... ou plus précisémment "Das ende des triumvirats" dans sa version d'origine, un jeu de Johannes Ackva et Max Gabrian, sorti en 2005 chez Lookout Games . Ces deux auteurs, à ma connaissance en tout cas, n'ont pas édité autre chose.
Avec cet avis, je vais commencer une petite série que j'espère terminer un jour, même si le plan de charge est un peu lourd, jugez plutôt : Quel est le point commun entre Das Ende des triumvirats (DEDT pour les intimes), After the flood, God's playground, Maria et The road to Canterbury ? Oui ?
"- Moi je sais : ils sont tous des jeux de baston".
"- Et... non. Pas The road to Canterbury".
"- Moi je sais : ce sont des vieux jeux".
"- Alors vu que de nos jours, 5 ans c'est déjà vieux, avec de plus de 10 ans c'est sur, certains peuvent être considérés comme des jeux antédiluviens, mais c'est pas ça."
"- Ils sont tous dans ta ludo ?"
"- Oui, mais c'est pas le plus intéressant. Bon, je vous le dis : nous avons là des jeux créés pour la configuration trois joueurs. Pas deux, pas quatre... non, non, trois joueurs. Ils sont vendus comme tel. Alors certes, sans doute sous la pression d'éditeurs, certains disposent de quelques aménagements pour être joués en duo, mais ça fonctionne nettement moins bien, voire pas du tout et la vraie configuration est bien trois joueurs.
Cette configuration n'est pas la plus facile à équilibrer, surtout dans les jeux d'affrontement direct car on pense immédiatement à la potentielle alliance 2 vs 1, une situation guère appréciée en générale. Cependant, les auteurs de DEDT, Martin Wallace ou encore Richard Sivèl ont trouvé des astuces différentes pour contourner cet obstacle. Je commence avec DEDT car chronologiquement c'est le premier et puis je trouve plutôt marrant de démarrer une série de commentaires sur les jeux pour trois avec un titre qui parle de la fin d'un trio justement... pas vous ? Ah..! Ben toutes mes confuses alors.
DEDT traite de la rivalité entre César, Crassus et Pompée, le premier triumvirat qui va annoncer tout doucement la fin de la République romaine avant le passage à l'Empire un peu plus tard avec le second triumvirat et Auguste. Notons que Le jeu prend quand même quelques libertés avec l'Histoire car ce premier Triumvirat, malgré les rivalités de ces trois hommes ambitieux, fonctionnait en fait pas trop mal. Cependant, Crassus fut mis hors-jeu en -53, tué par les Parthes lors d'une campagne militaire ; La guerre civile opposa ensuite César à Pompée]. Chaque joueur va défendre les chances de l'un de ces trois personnages ; DEDT est donc ce que certains appellent un "warteau" terme sujet à polémique parfois, mais il est assez pratique pour décrire un jeu d'affrontements militaires à thème historique qui n'utilisent pas les mécanismes habituels des wargames.
Le contenu de la boite ? Un plateau agréable et bien dans le ton qui représente une carte des conquêtes romaines de l'époque avec pour centre la Méditerranée, quelques tuiles cartonnées (personnages, aides de jeu, fonctionnaires, carte "compensation" et autres) des pions en bois (cylindres, plaque carrées et évidemment moult cubes), quelques piècettes en carton, un sac noir en tissu (c'est important) et puis c'est tout. Avec tout ça, personne ne soupçonnerait un jeu aux mécanismes astucieux, voire innovants (en 2005 en tout cas), finalement assez thématique et qui engendrent des parties tendues.
L'objectif ? Devenir le maître de Rome bien sur ! Pour cela, il y a trois façons d'y parvenir, il suffit de réussir l'une d'entre elles : soit par une victoire politique (au forum par un système de majorité et deux victoires à l'élection consulaire), soit par une victoire militaire (conquête d'une 9ième province), soit en parvenant sur les plus hauts niveaux des deux pistes compétences (militaire et politique). Les joueurs s'affrontent donc sur 3 secteurs de jeu et il faudra si possible en négliger aucun sous peine d'ouvrir les voies vers la victoire de l'un de vos adversaires. Et cela peut aller vite. Je ne vais pas rentrer dans les détails des mécanismes (il y aurait pourtant beaucoup à dire) mais signaler quand même que les combats se jouent par le tirage d'un nombre variables (selon les forces en présence) de cubes (appelés "armes") préalablement placés dans le sac noir. En fait, les auteurs ont un peu reproduit, mais sous une autre forme, le système de la tour de combat présent notamment dans Wallenstein/Shogun ; Néanmoins, cela était assez nouveau, simple et malin. Autre aspect intéressant, le mécanisme d'approvisionnement (Or et/ou Légions) amène les joueurs à faire des choix complexes, car une province produit un tour sur deux (sauf présence de fonctionnaires, peu nombreux) et donc vous posséderez sans doute des provinces produisant en "décalé" par rapport à d'autres.
Enfin, le dispositif "anti-deux-contre-un" : César et Crassus pourraient par exemple s'entendre pour taper sur Pompée. Oui, mais voilà. Lorsqu'un joueur perd une province, le jeu prévoit un mécanisme de compensation : après une défaite, le vaincu rajoute une "arme" (cube) dans le sac et si le même joueur perd une deuxième province d'affilée, il grimpe sur l'échelle des compétences. En fait, le personnage apprend de ses défaites ! Donc taper sans relâche sur le même pourrait apporter quelques désagréments par la suite. Il faut alors doser et frapper au bon moment... et pas toujours le même.
Il y a quelque chose d'abstrait dans DEDT, c'est un peu "sec" dans le déroulé, mais pourtant le thème reste assez présent ; L'ensemble est de complexité moyenne et pourrait parfaitement revenir sur les tables aujourd'hui. Certes, il faudrait revoir un peu le matériel, par exemple nos héros sont représentés par des plaques en bois carrées : c'est pas top mais pratique pour déplacer les cubes/légions... on les place dessus ! Des figurines, ce seraient mieux quand même. Le temps de jeu annoncé est de 90 minutes mais c'est parfois plus court quand un joueur surprend des adversaires pas assez attentifs.
C'est avec DEDT que je me suis intéressé à la configuration trois joueurs, une configuration qui a quelque chose de spéciale pour ce type de jeu. On en verra un autre une prochaine fois, mais en attendant, si vous avez l'occasion d'essayer ce Das Ende des Triumvirats devenu rare aujourd'hui, n'hésitez pas... :-)