Quelle frontière entre éditeur et auteur de jeu?

J'ai pu lire, par exemple pour Sylla, qu'il y avait eu quelques changements de règles apportés avec l'éditeur.
1.Comment gère-ton cela avec un auteur?
2.Jusqu'où peux-t-on dire que le jeu reste celui de l'auteur initial?
3. Est-ce qu'un nom unique sur la boite a finalement un sens dans des cas peut-être plus extrêmes?
4.Y a-t-il un intérêt à ce que les collaborateurs soient alors mentionnés dans le livret à la manière d'un générique de film (testeurs: XXX, design: XY, ..., rédacteur des règles: YY)? Je ne parle pas des remerciements qui ne donne aucun statut réel à des personnes ayant contribué à l'aboutissement du jeu...

Merci pour vos éclaircissements sur ces questions.

PS: j'ai pris un exemple avec Sylla mais j'aurais pu parler d'un auteur comme Knizia (on dirait une "marque" et il ne doit pas travailler seul)

bobdju dit:
1.Comment gère-ton cela avec un auteur?

Les echanges entre éditeurs et auteur sont des plus normaux. Ils ne te recontactent pas si le jeu ne les intéresse pas. Sinon après une rencontre, au téléphone ou par mail il est facile de lister des points à réfléchir pour améliorer le jeu; L'auteur cadre les limites qui concernent la jouabilité et l'interet du jeu. L'éditeur à des contraintes de couts, de production et de placement dans une gamme, d'originalité du thème, de la possibilité de porter le jeu à l'international (supprimer le texte sur le matériel)...
bobdju dit:
2.Jusqu'où peux-t-on dire que le jeu reste celui de l'auteur initial?

A mon avis le jeu est celui de l'auteur à partir du moment ou il n'est pas complètement chamboulé et ou on peut profiter des batteries de tests faites déjà par l'auteur et non pas repartir de zero. Sinon c'est un autre jeu; Certes en concertation entre éditeur et auteur mais ce n'est plus le même jeu. Un bon jeu peut subir des modifications de règles sans pour autant en pâtir totalement... voir même il en profite.
bobdju dit:
3. Est-ce qu'un nom unique sur la boite a finalement un sens dans des cas peut-être plus extrêmes?

Beaucoup de jeux aujourd'hui sortent avec la collaboration de 2, 3 voir plus d'auteurs qui ont planché dessus. Il est toujours beaucoup plus puissant de reflechir à plusieurs que seul dans son coin.
Ca peut etre un collectif de createur ou un nom d'association eventuellement je pense...
bobdju dit:
4.Y a-t-il un intérêt à ce que les collaborateurs soient alors mentionnés dans le livret à la manière d'un générique de film (testeurs: XXX, design: XY, ..., rédacteur des règles: YY)?

Pour moi, c'est plus à leur demande que c'est utile.

Mes réponses ne sont pas révolutionnaires mais peut etre que ca t'éclaire?
:D
BK

Je te remercie pour ces réponses.

Juste pour dire que l'interview JSP avec Repos Prod m'a éclairé sur la relation auteur/éditeur avec l'analogie au cinéma: éditeur=réalisateur et auteur=scénariste.

En gros, ça inverse complètement l'idée que j'avais de l'auteur avec sa création. Et moi qui pensais que c'est lui qui tirait les ficelles :(

Finalement l'auteur de jeu n'a la main mise que sur une partie de la création (même si elle n'est pas négligeable). Ne serait-ce pas alors un collaborateur plutôt qu'un auteur?

bobdju dit:Juste pour dire que l'interview JSP avec Repos Prod m'a éclairé sur la relation auteur/éditeur avec l'analogie au cinéma: éditeur=réalisateur et auteur=scénariste.
En gros, ça inverse complètement l'idée que j'avais de l'auteur avec sa création. Et moi qui pensais que c'est lui qui tirait les ficelles :(
Finalement l'auteur de jeu n'a la main mise que sur une partie de la création (même si elle n'est pas négligeable). Ne serait-ce pas alors un collaborateur plutôt qu'un auteur?

Je ne suis pas tout à fait d'accord, ça doit dépendre beaucoup des auteurs et des éditeurs.
Ma vision si l'on fait toujours l'analogie avec le cinéma, je dirais que l'éditeur et surtout le producteur (celui qui paye), l'auteur est clairement le scénariste. La fonction de réalisateur est partagée par l'éditeur, l'auteur, l'illustrateur qui a aussi sa part de liberté artistique, et d'autre intervenant éventuel...bref cette fonction est fait en collaboration harmonieuse pour faire au mieux en fonction des contraintes.

Moi, je suis en plein travail avec Repos Production et je ne suis pas vraiment d'accord avec leur analogie, tu sais :pouicintello:
Pour moi, l'éditeur serait plutôt l'équivalent du producteur de cinéma : celui qui investit l'argent, recrute et manage l'équipe, gère la production, la communication. Dans le cas du jeu de société, on a affaire à des passionnés donc leur travail déborde -très naturellement- sur l'aspect créatif, il est vrai, mais pour le moi l'auteur reste le metteur en scène, très clairement ;)

toinito

Avec vos témoignages, j'y vois un peu plus clair même si il y a un peu toutes les configurations dans ce milieu.

Le tableau qui ressort serait :
éditeur= producteur/mi-réalisateur
auteur=scénariste/mi-réalisateur
illustrateurs=chef opérateur
intervenants = intermittents du spectacle :D

bobdju dit:Avec vos témoignages, j'y vois un peu plus clair même si il y a un peu toutes les configurations dans ce milieu.
...
illustrateurs=chef opérateur
...


Hahahaha... Excellent !! Alors, vraiment, je crois pas que l'illustrateur soit chef de quoi que ce soit sur un jeu !! Mais j'aime beaucoup l'analogie.. Pis je vois à peu près pourquoi tu fais le lien... Mais crois moi... Il est pas chef du tout ;)

En fait, illustrateur de jeux, c'est particulier car la beauté du résultat est super optionnelle.. La seule chose qui importe, c'est la "lisibilité" et du coup.. Souvent c'est l'auteur ou l'éditeur qui vient te dire quoi faire car c'est pas toujours évident (codes couleurs, codes formes... Etc)

Après, le vrai défi, c'est d'arriver à faire un truc vraiment beau et vraiment jouable ;)

Mais je crois que c'est aussi ça qui rend le métier si passionnant !

pierolalune dit:Souvent c'est l'auteur ou l'éditeur qui vient te dire quoi faire


D'ailleurs.... Va bosser, y'a des Incarnations de Wu-Feng à faire ! :mrgreen: :clownpouic: :kingboulet:

toinito, auteur tortionnaire

Pour moi, c'est extrêmement variable suivant les auteurs.... Il est clair qu'avec des auteurs pros, la voiture démarre tout de suite et nous n'aurons juste qu'à faire des réglages voire ne toucher qu'à la cosmétique de la chose...

Pour des auteurs moins confirmés, nous n'hésitons pas à mettre les mains dans le cambouis pour que la mécanique soit à la hauteur de l'idée de départ...
2 exemples de jeux refaits complètement en interne : Anagramme et Marabout où l'idée de départ était bonne mais le développement très en dessous de ce que nous attendions.

Les jeux d'expression sont un cas particulier puisque notre désir est de formater un produit qui soit accessible au plus grand nombre ce qui veut dire que l'on intervient de manière systématique sur le contenu naturellement de concert avec l'auteur.

Finalement mettre un nom d'auteur sur la boite, ça serait pas une erreur? D'une part l'auteur n'est pas du tout seul à intervenir sur sa création.
D'autre part je ne suis même pas sûre que le terme auteur est le bon. Quand je pense à auteur, j'imagine un écrivain qui écrit ce qu'il veut sans contrainte Pas de compte à rendre à un éditeur qui publiera tel quel ... ou pas. Mais bon je dévie du sujet initial.

bobdju dit:Finalement mettre un nom d'auteur sur la boite, ça serait pas une erreur? D'une part l'auteur n'est pas du tout seul à intervenir sur sa création.
D'autre part je ne suis même pas sûre que le terme auteur est le bon. Quand je pense à auteur, j'imagine un écrivain qui écrit ce qu'il veut sans contrainte Pas de compte à rendre à un éditeur qui publiera tel quel ... ou pas. Mais bon je dévie du sujet initial.

L'analogie avec l'écrivain est intéressante. Mais la vision que tu en as me semble fausse. Il y a des écrivains a qui on demande des réécritures. C'est même assez courant je pense.

Quand à savoir si il faut mettre un nom d'auteur sur la boite, mille foi oui. C'est un facteur déterminant pour que le jeu soit reconnu comme l'œuvre culturelle qu'il est ! Mais moi aussi je dévie du sujet :oops:

drax dit:
L'analogie avec l'écrivain est intéressante. Mais la vision que tu en as me semble fausse. Il y a des écrivains a qui on demande des réécritures. C'est même assez courant je pense.

+1 très courant, je dirai même...
drax dit:
Quand à savoir si il faut mettre un nom d'auteur sur la boite, mille foi oui. C'est un facteur déterminant pour que le jeu soit reconnu comme l'œuvre culturelle qu'il est ! Mais moi aussi je dévie du sujet :oops:


+1, on ne déviera jamais assez vers le sujet de la reconnaissance du statut d'auteur, mon p'tit Drax ;)
D'ailleurs, il n'y pas que le nom de l'auteur sur la boite, il y a également celui de l'éditeur et bien souvent ceux de l'illustrateur, des distributeurs, etc. L'équipe est bien présente et représentée :)

Ayant bossé dans l'édition de bouquins : un éditeur qui demande aucune réécriture à ses auteurs est un joli branleur !
C'est quasi-systématique, même avec les grands noms, de voir de la réécriture, afin de tirer le meilleur de l'oeuvre.
Exemple typique de bouquin sans doute non réécrit : le Harry Potter 5, il est rempli de longueurs, Mme Rowling a sans doute trop pris la grosse tête pour pouvoir bosser correctement et accepter les critiques de son éditeur (ou alors, celui-ci savait que de toute façon ça se vendrait).

Tien, il y a peut-être même des auteurs de jeu qui ont des 'nègres' (terme utilisé pour des auteurs écrivant anonymement pour le compte d'un auteur connu qui signera le bouquin.) :mrgreen:
Evidemment, ca va être plus dur a vérifier :pouicdeguise:

Concernant l'écrivain, effectivement, il n'est pas completement libre.

Je sais bien que c'est pas le sujet initial mais pourquoi parle-t-on d'auteur au lieu de concepteur ou créateur de jeu? Je trouve que le terme auteur a une consonnance littéraire (idem pour les cinéastes) que je ne retrouve pas dans les jeux en général (malgré le thème, on est plutôt face à une mécanique qui a été conçu...).

Pourquoi ce terme d'auteur est "revendiqué" et qu'apporte-t-il à la place du terme de "concepteur/créateur "de jeu? Est-ce juste une habitude de langage?

concepteur, auteur, je m'en fiche un peu cependant on ne peut pas protéger notre jeu et c'est l'antériorité qui fait foi, comme pour les œuvres littéraires. De plus on est payé en droit d'auteur.... donc auteur ne me choc vraiment pas.
D'un autre côté, le concours de Boulogne est un concours de créateurs de jeux ;). De manière générale, je me prend rarement la tête pour ce genre de détail.

Guillaume Blossier (sky my husband, tchin tchin, Red hot silly dragon, ..) parlait aussi de développeur de jeu, mais lorsqu'il disait cela il le distinguait du travail de l'auteur. Pour développer un jeu il faut que le jeu existe, que le moteur y soit. Le développement consiste à régler et améliorer le jeu, c'est ce que font les éditeurs en fait (avec la participation de l'auteur).

Le mot "auteur" ne me semble absolument pas usurpé. Quel que soit le degré d'implication de l'auteur, ce qui prime c'est l'idée de départ autour de laquelle viennent s'articuler mécanique, règle et illustration...

Le mot "développeur" est aussi approprié dans certains cas. Pour Contrario 2, G Blossier a fait un excellent boulot de développement (dans le cadre d'une mission ponctuelle) sans être pour autant l'auteur du jeu.

Merci pour ta réponse qui termine d'éclairer la relation créateur/éditeur.

Je souhaite creuser l'utilisation du terme "auteur" qui ne semble pas neutre car revendiqué par certains créateurs (ex: B.Faidutti si je ne me trompe). Mais je vais ouvrir un autre post sur ce sujet.