Veganisme

Proute dit :
aleph71 dit :

Je n'ai pas d'œillères bien au contraire

En même temps, je ne pensais pas à toi.
Mais plutôt à ceux qui disent, grosso modo "Ouh, je ne veux rien savoir, sinon je ne pourrai plus manger mon steak en toute inconscience.", ce qui ne me semble vraiment, mais vraiment pas être ton cas.

Je trouve par contre que, à l'instar de Jocelyne Porcher, tu diffuses une image de l'élevage qui certes, existe, mais est vraiment minoritaire aujourd'hui.
A croire que les élevages de 85000 poulets de chair pour UN éleveur tout seul n'existent pas, que les truies qui passent leur vie dans un minuscule espace entre deux barres même pour mettre bas n'existent pas, que les belles vaches de chez nous ne souffrent pas lorsqu'elles sont écornées, et que les cochons ne sont pas élevés sur cailllebotis, et que les lapins batifolent tous dans des jolis clapiers (et pour les lapins, l'élevage industriel c'est quand même 99 %).
Comment places-tu tous ces élevages, qui existent aussi et même aujourd'hui de façon majoritaire, dans le monde idyllique de l'élevage extensif ? Ils n'existent pas ?

Certes, je comprends ton envie de défendre l'élevage tel que tu le conçois et je suis sûre que tu déplores toi-même la façon dont sont élevés aujourd'hui l'immense majorité des animaux que nous mangeons, tu ne peux pas tout simplement les ignorer en prétendant que le problème vient juste des végétaliens qui n'ont rien compris à la nature !
 

Il est maintenant obligatoire en France d'anesthésier les bovins lors de l'écornage (anesthésie locale). Il y a parfois des procédés qui engendrent une douleur mais contribuent aussi au bien-être de l'animal. L'écornage diminue les conflits sociaux, évite des accidents entre bovins (éventrations).

J'ai évidemment conscience que l'élevage intensif n'est pas la panacée mais la vie à l’état sauvage non plus.
La viande reste un met de luxe : j'achète du porc plein air et le cout au kilo est important (environ 10 euros). Lorsque j'achetais des poulets à la ferme (avant de les élever) je les payais 30 à 35 euros pièce. La viande bovine française n'est pas trop chère car énormément subventionnée, etc.

En effet j'ai choisi pour exercer un bassin allaitant car l'élevage est à mes yeux plus éthique.

Pour moi le seul responsable de l’élevage intensif est le consommateur : il est totalement compréhensible qu’en payant le prix d’une Dacia on n’aura jamais une Rolls, il en va de même avec la viande. Un poulet à 3 euros n’est pas le même qu’un poulet à 30 euros. Hors le consommateur ne veut pas acheter un poulet à 30 euros. L’éleveur, lui, est écrasé par le consommateur et essaye tant bien que mal de le satisfaire pour vivre et d’élever au mieux ses animaux en essayant de leur donner le meilleur bien-être possible. Les éleveurs sont de plus en plus sensibles sur ce sujet, nos mentalités vis-à-vis des animaux ont évolué et eux aussi.

Même dans l’élevage intensif ou semi extensif le bien-être animal est de plus en plus pris en compte : le législateur sanctionne maintenant sévèrement les maltraitances graves. Dans ces élevages l’environnement est certes restreint mais depuis peu les choses changent et on essaye de plus en plus de concilier au mieux les contraintes économiques et l’espace vital nécessaire à chaque animal pour assurer un certain confort. La maitrise de l’environnement (hygrométrie, température) permet aussi de protéger les animaux. Un bovin adulte est par exemple en danger quand le mercure dépasse les 40° ou descend en dessous de 25° (température idéale de confort entre 15 et moins 5°). Paradoxalement l’élevage en bâtiment peut aussi apporter du confort. La réintroduction de certains intervenants au sein de l’élevage (avec une vision centrée sur l’animal, son bien-être et sa santé) a eu des effets plus que bénéfiques sur ce mode d’élevage. La diminution en cinq ans de près de 60 % de la consommation d’antibiotiques dans l’élevage intensif est à mettre à leur actif. Il y a de véritable progrès et j’avoue que la démarche de dire que les animaux souffrent de plus en plus dans les élevages me parait totalement anachronique.

L’élevage extensif est d’ailleurs en recul et de nombreux éleveurs courageux ont de plus en plus une démarche éthique (développement des filières plein air dans les productions porcines et de volaille).

Enfin Je tiens à rappeler qu’un bovin consomme proportionnellement en moyenne trois fois moins d’antibiotique par an qu’un humain, que la consommation d’antibiotiques a chuté de 35 % en production animale alors que chez l’homme elle a augmenté de 8 %, Que les délais d’attente viande, œufs et lait ont augmenté ces dernières années (le délai d’attente viande de la gentamicine est par exemple passé de 30 jours à 216 jours !). Bref, la viande est un produit sain qui respecte de plus en plus l’environnement et le confort de l’animal.
 

aleph71 dit :



J'ai évidemment conscience que l'élevage intensif n'est pas la panacée mais la vie à l’état sauvage non plus.
 

Merci beaucoup pour toutes les précisions que tu apportes sur les conditions d'élevage et l'état de la législation.
En revanche, je t'ai vu utiliser l'argument ci-dessus plusieurs fois et cela me semble fallacieux. Moralement, il me semble qu'il y a une énorme différence entre tuer un animal pour ma consommation et la mort de cet animal dans la nature.
La notion de bien-être animal dans la nature est un peu abstraite et sans objet. Je ne suis pas responsable des maladies ou des rudesses rencontrés par l'animal dans la nature. C'est quelque chose totalement en dehors de ma morale. En tout cas ça ne me donne aucun droit de vie et de mort sur cet animal.

Si un être humain est pauvre et malheureux, ça n'en fait pas pour autant un geste moral que de le tuer. Même si j'ai essayé de prendre soin de son bien-être auparavant...

Chakado dit :
aleph71 dit :



J'ai évidemment conscience que l'élevage intensif n'est pas la panacée mais la vie à l’état sauvage non plus.
 

Merci beaucoup pour toutes les précisions que tu apportes sur les conditions d'élevage et l'état de la législation.
En revanche, je t'ai vu utiliser l'argument ci-dessus plusieurs fois et cela me semble fallacieux. Moralement, il me semble qu'il y a une énorme différence entre tuer un animal pour ma consommation et la mort de cet animal dans la nature.
La notion de bien-être animal dans la nature est un peu abstraite et sans objet. Je ne suis pas responsable des maladies ou des rudesses rencontrés par l'animal dans la nature. C'est quelque chose totalement en dehors de ma morale. En tout cas ça ne me donne aucun droit de vie et de mort sur cet animal.

Si un être humain est pauvre et malheureux, ça n'en fait pas pour autant un geste moral que de le tuer. Même si j'ai essayé de prendre soin de son bien-être auparavant...

Les droits et devoirs (qui dit droit dit synallagmatiquement devoir) sont en effet des notions purement humaines et qui ne peuvent s'appliquer à l'animal. Nous avons des droits et devoirs envers l’animal et l’animal n’a ni droit ni devoir.

Cela va à l’encontre de la pensée antispéciste que la plupart des végans prône en admettant que l’homme n’est pas un animal comme les autres, qu’il ne doit pas satisfaire à ses besoins carnés (nous sommes des omnivores) mais se contenter d’une nourriture éthiquement en accord avec le dogme qui voudrait que la prédation faite par l’homme soit totalement immorale.

De même il est souvent surprenant que les végans justifient les carences dues à l’absence de viande dans leur alimentation (certains acides aminés, oligoéléments, la vitamine B12, D, fer) en arguant que les premiers consommateurs de suppléments nutritifs sont les animaux d’élevage (par exemple la vitamine B12). Hors ce sont les animaux d’élevage ultra sélectionnés afin de rendre leur productivité maximale, ceux que nous pouvons qualifier d’hyper-types qui en sont friands (Holstein donant 50 litres de lait au pic de lactation par exemple). Ces mêmes animaux que les végans condamnent allégrement, qu’ils montrent du doigt pour dénoncer les effets pervers de l’élevage à outrance selon eux. Quel paradoxe tout de même !
l

Il n’y a pas plus de carence ni en acides aminés, ni en oligo-éléments, ni en vitamine D (qui est secrétée grâce à l’exposition de la peau au soleil et n’a rien à voir avec l’alimentation) ni en fer dans l’alimentation végétale que dans une alimentation omnivore.

Et l’antispécisme ne prétend pas que l’homme n’est pas un animal, loin de là. C’est peut-être même tout le contraire.

Quant à la vitamine B12, oui, elle est donnée aux animaux d’élevage pour que les hommes soient supplémentés via la viande. Moi, je préfère la prendre sous forme de “bonbon” parfumé à l’orange que sous forme de viande.
Si l’homme (carniste comme antispéciste) doit en prendre de cette façon (via la viande ou via un bonbon), c’est apparemment parce qu’aujourd’hui, pour éviter certaines maladies assez ravageuses, nous lavons consciencieusement nos fruits et légumes avant de les manger, et il n’y a donc plus de bactéries productrices de B12 dessus (elles sont normalement présentes dans les intestins, donc dans ce qui en sort, on ne veut pas manger ça et je suis assez d’accord).


edit : https://www.cahiers-antispecistes.org/les-animaux-emballages/

beri dit :Tiens, il y a eu des réponses à l’article.

How I met your tofu (avec mise en exergue des nombreux sophismes – non-arguments ou arguments fallacieux)
Caron dans Libé
Florence Dellerie (Mediapart)

Il manque celle de L214 dans Libé.

Proute dit :Il n'y a pas plus de carence ni en acides aminés, ni en oligo-éléments, ni en vitamine D (qui est secrétée grâce à l'exposition de la peau au soleil et n'a rien à voir avec l'alimentation) ni en fer dans l'alimentation végétale que dans une alimentation omnivore.

Et l'antispécisme ne prétend pas que l'homme n'est pas un animal, loin de là. C'est peut-être même tout le contraire.

Quant à la vitamine B12, oui, elle est donnée aux animaux d'élevage pour que les hommes soient supplémentés via la viande. Moi, je préfère la prendre sous forme de "bonbon" parfumé à l'orange que sous forme de viande.
Si l'homme (carniste comme antispéciste) doit en prendre de cette façon (via la viande ou via un bonbon), c'est apparemment parce qu'aujourd'hui, pour éviter certaines maladies assez ravageuses, nous lavons consciencieusement nos fruits et légumes avant de les manger, et il n'y a donc plus de bactéries productrices de B12 dessus (elles sont normalement présentes dans les intestins, donc dans ce qui en sort, on ne veut pas manger ça et je suis assez d'accord).


edit : https://www.cahiers-antispecistes.org/les-animaux-emballages/
 

Les besoins en vitamine D sont variables selon l'ensoleillement. Malheureusement dans nos régions il ne fait pas beau 24 heures sur 24 et durant l'hivers nous avons besoin d'apport en vitamine D (au plus on s'approche des pôles au plus se besoin alimentaire est important). La quasi-totalité des apports alimentaires en vitamine D provient de la viande.
Il n'y pas en effet de carences en acides aminés essentiels mais des déséquilibres importants d'un végétal à l'autre : il est difficile d'avoir un équilibre en ne se nourrissant que de végétaux (idem pour certains types de lipides). 
En ce qui concerne la vitamine B12 (cobalamine), les produits fermentés en apportent un peu mais l'essentiel provient de la viande. On retrouve de l'acide folique ou B9 en grand quantité dans certains produits fermentés, plus même que dans la viande. 

On ne donne pas de la B12 aux animaux pour en fournir secondairement à l'homme, c'est un mythe absurde qui n’a guère de sens.

Pendant des millénaires nous avons mangé de la viande riche naturellement en vitamine b12 et n’avons pas souffert de carence. On ne complémente l’alimentation de certaines vaches en b12 que depuis une décennie : ce que vous décrivez comme une constance (les vaches seraient naturellement carencées en vitamine b12 et l’homme de tout temps en donnerait pour avoir des bons steaks bourrés de cette vitamine) n’est en fait que très récent et s’explique facilement … D’’ailleurs la quasi-totalité de la vitamine b12 est donnée aux vaches laitières de type Holstein et non aux races allaitantes. Les vaches laitières à haute production ne sont plus capables d’en produire suffisamment dans leur panse pour combler leurs besoins. La vitamine b12 est produite par la flore ruminale mais les apports énergétiques très importants facilement digérables et le manque de fibrosité des rations alimentaires des laitières entraine une baisse de la fermentation ruminale à l’origine d’une baisse de la production et donc de l’apport mais aussi une acidose métabolique et un stress métabolique à l’origine de besoins accrus. Moins d’apport, plus de besoins ont pour résultat de carencer nos laitières. La recherche de la surproductivité a des conséquences néfastes. D’ailleurs les races allaitantes n’ont pas ce problème et ne sont pas supplémentées en vitamine B12. Les races rustiques avec une alimentation traditionnelle n’ont pas besoin de supplémentation en B12 et elles ont des stocks importants dans leur foie.

On retrouve la même problématique chez les végans (phénomène assez récent) qui ont une alimentation qui n’est pas bien adaptée à leur métabolisme et ont besoin de suppléments alimentaires.

Ce qui est par contre est vrai c’est qu’il y a de plus en plus de complémentation animale (calcium, phosphore, magnésium, sélénium, etc.) car la sélection est allée vers des hyper-types à trop forte productivité (les apports ne peuvent plus combler les besoins). Par exemple actuellement un veau charolais peut atteindre des GMQ de 2400 grammes alors même qu'il y a 30 ans un GMQ de 1200 était exceptionnel. Ainsi les besoins durant la croissance des jeunes bovins allaitants ont explosé et nécessitent bien souvent des complémentations (cardiopathies dues aux carences en sélénium par exemple). Au pic de lactation une Holstein peut produire plus de 50 litres alors qu’il y a 30 ans une production de 30 litres était exceptionnelle.
Ceci étant dit il existe peu de rations alimentaires vraiment équilibrées et chacun est libre de manger (ou boire) ce qu’il veut tant qu’il ne met pas la vie des autres en danger.

Sans parler de symbiose, néanmoins nous avons « co-évolué » avec notre environnement. La sélection naturelle est passée par là, y compris pour l’homme. L’élevage et la culture font en quelque sorte partie de notre génome … La viande et les produits de l’élevage sont dans notre alimentation depuis des dizaines de millénaires et notre métabolisme est adapté à les consommer. Prenons par exemple la capacité de digérer le lactose de la plupart des groupes ethniques sur terre : cela vient du fait que nous nous nourrissons de lait d’animaux depuis fort longtemps et que nous avons tout doucement sélectionner les individus capables adultes de digérer le lait (les gènes sont connus). Nous sommes la seule espèce où cette capacité est autant présente.

En ce qui concerne les antispécistes (dont bien des végans reprennent les thèses), je dis juste que c’est contradictoire de dire que l’homme est animal comme les autres en idolâtrant les lois naturelles et en même temps dire que la prédation humaine est par essence interdite, est un pêché. A moins que toute prédation animale soit un crime, ça n’a pas de cohérence … Soit l’homme est un animal omnivore et donc il est naturel qu’il se nourrisse de viande (homo sapiens sapiens depuis toujours mange de la viande), soit les lois de la nature ne s’applique pas à l’homme (il est donc différent) et ainsi le dogme végan prosélyte prêchant le fait que la prédation humaine est un délit (à contrario des autres animaux) est alors audible …


Il est aussi stupéfiant d'affirmer que dans un environnement sauvage les animaux n'éprouvent pas la souffrance de la même manière que dans un milieu domestique. Extraordinaire ! il existe donc un pays où quand on se fait empaler, bruler, dévorer vivant ça fait pas mal !!! La nociception d'un individu est essentiellement liée aux lésions tissulaires subies et à l'excitation de ses récepteurs nerveux et n'a rien à voir avec le milieu. C'est une réalité que de dire que les souffrances subies par un animal dans un écosystème sauvage sont généralement supérieures à celles subies dans un écosystème domestique. Dire que l'existence d'écosystème sauvage sans intervention de l'homme est une nécessité absolue en vue de conserver la biodiversité serait déjà plus audible me semble-t-il. Bref cela équivaut à défendre la préservation de ces écosystèmes par la nécessité d'éloigner ceux-ci nos critères moraux en laissant les lois de la nature s'exprimer entièrement (là je pourrais comprendre cet argument).

Il y a aussi des incohérences dans les discours de ceux qui défendent ardemment le fait que l'élevage est un bienfait. Par exemple on entend dire que les cultures qui nous nourrissent ne produisent que grâce au fumier de l'élevage … c'est faux. Les régions d’élevage et de culture sont bien distinctes et le fumier ne sort pas de l’élevage en général, il est épandu sur les cultures destinées aux animaux et sur les prairies.

 

aleph71 dit :


Ceci étant dit il existe peu de rations alimentaires vraiment équilibrées et chacun est libre de manger (ou boire) ce qu’il veut tant qu’il ne met pas la vie des autres en danger.
 

Mais c'est exactement pour ça que je suis végétalienne ! Je mange et bois ce que je veux, et ne mets pas la vie des autres, même animaux non humains, en danger.

Je tiens quand même à dire que je n’ai pas une vision enchanteresse de l’élevage … 

Il y a de sérieuses inquiétudes à avoir : actuellement on peut considérer que la biodiversité est en recul du fait entre autres de l’application de valeurs capitalistes à l’alimentation (élevage et culture). La recherche de productivité maximale a des conséquences au combien délétères sur la biodiversité y compris pour nos animaux domestiques. Pa exemple les holstein pourraient être considérées comme possiblement en voie d’extinction (malgré les dizaines de million de représentantes sur notre globe) car leur diversité génomique est faible (la systématisation de l’IA principale responsable de cela). Les hyper types fragilisent les animaux. La concentration excessive des animaux sur des secteurs géographiques restreints (afin de réduire les coûts de production) potentialise aussi les risques sanitaires (idem pour les cultures).
la financiarisation et la mondialisation des marchés a aussi des conséquences néfastes en terme de santé animale en augmentant les échanges commerciaux et les transports d’animaux (apparition de maladies émergentes exotiques).

La surabondance alimentaire est devenue un enjeu de santé publique (l’excès de produits carnés entre autres).

Etc.

Prenons par exemple la capacité de digérer le lactose de la plupart des groupes ethniques sur terre : cela vient du fait que nous nous nourrissons de lait d’animaux depuis fort longtemps et que nous avons tout doucement sélectionner les individus capables adultes de digérer le lait (les gènes sont connus). Nous sommes la seule espèce où cette capacité est autant présente.

Dans ce paragraphe tu parles de sélection naturelle. Si je comprends bien la théorie de l’évolution, ça donnerait ça, appliqué au cas du lait animal (en partant du principe qu’il est nécessaire à l’humain) : le lait animal est strictement nécessaire à l’homme et est une condition de bonne survie, donc ceux qui ne le digèrent pas au stade adulte en meurent et leurs gènes ne se perpétuent pas.

Or, à ma connaissance, le bas peuple ne consomme du lait animal en quantité que depuis quelques poignées de décennies (150 ans, pour être très large ?).
À ma connaissance également, les études indépendantes mettent plutôt en avant la nocivité du lait animal que le contraire.

Que le lait humain soit nécessaire dans les premières années, oui. Ce qui justifierait la présence de lactase en nous. Mais cela ne montre pas que cette synthèse de lactase soit due à notre consommation de lait animal. Nous l’avons pour digérer le lait de notre mère, ce qui, pour le coup, a été une condition de survie pendant des siècles, où tous les succédanés n’existaient pas.

La sélection naturelle est applicable aux cas extrêmes de confrontation à la vie sauvage et à sa cruauté (animaux non-humains et non-sélectionnés par les humains) ou aux maladies ou autres facteurs létaux très fréquents.

Or les humains intolérants au lactose (ou vegans) au-delà de la prime enfance ne s’en portent pas tous mal. L’argument de la sélection naturelle ne me semble donc pas valide.

J’espère être clair, j’arrive moi-même à perdre le fil.
 

En ce qui concerne les antispécistes (dont bien des végans reprennent les thèses), je dis juste que c’est contradictoire de dire que l’homme est animal comme les autres en idolâtrant les lois naturelles et en même temps dire que la prédation humaine est par essence interdite, est un pêché.

Je n’ai pas tout relu en détail, mais je n’ai pas vu parler d’idôlatrie des lois naturelles. Que l’homme soit un animal est une réalité physiologique et les antispécistes invoquent cette réalité pour relativiser la supériorité que les spécistes confèrent à l’Homme sur la bête. Dire que l’Homme est un animal n’est pas un fallacieux appel à la nature, c’est un fait.

Si qqn ici a dit que la prédation humaine est interdite, c’est maladroit. La prédation humaine, en l’état actuel de nos connaissances et de la technologie (B12 accessible depuis 1948), n’est plus nécessaire et peut donc être moralement gênante voire répréhensible dans la mesure où elle engendre une souffrance et/ou une mort qui pourraient être évitées. Ce qui la rend non-répréhensible pour les spécistes est l’habitude/goût, la tradition/banalisation et l’appartenance à l’espèce "supérieure".
 

A moins que toute prédation animale soit un crime, ça n’a pas de cohérence …

La prédation animale non-humaine est inéluctable. Un carnivore qui ne mange pas un autre animal meurt. C’est lui ou l’autre. On ne peut rien y faire. À l’inverse, on peut contrôler et éviter la prédation humaine sans que cela ait de conséquences graves (la "perte" de choix gustatif est loin d’être grave).
 

Soit l’homme est un animal omnivore et donc il est naturel qu’il se nourrisse de viande (homo sapiens sapiens depuis toujours mange de la viande)

Et on est dans le sophisme. Il faudrait alors trouver d’autres arguments fondés pour déterminer que l’humain a besoin de viande pour survivre. L’homme préhistorique, sans doute. L’aborigène vivant reclus dans sa jungle, au contact direct avec la nature – et la respectant profondément –, sans doute. L’Occidental, qui a accès à une alimentation variée, à la B12, etc. et qui a pourtant le plus gros impact, non.
 

soit les lois de la nature ne s’applique pas à l’homme (il est donc différent) et ainsi le dogme végan prosélyte prêchant le fait que la prédation humaine est un délit (à contrario des autres animaux) est alors audible…

L’homme occidental a à son service des réseaux de distribution alimentaire, une médecine ultra-perfectionnée et d’autres options qui font qu’il n’a plus besoin de se déplacer pour survivre, de tuer pour survivre, de cueillir pour survivre, de lutter pour survivre. Tout lui est acheminé comme par magie en l’échange de quelques pièces et billets et les individus inaptes et/ou fragiles survivent grâce à la médecine et/ou à d’autres facteurs. À partir de là, je vois mal comment affirmer que les lois de la nature (sélection naturelle, prédation, etc.) s’appliquent à lui sans se fourvoyer dans le biais cognitif.

En fait, je ne vois pas comment défendre le spécisme occidental sans se fourvoyer dans le mélange magique biais cognitifs + sophismes*. Je serais d’ailleurs curieux de savoir si les zététiciens de la toile sont tous défenseurs (au moins en théorie) du véganisme.

*je déplore que les vegans cèdent eux aussi à ces faiblesses et à d’autres, comme la diffusion d’informations à fort poids émotionnel mais fausses, car ça dessert la cause
beri dit :

Prenons par exemple la capacité de digérer le lactose de la plupart des groupes ethniques sur terre : cela vient du fait que nous nous nourrissons de lait d’animaux depuis fort longtemps et que nous avons tout doucement sélectionner les individus capables adultes de digérer le lait (les gènes sont connus). Nous sommes la seule espèce où cette capacité est autant présente.

Dans ce paragraphe tu parles de sélection naturelle. Si je comprends bien la théorie de l’évolution, ça donnerait ça, appliqué au cas du lait animal (en partant du principe qu’il est nécessaire à l’humain) : le lait animal est strictement nécessaire à l’homme et est une condition de bonne survie, donc ceux qui ne le digèrent pas au stade adulte en meurent et leurs gènes ne se perpétuent pas.

Or, à ma connaissance, le bas peuple ne consomme du lait animal en quantité que depuis quelques poignées de décennies (150 ans, pour être très large ?).
À ma connaissance également, les études indépendantes mettent plutôt en avant la nocivité du lait animal que le contraire.

Que le lait humain soit nécessaire dans les premières années, oui. Ce qui justifierait la présence de lactase en nous. Mais cela ne montre pas que cette synthèse de lactase soit due à notre consommation de lait animal. Nous l’avons pour digérer le lait de notre mère, ce qui, pour le coup, a été une condition de survie pendant des siècles, où tous les succédanés n’existaient pas.

La sélection naturelle est applicable aux cas extrêmes de confrontation à la vie sauvage et à sa cruauté (animaux non-humains et non-sélectionnés par les humains) ou aux maladies ou autres facteurs létaux très fréquents.

Or les humains intolérants au lactose (ou vegans) au-delà de la prime enfance ne s’en portent pas tous mal. L’argument de la sélection naturelle ne me semble donc pas valide.

J’espère être clair, j’arrive moi-même à perdre le fil.

Heureusement, d'autres ne l'ont pas perdu. La persistance du lactase à l'âge adulte est un exemple très étudié de construction culturelle de niche génétique. Ce "léger" avantage qui permet une consommation prolongée d'une source nutritive inaccessible au reste de la population, à une époque (on parle du début de la sédentarisation humaine) où l'accès à ces ressources est encore très instable, a suffit à donner un avantage évolutif à la sous-population le possédant. La vision de la sélection naturelle comme un couperet qui n'élimine que les mutations létales est très réductrice, il suffit d'un léger différentiel établit sur des dizaines de génération pour qu'un gène s'implante durablement.

Et c'est pas moi qui le dit, mais une tripotée de chercheurs aussi bien biologistes, généticiens qu'archéologues.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3048992/
https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00439-008-0593-6
https://www.ucl.ac.uk/mace-lab/gallery/lactase
http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0006369

Et beaucoup, beaucoup d'autres encore...

beri dit :

Prenons par exemple la capacité de digérer le lactose de la plupart des groupes ethniques sur terre : cela vient du fait que nous nous nourrissons de lait d’animaux depuis fort longtemps et que nous avons tout doucement sélectionner les individus capables adultes de digérer le lait (les gènes sont connus). Nous sommes la seule espèce où cette capacité est autant présente.

Dans ce paragraphe tu parles de sélection naturelle. Si je comprends bien la théorie de l’évolution, ça donnerait ça, appliqué au cas du lait animal (en partant du principe qu’il est nécessaire à l’humain) : le lait animal est strictement nécessaire à l’homme et est une condition de bonne survie, donc ceux qui ne le digèrent pas au stade adulte en meurent et leurs gènes ne se perpétuent pas.

Or, à ma connaissance, le bas peuple ne consomme du lait animal en quantité que depuis quelques poignées de décennies (150 ans, pour être très large ?).
À ma connaissance également, les études indépendantes mettent plutôt en avant la nocivité du lait animal que le contraire.

Que le lait humain soit nécessaire dans les premières années, oui. Ce qui justifierait la présence de lactase en nous. Mais cela ne montre pas que cette synthèse de lactase soit due à notre consommation de lait animal. Nous l’avons pour digérer le lait de notre mère, ce qui, pour le coup, a été une condition de survie pendant des siècles, où tous les succédanés n’existaient pas.

La sélection naturelle est applicable aux cas extrêmes de confrontation à la vie sauvage et à sa cruauté (animaux non-humains et non-sélectionnés par les humains) ou aux maladies ou autres facteurs létaux très fréquents.

Or les humains intolérants au lactose (ou vegans) au-delà de la prime enfance ne s’en portent pas tous mal. L’argument de la sélection naturelle ne me semble donc pas valide.

J’espère être clair, j’arrive moi-même à perdre le fil.
 

En ce qui concerne les antispécistes (dont bien des végans reprennent les thèses), je dis juste que c’est contradictoire de dire que l’homme est animal comme les autres en idolâtrant les lois naturelles et en même temps dire que la prédation humaine est par essence interdite, est un pêché.

Je n’ai pas tout relu en détail, mais je n’ai pas vu parler d’idôlatrie des lois naturelles. Que l’homme soit un animal est une réalité physiologique et les antispécistes invoquent cette réalité pour relativiser la supériorité que les spécistes confèrent à l’Homme sur la bête. Dire que l’Homme est un animal n’est pas un fallacieux appel à la nature, c’est un fait.

Si qqn ici a dit que la prédation humaine est interdite, c’est maladroit. La prédation humaine, en l’état actuel de nos connaissances et de la technologie (B12 accessible depuis 1948), n’est plus nécessaire et peut donc être moralement gênante voire répréhensible dans la mesure où elle engendre une souffrance et/ou une mort qui pourraient être évitées. Ce qui la rend non-répréhensible pour les spécistes est l’habitude/goût, la tradition/banalisation et l’appartenance à l’espèce "supérieure".
 

A moins que toute prédation animale soit un crime, ça n’a pas de cohérence …

La prédation animale non-humaine est inéluctable. Un carnivore qui ne mange pas un autre animal meurt. C’est lui ou l’autre. On ne peut rien y faire. À l’inverse, on peut contrôler et éviter la prédation humaine sans que cela ait de conséquences graves (la "perte" de choix gustatif est loin d’être grave).
 

Soit l’homme est un animal omnivore et donc il est naturel qu’il se nourrisse de viande (homo sapiens sapiens depuis toujours mange de la viande)

Et on est dans le sophisme. Il faudrait alors trouver d’autres arguments fondés pour déterminer que l’humain a besoin de viande pour survivre. L’homme préhistorique, sans doute. L’aborigène vivant reclus dans sa jungle, au contact direct avec la nature – et la respectant profondément –, sans doute. L’Occidental, qui a accès à une alimentation variée, à la B12, etc. et qui a pourtant le plus gros impact, non.
 

soit les lois de la nature ne s’applique pas à l’homme (il est donc différent) et ainsi le dogme végan prosélyte prêchant le fait que la prédation humaine est un délit (à contrario des autres animaux) est alors audible…

L’homme occidental a à son service des réseaux de distribution alimentaire, une médecine ultra-perfectionnée et d’autres options qui font qu’il n’a plus besoin de se déplacer pour survivre, de tuer pour survivre, de cueillir pour survivre, de lutter pour survivre. Tout lui est acheminé comme par magie en l’échange de quelques pièces et billets et les individus inaptes et/ou fragiles survivent grâce à la médecine et/ou à d’autres facteurs. À partir de là, je vois mal comment affirmer que les lois de la nature (sélection naturelle, prédation, etc.) s’appliquent à lui sans se fourvoyer dans le biais cognitif.

En fait, je ne vois pas comment défendre le spécisme occidental sans se fourvoyer dans le mélange magique biais cognitifs + sophismes*. Je serais d’ailleurs curieux de savoir si les zététiciens de la toile sont tous défenseurs (au moins en théorie) du véganisme.

*je déplore que les vegans cèdent eux aussi à ces faiblesses et à d’autres, comme la diffusion d’informations à fort poids émotionnel mais fausses, car ça dessert la cause

désolé mais le fait d'utiliser des moyens de transport pour acheminer nos aliments n'a pas modifié notre métabolisme ...

Cela fait des millénaires que les populations sédentaires consomment du lait et ceux capables de le digérer toute leur vie ont eu un avantage sur les autres d'où l'importance du nombre d'individu capables de digérer le lactose. Nous avons évolué dans ce sens et notre métabolisme est adapté au fait que lactose fasse entièrement partie de notre alimentation. De nos jours la connaissance de l'intolérance au lactose de quelques individus (rien à voir avec le véganisme, il y a bien des végans tolérant au lactose) n'est plus un facteur défavorisant à priori.
La sélection naturelle ce n'est pas que la mort des animaux présentant des tares mais aussi une sélection positive de ceux présentant des atouts.

Je ne dis pas que l'homme a besoin de viande obligatoirement : le développement de la chimie permet de créer des substitutifs alimentaires comblant les besoins des végans. Je dis par contre qu'il est faux de dire qu'être végan est un état naturel, que l'homme si il ne prend pas de substituts CHIMIQUES n'a pas besoin de viande dans son alimentation.
Je fais partie du corps médical et j'aimerais croire en effet que la médecine moderne résolve tout or il faut admettre que nous sommes loin d'être omniscients. La découverte du double brin d'ADN est récent, le séquençage tout autant. Les critères de sélection humains sont encore grandement conditionnés par notre environnement plus que la maitrise médicale. On le voit avec la descendance des mirradiés Tchernobyl ou d'Hiroschima porteuses de tares génétiques qui se raréfie à grande vitesse (descendance faible) ...
 

désolé mais le fait d'utiliser des moyens de transport pour acheminer nos aliments n'a pas modifié notre métabolisme ...

Je n’ai pas dit ça. Je dis simplement que notre civilisation fait que nous ne sommes plus dans une situation de survie.
 

Cela fait des millénaires que les populations sédentaires consomment du lait et ceux capables de le digérer toute leur vie ont eu un avantage sur les autres d'où l'importance du nombre d'individu capables de digérer le lactose. Nous avons évolué dans ce sens et notre métabolisme est adapté au fait que lactose fasse entièrement partie de notre alimentation.

Ok je ne suis pas assez renseigné là-dessus. Les liens fournis par Khazaar seront utiles en ce sens. Mais on parle donc ici d’une époque où l’humanité était dans une situation de survie, vivait plus près de la nature.

Que nous ayons un métabolisme issu d’une sélection naturelle, soit, je veux bien te croire. Que l’on invoque la présence de ce métabolisme dont l’apparition a été contextuelle pour justifier, dans un tout autre contexte, une consommation qui n’est plus nécessaire et qui a des conséquences fortes sur la vie et la liberté d’êtres sensibles est bien différent.
Le métabolisme est là, mais on n’est plus dans un contexte de survie qui nous force à nous en servir.
 

La sélection naturelle ce n'est pas que la mort des animaux présentant des tares mais aussi une sélection positive de ceux présentant des atouts.

Je veux bien que tu m’éclaires sur ce point : comment se fait cette sélection positive si ce n’est parce que ceux qui n’ont pas ces atouts ne peuvent pas, par la force des choses (survie) transmettre leurs gènes ?
 

Je dis par contre qu'il est faux de dire qu'être végan est un état naturel, que l'homme si il ne prend pas de substituts CHIMIQUES n'a pas besoin de viande dans son alimentation.

Qqn a affirmé ici qu’être vegan était un état naturel ? Si c’est le cas, que cette affirmation (tout comme « manger de la viande est naturel ») soit fausse ou vraie, on est d’accord pour dire que ce n’est pas un argument.

J’ai simplement dit que pour les gens comme toi et moi, dans notre contexte, avec accès à la B12, les POA et la souffrance/mort qu’ils impliquent ne sont pas nécessaires. À l’état sauvage, sans doute. Dans notre état, non.

Juste un petit coucou pour partager des informations.

A propos de notre consommation antédiluvienne de viande (préhisto…). Pour avoir discuté avec un paléoanthropologue de cela, il est estimé que le régime de l’homme avant sa sédentarisation (donc sa plus grande période d’évolution) comportait 2 à 3 % de viande, probablement apportée par le charognage. L’humain cueillait abondamment et plutôt que de vraiment chasser, prélevait à l’occasion un peu de viande sur des cadavres plus ou moins fraîchement tués par d’autres prédateurs, carnivores certainement. Bien entendu, ces humains-là ne consommaient aucun produit laitier si ce n’est celui de leur mère durant l’enfance.
Il est intéressant de noter que les squelettes fossiles retrouvés ne présentent ni caries ni traces de fractures (de façon générale pour ces dernières), ce qui serait une sorte de tabou parmi les paléoanthropologues : on admettrait que l’alimentation moderne (pleine de laitages, de viande et de sucres) serait responsable des caries et des fractures.

A propos de la lactase : elle est produite par les bébés et enfants, qui en ont besoin pour digérer le lactose du lait maternel (et le lactose étant un sucre, c’est la même molécule chez la femme, la hamster, la vache, la baleine et toutes le mammifères). Ensuite, ceux qui ne consomment plus de lait arrêtent de produire de la lactase et n’en reproduiront plus jamais. Parmi ceux qui ne se sèvrent pas, certains continuent à en produire comme s’ils étaient toujours des enfants, d’autres non et c’est pour cela que les marques de lait vendent dans certaines bouteilles marquées comme telles du lait prédigéré à la lactase industrielle. Le fameux lait que même papa peut boire sans péter après.

A propos de notre consommation de lait : elle est bien réelle depuis notre sédentarisation il y a 12 000 ans si je ne me plante pas trop, mais majoritairement sous forme transformée, donc yaourts, caillés et fromages. Les bébés ne survivent correctement au lait de vache que depuis la stérilisation et sa banalisation. Avant, si la maman ne pouvait pas les allaiter, fallait bien croiser les doigts pour, qu’à l’instar de Victor Hugo, ils survivent.
Dans les années 50, en pleine IVe République, Pierre Mendès-France avait dans sa famille un agriculteur bien placé (aujourd’hui on dirait un président de la FNSEA) qui lui parla des problèmes des producteurs laitiers et des histoires de quota. Ce cher président de la République a alors instauré le lait quasi obligatoire et surtout “gratuit” lors de la récré à l’école. Depuis fleurit aussi dans les livres scolaires l’idée que le lait, c’est bon pour la santé. C’est blanc, c’est beau, c’est plein de calcium. C’est notre ami pour la vie.
Notre surconsommation affolante de lait de vache date des années 50.

En bonus, notre consommation quotidienne de viande est très récente aussi. Dans la première partie du siècle dernier, on en mangeait le dimanche. (Et le vendredi, du poisson souvent plus cher que la viande pour faire carême, drôle d’interprétation…)

beri dit :

La sélection naturelle ce n'est pas que la mort des animaux présentant des tares mais aussi une sélection positive de ceux présentant des atouts.

Je veux bien que tu m’éclaires sur ce point : comment se fait cette sélection positive si ce n’est parce que ceux qui n’ont pas ces atouts ne peuvent pas, par la force des choses (survie) transmettre leurs gènes ?

Je pense que cela vient du fait que tu considères la sélection naturelle comme un stop ou encore manichéen entre la survie et la mort. Or l'aptitude à transmettre son patrimoine est un phénomène continu résultat d'innombrables interactions, et un différentiel même faible (PLUS apte, c'est différent de apte ou pas apte) contribue à la diffusion et l'implantation durable de caractères dans une population. Pour reprendre ta formulation, ce n'est donc pas que ceux qui ne possèdent pas les mêmes atouts ne peuvent PAS transmettre leurs gènes, mais peuvent MOINS bien les transmettre.

Petite simulation rapide sur un outil de modélisation de population. Un allèle donnant un gain de 1% à la probabilité de reproduction (on est loin du "je me reproduis ou je meurs") voit sa fréquence dans une population quintupler en 200 générations, passant de 5% à 25% de présence (paramètres choisis arbitrairement pour l'illustration).

aleph71 dit :
beri dit :



Je ne dis pas que l'homme a besoin de viande obligatoirement : le développement de la chimie permet de créer des substitutifs alimentaires comblant les besoins des végans. Je dis par contre qu'il est faux de dire qu'être végan est un état naturel, que l'homme si il ne prend pas de substituts CHIMIQUES n'a pas besoin de viande dans son alimentation.

 

Oups, j'avais loupé ça.
Les besoins des vegans. Le seul besoin non couvert par une alimentation vegan est celui en vitamine B12. Elle est produite par des bactéries cultivées en "usines". C'est la même que celle qui se retrouve dans la viande des animaux non herbivores que nous mangeons (donc, au hasard, les poulets, la viande la plus consommée, et les cochons, pas si loin derrière).

Donc si chimie il y a, déjà, elle est aujourd'hui autant mangée par les omnis que les vegans.

Et si par chimie, tu entends "de synthèse", la vitamine B12 est tout à fait naturelle puisque produite par des bactéries (même si j'imagine qu'elle est produite par l'introduction de son gêne dans un plasmide et non pas par les bactéries productrices originelles qui survivent mieux dans des intestins) et non résultant d'une synthèse chimique. Donc inutile de dire CHIMIQUE en gros comme ça, car c'est faux.

Et à propos d'alimentation qui se suffit à elle-même : une étude a été réalisée sur les français il y a moins de dix ans. Il se trouve que le résultat en était qu'un français sur deux (la moitié, donc) souffrait d'au moins une carence. Pourtant, plus de 95 % des français sont omnivores. Alors, que penser de ce régime dans ce cas ??? Que s'il n'est pas mené correctement, il n'est pas complet, et qu'il n'est pas facile de le mener correctement puisque seule une personne sur deux y arrive ? Ou qu'une personne sur deux est moins bien munie génétiquement que l'autre pour faire face à ce régime ?
Que dire alors des végétariens et végétaliens que je connais qui le sont depuis des années et en bonne santé bien qu'ils ne prennent pas de B12 ? A-t-on étudié sérieusement cela sur une population excessivement minoritaire ?
Que sont ces individus qui vont bien malgré leur véganisme non supplémenté ?
Pour ceux qui liraient ça, ne vous y trompez pas, je ne dis pas qu'il est inutile de prendre de la B12 quand on est vegan, d'ailleurs moi j'en prends.
Je me demande aussi ce qu'on doit penser des omnivores qui sont carencés en B12, car il en existe aussi. quid de leur alimentation parfaitement adaptée à leur omnivorisme ?

Je ne fais là que poser des questions, je ne veux rien prouver, juste dire que peut-être on est loin de tout savoir aujourd'hui (le végétalisme est quand même un régime pratiqué par une minorité de gens), encore plus si on se limite aux publications en français.


edit : et ces questionnements sont pour moi purement rhétoriques, puisque aujourd'hui, malgré les données officiellement admises par la communauté médicale mondiale, à savoir que le végétalisme n'est pas un régime complet et qu'il faut y ajouter de la vitamine B12, j'ai fait le choix assumé d'être végétalienne, car je me sens plus en accord avec moi-même en prenant directement de la B12 en cachet qu'en mangeant des produits animaux.
 

aleph71 dit :C'est une réalité que de dire que les souffrances subies par un animal dans un écosystème sauvage sont généralement supérieures à celles subies dans un écosystème domestique.

 

Ah.
Quand l'écosystème domestique est bienveillant, ça peut se discuter.
Mais aujourd'hui, plus de 80 % des animaux consommés (hors poissons qui ont leurs propres misères) sont issus d'élevages intensifs et non respectueux des animaux.

Je vous laisse choisir ce que vous voulez regarder parmi ces petits films tournés dans des élevages qui sont aujourd'hui malheureusement majoritaires. Je pense, aleph, que tu trouveras ça bien choquant toi aussi. Mais ce ne sont malheureusement pas des exceptions. Et pour, par exemple, le broyage des poussins mâles, c'est même une étape obligatoire (même pour les poules pondeuses de petits élevages en bio ; sauf peut-être pour les tiens, aleph, si tu fais aussi de la reproduction, ce qui est loin d'être le cas de tous les gens qui ont quelques poules dans leur cour).

Films d'élevages. Pour arrêter de nier une certaine réalité sous prétexte que ce n'est pas partout comme ça.

Quoi qu'il en soit, pourquoi, si la nature "tue", devrais-je moi aussi me sentir en droit de faire la même chose, mais différemment, ou même moins pire, du moment que je n'en ai pas besoin ?


Edit : un texte qui parle de la viande heureuse bien mieux que je ne le ferais et dont voici un extrait :

La deuxième condition posée par Porcher peut être reformulée comme suit : la mort des animaux est acceptable si leur vie a été meilleure qu'elle ne l'aurait été en dehors de l'élevage. Pour Porcher, il semble évident que la vie d'un cochon d'élevage biologique vaut mieux que celle d'un sanglier. Rappelons que la vie « bonne » promue par Porcher correspond à une vie châtrée ou mutilée, séparée socialement, confinée territorialement, et que la durée de cette vie est susceptible de correspondre à un vingtième de leur espérance de vie. Sur cette base factuelle, il est douteux que cette deuxième condition puisse être jamais justifiée. Comment cette vie abîmée et atrophiée pourrait-elle être meilleure, tout bien considéré ?
Mais, quand bien même elle le serait, est-ce parce que je donne une vie « bonne » à un animal, vie qu'il n'aurait pas eue s'il n'était pas né, que je peux légitimement le tuer ? Il est évident que nous n'avons ni le droit de réduire en esclavage nos enfants ni le droit de les égorger au simple motif que nous sommes leurs géniteurs ou que nous leur avons donné une vie bonne, même si, passé un certain âge, ils ne sont plus rentables socialement, psychologiquement ou économiquement. Pourquoi en irait-il différemment dans le cas des animaux d'élevage ? Si Porcher répond que nous pouvons les tuer tout simplement « parce qu'ils ne sont pas des êtres humains » [62], autrement dit parce qu'ils n'appartiennent pas à la bonne espèce, elle est spéciste. Elle atteint le niveau zéro de l'argumentation. Le pur arbitraire.

Proute dit :
aleph71 dit :C'est une réalité que de dire que les souffrances subies par un animal dans un écosystème sauvage sont généralement supérieures à celles subies dans un écosystème domestique.

 

Ah.
Quand l'écosystème domestique est bienveillant, ça peut se discuter.
Mais aujourd'hui, plus de 80 % des animaux consommés (hors poissons qui ont leurs propres misères) sont issus d'élevages intensifs et non respectueux des animaux.

Je vous laisse choisir ce que vous voulez regarder parmi ces petits films tournés dans des élevages qui sont aujourd'hui malheureusement majoritaires. Je pense, aleph, que tu trouveras ça bien choquant toi aussi. Mais ce ne sont malheureusement pas des exceptions. Et pour, par exemple, le broyage des poussins mâles, c'est même une étape obligatoire (même pour les poules pondeuses de petits élevages en bio ; sauf peut-être pour les tiens, aleph, si tu fais aussi de la reproduction, ce qui est loin d'être le cas de tous les gens qui ont quelques poules dans leur cour).

Films d'élevages. Pour arrêter de nier une certaine réalité sous prétexte que ce n'est pas partout comme ça.

Quoi qu'il en soit, pourquoi, si la nature "tue", devrais-je moi aussi me sentir en droit de faire la même chose, mais différemment, ou même moins pire, du moment que je n'en ai pas besoin ?


Edit : un texte qui parle de la viande heureuse bien mieux que je ne le ferais et dont voici un extrait :

La deuxième condition posée par Porcher peut être reformulée comme suit : la mort des animaux est acceptable si leur vie a été meilleure qu'elle ne l'aurait été en dehors de l'élevage. Pour Porcher, il semble évident que la vie d'un cochon d'élevage biologique vaut mieux que celle d'un sanglier. Rappelons que la vie « bonne » promue par Porcher correspond à une vie châtrée ou mutilée, séparée socialement, confinée territorialement, et que la durée de cette vie est susceptible de correspondre à un vingtième de leur espérance de vie. Sur cette base factuelle, il est douteux que cette deuxième condition puisse être jamais justifiée. Comment cette vie abîmée et atrophiée pourrait-elle être meilleure, tout bien considéré ?
Mais, quand bien même elle le serait, est-ce parce que je donne une vie « bonne » à un animal, vie qu'il n'aurait pas eue s'il n'était pas né, que je peux légitimement le tuer ? Il est évident que nous n'avons ni le droit de réduire en esclavage nos enfants ni le droit de les égorger au simple motif que nous sommes leurs géniteurs ou que nous leur avons donné une vie bonne, même si, passé un certain âge, ils ne sont plus rentables socialement, psychologiquement ou économiquement. Pourquoi en irait-il différemment dans le cas des animaux d'élevage ? Si Porcher répond que nous pouvons les tuer tout simplement « parce qu'ils ne sont pas des êtres humains » [62], autrement dit parce qu'ils n'appartiennent pas à la bonne espèce, elle est spéciste. Elle atteint le niveau zéro de l'argumentation. Le pur arbitraire.

Je suis désolé, je vis au quotidien dans les élevages et je connais aussi l'élevage intensif.
L'élevage bovin allaitant français est essentiellement semi extensif (mis à part la filière veaux blanc de boucherie). Il y a de plus en plus d'éleveurs qui abandonnent l'élevage intensif.

Pour ma part je consomme mes animaux que je tue ou issus d'élevage que je connais.
Je préfère trancher le cou de mes poulets et leur donner une mort rapide plutôt que les voir se faire dévorer vivants par une belette equi les laissent agonisants les tripes à l'air. Cela serait particulièrement choquant de montrer ces images et avec tes critères (puisqu'’il existe des images de maltraitance) il faudrait immédiatement mettre sous les verrous tous les mustélidés sur terre. Certes me diras tu, c’est le monde animal et nous ne pouvons juger, ne tombons pas dans l’anthropomorphisme. Alors pourquoi franchis-tu le rubicond en comparant l'animal à l'homme : personnellement je fais une différence entre un veau et mon fils et la vache d'ailleurs fait de même de son côté. 
Il sera toujours facile de montrer un animal malade, maltraité et de faire croire que cela représente tous les élevages.

Je ne défends pas l'élevage industriel qui me parait souvent aberrant et en effet cruel.
Je ne cautionne pas l'élevage de poulet blanc industriel et je n'en consomme jamais. Par contre faire croire que parce que je mange du poulet (mes poulets élevés en plein air) fait de moi un complice de ces élevages m'indispose profondément. 

Ensuite tu fais de nouveau preuve d’anthropomorphisme en jugeant selon tes critères la souffrance animale. Il y a maintenant des grilles réalisées par des ethnologues sur le sujet et ce qui à tes yeux parait être infamant ne l'est pas toujours en ce qui concerne l'animal. Il est tout à fait possible de mesurer également la douleur (mesure de pression artérielle) et d'objectivé scientifiquement la chose.

Quant aux animaux domestiques qui vivraient moins longtemps dans un milieu sauvage que dans nos milieux domestiques là encore c’est faux. Nous avons co évolués pendant des millénaires avec nos animaux domestiques et ceux-ci ne pourraient subsister que très peu de temps sans nous pour la plupart d’entre eux (mis à part le chat dont le modèle domestique est quasi identique au modèle sauvage). Il faut bien avouer que les races domestiques après plusieurs millénaires de sélection sont très différentes de leur modèle d’origine.

Je suis aussi opposé aux hypertypes qui constituent une fragilisation certaines des espèces et mènent à des comportements délirants (broyage des poussins mâles de poules pondeuses haute performance). La recherche de la productivité à tout prix va à l'encontre de mes idées. Cela pourrait s'appliquer aussi par exemple pour les races de chien. Il y a d'ailleurs une prise de conscience de la plupart de mes confrères sur ce sujet. 

Enfin en ce qui concerne les progrès de la médecine et de la science nous permettant de nous affranchir de notre génome qui détermine en grande partie nos capacités de métaboliser tel ou tel aliment c’est un mythe, à l’heure actuelle nous sommes incapable de faire d’un homme un herbivore, de nous nous nourrir qu’exclusivement d’herbe par exemple. On ne peut gommer en l’espace de quelques années la sélection naturelle qui s’est effectuée sur plusieurs dizaines de millénaires pour donner l’homo sapiens sapiens actuel.

Le génie biologique permet de synthétiser puis fabriquer des bonbons avec de la b12 en effet. Cela n’a rien de naturel dans le sens que sans l’ingénierie humaine cela est impossible. Je n’ai jamais vu de pastilles de b12 poussées dans les arbres. Personnellement je n’en ai cure, j’admets volontiers que la plupart des espèces domestiques n’ont plus grand-chose de très naturel. Cependant dans le dogme végan qui justifie le prosélytisme dont ils font preuve l’un des arguments fort est que leur nourriture est naturelle et naturellement équilibrée.

J’avoue que le sophisme qui constitue à dire que si la majorité des personnes ont une alimentation non adaptée à leur besoin fait que le régime végan est par conséquent naturel et bon et devrait être généralisé voir obligatoire est un raisonnement qui signifierait que si un évènement faux est récurrent il devient alors vrai. Pour être plus clair prenons de nouveau l’exemple de la voiture : si la plupart des automobilistes ne respectent pas les limitations vitesses fait que l’action de griller les stops n’est plus ipso facto une infraction routière. Il existe en effet des carences en vitamine b12 chez bien des français mangeant de la viande non pas par manque d’apport primaire mais par consommation, mauvaise absorption digestive. On mesure d’ailleurs le taux sanguin de b12 et folates pour mettre en évidence des problèmes de malabsorption, mal digestion. La consommation d’alcool excessive entraine parfois des carences en b12 et les français ne sont pas des exemples dans ce domaine. Il n’empêche que le régime végan est carencé en vitamine b12.

Bon, je vais aller dormir un peu si possible (dejà 4 urgences cette nuit)
Je crois que nos positions sont différentes et qu’il est vain d’en discuter ad vitam eternam.

Je crois aux vertus d’un élevage éco responsable et respectueux de l’environnement, de la notion de vache jardinière (actuellement prônée par exemple par AVSF dans certains pays où le dévellopement de monoculture est une catastrophe pour l’environnement).

Bref je n’ai pas une vision idyllique de l’élevage actuel mais les choses s’améliorent tout de même et je ne condamne pas toutes les types d’élevages sous pretexte que certains ne correspondent pas à mes valeurs éthiques.

Merci aleph, pour ces échanges que personnellement je trouve très intéressants.

J’y ajoute donc quelques rebondissements. (Les citations qui suivent proviennent du post écrit par toi ci-dessus.)

Tout d’abord, tu n’es pas sur la sellette et je ne te jugerai pas, toi en tant que personne, à l’aune d’un comportement culturellement et communément admis comme acceptable. Ce que je me permets de juger, c’est l’état actuel de l’élevage. Ce que je me permets de refuser, c’est la culture carniste dans laquelle nous vivons actuellement et que les gens acceptent pour la plupart sans que cela ne soit le fruit d’aucune réflexion.
Ce que je m’autorise, c’est refuser de faire partie, moi, de ce système, dans lequel je ne trouve pas mon humanité.
Comme tu le sais, je vis à la campagne, comme toi dans une région d’élevage allaitant. Mais il y a aussi des élevages de poules et de cochons. J’ai des amis éleveurs, et de la famille et des amis qui, comme toi, élèvent et tuent leurs animaux.
J’ai donc un certain regard sur la chose, puisque j’ai pu visiter leurs cours et élevages et leur poser des questions, ainsi qu’à mes voisins éleveurs du genre extensif.
Et effectivement, mes connaissances sur l’élevage industriel me viennent du journal local, des histoires qui se racontent au marché entre acteurs de l’élevage, et bien sûr, des films vus sur la toile.

Voilà pour le cadre.
 

Je ne défends pas l’élevage industriel qui me parait souvent aberrant et en effet cruel.
Je ne cautionne pas l’élevage de poulet blanc industriel et je n’en consomme jamais.

On est bien d’accord. C’est par nos choix de consommation à notre échelle qu’on peut espérer orienter la production aujourd’hui, et c’est parfois bien le seul pouvoir qu’on ait (ou qu’on ait la force de mettre en œuvre).


Par contre faire croire que parce que je mange du poulet (mes poulets élevés en plein air) fait de moi un complice de ces élevages m’indispose profondément. 

Ce n’est pas ce que j’ai écrit. Ce que j’ai écrit, c’est que tu défendais l’élevage en en donnant une image idyllique, rendant par là invisibles toutes les misères inhérentes à l’élevage dans sa globalité, ce qui me dérange d’autant plus que l’élevage intensif est très largement majoritaire et que, même si comme tu le dis beaucoup d’éleveurs aspirent à se reconvertir vers l’extensif et de plus petites exploitations, les géants qui arrivent pour les écraser sont bien réels et les rendent presque anecdotiques.
Ainsi, j’estime que tu ne peux pas défendre l’élevage au sens large juste parce que ce que tu fais toi dans ta cour te paraît largement acceptable. En gros, en relisant tes premiers posts, l’élevage c’est bien, parce que dans ta cour, c’est bien. (Je schématise.) Plus que le reste, c’est ça qui me choque : prendre en compte un seul aspect pour défendre une pratique au sens large.

Ensuite tu fais de nouveau preuve d’anthropomorphisme en jugeant selon tes critères la souffrance animale.


La souffrance existe, même chez l’animal. On a un héritage lourd de Descartes et son animal-machine, mais quand je vois la souffrance chez un animal, je sais la reconnaître.
Je sais aussi que l’élevage actuel force les grossesses des animaux d’élevage (avec des procédés divers et variés tous plus délicieux les uns que les autres) et que de toute façon, l’élevage de tous temps a toujours été basé sur la sélection des reproducteurs, un contrôle de cette reproduction et la séparation des petits d’avec leurs mères. Et, j’imagine que tu ne me contrediras pas sur ce point, un abattage des animaux à un âge juvénile. On prolonge de plus l’agonie des mères en entretenant artificiellement leur lactation une fois leur petit enlevé, par une traite parfois manuelle et le plus généralement par une machine. On ne laisse même pas leur corps oublier qu’il a eu un petit qui leur a été pris.

Oui, je suis réceptive à tout cela, et cela s’appelle non pas l’anthropomorphisme, mais bien l’empathie.

Et toi, ne juges-tu pas la souffrance animale en l’affirmant plus horrible dans la nature que dans l’élevage ?

Tu y appliques même des degrés, dont personnellement je me fiche pas mal : moi ce qui m’intéresse, c’est que dans un cs j’en suis responsable, dans l’autre non. Le fait de vouloir soulager la souffrance de l’animal, au sens large, dans la nature, me semble participer d’une démarche encore différente et si déjà on commençait par arrêter de bousiller notre/leur écosystème, en grande partie à cause de l’élevage notamment, ce serait pas mal.
 

Quant aux animaux domestiques qui vivraient moins longtemps dans un milieu sauvage que dans nos milieux domestiques là encore c’est faux. Nous avons co évolués pendant des millénaires avec nos animaux domestiques et ceux-ci ne pourraient subsister que très peu de temps sans nous pour la plupart d’entre eux (mis à part le chat dont le modèle domestique est quasi identique au modèle sauvage). Il faut bien avouer que les races domestiques après plusieurs millénaires de sélection sont très différentes de leur modèle d’origine.

Pour la première phrase, tu as dû faire un lapsus.

Cependant, en la laissant telle quelle, je suis d’accord avec tout ton paragraphe :

- les animaux domestiques qu’on laisse vivre longtemps parce qu’on l’a décidé vivent certainement plus longtemps, s’ils sont dans de bonnes conditions, que son cousin sauvage (un cochon qu’on dorlote par rapport à un sanglier, qui en plus du reste doit éviter d’être victime des chasseurs à deux pattes), mais vu qu’on en abat la grande majorité lorsqu’ils sont encore des bébés pour pouvoir les manger ou prendre le lait de leurs mères, je pense que ça se discute. Néanmoins, je n’en vois pas l’intérêt, puisque dans un cas, moi, en tant qu’homme, je n’interviens pas dans la mort ou la survie de l’animal sauvage (hors de la chasse et surtout du fait que je fiche en l’air son écosystème par mon comportement d’homme moderne même quand je n’en ai pas conscience), alors que dans l’élevage, je décide en toute conscience que tel animal va se reproduire, tel autre va être éliminé (euphémisme) pour qu’on puisse prendre le lait de sa mère, et tel autre engraissé quelque temps pour assez rapidement le tuer afin de profiter de sa chair. Moralement, j’ai donc une implication que je n’ai pas lorsque la nature décide qui va mourir ou qui va souffrir. Toi, tu assumes cette implication et la vis au quotidien, moi je ne l’assume pas, et je fais donc ce qu’il faut pour ne pas la vivre : je ne consomme pas d’animaux ni leurs produits.

- si je suis d’accord avec le reste, quelque part, même si je peux comprendre que l’homme ait ainsi évolué dès lors qu’il a cessé d’être nomade pour se sédentariser (et c’est là que nos ennuis modernes ont commencé, et pas que en rapport avec les animaux mais bien avec tout notre écosystème et ainsi nos chances de survie sur le long-terme), aujourd’hui, cet élevage n’est, contrairement à ce que tu as prétendu dans l’un de tes posts, absolument plus nécessaire, puisque nous sommes capables de faire pousser assez de végétaux en toute saison pour pouvoir nous nourrir en toute saison, surtout nous, hommes nés dans la partie capitaliste de la Terre.
Ensuite, ne plus exploiter ces animaux domestiques ne signifie pas qu’ils disparaîtraient, on peut très bien envisager d’autres scénarios, beaucoup plus probables que celui qui dit qu’ils disparaîtraient (ou nous envahiraient, selon les contradicteurs, les carnistes ne sont pas bien d’accord sur ce point).

-cela m’amène à rebondir sur une remarque que tu as faite quelques posts en arrière, que sans l’élevage l’humanité ne pourrait plus se nourrir ??? Je ne comprends pas ton raisonnement, étant donné qu’actuellement 70 % des terres sont consacrées à l’élevage, et qu’il faut x calories de végétal pour produire 1 calorie d’animal, ce que tu affirmes ne me paraît absolument pas logique.


Je suis aussi opposé aux hypertypes qui constituent une fragilisation certaines des espèces et mènent à des comportements délirants (broyage des poussins mâles de poules pondeuses haute performance). La recherche de la productivité à tout prix va à l’encontre de mes idées. Cela pourrait s’appliquer aussi par exemple pour les races de chien. Il y a d’ailleurs une prise de conscience de la plupart de mes confrères sur ce sujet. 


On est tout à fait d’accord toi et moi.
 

Enfin en ce qui concerne les progrès de la médecine et de la science nous permettant de nous affranchir de notre génome qui détermine en grande partie nos capacités de métaboliser tel ou tel aliment c’est un mythe, à l’heure actuelle nous sommes incapable de faire d’un homme un herbivore, de nous nous nourrir qu’exclusivement d’herbe par exemple. On ne peut gommer en l’espace de quelques années la sélection naturelle qui s’est effectuée sur plusieurs dizaines de millénaires pour donner l’homo sapiens sapiens actuel.


Mais qui a dit qu’on le pouvait ? Pas moi, en tout cas.


Le génie biologique permet de synthétiser puis fabriquer des bonbons avec de la b12 en effet.


Euh… non, elle n’est pas synthétisée, elle est produite par des bactéries “d’élevage” et oui, grâce au génie biologique puisqu’il s’agit de bactéries transformées par un plasmide contenant le gène de la molécule à produire.
Ce qui est étonnant, c’est que cela te dérange qu’un humain prenne cette vitamine mais pas qu’on la donne à des animaux que l’humain va pourtant consommer, via sa chair ou ses secrétions.
La bonne question à se poser, hors notre régime à nous, végétal ou omni-, est plutôt pourquoi supplémente-t-on ainsi ces animaux aujourd’hui ? Que se passe-t-il si on ne le fait pas, et pourquoi ? Quelle est vraiment la place de la vitamine B12 dans l’alimentation ? (Et je ne compte pas la faire sauter comme une capsule de bouteille et dire qu’elle ne sert à rien, ce sont juste de vraies questions. Perso, j’ai pu constater que sa nécessité dépendait de l’individu humain considéré. Pour ma part, je ne compte pas “me tester” et comme je l’ai déjà dit, j’en prends.)

Sinon, comme tu le dis, les espèces domestiques n’ont peut-être plus grand-chose de naturel aujourd’hui. C’est aussi une question à se poser, et de se demander alors pourquoi l’on tient tant à les consommer sous le prétexte que ce serait naturel. Je comprends mieux qu’on tienne à les consommer parce que l’on est accro à leur goût. Dès lors, il est sûr que cela devient uniquement une question de moralité ou, si tu préfères, d’éthique, ce qui est le propos des antispécistes.

J’avoue que le sophisme qui constitue à dire que si la majorité des personnes ont une alimentation non adaptée à leur besoin fait que le régime végan est par conséquent naturel et bon et devrait être généralisé voir obligatoire


Ce n’est pas ce que j’ai dit. C’est ta conclusion.
Moi j’ai juste dit qu’on ne savait pas tout et que, plutôt que de prendre ce qui est culturel pour acquis, il est toujours intéressant de se poser des questions. Les anglais appellent cela “think out of the box”. Mon propos visait uniquement ce but, pas d’établir des vérités.

Il n’empêche que le régime végan est carencé en vitamine b12.


Pour ce qu’on en sait actuellement (cf think out of the box, nos certitudes sont seulement basées sur des données qu’on tient pour acquises, et en tant que scientifique tu devrais le savoir/comprendre), OUI.

Il est donc inutile de dire que le véganisme entraîne des carences et qu’il faudrait toute une pharmacie pour y survivre.

Cependant, ce fait est assez connu, et la B12 disponible (et c’est, de plus, la même que celle que je vais donner à mon corps si je mange du poulet ou du cochon, vu qu’elle est produite au même endroit !!! donc dans mon corps, pour ma santé à moi, ça ne change rien que je la prenne ainsi ou en mangeant de la viande), j’ai donc le choix de pouvoir éliminer les produits animaux de ma consommation tout en vivant en bonne santé. Elle est pas belle, ma vie ?
Bon, je suis d’accord avec toi sur un point. Que tu n’as pas énoncé.
Mais que j’ai cru lire entre les lignes de ton dernier post : c’est épuisant d’échanger comme ça par écrit, de prendre de la distance avec ce que l’autre a écrit, etc. Épuisant, mais lorsque c’est fait avec assez de respect l’un de l’autre comme nous avons fait là, très enrichissant. Je reste persuadée que cela serait plus agréable de vive voix.
Et merci pour ton dernier post, très posé et très clair, qui résume bien ta position, et offre, par son ouverture, moult possibilités de discussions à venir si tu le souhaites. (Mais pas par écrit, pitié !)

Je n’ai pas tout lu des dernières interventions, mais je retiens plusieurs choses :

1) Aleph a l’air assez enclin à lire entre les lignes des choses qui n’y sont pas écrites ou à mal interpréter les propos de son interlocuteur. Proute et moi avons plusieurs fois écrit “je n’ai pas dit ça / ce n’est pas ce que j’ai dit”. Attention, petit coquin :wink:

2) Des choses intéressantes ont été dites et la discussion est informative des deux côtés.

3) Oui, le régime végétalien est exempt de B12, mais dans la mesure où on y a accès facilement autrement, ça ne saurait être un argument contre lui.

4) Il faut vraiment arrêter avec le sophisme c’est naturel donc c’est bien / ce n’est pas naturel donc c’est mal. Ce n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais un argument valable en soi.