Bios : Origins est le troisième volet de la trilogie Bios (en attendant High Frontier 4 All qui devrait nous emmener jusque dans l’espace). Il part de la fin de Megafauna, c’est-à-dire la création d’une espèce intelligente douée d’un proto-langage et nous emmène jusqu’à l’ère moderne. On peut soit partir des hominidés dans le jeu normal (Homo-sapiens, Homme de Neandertal, Homme de Florès…), soit partir des espèces créées dans Megafauna si on joue les jeux à la suite. Il est même possible de jouer une variante aquatique du jeu, si l’on veut partir de son espèce de super dauphins.
On retrouve dans Origins, les fondements des jeux de civilisation : l’expansion sur le territoire avec parfois des conflits armés, la progression sociétale et technologique, le développement de l’urbanisme… Le jeu nous fait parcourir ainsi 4 ères, chacune proposant un ensemble d’idées et de fondements permettant de faire progresser notre civilisation. Le jeu fonctionne sur 3 plans : un plateau central représentant le monde et permettant de voir l’implantation de sa civilisation ainsi que son évolution sur différentes pistes (transport, agriculture…), un plateau personnel indiquant les actions que l’on peut faire et auquel vont se rajouter de nouvelles actions issues du marché aux idées et des fondements obtenus en défiant les dieux, et enfin un dernier plateau qui représente l’évolution cognitif de notre espèce. En développant le dernier plateau (cognition), on pourra avoir plus d’idées (plus d’actions et évolutions sur les pistes), et ainsi pourvoir mieux se développer sur le plateau central. Il y une forme de logique dans ce processus qui donne lieu à beaucoup de combos sur les cartes. Il y a aussi différentes stratégies à développer, classiques dans les jeux de civilisation : miser sur une civilisation guerrière, jouer les explorateurs pour se développer là où personne ne va, favoriser la religion et la conversion des adversaires… Le jeu est très riche de possibilités, proposant ainsi des stratégies variées. Mais cela est le cas de tous (ou presque) les jeux de civilisation.
Il y a tout de même deux choses qui fondent l’originalité de ce jeu : la forte thématisation et la résilience. Pour le premier point, comme dans les autres jeux de Phil Eklund, toutes les mécaniques, toutes les cartes du jeu sont justifiées par des éléments de thème. Le jeu comme les autres Bios regorgent de texte expliquant tout cela. Sans en faire un jeu éducatif, on peut apprendre beaucoup de choses avec ce jeu. De plus cette imbrication forte du thème permet de raconter l’histoire (ou l’Histoire) autour des règles, permettant de mieux intégrer les règles. Pour le deuxième point, et c’est une particularité des Bios, le jeu amène à devoir gérer des temps forts et des temps faibles. On peut être très bien et se faire balayer par une catastrophe… mais ce n’est pas fini, on peut toujours revenir dans la partie. C’est à la fois thématique (la civilisation n’est pas qu’un parcours sans accrocs), et très intéressant en termes de jeu. Ce dernier peut se révéler un peu injuste, mais comme il y a toujours une façon de se relever, ce n’est pas si grave. Cela créé une dynamique et des sensations de jeu propres à nourrir l’identité de ce jeu…
Au final, Bios : Origins est un excellent jeu de civilisation, proposant une forte présence du thème, des mécaniques intéressantes à base de combos de cartes et d’actions, et une réflexion très intéressante sur la résilience de la civilisation. Personnellement, je le trouve un peu moins original que les deux autres Bios, mais c’est tout de même encore un excellent jeu d’Eklund.