Le jeu est dispo avec une traduction non officielle
Il fut un temps où le quotidien de Tric Trac était ce genre d’annonce. Là. Celle que vous allez lire. Mais avec l’affluence de jeux en français, voire français, avec des auteurs, des éditeurs qui viennent nous voir pour nous expliquer les règles, nous faire jouer, qui nous laisse des boîtes, qui nous envoie des mails avec des infos… On n’a plus vraiment le temps d’aller vers l’underground du truc discret dispo en 500 exemplaires à Essen dans des langues qui feraient peur à un Z6-PO. C‘est triste. C’est moche. Mais, lors de certaines rencontres ludiques, comme les Tric Trac d’Or, on peut avoir le temps de s’attabler pour goûter aux charmes de ces jeux qui nous rappellent notre jeunesse, celle où l’on imprimait fébrilement une traduction faite par un internaute qui a pris le temps de nous concocter la chose avec amour.
Et aux Tric Trac d’Or, j’ai eu le temps d’essayer “Snowdonia”, un jeu de Tony Boydell édité par Surprised Stare Games Ltd. Le Ltd laisse deviner une compagnie anglaise, et c’est le cas. Sur le titre, forcément, les francophones s’en donnent à cœur joie sur les jeux de mots à base de sexuels dedans. Mais, j’ai du savoir-vivre, alors je vais vous les éviter. Ce que ne laisse pas deviner ce titre, c’est de quoi donc il est question. Pareil pour la couverture, même si elle a un sens une fois que l’on sait…
Il est question des pics de “Snowdonia”, qui est une région montagneuse. Donc. Vous allez être le dirigeant d’une société fournissant la main-d’œuvre au chantier de construction de la ligne de chemin de fer secondaire menant au sommet du mont Snow. Le rêve. Seulement les autres joueurs aussi. Du coup, qui va le mieux participer au projet ? Vous ? Sans doute…
Vu le thème, vous l’aurez compris sans doute, nous sommes devant un jeu de pose d’ouvriers. De la gestion pure avec cette dose d’opportunisme qui siée au genre, et le zeste de hasard d’un sac à ressources.
Le matériel est standard. Un plateau que l’on pose au centre de la table. Des cartes que l’on va placer autour. Des ressources que l’on va placer sur les cases qui vont bien. Et, bien sûr, des pions pour chaque joueur, ouvriers, cubes de propriété, etc.
Une fois la mise en place faite, les tours de jeu vont s’enchainer. Vite. Car le jeu est assez rapide. Entre 45 et 75 minutes selon le nombre de joueurs et leur vitesse de décision. D’autant qu’il n’y a pas 50 choix, ni 200 pions.
Un tour de jeu se compose comme suit :
1/ Placement des ouvriers.
2/ Résolutions des actions.
3/ Réapprovisionnement.
4/ Vérification de la météo.
5/ Réapprovisionnement de l’entrepôt.
L’idée générale est la suivante. Il y a 6 cases actions, avec pour certaines, des emplacements limités. À son tour, un joueur va placer un pion « surveillant » sur l’action qui l’intéresse, si tant est qu’elle soit disponible. Puis le joueur suivant fait de même. Et ainsi de suite jusqu’à ce que plus aucun joueur n’ait de pion. Cela va vite, car vous n’avez que 3 pions surveillants. On peut monter à 4 grâce aux locomotives que l’on pourra acquérir en cours de partie. Mais ce quatrième pion vous demandera du charbon pour jouer, et le charbon est rare…
Une fois que tous les joueurs ont posé leur pion « surveillant », on va résoudre leur action, les uns après les autres, dans l’ordre de leur position, case après case. Un joueur va donc pouvoir enchainer deux actions, voir plus… Vous allez donc devoir anticiper ce que vont faire les autres en fonction de leur placement. Bref, vous allez réfléchir quoi.
Ces actions vont vous permettre de récolter des ressources que vous allez pouvoir transformer en rail, ou pierre. Et ces rails et ces pierres vont vous permettre de participer à la construction de gare, ou de tronçon de voie. Cela vous rapportera des points, puisque quand vous réalisez quelques choses, vous laissez un cube « propriété » dessus, et, forcément, il y a des points de victoire inscrit sur ces cases où vous allez vous installer. Case que les autres n’auront pas. Vous allez donc devoir anticiper ce que vont faire les autres en fonction de leur placement. Bref, vous allez réfléchir quoi.
Mais, pour avancer dans la montagne, il va falloir excaver. Toutes les cartes du parcours sont posées face cachée et recouverte de cube gravât. Il va donc falloir utiliser l’action qui va bien pour retirer ces cubes et pouvoir œuvrer dessus. Les gravats vont vous être utiles, ça se recycle. Et si vous êtes le dernier à excaver, vous aurez des points de victoire… Vous allez donc devoir anticiper ce que vont faire les autres en fonction de leur placement. Bref, vous allez réfléchir quoi.
Pour corser tout cela, il y a des cartes contrats. Normal. Des choses qu’il va falloir que vous fassiez pour avoir plein de points à la fin de la partie. Par exemple, si vous êtes présent sur 4 tronçons (cartes posées entre les gares, tronçons que vous allez devoir excaver…) vous marquerez 31 points. Ces cartes vous donneront en plus des actions spéciales que vous ferez une seule fois dans la partie. Pour surprendre ou pour accélérer un coup. Vous allez donc devoir anticiper ce que vont faire les autres en fonction de leur placement. Bref, vous allez réfléchir quoi.
Rajoutez la dessus de la météo qui va vous ralentir, le jeu qui va jouer contre vous, et vous avez un jeu tendu au cordeau. Oui, le jeu joue contre vous, car lorsque l’on réapprovisionne les entrepôts en ressources, chaque cube blanc tiré va sur une ligne spéciale sur le plateau qui fait des choses pas bien, comme bloquer des gares, excaver à votre place, vous faire payer l’entretient de vos locos… Vous allez donc devoir anticiper ce que va faire le jeu, les joueurs… Bref, vous allez réfléchir quoi.
“Snowdonia” a tout d’un classique jeu de gestion à l’allemande. D’aucuns trouveront qu’il n’apporte rien. D’autres prendront plaisir à chercher toutes les stratégies possibles. Le mieux pour savoir si c’est fait pour vous, c’est de lire la règle en français traduite par Monsieur Kenran et gracieusement mise à disposition sur le site de Ludigaume. Mais mon petit doigt me dit qu’une Tric Trac TV pourrait avoir lieu bientôt. Dès que nous aurons récupéré une boîte. Assurément.
“Snowdonia” est disponible chez quelques revendeurs bien achalandés, en VO. Les cartes comportent du texte, mais un élève de 4ème devrait pouvoir les comprendre. Le tout pour un prix de 35€ environ. Vous noterez que le jeu peut se joueur seul. Ce qui n’est pas négligeable quand on est un bon geek sans amis dispo 24/24.
La règle chez Ludigaume, c’est par là !
“Snowdonia”
un jeu de Tony Boydell
pour 1 à 5 joueurs
à partir de 10 ans
pour des parties de 75 minutes
édité par Tony Boydell édité par Surprised Stare Games Ltd
Sortie à Essen 2012