à tel type de pichenette, voir renvoient l'effet à l'envoyeur, permettent d'enchaîner les pichenettes dans un déferlement de coups comme une danse mortelle ; le tatou, lui, se roule en boule (sur la tranche) pour rouler et pousser alors que le cube gelatineux, réel cube géant, a un effet différent suivant la face sur laquelle il se trouve. Le moins qu'on puisse dire est que la thématique est lié à la mécanique pour un ensemble qui met l'ambiance.

Et puis, deuxièmement, les plateaux, recto-verso, sont percés de trous dans lesquels viennent se positionner d'autre larges pièces de bois. De quoi se cacher ou tenter des rebonds audacieux tel l'elfe moyen dévalant les escaliers sur un bouclier avant de faire quatre pas sur un mur en sectionnant quatre têtes d'orques au passage... nous exagérons à peine, ça s'est vu dans des films !

Tuer des monstres rapportera des pièces à dépenser pour s'équiper et se soigner afin d'arriver à éliminer le boss final, ce qui n'est pas une mince affaire tellement ces derniers sont des... des boss, quoi !

À l'aventure, compagnons, je suis parti vers l'horizon...

Catacombs est un coup de coeur... et ce depuis la première version, malgré son aspect particulier. Après avoir fait une deuxième version grâce au fantastique travail de Tzalem sur BGG, c'est pendant le dernier salon d'Essen que nous avons pu acquérir la version anglaise auprès de l'actuel distributeur allemand (bien que peu sympathique).

Même si la pichenette implique un côté "habileté" qui pourrait rebuter les maladroits, nous ne sommes pas tout-à-fait là dans un jeu de précision... en tout cas, les distances seront vite abolies... et puis, la joyeuse tension résultant d'une adversité forte demande une collaboration entre les joueurs pour s'en sortir : positionnement, utilisation des capacités propres à chacun... il faudra donc s'entraider et échafauder des plans ensemble.

ecf8a1fa8c35235b6f4e92054c626d5771f4.jpe

Des différentes tailles de pièces de bois aux effets des monstres et autres équipements, tout concoure à vivre des affrontement dans une bonne ambiance et on s'y croit vraiment, passant de pièce en pièce, se mordant les doigts lorsque Marorg l'explorateur squelette termine sa route entouré de deux minotaures et une araignée des cryptes, se racontant en fin de partie les grands moments et les fumbles drôlissimes de la partie. Les illustrations de Kwanchai Moriya n'y sont pas pour rien avec une finesse et un trait qui fait sourire.

Si le prix n'est pas donné (près de 70€), la boite est grosse, le matériel conséquent (bien que demandant une belle séance de collage d'étiquette)... et pour ceux qui n'en ont jamais assez, des extensions existent avec de nouveaux héros, sorts, monstres, trésors... une vraie richesse (rien qu'avec la boite de base, d'ailleurs) qui permet de contrebalancer la petite répétitivité des pichenettes.

Bref, si vous avez l'occasion de le toucher du doigt, n'hésitez pas... et puis, qui sait, peut-être qu'un éditeur localisera le jeu... après tout, on peut espérer et toucher du bois... dont on fait les héros l

crédit photos : Elzra, Kwanchaimoriya, geekdad

3 « J'aime »

C’est un très très bon jeu, en effet ! Bravo pour cette mise en lumière, mr Guillaume!

1 « J'aime »

Ah effectivement … Si un éditeur pouvait vous entendre Mr Guillaume… Ce jeu ferai pas mal d’heureux !

4 « J'aime »

Merci pour cette découverte Mr Guillaume. Ce jeu semble effectivement très sympa ! Je vais peut être me laisser tenter :wink:

1 « J'aime »

Excellent jeu auquel je ne peux faire qu’un seul reproche : j’ai un peu de mal à le sortir ! Sacrément dommage parce qu’il en vaut la peine :slight_smile:

1 « J'aime »

Merci Monsieur Guillaume pour cet article. Après Burgle Bros., Catacombs. Coup sur coup. Me voilà tout moubourré à nouveau. Par contre à première vue il ne semble plus disponible ! Ce n’est pas très très gentil de nous donner envie de jouer à un jeu qui n’existe plus :stuck_out_tongue:
Un tuyau pour rattraper votre terrible erreur ? :wink:

2 « J'aime »

De la fantasy sauce Flick’em Up ? Des obstacles fixes permettant les rebonds (excellente idée manquant au jeu Pretzel ça !) ? Des cartes de pouvoirs et disques variés selon leurs usages ? Du dragon tabagique, d troll Axe-isé, du nain pabô et de l’elfe niais ? Et en plus, un Mister G. Approved pour parachever une sensation bien connue ? Rhaaaa, telle une Blanche-Neige de bas étage, je me sens déjà toute câtinée à la lecture de cette pomme ludique !

1 « J'aime »

Rendez-vous à Cannes ou à l’officine pour une p’tite partie ? :wink:

Effectivement… Mais peut -etre qu’une partie à Cannes ou à l’officine pour se faire pardonner ? :wink:

Et une partie pour remettre du fun sanglant pichenetté, à Cannes ou à l’officine, ça vous dit ? On pourrait même se faire la TTTV pour la peine ? :wink:

1 « J'aime »