The Manhattan Project arrive en français

[The Manhattan Project]

C’est à la fin du mois de juin 2014 que le public francophone et germanophone va découvrir « The Manhattan Project ». TMP est un jeu de Brandon Tibbetts qui a connu un joli succès. Pour preuve les trois éditions américaines, deux russes et une hongroise auxquelles ont ajoutera une poignée d’extensions. Dîtes donc ! Il est temps ! D’autant que la première version date de 2011.

Heureusement les vilaines fourmis de Marabunta, le studio gamers de chez Asmodee veille au grain. Ceux-ci nous proposerons donc très bientôt la version intégrale qui comprend toutes les extensions parues à ce jour dans la langue de Diderot et celle de Kant.

Si vous êtes plutôt amateur de prise de totems ou tapeur de cartes, vous pouvez rester à vos risques et périls car ici messieurs dames nous allons parler de jeu de pose d’ouvriers. Et n’allez pas imaginer qu’on va faire cuire du pain et élever des cochons ! Ou alors dans la baie peut-être…

Le Projet Manhattan est le célèbre nom de code du projet de recherche de développement de la bombe atomique mené par les Etats-Unis, aidés en cela par le Royaume-Uni et le Canada. Débuté en 1939 de manière modeste celui-ci pris très vite de l’ampleur dans une époque terrible pour déboucher sur l’ère atomique en passant par les tristement célèbres bombardements du Japon puis la guerre froide.

Voilà des mois et des années
Que j’essaye d’augmenter
La portée de ma bombe
Et je n’me suis pas rendu compt’
Que la seul’ chos’ qui compt’
C’est l’endroit où s’qu’ell’ tombe

- Boris Vian

Tout en second degré et pur cynisme, le jeu nous propose de prendre la tête d’un groupe sans véritable identité nationale (sauf avec une des extensions) pour cette course à l’armement et à la domination nucléaire. Pour marquer des points de victoire, il faudra fabriquer, tester et s’équiper de bombes atomiques. Brrr !

Les habitués de jeux de gestion et de poses d’ouvriers vont être immédiatement en terrain connu. Pour les amateurs, la difficulté du jeu ne devrait pas trop poser de souci, les autres risquent d’être un peu déroutés par la quantité d’informations disponibles mais avec un peu d’aide, les choses devraient rouler tranquillement. Après… remporter une victoire sera une autre paire de manches !

Pose d’ouvriers donc… En fait la première question qui vient à l’esprit est : « Est-ce que tout n’a pas déjà été fait dans ce genre ? ». En fait, nous allons le voir, nous sommes bien loin du gentil jeu de gestion à l’allemande même si les mécanismes de base sont tout à fait traditionnels. N’oublions pas ce thème décalé et un auteur américain. Ici nous allons gérer mais pas que ! Nous allons aussi nous rentrer dans le lard assez sévèrement ! De la gestion, des coups fourrés, de la bagarre. De L’Euroaméritrash en quelque sorte !

Si tu ne peux pas faire ça comme ça, tu peux aussi le faire comme ça ou encore comme ça

Nous retrouvons ce bon vieux plateau de jeu avec ses multiples emplacements que quand je pose un ouvrier ici ça fait ça et ici ça fait autre chose.

Tous les joueurs connaissent aujourd’hui le principe, il faut poser un de ses ouvriers dans une zone pour bénéficier des effets de celle-ci.

Le plateau offre une petite dizaine d’endroits produisant divers effets. Nous y retrouvons les fameuses zones de production de choses qui nous permettront de construire des choses qui nous offriront ensuite des points de victoire.

Fort d’une expérience personnelle que l’on sent très vite, Brandon Tibetts a su panacher divers effets de jeu qui rendent les situations à la fois souples et riches. Tantôt il y aura des conditions de placement, d’autres fois des limitations de placements et parfois des coûts à payer. C’est varié.

Une des premières grandes astuces du jeu est que nos ouvriers sont, en début de partie, en nombre limité. Et surtout, on ne les récupère pas automatiquement en fin de tour. Ceux ci resteront scotchés sur le plateau de jeu tant qu’on ne décide pas de les récupérer. La récupération fait que tout le monde revient à la maison, disponibles pour de futures actions mais libérant des places pour les autres joueurs. Cette action prend un tour complet et on ne fait que ça. Nous aurons donc en quelque sorte des tours à blanc et un des chalenges du jeu est de faire ça au bon moment.

À mon tour

Le tour d’un joueur est très simple, ce qui rend le jeu assez fluide : on peut poser un ouvrier dans une zone disponible du plateau collectif (en s’acquittant des conditions s’il en existe) ET on peut en placer dans un de ses établissements de son plateau individuel.

Un plateau Individuel ?

Oui. Chacun possède un petit plateau très simple qui comprend des zones où vont venir se placer des cartes de bâtiments. Chacun de ces bâtiments pourra, comme les zones du plateau collectif, produire un effet pour peu que les bons ouvriers viennent y travailler.

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Là, en général, on se dit que l’on va encore jouer chacun dans son coin à faire son petit truc en espérant faire plus vite que les autres. Sauf… que non. Bien entendu ces bâtiments (que nous avons obtenus avec des ouvriers sur le plateau principal) nous appartiennent. Je vous rappelle que de temps en temps, nous sommes obligé de tout vider pour récupérer nos gentils ouvriers. Or, il existe une zone sur le plateau principal qui se nomme Espionnage. Qu’un petit malin vienne s’y placer (ho ! une seule place à la fois c’est chafouin !) et il pourra venir occuper un bâtiment d’un autre joueur avec ses propres ouvriers (à condition qu’il soit vide). Pas possible d’être tranquille !

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Maintenant, nous voyons qu’en haut, se trouvent deux pistes de score. L’une d’elle est consacrée à nos avions chasseurs et l’autre à nos bombardiers. Tiens ! Tiens ! On ne construit pas avec des avions ? Non ! On attaque les autres joueurs ! Les chasseurs permettent de se défendre des bombardiers ennemis mais ils peuvent aussi attaquer les chasseurs adverses. Si un ennemi se retrouve à 0 en chasseurs, on peut envoyer les bombardiers. Chaque bombardement permet d’infliger des points de dégâts à un ou plusieurs bâtiments. Et un bâtiment abîmé ne produit plus rien !

Du coup, il va falloir réparer et là c’est une des cases du plateau principal qui permet cela mais va falloir payer. Autant vous dire que question escalade, menaces, négociations et promesses non tenues, on va le sentir passer le thème !

Tu fais quoi comme job ?

Nos petits ouvriers de base sont… nos petits ouvriers de base. Vous n’imaginez pas que nous allons construire des bombes atomiques avec des maçons ou des menuisiers ? Il faudra faire un peu de formation pour créer des savants et des ingénieurs. Ceux ci seront nécessaires pour faire des actions plus complexes.

Là encore, on remarquera que le nombre de pions Ouvrier à notre couleur est assez limité. Il sera toujours possible de prendre des ouvriers neutres (gris) qui bosseront pour nous. Mais attention ! Lors d’un « reset » (on récupère tous ses pions ouvriers en jeu) ceux-ci disparaitront. Pffft ! À force, les intérimaires ça coûte cher.

Une vraie bombe !

Pour marquer des points, il faut fabriquer des bombes. Il existe deux types de bombes dans le jeu. Celles à l’uranium enrichi sont les plus simples. Une fois réalisées, elles rapportent à son propriétaire les points de victoires inscrits dessus.

Celles au plutonium demandent un peu plus d’attention. Elles possèdent deux valeurs différentes. La première, plus basse, représente les points de victoires qu’on obtient à sa fabrication. La seconde, beaucoup plus intéressante sera la valeur qu’elle rapporte si au moins un essai a préalablement été réalisé. Plus long donc mais plus rentable.

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Une bombe c’est bien mais la charger dans un bombardier est nettement plus menaçant. Une fois réalisées, on peut embarquer les bombes dans un de ses bombardiers et marquer ainsi 5 points de victoire supplémentaires.

Tout ça va finir très mal…

En fonction du nombre de participants au jeu, on détermine une somme de points de victoire maximum (de 70 à deux à 45 à cinq). Dès qu’un joueur atteint ou dépasse ce montant, il remporte la partie comme la plus terrible superpuissance.

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Vous pensiez avoir connu le pire ?

Cette version de TMP comprend toutes les extensions parues à ce jour. Espionnons donc un peu ce qu’elles nous réservent…

Bombes H

La bombe H c’est vraiment trop la classe ! Cette extension permet de les construire à l’aide de Lithium. Les bombes H sont des améliorations des bombes au plutonium. Encore plus de puissance et plus de points de victoire.

Nations

Marre de jouer les anonymes ? Cette mini extension permet de donner un visage à votre nation. Endosser les costumes de l’Afrique du Sud, le Pakistan, l’Inde ou la Corée du Nord. Chaque nation offre un pouvoir spécial qui va personnaliser les parties.

Fusées

Ral le bol de ses maudites fusées qui interceptent nos vaillants bombardiers dans leur mission de réduire à néant les vermines estrangères ! Avec les fusées, les bombardements seront enfin plus sûrs. Ha ! Oui ! Mais pour les autres aussi… Mince !

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Les personnalités

La guerre vous paraît toujours trop anonyme ? Cette mini extension va permettre d’engager des hommes qui apporteront leurs savoir faire à notre puissante nation qui sera donc plus a même d’écraser tous les vilains cancrelats.

Frappes aériennes

Vous aimez les avions ? Vous n’aimez pas les avions ?

Voici une plaquette spéciale qui remplace celle du plateau principal. Au lieu des deux emplacements habituels, vous pourrez choisir un monde limité en forces aériennes en choisissant la face « un seul emplacement » ou au contraire favoriser les attaques aériennes avec celle « 3 emplacements ».

Si avec tout ça vous n’en avez pas pour des années de parties, c’est à n’y rien y comprendre.

Alors c’est de la bombe ou pas ?

Nous avons vu que TMP est un jeu qui s’adresse à des joueurs un peu expérimentés. Bien que réalisé avec des mécanismes déjà éprouvés, leur configuration donne au jeu une ambiance vraiment particulière. Imaginez un « Agricola » où l’on se poutrerait avec des catapultes ! Nous sommes à la fois dans du jeu de gestion à l’allemande où il faudra optimiser au mieux sa production et son évolution mais aussi dans un jeu de baston à l’américaine où pilonner ses adversaires est possible mais en plus rentable. Du coup dès trois joueurs, les négociations font leurs apparitions dans le jeu.

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Si le jeu est indiqué pour des parties d’une à deux heures, mieux vaut compter plus quand nous sommes 4 ou 5. Cinq nations qui fabriquent des bombes, c’est l’enfer ! Un vrai chalenge pour les joueurs très aguerris.

Certaines et certains auront peut-être quelques réticences vis à vis de ce thème assez terrible. On a pourtant vu bien pire. Que ce soit le matériel de jeu ou l’ambiance, tout est ici du pur cynisme de second degré. Ce qui l’est moins c’est le Tric Trac Approved que nous lui accordons. Vous voilà prévenu.

► Une explication du jeu sur Tric Trac TV avec Jim Gaudin ? : c’est par ici
► Un début de partie sur TTTV : alors c’est là
► Et pour voir ce qui se passe 5 minutes après : c’est ici

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The Manhattan Project
Un jeu de Brandon Tibbetts
Illustré par Sergi Marcet
Publié par Asmodee, Minion Games, Marabunta
2 à 5 joueurs
A partir de 14 ans
Langue des règles: Française, Allemande
Durée: 120 minutes
Prix: 45,00 €


8 « J'aime »

j'ai revendu ma VO pour acheter celle-ci !!

si les extensions annoncées ici sont toutes celles contenues dans la boite, entre les TTTV et les autres vidéos trouvées sur YT, les règles devront être facilement assimilables :)

sinon tu lis la règle c'est bien aussi ! enfin normalement elle est là pour ça ;o))

@Harry Cover les vidéos pour voir de quoi il s'agit, puis lecture des règles pour assimiler et pas faire d'erreur... elle est où l'ambiguïté là?! :§

la boite + toutes les extensions (même si je n en suis pas fan) pour 45 e... , pour une fois et au vu des prix actuellement exagérés de certains, c'est très correct.

2 « J'aime »

C'est mon coup de coeur du FLIP!

A mettre entre toutes les mains!

L'idée du reset d'ouvriers est génial, et rend le jeu très fluide, sans temps mort, et la vitesse s'accelère exponentiellement.
Ca simule très bien la course à l'armement.
Et l'extension des pays reflète très bien l'esprit de chaque pays (du genre le Japon qui peut utiliser ses chasseurs comme bombardiers kamikases, l'URSS qui a des espions personnels,...)