Trop c'est trop...

Loic a mis le doigt sur quelque chose 
​​​​​​C’est pas forcément la qualité des jeux, ni le nombre de bon jeux qui sortent, c’est surtout leur disponibilité boutique qui pose problème !
Avant je me disais qu’on bon jeu qui me plaît je le trouverais  facilement même si je ne l’achète pas maintenant c’est pas grave, et aujourd’hui quand je vois des trucs qui peuvent m’intéresser je saute presque dessus pour être sur d’en avoir ( j’ai pas de chiffres particuliers pour étayer, c’est vraiment un sentiment que j’ai en ce moment) 

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LoLad dit :Loic a mis le doigt sur quelque chose 
​​​​​​C'est pas forcément la qualité des jeux, ni le nombre de bon jeux qui sortent, c'est surtout leur disponibilité boutique qui pose problème !
Avant je me disais qu'on bon jeu qui me plaît je le trouverais  facilement même si je ne l'achète pas maintenant c'est pas grave, et aujourd'hui quand je vois des trucs qui peuvent m'intéresser je saute presque dessus pour être sur d'en avoir ( j'ai pas de chiffres particuliers pour étayer, c'est vraiment un sentiment que j'ai en ce moment) 

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C'est effectivement un problème. il y a beaucoup de sorties de jeux et pour minimiser les risques pas mal d'éditeurs les sortent en petite quantité (Pillards de la mer du nord ?).
Résultat certains sont introuvables à peine un an après leur sortie : je pense à Marco Polo, à l'extension de Shakespeare... Il semble que certains éditeurs préfèrent miser sur un nouveau jeu plutôt que d'assurer un suivi de leur gamme. 
Il me semble que des classiques comme Caverna et Agricola TE étaient difficiles à trouver il y a peu.
Et des valeurs sûres comme El Grande ou Carson City n'existent qu'en "big box", peu intéressantes pour les nouveaux joueurs.
 

Et encore, un an, t’es gentil. En ce moment, les jeux restent moins d’un mois en boutique, avec des retirages éventuels 6 mois plus tard. Ca n’a aucun sens. Et je pense, qu’à moyen terme, c’est mauvais. En terme d’image, tous ces jeux en rupture dans le mois qui suit leur sortie, sur les clients joueurs, ça donne une vision assez amateur de l’édition.

Marco Polo j’ai l’impression qu’il est resté 3 mois en boutique. Depuis plus rien, aucun retirage.

loïc dit :Et encore, un an, t'es gentil. En ce moment, les jeux restent moins d'un mois en boutique, avec des retirages éventuels 6 mois plus tard. Ca n'a aucun sens. Et je pense, qu'à moyen terme, c'est mauvais. En terme d'image, tous ces jeux en rupture dans le mois qui suit leur sortie, sur les clients joueurs, ça donne une vision assez amateur de l'édition.

Sans parler des jeux qui ont un prix des plus prestigieux et qui ne sont plus dispo 2 heures après l'ouverture des précommandes. ;)


Donc, la conclusion de ce fil, c’est que trop, c’est trop peu? no

Iskander dit :
Donc, la conclusion de ce fil, c'est que trop, c'est trop peu? no

arf !

Bah moi, j’ai cessé d’aller voir dans le magasin de jeux du coin. La moitié du temps j’ai droit à “ah ben il est en rupture”. Ou alors “ah ben j’en ai plus, mais je peux l’avoir la semaine prochaine”.
Bon. Faut dire que c’est un petit magasin.

Frohike dit :Bah moi, j'ai cessé d'aller voir dans le magasin de jeux du coin. La moitié du temps j'ai droit à "ah ben il est en rupture". Ou alors "ah ben j'en ai plus, mais je peux l'avoir la semaine prochaine".
Bon. Faut dire que c'est un petit magasin.

Comme tu traines ici, tu es déjà un joueur bien averti. Et même parmi les joueurs bien averti, tout le monde n'achète pas sur le net.
Si les jeux ne sont plus dispo en boutique, ils seront réservé à une frange du public assez averti et qui aime trainer sur le net pour dénicher des jeux. Mais c'est un comportement d'achat qui ne fait pas d'émules. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose que la majeure partie du marché soit dématérialisée. Un jeu ça se partage. Si, après avoir fait partagé ton dernier coup de coeur, ton pote te demande où il peut l'acheter, si la réponse devient systématiquement ou presque : "C'est pas possible, je l'ai acheté sur KS l'année dernière", j'ai un peu peur que ça ne dynamise pas beaucoup la création. Mais je peux me tromper.
 

Tu ne crois pas si bien dire ! Ça m’est arrivé 3 fois en 2 mois !

loïc dit :
Frohike dit :Bah moi, j'ai cessé d'aller voir dans le magasin de jeux du coin. La moitié du temps j'ai droit à "ah ben il est en rupture". Ou alors "ah ben j'en ai plus, mais je peux l'avoir la semaine prochaine".
Bon. Faut dire que c'est un petit magasin.

Comme tu traines ici, tu es déjà un joueur bien averti. Et même parmi les joueurs bien averti, tout le monde n'achète pas sur le net.
Si les jeux ne sont plus dispo en boutique, ils seront réservé à une frange du public assez averti et qui aime trainer sur le net pour dénicher des jeux. Mais c'est un comportement d'achat qui ne fait pas d'émules. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose que la majeure partie du marché soit dématérialisée. Un jeu ça se partage. Si, après avoir fait partagé ton dernier coup de coeur, ton pote te demande où il peut l'acheter, si la réponse devient systématiquement ou presque : "C'est pas possible, je l'ai acheté sur KS l'année dernière", j'ai un peu peur que ça ne dynamise pas beaucoup la création. Mais je peux me tromper.
 

Ou alors toutes la majeur partie des nouvelles créations passeront par une "précommande" kickstarter?

loïc dit :
Frohike dit :Bah moi, j'ai cessé d'aller voir dans le magasin de jeux du coin. La moitié du temps j'ai droit à "ah ben il est en rupture". Ou alors "ah ben j'en ai plus, mais je peux l'avoir la semaine prochaine".
Bon. Faut dire que c'est un petit magasin.

Comme tu traines ici, tu es déjà un joueur bien averti. Et même parmi les joueurs bien averti, tout le monde n'achète pas sur le net.
Si les jeux ne sont plus dispo en boutique, ils seront réservé à une frange du public assez averti et qui aime trainer sur le net pour dénicher des jeux. Mais c'est un comportement d'achat qui ne fait pas d'émules. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose que la majeure partie du marché soit dématérialisée. Un jeu ça se partage. Si, après avoir fait partagé ton dernier coup de coeur, ton pote te demande où il peut l'acheter, si la réponse devient systématiquement ou presque : "C'est pas possible, je l'ai acheté sur KS l'année dernière", j'ai un peu peur que ça ne dynamise pas beaucoup la création. Mais je peux me tromper.
 

C'est sûr, je préfère acheter dans une boutique. Strictement économiquement parlant, parfois c'est un poil plus cher que sur le net (mais pas toujours), mais j'économise les fdp.
Humainement, c'est incomparable, évidemment.

Le net, je préfère le réserver pour acheter les occasions.
Mais bon. Cambrousse oblige: le seul magasin de jeux du département n'est pas super fourni (à mes yeux) et à 30 minutes de route (n'empêche, ils font du chouette boulot, vu la surface, l'endroit et le public....)

Mister Nico dit :

Ou alors toutes la majeur partie des nouvelles créations passeront par une "précommande" kickstarter?

De toute façon, étant donné la foultitude de jeux qui sortent, les boutiques ne peuvent plus suivre et ne peuvent pas tout avoir sur étagère.
Du coup, à terme et avec le problème de disponibilité mis en exergue par Loïc, je pense que la précommande kickstarter est une solution (je n'ai pas dit LA solution ni LA meilleure solution). A l'instar du débat qu'il y a eu sur la TTTV récemment avec l'éditeur de Outlive.

J'ai un peu le même problème avec les livres : dès que tu veux acheter un bouquin qui n'est pas en tête de gondole ou qui n'est pas mainstream, tu te déplaces en magasin pour rien (perte de temps, etc....). Du coup, je commande quasiment tous mes bouquins en ligne. Alors oui c'est sympa d'aller chez le libraire du coin pour aller papoter, respirer l'odeur des bouquins, fouiner mais quand tu ressors bredouille, tu es légèrement frustré de ne pas pouvoir lire le bouquin que tu voulais lire, là maintenant. Dans ma ville, Nathalie Iris y tient une librairie (elle fait également des émissions littéraires à la télé). Et bien je peux vous dire que le rayon SF est réduit à sa plus simple expression. Du coup, je n'y vais pratiquement plus.

fdubois dit :

Dans ma ville, Nathalie Iris y tient une librairie (elle fait également des émissions littéraires à la télé). Et bien je peux vous dire que le rayon SF est réduit à sa plus simple expression. Du coup, je n'y vais pratiquement plus.

Ben ça, mon brave monsieur, c'est un peu partout comme ça pour les littératures de l'imaginaire. C'est "au fond du couloir à gauche, la pile en bas, avec la poussière dessus."
Sauf, évidemment, les grands classiques qu'on a le droit de lire parce qu'une groupe mystérieux les a adoubés: 1984, Frankenstein, La machine à voyager dans le temps...Ceux-ci ne sont pas dans la susdite pile. Ils sont dans le rayon "littérature sérieuse pour les vrais adultes mature et responsables".
Du coup, ben pareil, je me déplace plus trop. Soit je vais dans une libraire spécialisée (2h de route), soit je commande sur le net. En occasion, sur un site où tu peux négocier le prix, c'est encore mieux.

A mon avis beaucoup découle de la rationalité économique des acteurs de notre secteur, à leur niveau.
J’aurais tendance à penser, à la hache, que :

-c’est difficile de réfuter qu’il y a au final pas si peu que ça de “locomotives” sur ce marché, des références avec un retentissement et une aura au-dessus du lot (pour un ensemble de raisons, certaines intrinsèques, d’autres plus extrinsèques). En tout cas de mon point de vue de jeune/petit éditeur il me semble voir la différence de ventes entre les gros succès et les autres en boutiques :slight_smile: . Après on peut penser que les ventes n’ont pas raison mais à mon sens c’est difficile de parler de figures de proue et étendards d’un secteur en s’extrayant de la notion de diffusion.
Est-ce que s’il n’y en a pas plus, de ces grandes figures de proue, ça n’est pas tout simplement parce qu’à l’échelle de niche à laquelle on reste malgré tout (comparé aux grandes industries culturelles qui peuvent être citées), ce marché n’a pas la capacité ou le besoin à en faire émerger plus. Je veux dire, par rapport à l’usage de la plupart des joueurs, notamment ceux sur lesquels l’élargissement du marché se fait et qui ont  (encore ?) “besoin” de moins de jeux différents dans leur ludothèque pour se sentir bien :-). 

-S’il y a beaucoup de production autour, est-ce que ça ne vient pas d’une convergence de rationalités individuelles :

*un nombre croissant d’éditeurs dans un contexte où les barrières d’entrée (coût de lancement d’un projet) restent peu élevées, où les perspectives de professionnalisation semblent exister (à travers les quelques mais marquantes success stories auxquelles on peut ponctuellement assister), et où la recherche d’un métier passion n’a jamais été autant valorisée par les gens.

*un nombre croissant de jeux par éditeur qui trouve sa rationalité dans le fait qu’il peut sembler plus réaliste / plus raisonnable / moins risqué aujourd’hui pour un éditeur de publier régulièrement des jeux que de miser son année sur un seul titre qui peut très bien complètement passer à côté. C’est à mon sens rendu rationnel par la prédominance de la demande éphémère de nouveautés chez les gros consommateurs de jeux. Ceux qui, il me semble, permettent aux petits éditeurs tels que nous d’à peu près survivre aujourd’hui dans le circuit classique en attendant d’avoir la “chance” de rencontrer un succès au delà de la moyenne sur un titre parce qu’il va être poussé vers un public plus large.

*les distributeurs pourraient mettre un filtre plus grand et limiter le nombre de sorties mais j’imagine qu’ils tirent le même constat que les éditeurs. Ils ont en plus de ça intérêt à proposer un catalogue conséquent et des nouveautés pour générer des commandes de boutiques qui ont besoin d’atteindre un volume leur permettant de bénéficier d’un franco de port. Egalement le système de dépôt-vente qui reste très présent dans la relation éditeur-distributeur n’incite probablement pas le distributeur à refuser des projets sur lesquels le risque est principalement supporté par l’éditeur.

*les boutiques pourraient mettre un filtre en ne prenant pas toutes les références des distributeurs, mais d’une part je ne sais pas comment ça se négocie à ce niveau, et surtout encore faudrait-il qu’elles pensent que les joueurs/clients ne vont pas leur reprocher de ne pas proposer toutes les références (dans le discours qui ressort des récents échanges sur Kickstarter on peut penser que cette problématique reste centrale pour elles).

-Et à l’arrivée on peut penser que plus l’offre est riche et moins la capacité à se retrouver exactement dans une connaissance commune des mêmes titres est forte. Dans les années 90 on avait l’impression que les joueurs connaissaient tous les mêmes gros jeux : Civilisation, Dune,… tout simplement parce qu’il y avait peu e jeu et que quand tu étais passionné… ?


loïc dit :
Plein de trucs intéressants sur les jeux Gamer :-)

Déjà je ne trouve pas toute cette partie si déconnectée du sujet initial parce qu'on parle au final des jeux qui sortent du lot et qu'on ne semble pas vouloir le prendre sur le plan de la réussite économique. Plus on va être passionné dans un domaine et plus on va avoir tendance à valoriser des caractéristiques hors-normes. Clairement, de mon usage perso, au moment de ressortir les jeux que je trouve marquants, je vais aussi avoir tendance à davantage valoriser des Through The Ages, High Frontier, De Vulgari Eloquentia, Netrunner,... qui proposent de mon point de vue des expériences sans équivalent et qui sortent tellement du lot, qu'un 7Wonders. Pour autant...

En tout cas il me semble que ce que tu mets en évidence et déplores concernant les gros jeux gamer découle à nouveau simplement de la rationalité des acteurs du marché (à partir du moment où ils veulent en vivre):
Quand on dit qu'un Great Western Trail cartonne sur ce créneau, de quels chiffres parle-t-on?  N'est-ce pas déjà une exception? Probablement expliquée par plein de bonnes raisons intrinsèques (perso j'ai eu du mal à le trouver emballant mais je comprends sans peine ses qualités et pourquoi il plaît plus que la moyenne) au delà de la faible concurrence que tu évoques. La réussite minimale d'un éditeur (qui veut vivre de son activité), au sein du circuit traditionnel passe par la vente d'un certain volume. Or, malheureusement, j'ai l'impression qu'il est plus réaliste/probable pour un éditeur de tabler sur des des volumes de ventes à la Western Town (pour prendre l'exemple d'un jeu que je sais que tu trouves au dessus du lot) qu'à la Troyes. On peut jamais refaire le match mais que ce serait-il passé si Pearl Games n'avait pas connu une rencontre aussi précoce et totale avec son public (et ça fait super plaisir pour Seb!).
En tant qu'éditeur, à supposer qu'on me présente le proto d'un Great Western Trail (à voir à quel niveau d'équilibrage et de finition), est-ce que c'est rationnel pour moi, pour la survie de mon entreprise, en tant qu'éditeur pas encore "pérennisé", d'investir probablement 1 à 2 ans de développement (je me mets forcément dans la position de l'éditeur initial qui doit faire le boulot, puisque c'est lui qui fait naître ou pas le jeu) sans certitude absolue ni sur le niveau final du jeu, ni sur son niveau de rencontre avec le public. Est-ce que c'est rationnel pour moi éditeur d'imaginer au départ du projet que les boutiques vont aujourd'hui diffuser plus de 2000, allez 3000 copies (pour viser la lune) de mon gros jeu gamer aujourd'hui ? 
D'ailleurs est-ce que beaucoup de boutiques pourraient tenir aujourd'hui en se concentrant principalement sur ce type de jeux gamer. Quelle part de leur chiffre des produits du poids d'un GWT représentent-ils ?

Quelque part, sauf exceptions à la Chvatil, il me semble que les gros jeux Core de plus de 2h, s'ils restent dans le circuit traditionnel, devront forcément être faits par des gens qui acceptent de considérer leur activité de création/édition comme un hobbie, et ils resteront à diffusion confidentielle (cf Splotter ou Phil Eklund). 

Je te rejoins quelque part sur les conséquences collectives probables de perte de lien communautaire qu'un basculement de ces jeux sur Kickstarter risque d'engendrer. Par contre d'un point de vue extérieur ça me semble compliqué de reprocher aux éditeurs d'être tentés de passer par là dans leur rationalité individuelle pour des produits sur lesquels les boutiques (et ce n'est probablement pas leur faute) ne peuvent pas leur faire espérer un gain de volume (qui est la raison d'être économique du système de distribution dans lequel nous sommes tous classiquement inscrits). Le risque est que cette question se pose également aux éditeurs sur des produits moins core dès lors qu'ils n'ont pas la chance/réussite d'avoir des jeux propulsés dans la catégorie des rares élus à "bien" se vendre en boutique.

Désolé pour les longueurs :-) 

 

Intéressant tout çà.

Effectivement, comme le grand méchant barbu, je pense que les joueurs core se fourniront avec des precos kickstarter et que les boutiques n’auront plus que de la clientèle casual.

Je souscris evidemment à 100% aux trois posts ci-dessus. On ne parle pas ici de morale mais bel et bien de rationnalité.

fdubois dit :Intéressant tout çà.

Effectivement, comme le grand méchant barbu, je pense que les joueurs core se fourniront avec des precos kickstarter et que les boutiques n'auront plus que de la clientèle casual.

Donc tu prévois le mort de FFG entre autre ? Ou alors vous considérez leurs produits comme du casu ?
 

Sans compter que kickstarter permet d’avoir l’impression de participer au projet dès le début et de ne pas être qu’un acheteur final.

Je trouve que c’est quelque part plus rassurant pour un éditeur/désigner core de passer par kickstarter et de pouvoir tabler sur un budget et un nombre de copies à l’avance.