Surconsommation ludique

Bonjour,

J’aimerais prendre un peu de temps pour mettre des mots sur un sujet qui me taraude depuis quelques temps.

Avant-propos (parce que sur Internet les choses peuvent facilement être comprises de travers) : je me base sur mon expérience et mes observations uniquement et en aucun cas ne cherche à généraliser. Par ailleurs, je n’émets aucun jugement de valeur.

Lorsqu’on suit l’actualité et la communauté ludique, je constate quelque chose de récurrent : la course à la nouveauté/aux KS, l’envie ou le besoin d’essayer tout et surtout les dernières sorties. Une phrase lue récemment m’a particulièrement fait tiquer : “je ne veux pas prendre le risque d’attendre 2 mois de plus pour y jouer”. Telle la (ou le pour éviter les stéréotypes) férue de mode qui n’aurait “rien à se mettre”, le joueur, contemplant ses Kallax débordantes, n’aurait ainsi “rien à jouer” s’il n’a pas CE nouveau jeu, maintenant, tout de suite ?

Je constate bien à mon niveau (et pourtant je me considère raisonnable avec ma ludothèque de même pas 50 jeux), qu’à peine le jeu que nous avons tant attendu est nôtre, et avant même d’en avoir fait 2 parties, on commence déjà à arpenter les discussions, à lire les avis et les règles, pour se projeter sur notre prochaine acquisition.

Je lisais (je ne sais plus de qui et d’où c’était), et cela m’a fait sourire tellement ça m’a paru réaliste, que maintenant les clubs de jeux n’existent plus : ce sont devenus des clubs d’explication de règles. Combien de fois rejouez-vous à un jeu que vous connaissez déjà ? Si je devais me baser sur mon expérience, je dirais que jusqu’à présent c’est assez rare. Avec le nombre de nouveautés qui inondent le marché, une personne faisant une nouvelle acquisition voudra à juste titre la faire essayer. Mais si l’on multiplie par le nombre de membres du club, chaque semaine quelqu’un arrivera avec une nouveauté.

J’aimerais maintenant comparer à mon expérience sur le jeu vidéo, que j’ai pratiqué pendant des dizaines d’années.
J’ai joué aussi bien en ligne qu’en solo. Lorsque je me lançais sur un jeu en ligne, j’étais en général parti pour le poncer pendant plusieurs années, c’est d’ailleurs pour cela que je ne peux au final citer qu’assez peu de jeux que j’ai vraiment joué en ligne (AOE, WC3, DotA, LoL…). Faire 3 parties en ligne d’un jeu pour ensuite passer sur un autre ne m’a jamais intéressé, ce qui m’a toujours plu, c’est de pousser le jeu dans ses retranchements et progresser pour améliorer mon expérience de jeu.
Côté jeu solo, je savais très bien le genre de jeux qui m’intéressaient, je ne voyais aucun intérêt à regarder ce qui se faisait côté simulations automobiles, jeu de combat… Lorsque je débutais un nouveau jeu solo, sauf si vraiment il ne me plaisait pas, je savais que j’allais aller jusqu’au bout et plus si vraiment j’avais un coup de coeur. Je m’intéressais assez peu à l’actualité ludique, me contentant des quelques annonces qui me parlaient.
Le jeu vidéo a bien créé son lot d’achats compulsifs et jeux non joués notamment via les promos Steam, mais avant cela il ne me serait pas venu à l’idée d’acheter un jeu vidéo juste pour l’avoir et au final ne pas y jouer.

Pourtant dans le domaine du jeu de société, qui partage de nombreuses similitudes avec le jeu vidéo, je constate que les choses sont très différentes. On y retrouve de l’achat compulsif, mais rarement à cause d’une promotion immanquable, plutôt parce qu’on a “besoin” de ce jeu, tout de suite. Tant pis s’il doit rester sous cello. Et quand finalement on va l’ouvrir, on va y jouer 2 ou 3 fois, et passer à un autre. Et pourtant on s’interroge sur la qualité du matériel de ce nouveau KS qui vient de sortir (alors qu’on n’aura jamais l’occasion de l’user).

A ce titre, je serais curieux d’avoir l’avis d’un collectionneur de livres, films ou BD. Les lisez/regardez-vous systématiquement après l’acte d’achat ? Sachant qu’ici on parle bien de collection, de “l’objet”. Quelqu’un qui aime juste regarder des films ou lire pourra s’en procurer sans forcément passer par la case achat.

Car je conçois tout à fait qu’on puisse collectionner des jeux. Mais pour moi, le jeu est quelque chose de vivant, il se révélera après plusieurs parties quand on commencera à bien assimiler les tenants et les aboutissants. Force est de constater que rares semblent être devenus les joueurs qui cherchent à approfondir un jeu (ou bien ils s’expriment moins ?), l’appel de la nouveauté est souvent plus fort. Et quand je dis nouveauté je n’entends pas forcément “jeu qui vient de sortir” mais plutôt “jeu que je n’ai pas encore essayé”. Troyes était pour moi il y a encore quelques mois une “nouveauté” qui me procurait la même excitation à découvrir qu’un jeu fraîchement livré sur les étals.

A partir de ces constats, je me questionne sur ce qui peut expliquer cette spécificité de notre loisir ?

Peut-être déjà parce que le jeu de société est un bel objet (le plus souvent coucou les Châteaux de Bourgogne), qui donne envie d’être manipulé. Il n’y a qu’à voir tous ces sujets sur les projets KS où l’on parle plus de la direction artistique que du gameplay. Mais un jeu s’expose-t-il ? Pour profiter des belles illustrations des cartes ou du plateau, il faut malgré tout y jouer.

Peut-être sommes nous entraînés dans un cercle vicieux lié à la surproduction ludique (même si certains me répondront que non, il n’y a pas de surproduction). On a peur de passer à côté d’un bon jeu qu’on n’aurait pas repéré ou soupçonné, du coup on veut essayer de jouer à tout, pour trouver LA perle rare qui viendra enrichir notre ludothèque.

Peut-être qu’au fond, tous les jeux se ressemblent un peu, ce qui nous complique la tâche lorsqu’il s’agira de faire un tri sur ce qui peut nous plaire ou pas ? Je n’aime pas les jeux de cartes, ok mais celui-là a quand même l’air sympa et puis l’éditeur fait toujours du bon boulot… Je n’aime pas les figurines mais je peux faire une exception pour celui-ci, il y une partie deck-building, c’est original…

Peut-être aussi parce que, jouant souvent avec les mêmes personnes, on ressent moins le besoin de progresser et d’approfondir un jeu ? Puisque de toute façon notre “niveau” ne sera jamais que relatif à celui des quelques personnes avec qui l’on joue. Il n’y a pas cet aspect de compétition comme dans le jeu (vidéo ou de société) en ligne où l’on peut potentiellement se mesurer à des milliers de joueurs y compris les mieux classés.

Voilà simplement pour mon constat, qui ne demande pas de solution puisqu’au fonds il n’y a pas de problème, mais à titre personnel je ne cache pas regretter que le jetable et l’immédiateté semblent pour une majorité de joueurs prendre le pas sur l’approfondissement.

Merci de m’avoir lu jusque là et n’hésitez pas à me contredire !

Salut,

Je pense que l achat compulsif dans le jeu est par phases. Et un joueur à plusieurs états dans sa vie ludique. La soif de découverte, la boulimie, des passages de sagesse ou parfois de gros coupes de coeur pour un jeu. Bref…on évolue.

Et le monde du jeu évolue aussi . Avant tout était nouveau et à faire. Le monde du jeu de société est arrivé à maturité avec ses travers…beaucoup de jeux jetables au bout de deux parties car on en fait vite le tour et une offre pléthorique…La quantité au détriment de la qualité ( visuellement par contre la qualité ne cesse de monter…).

Puis il ne faut pas oublier que Trictrac est une lorgnette…Un site et un forum rempli de geeks. Les joueurs et consommateurs modérés interviennent peu d ou le renforcement de l impression que tout le monde ludique est boulimique. 

Il n y a qu’ à voir le nombre toujours plus grand de jeux grands publics qui sortent et dont on ne parle pas sur le forum…le forum est un endroit de passionnés. Et le grand public n a pas une armoire entière dédiée au jds. 

Bref si ça fait du bien sans enlever le pain de la bouche à la famille y a pas de vice. Ce n est pas le casino ou le pmu. C est un plaisir.

Moi je vibre depuis plus de 10 ans comme un gosse à chaque fois que j achète un jeu. Et c est génial.  :slight_smile:

Et pour compléter mon avis, je préciserai que on peut aussi voir le jds comme un bien de consommation courante tant pis si au bout de 2 ou 3 parties j en ai marre.

Un ciné à 4 t en a pour presque 40€…
Une bonne bouteille de rouge pour chez des amis 15€
Amener les enfants dans un parc fermé l hivers une huitaine d euro par gosse…

ect…ect…

On peut aussi bien occuper ce temps en achetant un jeu où prendre un Time s up ou autre pour clôturer un repas.

Qui n a pas payé 40€ pour mal bouffer dans un resto…? A choisir je préfère jouer et acheter un jeu en mangeant des pâtes. Lol

Et tu reprend des sous en le revendant quand tu en as fait le tour.

Perso j’ai un pouvoir d’achat moyen qui me permet d’acheter quelques jeux par mois.

En répondant aux offres alléchantes, aux nouveautés, aux moubourrages, je ne suis jamais en pénurie d’idées d’achat (je joue à tout du party game au wargame en passant par le plateau …)

Le prix des jeux n’est pas tant que ça un problème par rapport à d’autres loisirs comme l’a montré Fatmax.

Non le soucis réel c’est la place.

Mes interrogations sur ma boulimie de jeux (clairement de la surconsommation, je n’ai pas joué à tout ce qui tient sur mes étagères) viennent vraiment de cet empilement de boîtes qui ne pourra pas se poursuivre indéfiniment. J’ai du mal à revendre des jeux et ça prend du temps de faire cet effort. Bref …

la même impression que Liopotame de course à la nouveauté.



(! mon avis à moi que j’ai! ) J’ai l’impression que c’est en phase avec le monde actuel d’une société de sur-consommation, “je consomme donc je suis”, du shoot de dopamine permanent (effet notifications fesse bouc and co’).  On ne prend plus le temps de se poser sur un jeu, d’y revenir,… On veux tester un maximum de choses de peur de rater La petite pépite



Personnellement ça ne me correspond pas mais bon chacun son plaisir. il n’y a pas de problème (enfin s ^^:  dur dur de trouver des camarades de jeu quand on est en décalage complet)







Bonjour,

En fait, tu mets le doigt sur une problématique que l’auteur de La guerre des moutons à parfaitement résumé :

“Les joueurs ne prennent plus le temps de jouer”. Et je suis de son avis. Aujourd’hui, “on” considère avoir beaucoup joué à un jeu à partir de 10 - 15 parties…je trouve cela peu étonnant. Peut-être une question de génération…peut-être une question d’offre, qui, aujourd’hui, est juste gigantesque…un clou pousse l’autre comme on dit hein…

Je ne compte plus mes parties de Space Hulk, Diplo., Fief, Res Publica Romana…des jeux auxquels je joue toujours…ce qui ne m’empêche pas d’acquérir des nouveautés de temps en temps, et que j’essaie d’approfondir dès que je peux…

Toutefois, je peux comprendre que résister à l’achat de nouveautés peut être difficile…

fatmax66 dit :Qui n a pas payé 40€ pour mal bouffer dans un resto...? A choisir je préfère jouer et acheter un jeu en mangeant des pâtes. Lol

 

Et surtout mes pâtes faites maison sont bien meilleures que celles servies dans une pizzéria !
 

Hello !

J’ai souvent réfléchi à ce sujet de la surconsommation ludique. Et pour tout dire, cela me prend encore plus la tête quand je reviens de mes vacances semi-annuelles à la montagne.

Pourquoi ? Parce que durant ces vacances, j’emmène toujours deux ou trois jeux et que je ne joue qu’à eux pendant deux semaines. Dawn of the Zeds ? 18 parties ! Mage Knight ? 10 parties ! Scythe ? 12 parties ! Mon secret ? Je joue en solo. Mais pas seulement.

Du coup, quand je fais mon retour dans la ville, je me demande si c’est vraiment si excitant que ça de retrouver un monde qui n’est pas seulement rempli de jeux, mais aussi de gadgets, de fast-food, de smartphones et d’écrans en tout genre. Alors on se rend compte que le plaisir n’est pas d’avoir beaucoup mais d’aimer passionnément ce qu’on a. Et parfois, cela nécessite d’avoir peu.

Je ne suis pas quelqu’un qui possède peu. Ma ludothèque est bien remplie. Elle n’est pas énorme comme certaines mais elle contient de chouettes jeux qui m’apportent beaucoup de plaisir.

Et pour qu’un jeu m’apporte du plaisir, il faut que j’y joue, et souvent. Le plaisir quand j’achète un nouveau jeu, c’est de le découvrir. Puis par la suite, le plaisir devient de l’apprivoiser afin de découvrir des subtilités. 

Je n’achète pas un jeu juste pour compléter ma ludothèque ou parce qu’il s’agit de la dernière nouveauté. J’achète un jeu pour l’aimer, pour avoir envie d’y jouer sans arrêt, pour passer des moments aussi agréables que trépidants.

J’ai l’habitude d’aller régulièrement à des soirées jeux. Mais pour tout dire, cela m’intéresse de moins en moins. A tous les coups, c’est pour tester des nouveaux jeux auxquels je ne rejouerai sans doute jamais. Certains y voient l’occasion d’enrichir leur culture ludique - et c’est vrai que c’est une bonne façon - mais personnellement, ça ne m’attire pas. Je me sens comme un gros monsieur qui se gave et se gave de petits plats alors qu’il n’a pas faim. Je finis alors par avoir mal au ventre.

Mais moi aussi je me laisse séduire par les nouveautés. Moi aussi je bave devant les nouveaux kickstarters. J’y vois les futures bombes qui répondront à mes attentes. Car mes attentes, ou plutôt mes envies, sont nombreuses. J’aime casser la gueule à des monstres dans des donjons obscurs, mais j’aime aussi parcourir des planètes, construire un village, devenir apprenti magicien, marchander des ressources etc. Difficile de retrouver cela dans un seul jeu.

On se surprend pour cette raison à rêver quand on nous annonce la sortie d’un jeu répondant à nos critères.



Il faut donc se poser la question quant à ces nouveaux achats. Nous rendent-ils heureux ? Ou servent-ils seulement à combler un vide (dans notre ludothèque ou dans notre vie) ?

J’ai remarqué que j’étais moins heureux en achetant beaucoup. Car le plaisir de la découverte devenait moins exceptionnel et que je passais moins de temps à explorer mes jeux déjà existant. Par conséquent, je n’achète pas à tout va, même si je continue à me faire plaisir.

J’ai aussi pu constater que je suis devenu plus sélectif. Forcément, à force de s’essayer à des nouveautés, on finit par mieux cerner ses goûts. C’est une bonne chose, car je choisis mieux mes jeux et que je dépense moins. On pourrait presque en conclure qu’il faut d’abord acheter beaucoup pour acheter moins ensuite.

Bref, je dirais que possède pas mal de choses, mais que, paradoxalement, c’est souvent en me contentant de peu que je suis le plus heureux.

Avant de vous quitter, je laisse quelques chiffres personnels pour montrer qu’il y aura toujours des joueurs aimant longtemps leurs jeux :

Mage Knight : + de 120 parties

Baseball Highlights 2045 : + de 100 parties

Paper Tales : + de 90 parties

Dawn of the Zeds : + de 70 parties

Scythe : + de 60 parties

Kingdom Death: Monster : + de 50 parties

Hoplomachus : + de 50 parties



Je dis pareil que Skinner !

Chez nous c’est culture ludique et livresque !
Je joue tous les soirs, en solo ou en famille/avec amis.
Je lis 2-3 livres par semaine.
Mais pas de TV, pas de téléphone dernier cri, pas de console de jeux, une voiture toute pourrie qui ne va même pas passer le contrôle technique…

SDA JCE 300 parties
Splendor 70 parties
Agricola et Shakespeare + de 50 parties
etc, etc…

Pas de surconsommation ludique avec une modeste ludothèque.
Nous avons joué à tous nos jeux et ceux qui nous plaisent sont joués et rejoués et rejoués.
Les autres partent vivre une seconde vie via l’échange-vente TricTrac.

Mais que du plaisir à se retrouver autour d’une table, se parler, réfléchir ensemble, se charrier, rigoler, bref être ensemble plutôt que regarder dans la même direction la…télé !

C’est une question de choix à respecter…comme je respecte les boulimiques de télé ou de cinoch, sans avoir à se justifier.

Allez, bons jeux à tous.

Je connais plusieurs personnes qui achètent beaucoup de jeux.
Certains jouent énormément, donc c’est assez logique. Ils font aussi tous les escapes games dans un rayon de 50km.
D’autres sont collectionneurs, et les jeux valent aussi pour leur côté esthétique, comme de beaux livres dans une bibliothèque. Ca fait à mon avis le succès d’un jeu à multiples éditions qui a fêté ses 10 ans.

La contrepartie de la sortie de beaucoup de jeux dont certains avec un thème et/ou graphisme fort, c’est que parfois, le fond n’est pas terrible ou ça se répète beaucoup par rapport à ce qui existe. On peut par exemple faire des jeux de collection ou deckbuilding sur des milliers de thèmes différents, ça restera toujours le même jeu si on n’ajoute pas des règles vraiment originales. (Je vais sans doute me faire hurler dessus par des gamers!)

Faisant partie d’une association de jeux, je confirme qu’on passe du temps à expliquer les règles. Et c’est une des raisons pour lesquelles je limite ma collection de jeux. J’en ai marre d’expliquer le même jeu, j’ai envie d’y progresser.

Il y a plusieurs moyens de limiter sa consommation: tester certains jeux simples en mode DIY, toujours tester un jeu + voir les vidéos de présentation (et idéalement de critique, mais elles sont rares) avant de l’acheter, partager les achats avec amis/famille (inutile de l’avoir 2 fois puisqu’on y joue souvent ensemble!), appartenir à une association de jeux, louer ou emprunter, revendre les achats impulsifs (assez vite pour qu’ils ne soient pas encore démodés).

Et je te rejoins sur le fait qu’un bon jeu se rejoue encore et encore.
“Une minute pour l’apprendre, une vie entière pour le maîtriser.”




En ce qui concerne les associations d’explications de règles, c’est assez vrai, mais j’y vois plusieurs facteurs, autre que les nouveautés qui se chassent les unes après les autres :
Au contraire d’une soirée régulière à domicile (le sien, ou celui d’un autre joueur), les gens fréquentant une association sont plus nombreux, et tournent plus. Amener un même jeu à deux soirées privées pourra effectivement dispenser d’une seconde explication des règles. Amener un même jeu à 5 ou 6 sessions successives d’une asso pourra entraîner autant d’explications des règles, parce que c’est nécessaire dés qu’un joueur ne les connait pas, et c’est très fréquent, quand l’asso attire plus d’une dizaine de personne, d’avoir UN joueur qui n’a pas participé aux précédentes parties, et de lui refaire l’explication rien que pour lui…

Maintenant, je suis l’un des derniers “acheteurs réguliers” de mon asso, donc j’y sors beaucoup mes jeux, et arrive facilement à ne jouer qu’à mes jeux lors d’une session.


En ce qui concerne mes périodes d’achats, j’ai remarqué deux choses :
- Moins je joue, plus j’ai envie d’acheter des jeux, parce que je passe plus de temps sur Tric Trac, je lis plus de règles, je regarde plus de vidéos, pour combler un peu mon envie de jouer, même si ce n’est pas aussi satisfaisant.

- Corrollaire : quand je pledge un jeu sur KS, je n’ai pas la satisfaction de l’acquisition, je n’ai pas encore manipulé/déballé/dépunché le matériel, et il m’est arrivé de craquer pour un autre jeu en boutique suite à un pledge.


Cela dit, je me considère comme relativement raisonnable : ma ludothèque, après près de 10 ans de pratique (dont mes années étudiantes, au budget restreint) contient actuellement 82 titres, en comptant 1 KS en attente de livraison.
(Les extensions sont considérées comme appartenant au même “titre” que le jeu de base. Mes différents Perplexus ne comptent que pour 1, ainsi que mes Smart Games). Je n’ai revendu qu’un seul jeu, actuellement… (Personne ne veut de mon Ashes :frowning: )

Kristovm dit :Personnellement ça ne me correspond pas mais bon chacun son plaisir. il n'y a pas de problème

Justement, pour moi c'est ce genre de positions relativistes qui me pose problème.

Chacun fait ce qu'il veut, encore heureux.

Mais je pense qu'il faut reconnaître que certains choix de vie sont meilleurs que d'autres. Ce que tu décris, ce besoin de consommation et de shoots de dopamines, n'est selon moi pas souhaitable pour l'humanité. Ça ne fait de bien à personne, on est finalement avides d'un bonheur superficiel et très éphémère qui ne nourrit jamais assez.

Les collectionneurs compulsifs, je pense, ne se font pas spécialement du bien, perdent de l'argent, ont un mode de vie déraisonnable et anti-écologique.

Alors voilà, je le répète, chacun fait ce qu'il veut, mais tous les choix ne se peuvent pas se défendre de la même manière. Je connais des gens qui fument comme des pompiers qui sont pourtant prêt à défendre leur choix de fumer autant. Perso je trouve que mettre sa santé en l'air est indéfendable à partir du moment où on se met d'accord que mourir prématurément n'est pas quelque chose de souhaitable. Pareil pour les jeux, même si l'exemple peut paraître moins extrême.

On a tous nos vices, et ce serait bien au moins de pouvoir les reconnaître, à défaut de s'en débarrasser.

Deux petites contributions pour ma part :
 - Il y a, je pense, différent profils de joueurs, mais de la même manière que pour les jeux vidéo. L’auteur cite son expérience de gamer. Mais un constat similaire au JDS pourrait s’appliquer aux jeux vidéo : certains achètent des jeux et font uniquement la campagne narrative (type God of war ou autre) et revende le jeu ensuite pour en acheter un nouveau. Je pense au contraire que les comportements sont très similaires de ce point de vue là.

 - Je pense également qu’il y a des phases dans la vie d’un joueur comme quelqu’un l’a dit plus haut. Lorsque l’on débute dans le JDS on commence par acheter beaucoup, tout nous attire, on ne connait pas encore forcément bien ses goûts, il y a l’attrait et le brillant de la nouveauté… Je pense que ça se calme ensuite lorsque l’on a plus de jeux, on devient plus sélectif, on a déjà tous les types de jeux qui nous intéressent…et on a moins de place…


Attention de ne pas virer dans la caricature : moi avant j’achetais le journal, mais avec tous ces articles que je ne lisais pas, c’était vraiment de la surconsommation. Maintenant j’ai mon fil facebook hyper profilé pour moi, c’est l’extase, j’ai plein d’images de chats adorables, et sans gaspillage de papier ^_^)

Idem pour les bouquins. Essentiellement on ne devrait pas avoir de livres chez soi. Soit on ne les a pas lu, et c’est du gaspillage, soit on les a lu, et ce sont des poids morts. Et puis il faudrait tout digitaliser, de toute façon. Mort aux livres!

Bref, il faut voir quels sont les gains réels des investissements. Je possède beaucoup de jeux, et pourtant je passe beaucoup de temps à évaluer et rechercher chaque achat, c’est le contraire de l’achat compulsif. D’ailleurs c’est souvent la marque d’un néophyte d’acheter un jeu sans se rendre compte que le jeu correspond peu à ses capacités, ressources et disponibilités, en résultat de quoi la boîte accumule la poussière dans une étagère.

Lorsque je considère le temps et énergie que je consacre à cet hobby, je me dis que mes achats sont assez limités et à la limite du frugal (alors que j’ai plus de 200 jeux).

Tout dépend de comment on vit cette passion. Un joueur d’échecs ne possède en substance qu’un seul jeu, et le joue à l’infini. Il va plutôt investir dans des bouquins, programmes, participation à des clubs et championnats, etc. Est-ce que cette personne est sobre parce qu’elle ne possède qu’un seul jeu?

En ce qui me concerne, mon intérêt pour le jeu vient d’une fascination sur la façon dont quelques mécaniques de jeu simples produisent un univers de possibilités. J’ai donc tendance à vouloir explorer ces mécaniques et leur effet sur l’expérience de jeu. Cela me conduit à acheter des jeux qui me semblent bien mettre en scène ces mécaniques et les univers qu’ils permettent d’explorer. J’aime la diversité et explorer les relations entre les jeux, ce qui ne m’empêche pas d’aussi souhaiter approfondir l’expérience de jeu, mais ça reste bien sûr un compromis à trouver, je sais que je n’aurai jamais l’expérience de profondeur que connaît un joueur de Go qui a dédié 20 ans de parties quotidiennes à ce jeu.

Et pourtant je suis tout à fait d’accord avec certains travers :
- l’achat compulsif, et ses conséquences néfastes
- le ratio temps d’explication des règles vs temps de jeu pur

Par rapport à ce dernier point, je pense qu’une bonne stratégie est de privilégier le jeu répété de certains jeux avec certains partenaires de jeu. C’est une solution win-win. Le partenaire de jeu est content, car il n’a pas à apprendre constamment des nouvelles règles, et ça me permet de jouer de façon répétée au même jeu.

Ainsi je joue à Race for the Galaxy, Hanamikoji, Shadowrun Crossfire de façon répétée avec ma femme.
Je joue à Chicago Express avec deux personnes qui aiment les jeux avec peu de règles et beaucoup de profondeur.

Par contre je dois dire que j’utilise mon temps en club de jeu surtout pour découvrir des nouveaux jeux, 90% desquels ne m’appartiennent pas. Pour moi c’est pratiquement devenu une constante, les jeux en club c’est surtout pour la découverte, car comme dit plus haut beaucoup de monde veut essayer les nouveaux jeux.


NB: un autre aspect à ne pas oublier dans le JDP par rapport au jeu vidéo est la “rareté” du produit. Les jeux ou extensions ont un tirage limité et il peut devenir compliqué de se procurer un jeu passé une certaines fenêtre de tir. Le modèle Kickstarter rend cet aspect encore plus marquant, le public n’a pas le temps de se faire une idée que le produit n’est déjà plus disponible.

Bien sûr il y a des nuances (marché secondaire, les print and play ou tabletopia), mais c’est néanmoins une contrainte à prendre en compte.

D’ailleurs face à ça j’utilise de plus en plus la traduction française comme un “filtre”. Je participe moins au Kickstarter, et j’attends une VF:

- cela me permet d’avoir des retours d’expériences des joueurs, et donc d’avoir une idée du jeu, et parfois même d’y jouer en vrai
- j’ai les éventuels correctifs (voir par exemple Root)
- je soutiens les éditeurs francophones
- c’est plus facile de faire jouer les jeux, puisqu’ils sont plus accessibles pour mon entourage

Hello,

Je fais parti de l’autre bord, collectionneur/compulsif/complétiste.
J’ai beaucoup de joueur autour de moi et pas tant de temps que ça, mais j’aime les jeux déjà en tant qu’objet, j’aime les versions rares ou si elle ne l’est pas je la pimp, insert/impression 3D, peinture (je commence seulement) etc.
Actuellement, malgrès le nombre de joueur que j’ai autour de moi, je passe plus de temps a triturer mes jeux qu’a y jouer.
Je suis en train d’essayer de changer cela, mais oui c’est un comportement consumériste de base … après comme dit plus haut, entre un resto, une belle bagnole ou me remettre a fumer, je préfère un JDP :slight_smile:

Bonjour à tous.

Un autre point qui va de paire, selon moi, avec cette discussion et qui n’a pas été soulevé, si je ne me trompe pas, est la temps que nous pouvons consacrer à jouer.
Pour ma part, je suis en couple mais ne vit pas avec ma compagne (qui en plus n’aime pas jouer).

Il est donc pour moi impossible de jouer autant que je le souhaiterais, comme à savoir tous les soirs pour certains.
Vous me direz que je peux très bien jouer en solo mais pour moi, l’expérience ludique se partage à plusieurs. De ce fait, il est difficile pour moi de faire 100, 150 parties comme je peux le lire et de vraiment user un jeu avant que 60 autres supers jeux soient sortis.

Donc même s’il est impossible de jouer autant que je l’aimerais et sans faire parti des acheteurs compulsifs, dès que je vois un jeu sur site qui me plaît ou qu’on me le conseil en magasin, je l’achète en prévision des rares soirées jeux à venir. Alors peut-être en ce sens, je sur-consomme, mais je pense qu’en tant que passionné, si je vois un jeu qui je sais pourra plaire à mon cercle de joueurs, je le prends.

Pour finir, je veux juste revenir sur un autre point soulevé, à savoir la culture ludique.
En ce moment, je suis en train de travailler sur un jeu. Rare sont les chances qu’il voit le jour vu l’offre et la qualité actuelle, mais là où je veux en venir, est que je peux aussi acheter ou chercher à connaître de nouveaux jeux pour m’aider dans ce processus (connaître des mécaniques qui pourraient me faire penser à d’autres, voir comment certains problèmes ont été solutionnés dans d’autres jeux, mais aussi point important, pouvoir partager cette connaissance avec d’autre…).

Est-ce que ce n’est pas super de faire connaître notre passion à des néophytes ou même d’échanger nos points de vue avec des connaisseurs?

thepetolet dit :Bonjour à tous.

Un autre point qui va de paire, selon moi, avec cette discussion et qui n'a pas été soulevé, si je ne me trompe pas, est la temps que nous pouvons consacrer à jouer.
Pour ma part, je suis en couple mais ne vit pas avec ma compagne (qui en plus n'aime pas jouer).

Il est donc pour moi impossible de jouer autant que je le souhaiterais, comme à savoir tous les soirs pour certains.
Vous me direz que je peux très bien jouer en solo mais pour moi, l'expérience ludique se partage à plusieurs. De ce fait, il est difficile pour moi de faire 100, 150 parties comme je peux le lire et de vraiment user un jeu avant que 60 autres supers jeux soient sortis.

.....

Tu n'as pas d'association ludique près de chez toi ? Et madame qui n'aime pas jouer...ce ne serait pas plutôt que tu n'aurais pas encore trouvé le bon genre de jeux qui lui plairait ? Je ne dis pas qu'en trouvant le bon jeu tu vas forcément y jouer a chaque fois que tu la vois, mais je trouve personnellement difficile à croire l'argument du "je n'aime pas jouer". Faut peut être creuser un peu (si ce n'est pas déjà fait) en lui demandant ce qui ne lui plait pas. Tu as déjà peut être fait cette démarche mais faut savoir que c'est pas forcément sexy d'initier tout de suite avec un Aventuriers du rail ou un Catane (mon exemple n'est pas très exhaustif), même si c'est des jeux accessibles aux """"""""neophytes"""""""" (oui beaucoup de guillemets car je n'aime pas classer des catégories de joueurs). Peut être du coopératif ? Jeu d'enquête ? Elle déteste peut être les dés ou les cartes ?

Tu pourrais lui proposer aussi tout ça comme un défi ^^ "Chérie je vais te trouver le jeu qui te fera aimer jouer" =).

Femto conseillé conjugal ludique. Mes honoraires se trouvent sur ma carte de visite. 

je rejoins certains sur l’impact de jouer à ce qu’on veut quand on veut, plus je joue moins j’ai le sentiment d’avoir envie d’acheter. j’ai des jeux dans ma ludothèque que j’aimerais sortir plus pour faire des dizaines de parties mais je suis confronté dans mon asso au phénomène des nouveautés, les gens sont plutôt partant pour découvrir des nouvelles choses, mes jeux préférés ont donc du mal à sortir, les gens refusant d’y revenir parfois pour de bonnes raisons parfois pour de mauvaises raisons (on parle de jeux comme scythe, projet gaïa, anachrony, outlive donc à priori pas non plus des jeux hyper clivants, tous avec moins de 10 parties au compteur actuellement). A la maison madame ne s’y intéresse que très peu et pour l’instant le solo ne m’apporte pas du tout un plaisir à la hauteur du jeu à plusieurs. en conséquence la frustration pousse à chercher un nouvelle perle rare qui me plairait à moi et aussi à mon groupe de joueurs. la seule exception a été terraforming mars qui sort facilement après que je l’ai fait découvrir au gens, mais il a tellement plus qu’ on en a trois exemplaire maintenant à dans le groupe (et donc le mien ne sert presque plus non plus :frowning: ).  je reste assez persuadé qu’avoir accès à une communauté de joueur nombreux et dynamiques à tendance à freiner l’envie de nouveautés à partir du moment ou tu as des gens disponibles pour approfondir les jeux déjà en ludothèque, mais pas si simple à trouver dans les petites villes de province …

Femto dit :
thepetolet dit :Bonjour à tous.

Un autre point qui va de paire, selon moi, avec cette discussion et qui n'a pas été soulevé, si je ne me trompe pas, est la temps que nous pouvons consacrer à jouer.
Pour ma part, je suis en couple mais ne vit pas avec ma compagne (qui en plus n'aime pas jouer).

Il est donc pour moi impossible de jouer autant que je le souhaiterais, comme à savoir tous les soirs pour certains.
Vous me direz que je peux très bien jouer en solo mais pour moi, l'expérience ludique se partage à plusieurs. De ce fait, il est difficile pour moi de faire 100, 150 parties comme je peux le lire et de vraiment user un jeu avant que 60 autres supers jeux soient sortis.

.....

Tu n'as pas d'association ludique près de chez toi ? Et madame qui n'aime pas jouer...ce ne serait pas plutôt que tu n'aurais pas encore trouvé le bon genre de jeux qui lui plairait ? Je ne dis pas qu'en trouvant le bon jeu tu vas forcément y jouer a chaque fois que tu la vois, mais je trouve personnellement difficile à croire l'argument du "je n'aime pas jouer". Faut peut être creuser un peu (si ce n'est pas déjà fait) en lui demandant ce qui ne lui plait pas. Tu as déjà peut être fait cette démarche mais faut savoir que c'est pas forcément sexy d'initier tout de suite avec un Aventuriers du rail ou un Catane (mon exemple n'est pas très exhaustif), même si c'est des jeux accessibles aux """"""""neophytes"""""""" (oui beaucoup de guillemets car je n'aime pas classer des catégories de joueurs). Peut être du coopératif ? Jeu d'enquête ? Elle déteste peut être les dés ou les cartes ?

Tu pourrais lui proposer aussi tout ça comme un défi ^^ "Chérie je vais te trouver le jeu qui te fera aimer jouer" =).

Femto conseillé conjugal ludique. Mes honoraires se trouvent sur ma carte de visite. 

Alors pour répondre à ta question, je vais reprendre un argument donné par Bruno Cathala lors de la conférence à Cannes sur "Pourquoi l'adulte ne s'autorise-t-il pas à jouer ?". Tout comme lui, j'ai longtemps cru que tout le monde aimait jouer, à partir du moment où on trouvait le/les jeux qui correspondraient.

Mais avec le temps, et je suis pas très vieux, je me rends compte que c'est pas vrai. Il y a des gens qui n'aiment tout simplement pas jouer, qui ne prennent pas de plaisir autour d'un jeu mais qui peuvent faire l'effort de temps pour compléter une table, faire plaisir...