Héritier d’Évolution, Océans peut en apparaître comme une version améliorée, plus élégante, plus satisfaisante, plus judicieusement interactive, plus variée. Les tours en sont, au fond, extrêmement simples : on joue une carte, on nourrit une espèce en fouissant dans le récif ou en en attaquant une autre, on fait vieillir toutes nos espèces, on pioche.
Une simplicité qui ne dissimule pas longtemps la profondeur des choix à effectuer : améliorer une espèce avec un nouveau trait ou en créer une nouvelle, placer cette dernière à droite, à gauche ou entre les autres, attaquer une de nos espèces ou une espèce adverse (sans pouvoir la faire disparaître), piocher ou non une carte Abysses, faire migrer de ou vers une zone Océan ou vers le récif… ne sont que certains des principaux choix auxquels on sera confronté d’autant plus naturellement qu’avec 11 cartes Trait seulement à sa disposition, on comprendre vite les enjeux d’Océans.
En comprendre les enjeux est cependant très différent de passer maître dans la création d’espèces sous-marines, parce qu’il ne s’agira pas seulement de donner de supposés « meilleurs » traits à une espèce, mais de créer d’étonnants combos entre les espèces peuplant l’océan, seule manière de les nourrir toutes sans que le vieillissement aboutisse à leur extinction.
Si cette dimension d’écosystème combinatoire dynamise nettement Océans, on pourrait le redouter répétitif à sans cesse se nourrir puis vieillir, puis se nourrir, puis vieillir… Or non seulement se nourrir peut impliquer toute une élaboration stratégique, mais le jeu a la grande idée de se renouveler profondément et à plusieurs reprises en cours de partie !
Vider la première zone Océan active en effet une nouvelle règle et provoque en effet l’explosion cambrienne, ce qui double le nombre de traits posés chaque tour, double le vieillissement, permet l’utilisation des 99 redoutables cartes Abysses uniques. Puis l’évidement de la seconde zone Océan active un nouveau scénario, également placé face visible lors de la mise en place parmi les 40 cartes proposées, afin de créer une rejouabilité proprement impressionnante sans générer pour autant de réel hasard.
Océans est simplement, avec les incontournables Patchwork et Tokaido, mon jeu préféré parmi ceux localisés/édités par Funforge, ce qui n’est pas peu dire. Formidablement varié, combinatoire, interactif, joli, accessible mais malin, il aurait même indiscutablement figuré dans mon top 2020 si je l’avais découvert l’an passé.
(Ce texte n'est que la conclusion de l'article publié sur VonGuru. Pour une présentation plus détaillée et un avis plus développé, n'hésitez pas à vous y reporter :-) )