Avis basé sur 6 parties (en solo bien sûr)
The Road est le deuxième jeu de Yossef FARHI, après Way of the Samourai. Il partage une philosophie commune : ce sont des jeux solo tendus et difficiles dans lesquels la victoire est rare. Ce sont, tous les deux, essentiellement des jeux de cartes, avec des "plateaux" servant à suivre différentes jauges.
Les deux jeux en revanche se distinguent tant au niveau du thème que de l'ambiance. Adieu Miyamoto Musashi et bienvenue Mad Max. On se retrouve ici dans un monde post-apocalyptique, que l'on doit traverser... Il suffit de survire 6 jours... chaque journée nous faisant traverser une contrée hostile pour atteindre un éden que l'on espère à la hauteur des efforts accomplis.
Sur la route, on va trouver différents obstacles, que ce soit une usine polluée, une falaise à gravir ou des rencontres plus ou moins hostiles (du jeune enfant errant au gang de punks), qui souvent nous feront puiser dans nos ressources (baisser nos jauges). Le jeu consiste donc à bien gérer ce que l'on est prêt à perdre et voir ce que l'on peut gagner... Car tout de même, il y a des choses positives à tirer de nos pérégrinations (un objet utile dans une maison abandonnée, une rencontre heureuse avec un survivant prêt à nous aider...). Le monde est hostile, mais il reste des oasis de clémence, cachées, mais réelles.
The Road est un jeu un peu plus complexe que Way of the samourai, tout en étant tout de même très accessible. Les règles sont d'autant plus vite assimilées qu'elles sont très thématiques. Un petit point à noter, qui personnellement ne me dérange pas, mais à savoir : le jeu est vendu dans une petite boite très remplie, et l'éditeur a fait le choix de ne pas mettre la règle dedans ; elle est bien sûr disponible sur leur site en pdf. L'imbrication thématique/mécanique est l'une des forces des deux jeux de Yossef FARHI : on se sent vraiment immergé dans cet univers. Les illustrations sont dans un style que l'on appréciera ou pas, mais appuyant bien l'univers et proposant une vraie personnalité. Le jeu n'est en soit pas narratif (pas de textes sur les cartes), mais le déroulé du jeu raconte une histoire... Les joueurs amateurs d'histoires qui se racontent par le jeu seront ravis. Il est à noter que Alone edition prépare un mode spécial intitulé The Road Project qui permettra d'assortir le jeu d'une vraie dimension narrative (avec du texte).
Le jeu est difficile et la victoire tient à une bonne gestion, mais aussi en partie à la chance. Si vous êtes allergique au hasard, ce jeu n'est pas fait pour vous. Car le tirage des cartes, et notamment les terribles cartes fatalités, ont un impact majeur sur votre destin... Mais le jeu n'est pas pour autant dénué de stratégie ou de façon de mitiger le hasard. On peut minimiser les risques, mais comme dans way of the samourai, on est toutefois obligé d'en prendre. Le jeu est beaucoup basé sur cette mécanique de calcul du risque. Cette mécanique demande de connaitre les cartes. Aux premières parties, on se lance un peu au hasard, sans savoir ce qui peut nous attendre... Là, la part de chance joue à son plein, même si la stratégie du jouer va affecter le taux de réussite. Mais une fois assimilés les différents évènements possibles, on va pouvoir mieux contrôler ce satané hasard, mieux mesurer les risques pris à chaque décision. Car, des décisions impactantes, on en aura beaucoup dans une partie. Il y a plusieurs façons d'affronter l'inconnu. La plupart des cartes de route nous proposant trois stratégies pour faire face : renoncer (et trouver donc une autre route), contourner l'obstacle ou l'affronter. A nous de choisir notre stratégie, qui consiste souvent à combiner ces différentes approches selon la situation.
Je trouve les décisions et les situations plus variées que Way of the Samourai, le rendant pour moi meilleur. D'autant que le jeu ne perd pas en fluidité. Les parties restent sur un temps de l'ordre de 30 min (avec une installation du jeu en 2/3 minutes), ce qui convient bien à ce type de jeu, même si bien évidemment, on est jamais à l'abri d'une défaite plus rapide (sans égaler les 3 minutes de partie possible à Way of the samourai en cas de défaite au 1er coup). Ici, on va explorer, rencontrer des gens, devoir se battre parfois, trouver des objets pour survivre, les troquer... On peut en faire des choses dans ce petit jeu de cartes.
Au final, The Road est un jeu qui tient ses promesses. C'est un jeu efficace, immersif, tendu mais agréable. J'y ai joué pour l'instant moins de 10 parties, donc, je ne sais pas si une redondance s'installe au bout d'un moment, mais pour l'instant, le jeu est une réussite dans le créneau qu'il exploite. Curieux de voir ce que va donner The Road Project (qui peut être mènera le jeu à la note de 8 ), mas aussi de ce que va nous proposer Yossef FARHI pour la suite... J'ai cru comprendre que le prochain jeu serait très différent...