Tetrobot and Co, un casse tête vidéo qu'il est bon pour vous

Comment ? Mais que fait Tric Trac ? Les voilà encore en train de présenter un jeu vidéo que ce n’est même pas du jeu de plateau ? Mais tout fout le camp ou quoi ?

Meu non ! Respirez par le nez et fixez la ligne d’horizon et tout va bien se passer.

La dernière fois, je vous parlais d’ « Hearthstone » qui est effectivement un jeu vidéo mais reprend le modèle des jeux de cartes à collectionner (qui ne sont pas non plus des jeux de plateau pour ceusses qui aiment chipoter) parce que les frontières dans le jeu sont si agréablement poreuses, n’en déplaisent au amateurs de définitions ou autres étiqueteurs de tiroirs étanches.

Cette fois, je grimpe encore une marche dans l’iconoclastie en vous présentant avec amour et tendresse « Tetrobot and Co » qui est un jeu vidéo inspiré de… d’autres jeux vidéos de la grande famille des puzzles games. Puzzle ! Ha ! C’est quand même un mot qui appartient également à notre vocabulaire. Puzzle ce n’est pas comme on pourrait le croire ces images découpées en petits bouts tous mélangés ! Ça c’est une confusion locale qui nous a fait nommer les Jigsaw Puzzles : “puzzles”. Alors qu’en fait, nous aurions du appeler cela des Jigsaw parce que Puzzles veut dire problèmes ou énigmes ou casse têtes encore…

Les puzzles games ne sont donc pas des jeux en petits morceaux à reconstituer mais des jeux de réflexion. Ça vous parle plus dit comme ça ?

Et pour le coup, ce « Tetrobot and Co » est un vrai bon jeu de réflexion d’un game play qui semble aller à l’inverse des tendances et qui est développé par une équipe française qui mérite bien toute notre attention.

« Tetrobot and Co » fait suite à « Blocks That Matter » ou BTM de son petit nom qui fut le premier jeu réalisé par la petite équipe Montpelliéraine de Swing Swing Submarine. Ce premier jeu, sorti en mai 2011 sur Xbox 360 remporta, à l’époque, le concours Dream Build Play puis fut distribué ensuite sur la plateforme Steam. C’est la également que vous pourrez le micro robot de Tetrobot, leur nouveau jeu, réalisé sur 12 mois qui reprend le concept de la première création en le poussant encore plus loin.

Dans « Tetrobot and Co » le joueur prend en charge les déplacement d’un micro robot qui se balade dans d’autres plus gros, histoire de les réparer de l’intérieur et, au passage, de récupérer quelques unités de mémoires mystérieusement éparpillées dedans. Tout cela pour aider une charmante jeune fille dont on sait peut de chose au départ.

Le principe est de se balader dans des niveaux dans l’objectif d’en sortir et, si possible, d’y extraire les trois blocs de données qui s’y trouvent.

Côté déplacement, la chose est simple puisque le mini robot trop kawai dispose de mouvements intelligents. Nous cliquons à l’endroit où nous voulons qu’il aille et hop ! Il suit le chemin le plus rapide pour s’y rendre. Si vous êtes malhabile du clavier ou de la souris, vous ne passerez donc pas des heures à essayer de traverser un passage au micron de tapis de souris près en tentant de défoncer un mur invulnérable. Non ! Dans « Tetrobot and Co », le seul organe qui va souffrir c’est notre encéphale.

Le jeu ne joue pas non plus sur l’aspect labyrinthique. Bien qu’un niveau de jeu soit réparti sur plusieurs écrans, la difficulté de repérage n’est pas la chose mise en avant dans le gameplay. Par contre, il peut arriver que les fameux blocs de données se cachent un petit peu plus.

Si le petit robot se déplace simplement, il peut aussi « porter » des cubes de matières. Les niveaux sont tous constitués de matières différentes aux propriétés différentes. De temps à autres, des cubes de ces mêmes matières sont récupérables et, en général, cela veut dire qu’ils vont avoir leur utilité ailleurs.

En fonction de la matière dont ils sont constitués, ces cubes auront des réactions physiques particulières qui seront utilisables pour résoudre des situations paraissant impossible au premier coup d’œil.

Sachez que, de base, deux cubes de matières identiques collent l’un à l’autre.

Seulement voilà, notre micro robot a aussi ses défauts. Il ne peut envoyer un cube qu’horizontalement. Soit à droite, soit à gauche et aussi loin qu’un obstacle l’arrête.

Voilà par exemple un des premiers défis qui sera de déposer un cube d’une matière donnée au-dessus de soi. Impossible ? Oui mais non. Les auteurs ont concocté de ravissantes énigmes qui prennent perpétuellement le joueur à contre pied. Si on ne peut pas résoudre une énigme de manière évidente c’est qu’on se pose le problème de la mauvaise manière et bien souvent, après quelque errances et autre cris de putois, l’évidence saute au yeux dans un feu d’artifice d’auto satisfaction saupoudré de quelques « mais que je suis c…. ! C’était évident ! ».

C’est bien dans ces moments là, que le joueur prendra conscience de l’intelligence de ce jeu qui se présente sous des atours extrêmement classiques.

Ne comptez jamais vous reposer sur vos lauriers. Vous venez de découvrir comment fonctionne un des mécanismes présents dans le jeu ? Bravo ! Sauf que peu de temps après, ces voyous de sous-mariniers vous prouveront qu’on peut l’utiliser pour une fonction complètement différente.

Les amateurs de casse-têtes seront vraiment à la fête. Certains niveaux paraissent impossibles à résoudre à première vue. C’est là l’une des grandes forces du jeu. On sent que les auteurs, tel le cinéma des frères Cohen, savent comment fonctionne leur public et à quel moment. Nous imaginons qu’il va se passer ceci et… pas du tout ! C’est une douce torture particulièrement excitante qui fait de ce puzzle game un vrai travail d’auteur.

Un des soucis dans ce genre de jeu, où nous restons parfois interdit devant notre écran, un filet de bave coulant sur le clavier tandis qu’un diablotin nous souffle d’aller voir la soluce, c’est la musique. Rien de telle, qu’une musique soulante pour gâcher un plaisir. Là encore, le travail de Morusque nous aidera à vivre ces moments délicats.

Maintenant, pour des raisons compréhensibles afin de ne pas vous spoiler la tête, je préfère ne pas vous donner trop d’exemples. Je vous laisse découvrir ce petit bijou de gameplay qui méritait bien que l’on s’arrête un moment dessus.

Le jeu présente plus de 50 niveaux différents qui devraient vous occuper un certain temps. Tout le long de leurs résolutions, vous pourrez également découvrir l’histoire qui sous-tend cet univers.

Du coup, nous allons garder ces jeunes gens talentueux sous notre lorgnette car ils annoncent déjà un nouveau projet « Season after Fall ». Et ça croyez moi c’est un vrai bonheur !

► Le site de Swing Swing Submarine
► Acheter le Tetrobot sur Steam (9,99€)


« Tetrobot and Co »
Un jeu de William David, Guillaume Martin
Illustré par William David
Publié chez Swing Swing Submarine
1 à 1 joueur
à partir de 10 ans
Langues des règles: France, Royaume-Unis
Durée: Non renseigné
Prix: 10 €


4 « J'aime »

Alors là c'est rigolo quand même...

Mes deux sources d'info les plus consultées en ce moment sont Tric Trac (avec Mops qui parle d'un chouette jeu vidéo, moi j'en suis à 80%, et vous ?) et Libélabo (avec Phal qui parle de chouettes jeux de plateaux). En bref, je me sens tout le temps chez moi.

Messieurs, merci.

Et vous avez mis le doigt sur LE truc super fort qui fait vibrer le pédagogue qui est en moi : la manière dont ils amenent de nouvelles mécaniques. Incroyable.

2 « J'aime »

Votre prose Docteur m'a donné envie ! Sans parler des illustrations et explications. Je vais jeter un oeil là-dessus. Merci pour le pointage.

1 « J'aime »

Je confirme la qualité rare de ce jeu assez génial à la difficulté très bien dosée avec un gameplay qui nous oblige, pour réussir, à réinventer les fonctions des objets qui jonchent notre aventure. Le précédent jeu de swing swing submarine, " Blocks That Matter " est tout aussi jouissif et surprenant.

Merci Dr Mops de nous en parler si bien!!

De mon côté je recommande chaudement ce qui est pour moi un des plus grand jeu vidéo indépendant de tous les temps : " Braid " qui, sous des airs de petit jeu de plateforme, cache un extraordinaire casse tête où le "temps" est un paramètre ludique...Chaque chapitre nous impose une nouvelle contrainte de départ très déconcertante avec laquelle il va falloir récolter des pièces de puzzle et sortir de l'autre côté de l'écran. Le tout soutenu par un scénario, une musique et graphisme très cohérents. une merveille!

ps: Dans la version PC, Jonathan Blow (l'auteur) y avait caché, sans rien annoncer, un éditeur de niveaux...

1 « J'aime »