Il n’y a plus grand-chose à dire sur Essen. Enfin presque. Parce qu’entre le calme Showroom presse (où passé les 2 premières heures le mercredi avant l’ouverture il ne se passe plus rien) et les bruyants espaces salon (où passé les 2 premières heures il est difficile de voir tout ce qui se passe), on peut, si l’on est introduit, découvrir des évènements parallèles. Oui. Force est de constater que la grande majorité des discussions, des relations, des liens se forment autour d’une table. Mais pas d’une table pour jouer. Non. D’une table pour manger. Oui. La pitance est à la base de tout. Vous pensiez que les grandes décisions se prenaient dans des bureaux avec une grande table ovale, et bien pas du tout de l’erreur. Tout se passe dans les restaurants, une fourchette à la main.
De la dégustation ludique
La gaming Night
Vous le savez peut-être, Asmodee est l’un des plus gros distributeurs européens. Avec des filiales en Angleterre, en Espagne, aux US, en Allemagne, en Belgique… Et même en Chine, ils ont forcément des clients dans tout un tas de pays et des relations commerciales assez énormes avec tout un tas de gens qu’il n’est pas facile de voir régulièrement en chair et en chair. Du coup, ils ont eu l’idée de profiter de ce moment privilégier qu’est Essen pour « travailler » l’air de rien. Oui. Ils ont créé la « Gaming Night Asmodee ». Une soirée dans un grand hôtel où sont invités tous leurs contacts internationaux. D’abord on prend un apéro, on discute, on refait le monde (ludique), puis on mange. Et quitte à être à une table, autant en profiter pour découvrir tout ce qui va sortir, être proposé l’année suivante.
Le bal des éditeurs
Imaginez une grande salle à la moquette épaisse et à la longue baie vitrée. Une baie proposant une ouverture, noircie par la nuit, sur l’entrée de la salle de spectacle d’Essen. On est vendredi et une queue de fans d’un vieux groupe allemand sur le retour se forme. Si vous approchiez vos mains pour couper la lumière et adapter votre vision à la semi-obscurité extérieure, vous perceriez la noirceur des nuits d’octobre et vous apercevriez au loin la « veille entrée » du Messe.
Le long d’un mur, un buffet avec des plats chauffants et des boissons à volonté. Au centre, des tables recouvertes de nappes estampillées « Asmodee ». Sur chacune d’elle, de petits drapeaux. Là, on parle allemand. Ici, on parle chinois. Sur celle-ci, c’est Italien. Et là, on parle Belges.
L’organisation prend le micro et explique que les « démonstrateurs » vont passer de table en table. Ils auront 10 minutes chrono pour expliquer leur(s)s « produit(s) ». Oui, il est question de produits. Les gens assis à ces tables sont des acheteurs. Des boutiques, des distributeurs, des filiales, des partenaires… Les « démonstrateurs » sont les éditeurs et ils ont sous le bras des jeux. Des jeux déjà sorties, des prototypes, et même juste des « projets ». Ils vont avoir 10 minutes pour expliquer le pourquoi du comment de ces jeux. Et il y a du lourd parmi ces éditeurs. Asmodee, forcement, mais aussi Space Cowboys, Ystari, Repos Production, Libellud, Matagot, Bombyx, La Haute Roche, Marabunta, Les Éditions du Hibou, Cool Mini or Not, Vaxion. Oui. Et tout le monde est logé à la même enseigne. 10 minutes. Pas plus pas moins. A chacun de séduire afin que ceux qui vous écoutent vous recontactent pour infos complémentaires. L’idée étant de dispatcher la production aux quatre coins du monde, et donc de potentiellement baisser les coûts de production en augmentant les tirages…
Bien sûr, il s’agit là d’un premier contact. Si tout le travail tenait en ces 10 minutes, nous n’aurions pas grand-chose sur les étals et surtout pas de gros jeux bien velus. Car il faut pour certains de ces « produits » plus de 10 minutes pour en découvrir les saveurs. Mais nous sommes là devant des professionnels, et quand un Monsieur Croc des Space Cowboys explique un « Splendor », quand Monsieur Thomas d’Ystari explique un « Alyens » à des professionnels passionnés et attentifs, les subtilités apparaissent bien plus vite que lorsque vous essayer de convaincre votre femme* de l’intérêt de cette nouvelle boite qui va prendre de la place sur l’Expédia du salon. Pour le moins.
La francophonie du monde.
La première chose qui m’est apparue durant cette soirée, c’est la puissance de frappe du secteur francophone. La force dégagée par Asmodee pour les jeux dont ils s’occupent, les leurs comme ceux de leurs « clients » trouvent place dans le monde. On constate souvent, parfois avec aigreur parce que la réussite et l’argent c’est le mal, qu’Asmodee est devenu une grosse boite qui engrange les millions, mais on ne regarde pas vraiment comment. Leur force, c’est d’essayer et de se donner les moyens de leur ambition. Et si ça ne marche pas vraiment économiquement, tant pis. Souvenez vous des Asmodays, cet événement déficitaire organisé juste pour se faire plaisir, pour pousser le secteur, lui donner un visage, faire que les passionnés se rencontre. Rien ne les obligeait à l’organiser et pourtant.
J’ai connu (dans un cadre sportif) les patronnes de « Haircoif », les salons de coiffure. Gardez vos vannes sur mes poils pour vous, on me les a déjà toutes faites. Je leur ai présenté un projet assez « innovant », et elle mon expliqué qu’il y avait 2 types d’entreprises, celle qui innovent, qui cherchent à se démarquer, à inventer et celles qui suivent, reproduisant un schéma déjà établi. Zéro risque. Inutile de vous dire que mon « projet innovant » n’a pas vu le jour. Mais depuis j’ai une vision différente des entreprises, des entrepreneurs, et Asmodee est clairement dans la première. Et leurs tentatives boostent tout un secteur. On ne m’ôtera pas de l’idée que leurs aimables concurrents profitent aussi de cette énergie et je crois qu’ils leur reconnaissent bien volontiers. |
Avec cette « Gaming Night », Asmodee arrive a concilier passion et business comme personne. Parce que les plus passionnés pouvaient rester jusqu’à pas d’heure pour essayer les jeux qui les avaient excité durant les courtes présentations (si un proto était dispo). Oui. Si lors de séminaires d’assureurs, de banquiers on reste tard au bar, ce n’est pas vraiment pour essayer des assurances ou des PEL. Non. Dans le monde du jeu, il en est encore autrement…
Vendu !
Là, normalement, on va m’accuser de bienveillance envers un partenaire publicitaire. Mais peu importe, les plus intelligents d’entre vous auront les moyens de se rendre compte que mon analyse est simplement juste. Il suffit de regarder d’où est partie le secteur et quels sont les évènements qui l’on conduit où nous en sommes…
Tout ça, c’est bien, mais à par brosser les pompes ?
Toute cette introduction nous amène à la chose qui nous intéresse le plus. Mais qu’est-ce que donc que ces éditeurs ont présenté, mince que diable ! Si pour certains, l’idée était de présenter des jeux que nous connaissons déjà, mais pour l’export, d’autres avaient de beaux scoops. Je vais vous faire un petit tour rapide des choses marquantes. Rapide parce que pour certains nous allons entrer dans les détails dans des annonces spécifiques. Je peux même vous dire que pour quelques-uns, nous allons suivre la chose façon « Bâtisseurs ». Oui.
Asmodee
Avec « Tic Talk », l’éditeur nous proposera un jeu grand public de type Party Games. Un truc à jouer en équipe avec des dés à 12 faces, des sabliers et des mots à lâcher au bon moment.
Bombyx
Il y avait forcément « Les Bâtisseurs » et le « Takenoko Géant », mais aussi « Continental Express » et « Sultaniya ». Nous devrions revenir très bientôt sur « Sultaniya » de Charles Chevalier…
Cool Mini or Not
L’éditeur / distributeur de « Zombicide » présentait « Rivet Wars », un jeu de figurines sur la première guerre mondiale, mais avec de la technologie délirante comme des chars qui marchent, des véhicules du futur, mais dans le passé… Un truc qui arrache les yeux tellement c’est beau que sur Kickstarter, ils demandassent 25.000€ pour lancer la production et ils ont levé 582.316$ ! Dingue.
Ils avaient aussi en stock « Chaos Ball », un jeu d’Eric Lang qui est lui aussi passé par la plateforme de financement participatif. Là aussi, ils espéraient 25.000€ et ils ont eu 356.752€. Il s’agit d’un jeu de sport de combat qui mélange joyeusement tout. Des monstres à la Godzilla au rappeur Gangsta en passant par Kutulu (un Erzat de l’autre méchant)…
Libellud
Forcément, il y avait de l’extension « Season ». Oui. Mais le jeu le plus marquant, c’est « Lords of Xidit ». Si les plus malins on vu la référence à « Dixit », la chose la plus intéressante, c’est que c’est la nouvelle édition de « Marchands d’Empire », le jeu de Régis Bonnessée qui a remporté le Tric Trac de Bronze en 2002 sous forme de prototype ! Le jeu qui deviendra « Himalaya » chez Tilsit, sélectionné pour le Spiel des Jarhes en 2005 ! Oui. Il revient donc édité par son auteur qui depuis a monté sa maison d’édition avec le succès que l’on sait. Celui-là, nous l’attendons tous avec impatience, car c’est, de mon avis perso que j’ai, l’un des meilleurs jeux qui soient. Oui. J’ose.
Marabunta
La branche « core » d’Asmodee avait un projet répondant au nom de « Manhattan Project », un jeu de placement d’ouvrier très « agressif ». Un jeu où l’on va œuvrer pour être le meilleur fabricant de bombes dans le monde. Politiquement incorrect ? Oui, Asmodee ne perd pas ses repères…
Matagot
Si en France, Matagot est distribué par Millennium, pour le reste du monde, c’est Asmodee. Du coup, l’éditeur présentait 3 futures nouveautés. « Sun Tzu deluxe », « Metal Adventure Card Games » et « Dice Town Desperados ». Nous reviendrons en détail sur ces jeux car nous avons décidé à l’officine de suivre de prêt « Dice Town Desperados » de Bruno Cathala et Ludovic Maublanc parce que le jeu nous a fait de l’œil. Oui. Vous allez avoir des articles de suivis et tout ce genre de chose.
Repos Prod
Nos amis belges à sombréros présentaient « 7 wonder Babel », une extension pour qui vous savez. Mais attention, c’est de la grosse extension. Pas 3 cartes pour faire beau. Là, on fait entrer de l’interaction directe sur les autres, des trucs de destructions massives qui vont faire couiner… Ils avaient aussi une extension pour « Mascarade » et annonçaient « Cash & Guns Reboot », une nouvelle édition avec des tas de choses dedans. Nous y reviendrons.
Space Cowboys
Les joyeux compères présentaient « Splendor », mais vous savez déjà presque tout. Ils avaient aussi « Time Stories », le jeu le plus attendu de l’année 2014 et « Pirate ». Nous reviendrons sur tout ça plus tard. Forcément, nous avons un reportage vidéo en cours…
Vaxion
Là, on rentre dans du complexe du relationnel de l’entreprise. Vaxion, c’est Hobby World, mais c’est leur société pour gérer les relations ludiques en Europe. Du coup ils présentaient « Berserk », « World of Tank : Rush » et « Hollywood ». Ne me demandez pas si ces jeux vont arriver en français, je sais qu’il y a du multilingue, mais pour le moment nous nous occupons de trop de chose pour nous pencher la dessus. Mais nous le ferons.
Ystari
Comme pour Matagot, en France, c’est Millennium qui s’occupe d’Ystari, mais pour le reste du monde, c’est Asmodee. L’Ystari Team voulait présenter durant cette soirée « Alyens ». Les plus attentifs savent qu’il s’agit de l’édition de « Star Edge », un des primés du concours de Boulogne en 2008 ! Je me souviens avoir fait une partie avec Monsieur Cyril d’Ystari qui était tout excité par le jeu. Il aura fallu 6 ans de travail acharné pour qu’enfin le commun des mortels puisse découvrir ce jeu qui risque de « bruisser »** dans les semaines, mois, année qui viennent… Mais au dernier moment, n’étant pas sûr de la date de sortie, ni même s’ils allaient le sortir un jour, ils ont présenté « Space Squadron », un jeu pour 2 joueurs de Stéphane Boudin que nous connaissons très bien ici puisqu’il signe Thot dans le forum. “Space Squadron” est lui aussi un jeu primé au CNJ, mais en 2011…
Au final.
Voilà, j’ai fait le tour avec l’ambition de vous avoir mis l’eau à la bouche pour certains de ces projets, tout comme les « démonstrateurs » ont tenté durant 4h de séduire les professionnel attentif (même s’ils mangeaient parfois de bons desserts en même temps qu’on leur parlait), avec peut-être une légère différence, je n’ai rien à vendre.
Quoi qu’il en soit, nous reviendrons en temps et en heure et avec moult précisions sur le maximum de ce qui a été présenté ici. Bien sûr, nous donnerons la priorité aux jeux qui nous ont séduit, encore plus si ceux qui ont travaillé dessus sont sympathiques, voire nos amis, et encore plus s’ils nous donnent des sous !
NdlR : ce n’est pas une remarque misogyne, les femmes aussi jouent et aiment stocker des boites dans leur salon. C’est juste pour faire la blague et force est de constater qu’il y a plus d’hommes qui consomment du jeu que de femmes. Ben oui. D’ailleurs je n’en reviens pas d’être obligé de faire un NdlR afin d’éviter les remarques des coincés du fondement qui nous empêchent de rire de tout et de se moquer (souvent pour dénoncer). Il devient pénible de se justifier en permanence. Dans quel monde allons-nous finir ! Si je n’aimais pas les femmes, je n’en aurais pas épousé une. Ha ! Alors…
Bruisser, c’est bien plus beau que « buzzer » non ?
*** Si en 2014 on ne peut plus provoquer, je vous préviens, je quitte la France tout de suite.