Carnet d’éditeur : Lud’act fait le bilan, calmement.

[Gangster Paradise]

Voilà un peu plus d’un an que Lud’act est née de la réunion de deux amis de longue date, partageants la même passion pour le jeu de société. Aujourd’hui, il est important pour nous de nous poser, et de jeter un œil en arrière sur le chemin parcouru, afin d’en faire le bilan en toute franchise et de pouvoir mieux nous projeter vers l’avenir. Et nous voulions le partager avec vous.

Deux amis pour une même passion, un même projet

« Et pourquoi vous ne créeriez pas un jeu ? ». C’est par cette phrase, prononcée par ma compagne, que tout a débuté. Nous sommes en février 2017, et à cette époque Olivier, mon futur associé vient de quitter son travail de Manager dans une PME. De mon côté, je travaille comme comptable à la CCI régionale et je viens d’apprendre que ma compagne attend un heureux évènement.

Depuis longtemps, Olivier avait une idée de jeu dans ses tiroirs, à ce stade, on pourrait même parler de concept. Et nous voilà parti pour de nombreuses semaines à effectuer l’ensemble des étapes de la création bien connues de quiconque a déjà voulu créer un jeu : aller-retour incessants entre tests et modifications, découpage-collage, équilibrage, puis on fait jouer ses proches et on repart pour un tour : tests, modification, équilibrage, etc… Le jeu devient une obsession, il nous accompagne partout, tout le temps. Et puis vient ce jour de septembre, où lors d’une énième partie, on s’aperçoit que pour la première fois, nous n’avons pas testé le jeu, nous y avons joué. Tout simplement. Et avec grand plaisir. On commence à le sortir au-delà de notre cercle, et le jeu plait. A compter de ce moment-là, les modifications du gameplay ne constitueront plus que d’infimes détails. Gangster Paradise était né.

Une question s’est alors imposée à nous : que faire avec ce jeu ? Nous avions une vision vraiment claire de ce que nous voulions pour lui. Tant en termes de matériel que de qualité graphique. Et voilà bien deux aspects typiques du travail d’édition. De l’autoédition ? Pourquoi pas. Nous étions tellement excités et motivés à l’idée de développer cet aspect que nous avons fait le choix d’aller encore plus loin : monter notre propre maison d’édition. Nous ne voulions pas être des auteurs autoédités mais bien un éditeur dont le premier titre s’avérerait être un jeu dont nous serions également les auteurs.

Nous avons donc réuni nos économies, commencer les démarches de création d’entreprises, et, dans le même temps pris contact avec des fabricants et une graphiste, Melissa, pour qu’elle débute le travail d’illustration. Nous avons travaillé dur pour être en mesure de présenter un prototype joliment fini pour le FIJ de Cannes, qui sera le premier salon d’une très longue série. Mais aussi pour essayer de construire un modèle économique viable (pas rentable hein… juste viable).

Lud’act est né le 25 janvier 2018, et dans les jours qui ont suivis nous avons imprimé trois prototypes assez attrayants pour pouvoir être présentés au public. Mais nous avions déjà beaucoup investi et même si la société est bien capitalisée, nous savions que nous n’aurons pas assez pour produire les deux mille pièces nécessaires à la viabilité du projet. Nous avions donc choisi de nous présenter en tant que porteur de projet sur une plateforme internationale de financement participatif bien connue, en faisant coïncider le début de la campagne avec le FIJ. Echec. Cuisant. Dur.

Mais l’accueil de Gangster Paradise à Cannes a été vraiment magnifique, voire inespéré, et cela nous a conforté dans notre démarche et donné beaucoup de force. Nous avons continué d’écumer les salons (Montpellier, Valence, Toulouse, Saint Etienne, Paris) avec toujours le même accueil. Dans le même temps, nous nous sommes mis en quête d’un financement extérieur que nous avons fini par trouver. Champagne.

Nous avons donc pu lancer une production avant l’été et à la fin de celui-ci, voilà donc les deux palettes qui se présentent à nous. Difficile de décrire le sentiment qui nous a habité au moment de tenir dans nos mains, le résultat de 18 mois de travail. Surtout que le rendu et la qualité du matériel sont à la hauteur de nos espoirs.

Une semaine plus tard, lors du festival d’Orléans, un distributeur nous approche et nous finiront par signer avec lui. Gangster Paradise fait désormais parti du catalogue de MAD Distribution et nous les remercions pour la confiance qu’ils nous portent. Le jeu est en boutique depuis le 16 novembre dernier, et nous espérons qu’il sera bien accueilli dans les différents foyers qu’il visitera. Nous continuons à le faire connaître un peu partout où nous nous déplaçons, mais désormais notre bébé a quitté le nid et nous lui souhaitons longue vie, car il y a beaucoup de nous dans chacune de ces boites.

Au fait, si vous voulez en savoir plus sur Gangster Paradise, c’est ici et même une petite vidéo ici.

Et maintenant ?

Bien sûr, nous avons pleins de projets dans les cartons. Le plus avancé d’entre eux porte déjà un nom : Drekki. Il s’agit d’un jeu de Franz Couderc (auteur montpelliérain de Moon-bots chez Blue orange, et Martial Art chez JyDe).

Nous avons rencontré Franz lors d’une soirée prototypes à la Baraka Jeux de Montpellier, en mars 2018. Nous avons sympathisé puis nous nous sommes recroisés à Valence, où il nous a présenté l’ancêtre de Drekki. Un jeu d’enchères original dans lequel la partie bluff se matérialisait sous plusieurs formes. Nous avons été rapidement séduit par le concept et, à l’automne nous nous sommes mis d’accord pour travailler ensemble, et signer Drekki.

Bien sûr, le concept et la mécanique principale étaient là, mais il restait une multitude de détails qui ne nous plaisaient pas. Nous avons travaillé avec Franz en toute transparence et en toute franchise, car c’est ainsi que nous voyons la relation éditeur-auteur, tout en sachant que le gameplay reste son royaume. Franz est un auteur de talent, très réactif et investi, qui n’aura jamais été obtus face à nos nombreuses remarques, bien au contraire. Il est en permanence moteur de bonnes idées, avec l’envie de faire progresser son jeu.

Depuis le départ de ce projet, nous avions la volonté de créer une équipe de notre région (Montpellier et environs) et c’est pourquoi nous avons cherché et trouvé un illustrateur gardois, spécialisé dans la BD, Aonaka.

Sur cette partie graphique, nous avions fait avec nos moyens financiers du moment et à l’impression de la vingtaine de prototypes, nous avons rapidement compris que cela ne suffirait pas. Il fallait faire mieux : la base était là mais le travail n’était pas assez abouti. Il ne s’agissait pas de blâmer Aonaka, bien au contraire, c’est surtout notre investissement financier, nos consignes et notre vision qui n’étaient pas suffisants. L’impression de prototypes de cette qualité avait été pensée pour cela : faire des ajustements (graphique ou de matériel) avant d’aller plus loin. Erreurs, remise en cause, devenir meilleurs. Toujours.Lud’Act soufflera sa première bougie à Cannes !

En présentant Drekki en salons, en café ludiques, en associations, nous avons définitivement pris le parti de réinvestir dans la partie illustrations (refonte de la boite, travail sur les couleurs, les textures, le niveau de détail), avec un résultat nettement plus satisfaisant. Nous remercions Aonaka pour sa réactivité et son investissement sur le sujet.

« Ok, mais c’est quoi en fait Drekki ??? »

Dans Drekki, vous incarnez un mage qui devra faire face à une horde de dragons, tous prêts à déverser sur vous ou vos adversaires leurs flammes destructrices. Saurez-vous envoûter ces légendaires reptiles afin d’être le mage à avoir été le moins brûlé une fois la Horde passée ?

De 2 à 6 joueurs, à partir de 10 ans et pour des parties de 25 min environ, Drekki est un jeu familial mêlant enchères, bluff et un soupçon de « stop ou encore ». Un jeu tout feu tout flammes à consommer sans modération !

Drekki sera en pré-commande sur Ulule d’ici peu, et une news lui sera entièrement consacrée d’ici quelques jours. Patience et vigilance, la Horde vient !

Nous avons également signé un jeu de Nicolas Henneton, un auteur choletais bien connu des adeptes de Ludinord. « Le château assiégé » est un jeu de cartes asymétrique d’affrontement pour 2 joueurs lors de parties extrêmement courtes de 10 min. Nerveux et tendu, le jeu ravira petits et grands ! Work in progress.

  1. Bilan de cette année folle

A l’heure de faire un premier point de ces presque 18 mois d’existence, il y plusieurs aspects que nous souhaitions évoquer ici.

Tout d’abord ce fut une année pleine de rencontres et d’échanges. Le milieu ludique, bien que fortement concurrentiel, conserve une bienveillance clairement agréable pour des nouveaux acteurs tels que nous. Le jeu, ça reste pour s’amuser, cela se ressent beaucoup, et c’est tant mieux.

Nous aurions bien voulu vous présenter des chiffres, mais il est encore tôt pour tirer des conclusions quant aux ventes. Ce que nous pouvons dire, c’est que nous avons mis chacun 10 000 euros pour capitaliser Lud’Act, que nous avons produit 2 000 boites de Gangster Paradise, et que notre rêve est simplement de pouvoir, un jour, vivre des revenus de notre travail. Ce qui, ne le cachons pas, n’est clairement pas pour tout de suite. Nous nous attachons à viabiliser la structure, ce qui est déjà un grand défi en soit. Nous continuons d’apprendre notre métier, avec pour objectif de ne pas commettre à nouveau les erreurs passées.

Car il faut dire qu’il y en a eu des erreurs. Beaucoup. L’inexpérience sans aucun doute. A commencer par le choix du jeu. 6 plateaux, plus de 200 cartes dont 65 « sans bords », 180 tokens. Voilà, voilà. On est des joueurs, on aime le matériel pour optimiser l’expérience de jeu mais la trésorerie, elle, ne semblait pas avoir le même avis.

L’expérience de ce crash test avec Kickstarter nous a aussi beaucoup servi. Très peu de préparation et de communication, un éditeur sorti de « nulle part » nous a-t-on dit, et un échec à la hauteur de notre manque de connaissance du sujet.

Mais chaque fois que nous présentons nos jeux, la réaction des joueurs nous donne la foi et des certitudes dans la qualité de notre travail. Car nous faisons des erreurs, mais quand même, nous faisons aussi des bons jeux ! Voilà ce qui nous motive !

Si vous êtes arrivés jusqu’à cette ligne, l’ensemble de l’équipe Lud’act vous remercie pour votre niveau de curiosité et pour l’intérêt que vous nous portez. En vous souhaitant de bonnes aventures ludiques autour de nos jeux.

N’ayez crainte, Lud’Act poursuit son chemin, semé de Gangster, très bientôt de Dragons, et nous ne comptons pas nous brûler les ailes de sitôt !

Ludiquement,

Christophe et Olivier

Team Lud’Act

6 « J'aime »

“Nicolas Henneton, un auteur choletais bien connu des adeptes de Ludinord.”
Je rajouterai “bien connu des adeptes de Creakid et du Flip”, également, pour ne citer que ces deux autres lieux de concours de créations (il sévit surement ailleurs également ?), ou ses jeux, chaque année nouveaux, rencontrent le succès, auprès du public et des jurys. Une bonne nouvelle que les éditeurs le rencontrent également.

Merci pour ce gentil commentaire Nydhyana, au plaisir de te recroiser sur un prochain festival !