Tikis et clignotements
Il est comme ça des jeux qui allument un petit voyant chez le chroniqueur ludique annonçant une demande urgente d’attention.
Et lors de la dernière grande messe d’Essen, il était bien difficile de trouver l’anneau ludique qui allait tous les lier car on ne trouve pas un “Seven Wonders” tous les ans, nous permettant sans trop se fatiguer de célébrer un succès unanime.
Alors pour sûr, l’analyse des parutions devient un exercice plus délicat qui fait dire à certains que l’année manque de repères. Quand l’évidence n’est plus au rendez-vous, il faut donc un peu de temps pour identifier les perles plus discrètes cachées dans des eaux plus profondes et souvent assez mal signalisées.
Parmi les jeux qui font clignoter nos alarmes Trictraquiennes, il y a “Hawaï” de Gregory Daigle qui n’a visiblement pas fait que clignoter chez nous puisque vous allez pouvoir le découvrir en version francophonique par les bons soins de Filosofia vers le 27 de ce mois de janvier 2012.
“Hawaï” même avec des règles facilement assimilables s’adresse de toute évidence aux core gamers ou joueurs connaisseurs en french.
Tout comme “Vanuatu” récemment édité chez KnD, “Hawaï” vous emmène sur un air de vacances paradisiaques dans une Polynésie de cartes postales mais pour vous faire bosser un peu beaucoup sérieusement. La comparaison entre les deux jeux s’arrête d’ailleurs ici comme vous allez le voir.
A l’instar d’un “Caylus”, “Hawaï” se propose de mettre à l’épreuve votre sagacité à gérer au mieux ressources et développement de villages.
Comme de généralement, votre objectif est d’être le mieux pourvu en points de victoire au terme des cinq manches que durera la partie.
Ces points se gagnent par des moyens variés avec des objectifs à court terme (en fin de chaque manche) mais aussi de long terme (en fin de partie).
Un des intérêts majeurs du jeu est de proposer une progression et une tension qui ira croissante jusqu’à la fin de partie car les possibilités de développements et les ressources iront en décroissant a contrario des exigences pour marquer des points qui suivront une évolution inverse.
Première saveur du jeu, la mise en place se fait en partie aléatoirement faisant ainsi varier les débuts de parties. Un gage de rejouabilité dans la diversité.
Dès l’installation, on se rend bien compte que le jeu s’adresse à du joueur costaud : “Placez les 126 jetons Produit Local sur les tuiles Lieu.”. Pour sûr, c’est un indice fort sur la suite des événements !
Vous avez donc un emplacement personnel devant vous où vous allez construire vos villages. Chacun les siens dans son coin.
La grande île centrale avec ses dix lieux, sa plage, son port et ses petites îles voisines.
En partant de la plage, votre grand chef pourra, à votre tour se déplacer dans les lieux adjacents afin d’acheter différents Produits qui lui permettront de construire les éléments des villages ou de se procurer des ressources.
Sans entrer dans les détails, c’est là que vous allez devoir optimiser vos choix car les déplacements coûtent des Pieds, les Produits coûtent des coquillages et suivant votre place dans le tour de jeu, certains produits auront été déjà acheté avant votre déplacement.
Comme de bien entendu, votre place dans le tour étant tellement importante, celle-ci n’est pas fixe et ne respecte pas votre place autour du plateau.
Chaque joueur fait une action avant de passer la main au suivant et le premier qui décide qu’il a terminé sa manche choisira sa place pour la suivante.
Les produits que vous achetez vous offriront des bonus soit en points de victoire, bien sûr, mais aussi en ressources car, si vous en recevez en début de chaque manche, vous allez vite voir leur nombre diminuer. Il faut aussi prévoir un peu.
Vous aurez également la possibilité de les améliorer (mais juste au moment de l’achat, après c’est fini) car la plupart des éléments vous proposent un niveau de base et un niveau avancé qui rapporte plus mais vous coûtera le double à l’achat.
Vous ais-je dit que le placement de ces éléments sur votre plateau individuel est soumis aussi à des règles ? Voilà qui est fait.
Chaque manche aura aussi son propre objectif. Il vous faudra avoir suffisamment dépensé (jetons Coût) car vous marquerez des points dès que vous dépasserez le montant indiqué sur la carte objectif. Celle-ci vous permettra également de savoir combien de ressources vous seront données pour le prochain tour et c’est toujours trop peu.
Vous concentrerez-vous sur la création d’un ou deux gros villages ou choisirez-vous la prolifération ?
Normalement, avec tout ceci à penser en même temps, vous devriez avoir de quoi vous occuper l’esprit.
Même en y regardant plus près que ce simple survol, vous ne trouverez en réalité aucun mécanisme nouveau dans “Hawaï”. Ce n’est pas par son caractère innovant qu’il va briller. Si vous en avez déjà assez des jeux de gestions passez votre chemin.
Pour les amateurs du genre, l’appréciation se portera sur l’équilibre du jeu et la tension permanente et croissante d’une partie ainsi que sur la rejouabilité.
Normalement à ce stade vous devriez savoir si votre voyant personnel clignote ou pas.
“Hawaï”
Un jeu de Gregory Daigle
Illustré par Dennis Lohausen
Publié chez Filosofia en VF
Distribué par Asmodee
Pour 2 à 5 grands chefs à partir de 10 ans pour les plus cortiqués des enfants.
Disponible le 27 janvier 2012 ou pas loin dans les 40€