Le roi est mort. Comme dans Warrior Knights ou Le trône de fer, voilà encore un jeu qui débute par un deuil royal. Evidemment, un trône vacant, c'est nécessaire pour que les joueurs y trouvent un intérêt, mais souvenez-vous de ce que disait Jaimie Lannister : "Qu'on me donne pour adversaires des hommes d'Honneur plutôt que des ambitieux, j'en dormirai bien mieux la nuit"... Or ici, les joueurs vont se montrer ambitieux et tenter de prendre la Couronne, avec le risque que les français rendent la chose compliquée. Attendez-vous donc plutôt à des nuits agitées.
Avec cette réédition du jeu de Peer Sylvester, nous quittons le Siam de la fin du XIXième siècle pour la Grande-Bretagne en période médiévale. Oui, initialement, le jeu s'appelait King of Siam, édité en 2007 chez Histogame (Maria, Friedrich...ça vous parle ?). Il est toujours dans ma ludothèque, mais quand Le Roi est mort est sorti, j'ai pas résisté à cette nouvelle boite aux illustrations stylées, tant sur le plateau que sur les cartes.
Il s'agit d'un jeu à principe majoritaire avec un décompte en fin de chaque manche dans une des provinces du royaume. On peut l'anticiper car l'ordre des résolutions des provinces est déterminé aléatoirement pour toute la partie lors de la mise en place initiale. En revanche, vous pouvez compter sur vos (fourbes) adversaires pour casser vos jolis plans. On peut y jouer en duel, à trois ou à quatre, mais dans cette configuration, les participants seront répartis dans deux équipes. Il y a 8 provinces, 8 tours de jeux et chaque joueurs disposent de 8 cartes... on dirait presque un hommage à Sir Terry Pratchett.
Il est étonnant comme on peut faire un très bon jeu avec une telle économie de moyens. A son tour, un joueur joue une carte (ou bien passe), pose ou déplace des cubes (qui représentent des gallois, des écossais ou des anglais), et en retire un pour sa Cour. Si tous les joueurs passent consécutivement, on procède à un décompte sur la région du tour en cours, chaque région étant décomptée une seule fois durant la partie. L'idée, c'est d'avoir devant vous le plus de partisans de la faction qui contrôlera le pays. Si le jeu se termine sur une invasion française, le décompte final est différent mais un vainqueur est quand même désigné. A noter que les joueurs sont des opportunistes pas spécialement plus attachés à une faction qu'à une autre.
Le roi est mort est donc un jeu de placement-déplacement-retrait de cubes dans lequel on retrouve du El Grande et du Carolus Magnus aussi (je pense d'ailleurs qu'il a quelque chose de très colovinesque ). Ici, pas question de jouer votre tour à la légère : chaque décision est importante, chaque carte aura un rôle à jouer, il faut aussi savoir passer, anticiper, regarder les cartes jouées par vos adversaires et à quatre joueurs, l'entente avec votre partenaire est primordiale. A noter qu'il est proposé également une version avancée avec des cartes spéciales qui apportent des changements vraiment intéressants qui renouvellent bien les parties. Celles-ci pouvant être relativement courtes (les 30 à 45 minutes annoncées sont en générale assez proches de la réalité), on peut enchainé une seconde partie pour vérifier si le vainqueur de la précédente est vraiment digne d'être roi.
Enfin, pour ceux qui aiment les défis en solitaire, il y a une variante solo pour le jeu de base et une variante solo avec l'arrivée des vikings, mais attention, tout cela n'est pas dans les règles, vous les trouverez sur un site américain bien connu et en vf (ainsi qu' une partie solo complète sur Youtube).
J'ai longtemps hésité pour donner une note à Le roi est mort, mais avec son épure, son accessibilité, les problématiques qu'il pose aux joueurs, la tension durant les parties et le fait qu'il est intéressant dans toutes les configurations proposées (je précise que je l'ai pas encore pratiqué en solitaire), je le trouve dans son genre quasi-parfait.