LA MENACE DE LA SURPRODUCTION LUDIQUE, FANTASME OU REALITE?

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Par Gozu Zone, le nouveau fabricant français qui vous aide à prendre soin de vos jeux.

Une fois n’est pas coutume, Gozu Zone, le nouveau fabricant français de rangements pour jeux s’exprime sur un sujet récurrent des blogs ludiques, le thème de la « surproduction » des jeux de société…

Nous faisons suite à l’article très instructif du bloggeur Gus, sur le sujet, et ce qui devait au départ être un simple commentaire à son article a gonflé, gonflé…pour se transformer en article ! Nous souhaitons donc apporter un petit complément à sa production, et qui partage très globalement son point de vue. Il reste toutefois limité par le manque d’exhaustivité et de chiffres, surtout, qui sur ce sujet très vaste, amène à faire des conjectures parfois hardies!

« SURPRODUCTION LUDIQUE», DE QUOI KON PARLE ?

La surproduction, selon notre ami wikipedia, apparaît lorsque la « production dépasse la demande des consommateurs ». Pour se remuer les méninges sur ce sujet, nous allons définir la production dans un premier temps comme l’offre totale de jeux sur le marché des jeux:

« le jeu en question » X nombre de boîtes de ce jeu présentes sur le marché des jeux de société

ET la demande de joueurs, comme l’ensemble des personnes qui sont prêtes à un instant t à acheter ce jeu.

ON RELATIVISE DONC SUR LE NOMBRE DE SORTIES…ASSAUT SUR L’EMPIRE, COMBIEN DE DIVISIONS ?

Sur environ 850 nouveautés annoncées pour Essen 2014, combien sont des rééditions ? La moitié ? Un quart ?

Au regard de ce dont nous venons de parler, c’est-à-dire de la quantité offerte sur le marché, combien de boiboites vont se retrouver à des millions d’exemplaires ? Pardon des centaines de milliers ? Euh, non, pardon, des dizaines de milliers ? Ah euh, non des milliers ? Ah, pardon, des centaines ? Enfin, non, plutôt un kickstarter à 100 boîtes en fait ! Désolé, c’était juste un jeu qui cherchait un éditeur proto pas achevé qui ne sera jamais édité.

Un gros jeu ameritrash à licence Star War comme Assaut sur l’Empire se vendra-t-il à plus de 500 unités en France ? Est-ce comparable aux centaines de milliers de ventes d’un Dobble dans ce même pays ?

Vous voyez là où je veux en venir, annoncer un chiffre de sorties impressionnant ne veut pas dire grand-chose, tant qu’on ne regarde pas l’impact du jeu en lui-même, dans un marché où la majorité des ventes sont réalisées par les classiques adorés de tout lecteur de la communauté ludique, le Monopoly, la Bonne paye.

Pour creuser la question, quels sont les types de jeux qui pourraient être surproduits ?

SURPRODUCTION AU SENS DE QUANTITES DE BOITES EN CIRCULATION ? PAS VRAIMENT !

SURPRODUCTION ? DE QUELS JEUX PARLE-T-ON ?

Voilà les hypothèses que l’on fait sur la surproduction selon ces types de jeux, en partant de catégories de jeux.

La catégorie 1 : « les baleines »

Les jeux « baleines », sont le monopoly, la bonne paye, le trivial pursuit…implantés, connus et reconnus depuis plusieurs décennies, connaissent une distribution éprouvée, où la surproduction est quand même « bon an, mal an », régulée au fil des ans, et plutôt connue.

La sortie d’une nouvelle baleine consistera souvent à adopter une licence pour un même système de jeu, pour ne pas brusquer un public familial qui ne recherche pas forcément l’apprentissage de nouvelles règles.

Les fabricants produisent des millions d’unités pour des chaînes et des hypermarchés qui recherchent une rotation produit selon le m² occupé. Pour les chaînes spécialisées, c’est plutôt vers janvier/février que les directions des achats et les fabricants négocient entre eux les volumes prévisionnels pour les fêtes de Noël, en s’appuyant sur les années précédentes.

Il peut se produire une surproduction, limitée dans le temps selon les objectifs et accords entre les points de vente, grandes chaînes comme Toysrus, et les grandes sociétés de jeux, comme Hasbro.

Catégorie 2 : « les orques »

Les jeux qui aspirent à aller toujours plus loin. Ils ont fait leur preuve, touchent déjà plusieurs centaines de milliers de personnes à quelques millions de personnes et pour certains, sont déjà disponibles dans les chaînes. Issus de l’expérience accumulée sur plusieurs décennies de nouveaux acteurs du monde ludique, ces jeux aspirent à prendre des places à côté des baleines. On peut penser à un King of Tokyo, édité et distribué par Iello aux Etats-Unis et en France, ainsi qu’aux jeux de Days of Wonder (Aventuriers du rail, Smallworld…). Ces deux derniers jeux totalisent plus de 5M de boîtes à eux tout seuls.

Dans ce cas-là, la fabrication en masse de ces boîtes étant plus récente, des ruptures peuvent se manifester plus facilement, et au pire moment (fêtes de Noël). Si une erreur d’anticipation s’est produite, il faudra chercher à les écouler dans le temps et stopper les vannes.

Catégorie 2 : « les dauphins »

Cette catégorie regroupe les jeux moins répandus, qui visent un public plus restreint ou bien les jeux plus généralistes aspirant à se faire connaître. Les JCE, les jeux de plateau expert (Descent, X-Wing, Imperial Assault…), bien installés, avec de petites communautés de joueurs fidèles, mais aussi les jeux de petits éditeurs en passe de devenir des succès grâce à l’intégration dans un catalogue d’un gros distributeur, avec plus de 10 000 exemplaires vendus, par exemple. Un jeu ayant remporté plusieurs prix peuvent monter progressivement et entrer dans cette catégorie. Il n’est pas impossible qu’en fin d’année, un jeu comme Colt Express soit vendu à plus de 40 000 exemplaires pour 2015. La nature des jeux cocktails, plus accessibles et avec des règles explicables en quelques minutes, les portent naturellement en cas de succès à devenir dauphins voir orques.

Ces jeux (pour les jeux importés des US) peuvent connaître des ruptures de production fréquentes. Pour les jeux de niche, notre hypothèse est que l’origine de ces jeux (US) fait que le premier marché servi n’est pas l’Europe, et que celle-ci est souvent traitée comme une périphérie. C’est une hypothèse bien sûr ! Pour les jeux connaissant un succès foudroyant, cela est vraisemblablement lié au changement d’échelle : le fabricant (chinois ou pas) que l’on connaissait n’a pas l’habitude de réaliser de telles quantités de boîtes et il faut soit qu’il s’adapte, soit en trouver de nouveaux. Pour les ruptures des jeux qui montent, cela peut être aussi lié à la difficulté d’anticiper un succès et une demande forte supérieurs aux estimations,.

Pour les dauphins, il y a aussi une tendance de fond à chercher du kickstarter, donc à pouvoir déterminer dès le lancement le succès et la quantité de boîtes à produire pour la première vague principale, la seconde vague étant destinée à prolonger un peu la vie du jeu. C’est donc un régulateur utile de ce point de vue. Pour les jeux surproduits, c’est-à-dire que les joueurs ne sont pas prêts à acheter pour le prix public recommandé, vous les retrouverez chez certains déstockeurs…

Catégorie 4 : les « bébés phoques »

Encore sur la banquise, ces jeux cherchent encore à se frayer un chemin dans le dédale de la promotion, du kickstarter, des salons. Ces jeux sont extrêmement nombreux en variété, mais extrêmement restreints en quantité. Ils n’ont pas encore vu la lumière ni reçu le feu des projecteurs.

Théoriquement, si on part du principe que ces jeux partent maintenant tous en kickstarter, alors il n’y a pas de saturation ni de surproduction: ils sont soit pourvus (objectif atteint) et satisfont les premiers fans qui le reçoivent, soit les objectifs ne sont pas atteints, ils auront été présentés au public, mais pas présents sur le marché.

Mais au fond, les “bébés phoques”, cela représente quoi en termes de volumes ?

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Deal American Dream, un des jeux français lancés en Kickstarter et soutenu par Gozu Zone.

Les statistiques de Kickstarter en 2014 montrent que 1980 jeux ont été financés. Cette catégorie inclut les jeux vidéo. On sait toutefois que les premiers sont majoritaires. Donc, sans trop prendre de risques, et d’après mes discussions avec un des community manager de kickstarter, on peut estimer que, sur cette année, 50% d’entre eux, soit 990 sont des jeux de société. Cela fait encore plus de sorties qu’à Essen pour la seule année 2014…

De manière encore plus globale, on compte 6038 jeux financés depuis le début de Kickstarter depuis 2009, soit 1 000 jeux par an en moyenne. En reprenant la même technique simple (50% de ce total sont des jeux de société), on constate que 5037 d’entre eux ont obtenu entre 1000$ et 99 999$, soit pour un jeu à environ 30$ (grosse louche), de 33 soutiens à 3333, avec trois catégories (1000$ à 9999$, 10 000$ à 19 999$, 20 000 à 99 999$).

On reste donc au niveau du « bébé phoque » et du dauphin pour 83% d’entre eux. En termes de volume, cela représenterait, vraiment de manière grossière, sur 1157 jeux ayant remporté en moyenne 5000$, sur 553 jeux ayant gagné 15 000$, et sur 809 ayant obtenu pour 60 000$, 192 000 + 276 000 + 161 000 soit 629 000 boîtes pour tout kickstarter depuis 2009, soit environ 90 000 boîtes par an. En gros c’est 50 fois moins qu’un seul « orque» comme 7 Wonders, avec 5M de boîtes vendues. Sachant que Kickstarter est une plateforme mondiale, que la France a rejoint cette année, nous devrions ne prendre qu’une partie pour le mettre à l’échelle du pays.

Nous sommes bien d’accord que ces chiffres lancent le débat, et qu’ils méritent approfondissement et corrections. En tous cas, en suivant le raisonnement, la seule surproduction possible serait celle de l’auteur de jeux qui aurait trop produit, sans avoir lancé de kickstarter…

SURPRODUCTION, AU SENS D’OFFRE PLETHORIQUE ? ELLE EST FILTREE…PAR…LA COMMUNAUTE LUDIQUE

L’OFFRE PLETHORIQUE…EST FILTREE PAR TROIS CANAUX

EN AMONT, FILTREE PAR LES BLOGGEURS ET LES PROFESSIONNELS, QUI PEUVENT SATURER !

Malheureusement, les personnes les plus à mêmes de se prendre le grand flux des jeux présentés, ce sont les bloggeurs, autres médias, chasseurs de jeux à éditer, jurys de concours, créateurs de jeux reconnus souhaitant suivre les nouvelles mécaniques, ludothécaires experts…Certains sont parfois tout cela en même temps ! Eux peuvent saturer, car on vient tout leur présenter, du prototype en carton pas vraiment prêt-mais-qui-aspire-à-être-vendu-tout-de-suite au jeu des grandes maisons attendu depuis des mois qu’il faut tester absolument.

… PAR LES PASSIONNES, LE 2E FILTRE. « IL N’Y AURA JAMAIS ASSEZ DE JEUX POUR LES PASSIONNES », SAUF SUR LEURS ETAGERES !

Donc, l’offre pléthorique de jeux est présentée aux vrais passionnés, ceux qui suivent l’actualité. Vu les échanges sur tric trac, les vidéos de présentation sur les derniers kickstarters, la sélection s’opère naturellement dans cette offre riche. Les passionnés contribuent eux-mêmes à filtrer les jeux qui se sont bien présentés aux différentes communautés et ceux qui ont manqué de communication ou d’univers esthétique léché, via les forums, les commentaires sur les sites comme Tric Trac…Les jeux les plus attendus ou actifs remontent dans ces forums, pendant que d’autres s’essoufflent. Ce sont eux qui vont venir tester les jeux d’auteurs lors des salons et découvrir une perle rare à soutenir et à faire connaître.

La saturation du passionné, ou sa surproduction à lui, ce n’est point la quantité de jeux présentée, c’est sa ludothèque personnelle qui finit parfois par manquer d’espace !

EN AVAL, LES BOUTIQUES SPECIALISEES: UNE SELECTION AVISEE ET UNE CAPACITE A AVOIR PLUS DE REFERENCES…QU’UN TOYSRUS.

Les boutiques regardent d’abord les jeux édités et bien distribués. Elles suivent l’actualité, et peuvent mener des politiques d’acquisition audacieuses en dehors de ce que proposent les distributeurs. Certaines font aussi des expéditions ludiques dans des contrées lointaines, comme la boutique Trollune à Lyon, partie explorer la GenCon.

Elles conseillent ensuite à partir de toute cette culture ludique accumulée, si bien qu’un client en boutique ne sera jamais « perdu » dans les boites de jeux, pourvu qu’il recherche des avis. Les joueurs en devenir qui passent en boutique n’entendront jamais parler des 850 sorties d’Essen. Entre toutes ces sorties, les boutiques sont courtisées, et choisissent…

Cela peut paraître contre-intuitif, mais dans certaines boutiques de jeux indépendantes et spécialisées, il y a plus ou autant de références que dans un Toysrus (recherche pour faire plus de volumes avec moins de références)…

Il y a donc ce savoir-faire et cette capacité à trouver LE jeu qui vous correspond le mieux en boutique.

CONCLUSION: SURPRODUCTION REELLE DE JEUX, IL N’Y A POINT…et un seul vrai chiffre à connaître…

Si l’on prend en compte la variété de jeux et qu’on prend en compte leur quantité présente pour chaque référence sur le marché du jeu, avec les rééditions, les protos, les jeux limités à un rayonnement régional ou local, les kickstarters (hors gros succès à la Zombicide ou Exploding kittens), nous constatons que le jeu de société se développe, et que le foisonnement de bébés phoques et de dauphins représente une forêt de jeux en très petites quantités, couverts par des orques, et des baleines.

Cette énorme variété présentée aux salons de professionnels et de passionnée est triée, sélectionnée, et au final, filtré par une communauté ludique active et en demande de nouveautés toujours plus belles et innovantes dans leur gameplay.

Les chiffres qui permettraient de mesurer une surproduction réelle seraient le taux et le volume de jeux revendus par les déstockeurs, car cela concerne jusqu’aux jeux présents en petite quantité.

A votre avis, combien de sorties par an faudrait-il pour obtenir, à la fin de la partie, une nouvelle baleine pour chatouiller un Monopoly ? Faut-il encore plus de jeux et un foisonnement encore plus important pour diffuser de nouveaux jeux auprès du grand public?

Article de Jb de Gozu Zone, le nouveau fabricant français de boîtiers, rangements modulables et d’accessoires de jeux. Article lancé à l’occasion de la sortie des nouveaux rangements pour JCE Seigneur des Anneaux™, Trône de fer™, Warhammer Invasion™, Star Wars JCE™, et compatible avec Magic The Gathering™

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très bon article.

oui je ne pense pas qu'il y ait surproduction, les sociétés éditrices ne sont pas des mastodontes et régulent mieux leur stock, ne commandent pas forcément trop de boites, joue sur le marketing, n'hésitent pas à jouer sur les ruptures.

par contre il est clair que l'on a le choix, la masse de jeux qui sortent est assez énorme, .... meme si indirectement peu de jeu se démarquent les uns des autres, on reste souvent sur les memes mécaniques.

Cela dit avoir de plus en plus de jeux qui sortent est signe de bonne santé, la multiplication du choix permets de dynamiser le secteur.

Si l'on fait le parallèle avec la crise du jeu vidéo des années 80, il y a eu crise car il y a eu beaucoup de mauvais jeux qui au final gavaient les acheteurs, alors que pour le jeu de société aujourd'hui c'est l'inverse beaucoup de très bon jeux, ce qui poussent les acheteurs a acheter plus (en dépassant le budget accordé) et booster le secteur ludique.

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Le développement permet d'avoir des jeux de plus en plus beaux et pour tous les niveaux. Le surplus disparaît de lui-même.

Quand je joue à des jeux comme Myrmes, Tzolk'in, Lewis & Clark... la liste pourrait-être très longue, je me dis : Vive la surproduction !!

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merci pour ce commentaire Harvey : effectivement, il y a masse de jeux nouveaux, en très petites quantités et dont les chances pour émerger sont très faibles (plutôt des petites tortues de mer en fait) !

Cyberba: viva la surproducion :)

Super article qui vient nourrir ma propre réflexion sur le sujet.

Personnellement, je considère qu'il n'y pas surproduction en terme de volumes, mais en terme de références. Aujourd'hui, je pense que le foisonnement de nouveautés peu vite empêcher certains bons jeux de vivre plus longtemps commercialement.

Mais là où je considère qu'il y a surproduction ludique, c'est qu'on peut rapidement avoir une ludothèque bien fournie en titres et en mécaniques, mais que plus personne ne veut jouer car seule la nouveauté importe. Par exemple, j'ai du mal à sortir un Small World, un Runebound ou un Risk (oui, j'aime le RisK SDA ^^).

Je voudrais ajouter ma pierre à votre article, Gozu et MrJ, en disant que l'autre limite d'une ludothèque sera l'appétance d'un ludophile en rapport à sa bourse, voire tout simplement à l'argent déjà dépensé. Mi par exemple, je dépense pour X-Wing, mais même si les jeux me tente, je n'irais pas volontairement dépenser dans les autres produits Star Wars.

Je terminerai en disant que la production ludique connait aujourd'hui une mutation vers une hydre dont chaque tête aura son fonctionnement et ses clients, ce qui ne servira pas la plupart des boutiques indépendantes spécialisées.

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Surproduction = rapport offre/demande OK !
Mais comment se fait-il qu'on ne développe pas la demande ???
Qui, hormis les geeks trictraciens est capable de me donner le nom d'un jeu sorti il y a moins de 6 mois ?
On constate donc que l'acheteur potentiel ne connait pas (encore) le monde du jeu et que l'information ne va pas à lui ...
Un peu plus de communication hors du cercle fermé des joueurs ferait grand bien à tout le secteur !
Des solutions :

Quelques articles régulièrement ds les journaux people, quotidiens, mensuels ...
Quelques insertions dans des blogs "loisirs" ...

Un espaces "jeux du mois" dans toutes les boutiques de jeux, même toysR.... ou jouéc.... et peut-être même dans les supermarchés ... vous savez, là où TOUT LE MONDE passe chaque semaine, ne serait-ce que pour s'acheter à manger ...
Ainsi on éveillerait l'ésprit de chaque joueur potentiel au fait qu'il s'agit d'un secteur hyper-dynamique dans lequel il pourra forcément de quoi occuper agréablement ses soirées famille/amis. En effet, avec une production de plus de 1000 jeux par an, il est impossible de ne pas en trouver quelques-uns qui "font envie" !

(perso, c'est moi qui vais chercher l'info, pas l'inverse ... et la première boutique de jeu capable de me vendre un produit récent est à 70 bornes ... la solution ne résiderait-elle pas dans l'amélioration de ces données ?)

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Cher Monsieur @redan,

C'est gentil, mais disons qu'il y a 15 ans, il y avait encore moins de joueurs, de médias que maintenant. Les volumes de ventes étaient "ridicules", le nombre de jeux assez bas mais déjà pas mal... Bref, je crois que dire "personne ne fait ce qu'il faut pour augmenter la demande, le secteur" est un peu, comment dire, éloigné de la réalité.

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@redan

C'est sûr que si Asmodee ou IELLO possédait un grand groupe de presse ou une chaîne de grande distribution, ce serait peut-être un peu plus facile de les convaincre de parler de nos jeux… ;)

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Cher Monsieur,
Je n'avais pas lu cet article de Monsieur Gus, mais il ne fait que confirmer mon avis sur le genre. C'est du grand n'importe quoi avec de l'analyse à 2 centimes dedans. Le Monsieur dénonce un effet loupe qu'il a lui même provoqué dans sa tête en faisant de la sur-enchère article après article en annonçant même jusqu'à 2000 jeux par an Amusant.

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@Monsieur Phal : Loin de moi l'intention de dire que "personne ne fait ce qu'il faut" ... je tiens donc à nuancer mon propos, non, à répéter mon propos : "Un peu plus de communication hors du cercle fermé des joueurs ferait grand bien à tout le secteur"

Ce qui n'enlève rien à ceux qui tentent déja d'avancer dans ce sens.

@IELLO : Est-ce réellement nécessaire de posséder un groupe de presse ou une chaine de grande distribution pour convaincre de parler du jeu .
Je ne connais pas les détails de votre activité mais êtes vous allés démarcher dans la grande distribution avec les arguments qui rendent le jeu attractif ?

Développer un "tout petit rayon nouveautés" ... pour voir ...
Plus de 1000 nouveaux jeux par an ...
On propose bien des produits locaux dans l'alimentaire, pourquoi pas un "Made in Nancy" sur les derniers produits iello proposés en grande surface à Houdemont ? ;)

... et un p'tit mail aux journaux locaux et nationaux tous les mois reprenant les dernières sorties et un p'tit résumé ... s'ils n'avaient pas eu l'idée d'en parler, la démarche pourrait la leur souffler, non ?
En résumé de mon premier message : Communiquer, donner l'info à ceux qui ne font pas la démarche d'aller la chercher ... souvent parce qu'ils n'en ont même pas l'idée.
Ceci n'est en aucun cas une attaque contre Monsieur Phal et Iello, bien au contraire, vous êtes ceux qui dynamisent le secteur, et bravo pour cela !

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Cet article est très bon et je suis assez d'accord sur le fait que pour l'instant le marché s'"auto-régule" toutefois si cette article à le mérite de remettre l'église au milieu du village je pense que si la surproduction n'est pas un problème actuellement c'est au moins un préoccupation qui ne doit pas être négligée. En effet, j'ai l'impression que le marché suit le marché de la BD qui lui est clairement en surproduction. Donc aujourd'hui il n'y a pas de problème, ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura jamais. L'augmentation de production de ces dernières années à plusieurs qualités, la qualité s'est améliorée, l'offre (diversité) est plus grande, l'exposition médiatique est meilleures et les jeux de sociétés "core" se démocratise de plus en plus (merci trictrac). Certaines bombes comme agricola ont permis de faire sortir les kubenbois de leur ghetto. Mais ces qualité ont également leurs défaut. J'ai l'impression que, depuis que je m'intéresse un peu à la chose ludique, le nombre de jeux publié à explosé, le nombre d'éditeur à fortement augmenté et là ou il y a 5 ans l'actualité du mois se concentrait sur 4-5 jeux, aujourd'hui c'est plutôt l'actualité hebdomadaire qui est constitué de 4-5 jeux et à la fin de l'année, seul 10-15 jeux restent dans le mémoire. Il y donc effectivement une importante production qui est oubliée presque immédiatement. Surproduction ? peut-être pas pour l'instant mais à l'avenir ? ET le fait que tous ceux qui s'intéresse à la chose ludique se pose la question montre que cette question n'est pas anodine.

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Cher Monsieur @redan,

A combien évaluez-vous les activités qui voudraient la visibilité que vous souhaitez ? 2 ? 20 ? 200 ? 2000 ? Que pensez-vous qui intéressent les grandes surfaces ? Les médias généralistes ou locaux ? Et pourquoi ?
Ceci étant, j'ai toujours du mal avec le discours consistant à dire "qu'il faudrait faire", comme s'il niait tout ce qui a été fait jusque là. Comment pensez vous qu'un site comme TT passe de 400 lecteurs à 20.000 ? Et pour cela, nul besoin de TF1. D'ailleurs, pour mémoire, en 2013 on savait que :
- "âge moyen de 56,5 ans pour le téléspectateur de France 2 et de 57,9 ans pour celui de France 3."
- "A TF1, en trois ans, le téléspectateur a pris 18 mois, passant de 47,2 ans à 48,8 ans. Du côté de Canal Plus, chaîne payante, on fait jeu égal avec TF1 (48,7 ans). Même M6 qui fut longtemps la plus jeune du PAF a pris un sérieux coup de vieux, notamment avec l’arrivée des petites jeunes de la TNT. Le téléspectateur de la sixième chaîne a désormais 43,3 ans contre 41,9 ans en 2010 et 37 ans en 2006."

(source un article de la presse papier il y a 2 ans...)
Et pour les grandes surfaces, au moment où les gens décident de mieux se nourrir, croire que cela passe par là est assez amusant. Bref, vraiment, croire que bouger les médias généralistes, la TV et les grande surface est un bien pout tout et tous, est une erreur... Enfin, c'est mon avis.
Le jeu se répand parce que les joueurs décident de faire jouer autour d'eux et que finalement jouer c'est cool. Pas parce que TF1 ou une grande surface mettra en tête de gondole une boite de "Agricola"...

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@Monsieur Phal n'imaginez-vous pas que ces facteurs puissent agir en parallèle ?
Le jeu qui se répand "seul" nécessite le fait de connaître au moins un "joueur" ... et donc de faire "un peu" partie du monde du jeu ... La communication généraliste permet de toucher un public qui jusque là n'avait même pas pensé qu'il pourrait s'interesser au jeu.

Quant à ce qui interesse les grandes surfaces ... bien sûr, de faire du profit ... mais ils ne feront pas de profit en ne proposant pas les produits ... peut-être qu'en proposant quelques produits ils verront que le secteur est bankable ... qu'ils toucheront de plus en plus de "jeunes" qui ne regardent plus TF1 ni France 2, ils s'ouvriront à un secteur qu'ils n'ont pour l'instant pas développé : le jeu récent et dynamique.

(notez que j'ai employé "peut-être" ... effectivement, je ne suis ni communiquant, ni acteur du jeu, ni dans la grande distribution, juste un lecteur qui réagit)
Tous les moyens sont bons ...

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Cher monsieur @redan,

Peut-être, mais si vous avez raison, je vous laisse œuvrer. Je n'ai aucunement envie de passer du temps à séduire ou convaincre des gens qui vont acheter leur viande et leur légumes, leur musique, leurs livres dans les grandes surfaces :)

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WOUAH !

Gozu Zone, le nouveau fabricant français de rangements, ne s'attendait pas un tel déluge de commentaires! Merci beaucoup !

Beaucoup de choses dans ce que vous venez dire, je vois plusieurs points, dont certains méritent quelques explorations:

@DCDP (tu serais pas le DCDP des tournois d'X-Wing du Meisia, Waaagh taverne? ^^): l'hydre à plusieurs têtes. Serait-il possible que tu développes un peu le point suivant:

"Je terminerai en disant que la production ludique connait aujourd'hui une mutation vers une hydre dont chaque tête aura son fonctionnement et ses clients, ce qui ne servira pas la plupart des boutiques indépendantes spécialisées."

Point sur la contrainte budgétaire: c'est probablement le régulateur le plus important, que tu décris, qui se résout par une sélection toujours plus sévère sur quelques titres.

@REDAN, @Monsieur Phal,@IELLO: le sujet des efforts de démocratisation du jeu. Pour connaître ce marché depuis de temps, je suis épaté justement par les développements de celui-ci vers un public toujours plus large. J'ai le sentiment que chaque jour, des bataillons entiers de Dobble, 7 Wonders et King of Tokyo (les orques) prennent d'assaut les forteresses du Monopoly et autres classiques connus et appris par nos grand-parents.

Cher Redan, je pense que l'objectif de tout le secteur du jeu de société est de toucher un public toujours plus large, et en regardant la structuration du secteur, l'élargissement des canaux de distribution (grandes chaînes, les fameux GSG, grandes surfaces généralistes)", on voit que c'est précisément ce qui est en train de passer.

Le simple fait d'accéder à une grande surface permet de toucher un public encore plus généraliste, "ah c'est pas dans une boutique de jeux de rôle mais dans un supermarché, ça doit pas être dangereux..." Je passe sur les a priori dont m'a parlé un de nos joueurs très connaisseur du secteur, hier...

En revanche, s'il s'agit de proposer de l'ouverture, c'est-à-dire un grand choix de références pour beaucoup plus de monde, cela devient très difficile d'y répondre. Cela pourrait faire l'objet d'un article entier. Quelles seraient les conditions pour qu'une personne se retrouve avec une bonne vraie ludothèque bien riche chez elle? J'ai quelques idées sur la question, mais en regardant l'attrait des jeux cocktails pour les éditeurs, on peut déjà avoir une petite réponse:)

Au plaisir de vous lire,

Jb de Gozu Zone

Vendre un jeu dans la grande distribution augmente certainement les ventes, mais est-ce que cela augmente réellement le nombre de joueurs sur la durée? Sur toute les boîtes de Dobble vendues combien sont ouvertes et jouées ?

Plus globalement: sur toutes les références actuelles combien seront encore jouées dans un an?

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Merci pour ce point Stefou ! On ne peut répondre que par des hypothèses et faire des conjectures.

Sur toutes les boîtes de Dobble vendues, combien sont ouvertes et jouées : aucune statistique là-dessus. Toutefois, le caractère facile d'accès du jeu et le fait qu'un conseiller de vente non spécialisé d'une chaîne puisse le recommander augmente les chances d'ouverture et de jeu.

Si le nombre de personnes jouant à Dobble est significatif (donc la première hypothèse est vraisemblable), on peut supposer que les joueurs vont développer la pratique de jeux nouveaux et simples.

Cela augmente la probabilité, si le jeu plaît, d'en trouver et d'en offrir d'autres du même type.

Enfin sur les références actuelles, mon article conclut que quelques seulement "orques" arriveront jusqu'à ces personnes, après un filtrage énorme, de la même manière qu'un FIFA sera toujours plus joué qu'un jeu des studios quantic dream.

Je pense que la totalité des références actuelles sont peu ou très peu jouées, pour les raisons évoquées dans l'article : périmètre de nombre d'entre eux restreint à un petit cercle de joueurs.

@MrJ: oui, je suis DCDP ou le Nain Braillard d'X-Wing. ^^

Quand je parle d'une hydre à plusieurs têtes (tout en nuançant sur la possibilité qu'une tête coupée puisse repoussée), c'est parce que je vois le marché ludique en plusieurs catégories. Alors bien sûr, tout ce que je dis est mon impression, pas une étude approfondie sur le sujet. C'est pour ça que je ne me permet pas de conseils.

Pour info, je travaille dans un grand magasin parisien, qui fonctionne à l'achat comme les grands surfaces (moins la quantité), je suis client d'une boutique indépendante (et forcément on devient pote avec le gérant), j'ai voulu ouvrir ma propre boutique en 2011, je vois des boutiques parisiennes fermer et d'autres ouvrir. Et je passe sur Tric Trac depuis 2011 aussi.

Pour moi, le marché est entrain de se diviser de la façon suivante (et que vous avez déjà dit):

- le marché "généraliste" tenu par Hasbro, Goliath et les produits très basiques et génériques d'Asmodée. Là, on parle des grandes surfaces et consors. Or ces enseignes réclament des marges d'au moins 30%, voire 50% sur un produit, car par exemple chez nous, il y a déjà 35% qui partent dans la gestion du magasin. Hors, je pense que les fabricants n'obtiennent pas cette marge à la fabrication/distribution sur 95% des titres. Dis-toi que c'est souvent un minimum de 60% sur la bouffe et 70% sur la fringue.

- le marché spécialisé des boutiques de jeux, que nous connaissons. C'est là où l'on trouve le plus grand choix, les meilleurs conseils, les meilleurs potes pour jouer. Actuellement, il est en mutation, car toutes les boutiques doivent, pour résister, devenir aussi un lieu pour jouer. Par exemple, mon pote a une boutique, mais pas assez de surface pour mettre une ou deux tables de jeu à dispo, pour faire de l'animation ou de la démo pendant l'ouverture de magasin. Alors que d'un autre côté tu as la Waaagh Taverne (que tu connais) qui est bondée grâce à ses tables. D'un autre côté, ces boutiques s'en sortent aussi grâce aux démonstrations et ventes auprès des associations, clubs, et évènements dans leur ville ou quartier.

- enfin l'autre marché, qui vient de se créer, est celui du financement participatif. Personnellement, je le trouve intéressant. Mais je serais gérant d'une boutique, je m'inquièterais. Kickstarter et consorts pemettent de cibler directement une clientèle exigeante et, surtout, dépensière. Hors cela prend une part de la clientèle régulière et profitable des magasins spécialisés.

Par contre, l'autre évolution des jeux ludiques est la durée d'une partie. Sortir un jeu qui durera toute une journée est quasiment impossible aujourd'hui.

Tout cela n'est que mon point de vue et Mr Phal et son équipe seront les mieux à même de me contredire ou de m'accorder quelques points, car ils sont au coeur du marché ludique et de ses chiffres depuis assez longtemps pour ne pas s'être amusé à financer une v4, puis une V5 de leur site inutilement.

Perso, j'achète, beaucoup. Mais il est vrai que, quand j'organise une soirée jeux via OVS, elle se remplira rapidement avec l'annonce du test d'un nouveau jeu, mais peinera à rameuter du peuple si je nomme des classiques comme Catane, Carcassonne, ADR, Piliers de la Terre ou SW. Autre chose, il m'arrive d'avoir un jeu avec toutes ses extensions, mais le temps de sortir la boîte (peinture, lecture des règles, vie privée), mes partenaires le considèrent déjà dépassé parce que le dernier jeu d'Untel reprend les mêmes concepts mais en plus beau ou en mieux.

Alors m'est venue une réflexion simple, pourquoi remplir ma ludothèque qui finira avec plein de titres qui prennent la poussière, alors qu'il est finalement plus simple et moins couteux d'être dans une association ludique ou jouer (en mode location) dans une boutique (facile pour un citadin).

@Mr Phal, @Iello

Je pense que si nous sommes quelques uns à nous poser la question, c'est plus par peur de voir se fabriquer une bulle économique sur le monde ludique, qui pourrait donc imploser, et que nous avons besoin d'être rassuré sur la pérénité du système économique qui mute et se met en place aujourd'hui.

@tous: désolé pour ce commentaire aussi long.

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@MrJ

"Sur toutes les boîtes de Dobble vendues, combien sont ouvertes et jouées : aucune statistique là-dessus."

Oui, certainement aucune statistique, car ce sont juste des marchandises destinées à être vendues en masse au moment des fêtes (et comme cadeau d'anniversaire le reste de l'année).

@Monsieur Phal
Vos propos pourraient pousser à la réflexion si vos jugements n'étaient pas si péremptoires !
En 3 lignes vous pensez connaitre mon mode de consommation et vous en déduisez des traits de caractère qui vous poussent à ne plus vouloir échanger.
Vous qui haïssez le fait de juger sur les apparences semblez assez contradictoire avec vos pratiques.
Je vous laisse donc moi aussi vous complaire dans vos certitudes qui auraient peut être mérité de l'échange qui, en aucun cas n'a été de la contradiction.