Manga sur le jeu de société ! Les 5 premiers chapitres !

Suite à l'article du Docteur Mops sur ce manga tout nouvellement sorti, je me suis dit que j'allais le commander et en dire ce que j'en pensais à la communauté de TT. En espérant que ça vous plaise...
Je ne mets pas les impressions d'écran du manga. Vous pouvez les retrouver ici, sur mon blog sur le jeu de société au Japon avec des légendes suffisamment explicites pour en savoir un peu plus.
La collection Shonen Sunday, une collection de manga pour les jeunes garçons plutôt, vient de sortir au mois de septembre une nouvelle série au titre qui intéressera les amateurs de jeux de société : 放課後・さいころ倶楽部, littéralement “Après les cours : le club de jeux de société”. Une fois de plus, on se rend compte que les traductions littérales font plus de mal que de bien à notre langue… C’est publié par Shogakukan et écrit/dessiné par Yudai Nakamichi (dans l’ordre prénom/nom). A noter, sous le nom de l’auteur, la participation du magasin de jeux de société le plus populaire de Tokyo, Sugorokuya.
Le premier volume se compose de 10 histoires (話 en japonais). Je vais vous parler des 5 premiers chapitres. L’histoire se met en place de façon classique pour un manga, avec la rencontre surréaliste des protagonistes. Miki 武笠美姫(ミキ), une lycéenne de première année discrète et peu enclin à la vie sociale, fait la rencontre d’Aya 高屋敷綾(アヤ), alors qu’elle se promène le long de la berge de la Kamogawa (鴨川), la rivière la plus célèbre de Kyoto. Tout commence de façon extraordinaire. Miki est dans ses pensées et ne remarque pas Aya sur son vélo. Alors que cette dernière s’apprête à percuter Miki, elle donne un coup de guidon et se retrouve dans la rivière… Les premiers moments sont aussi drôles qu’improbables. Aya se relève et déclare, non sans humour : Ah, je vis encore !
De là commence une séquence assez longue et très orientée adolescents aux fantasmes encore irréalisés quant à la gente féminine… En effet, Aya décide tout simplement de se dénuder pour essayer tant bien que mal de faire sécher ses vêtements. S’en suivent des scènes plutôt téléphonées avec des vieillards lubriques en approche, Miki qui essaie de détourner leur attention et Aya qui, une fois à demie habillée, décide de se balader… sans culotte. Les deux jeunes filles prennent le temps de se découvrir et le lecteur se rend vite compte que les deux personnages sont complètement opposés : Miki est réservée, silencieuse et manque de confiance en elle tandis qu’Aya est excentrique, un peu bête et bavarde, Miki est un garçon manqué, Aya une très jolie jeune fille…

Les 50 premières pages continuent de mettre en place ce duo de manière un tantinet poussive mais le ton est drôle. Le lendemain de cette rencontre, alors que Miki attend avec ennui que les cours commencent, la professeure faire entrer une nouvelle élève. Il s’agit bien évidemment d’Aya. Les voilà désormais camarades de classe.
Une troisième élève vient s’ajouter aux deux personnages de départ : Midori 大野翠(ミドリ). Midori est un autre cliché de la vie lycéenne. Responsable de classe, 1ère dans toutes les disciplines scientifiques (pour une fille, ouah !!), elle connaît par cœur le règlement du lycée et est intraitable. Aya et Miki sont intriguées par ce personnage froid, hautain et tatillon. Elles vont cependant avoir l’occasion de mieux la découvrir par le… deuxième… plus heureux des hasards. Après que Midori, avec une insistance dérangeante, a convaincu la nouvelle venue de la laisser la guider dans le lycée, Aya et Miki vont passer un peu de temps dans un café (non sans que Midori ne leur rappelle qu’aller dans un café est interdit après 18h par le règlement).
Alors que les deux jeunes filles discutent abondamment de Midori, elle l’entrevoit de l’autre côté de la route. Celle-ci se dirige vers un quartier plutôt populaire de Kyoto, où les lycéennes ne s’aventurent généralement pas. Aya, toujours prête à se laisser aller à la plus folle des imaginations, ne peut s’empêcher de penser que Midori travaille dans le monde du soir… d’abord en imaginant qu’elle vend son corps (援助交際, la prostitution lycéenne, pour résumer) ou qu’elle travaille comme hôtesse dans un bar (キャバクラ, Cabaret Club, un lieu nocturne où de jeunes hôtesses passent la soirée à inviter les clients à boire en échange de leur compagnie).
Fort heureusement, Midori, en réalité, travaille dans un magasin de jeux de société après les cours… Aya et Miki la suivent donc pendant quelques temps et arrivent, une fois que la porte de l’ascenseur s’ouvre devant elles, dans un magasin dont la présentation les éblouit. Il s’agit en fait de la reproduction de l’intérieur du magasin Sugorokuya, à Tokyo, mais idéalisé. Avec trois fois plus d’espace, pour dire les choses simplement.
Aya et Miki passent plusieurs minutes (intemporelles) à scruter en s’interrogeant les produits proposés par ce magasin d’un nouveau genre. Soudain, un homme au crâne rasé, musclé comme un catcheur de la WWF (pas le truc des pandas, mais bien celui où on voit des gens frapper d’autres gens avec des chaises pliables), mais vêtu d’un joli tablier de vendeur de Sugorokuya, leur demande ce qu’elle cherche. L’effet comique est classique mais reste drôle.
Maintenant que les deux lycéennes savent que Midori travaille dans ce magasin, et qu’elle est passionnée de jeux de société depuis son plus jeune âge, cette dernière leur propose de découvrir Marrakech de Dominique Ehrhard. Les règles sont expliquées rapidement et pendant plusieurs pages, on assiste à la partie. Bien sûr, le mangaka s’en remet aux ressorts habituels pour donner du dynamisme et du suspense à la partie : le lancer de dé magique, l’explication stratégique qui tue et le vainqueur annoncé qui perd la partie au dernier moment…
Aya et Miki, non seulement sympathisent avec Midori mais découvrent que le jeu de société moderne est un loisir amusant et plein de surprises !
Les cinq premiers chapitres sont difficiles à mettre en place pour l’auteur. Il a très souvent recours à des artifices comiques pour relancer l’intérêt du lecteur et cette dimension peu naturelle pourra en rebuter certains. Le contexte est aussi problématique, selon moi. Le jeu de société au Japon est généralement pratiqué par des adultes, et très majoritairement des hommes. Essayer d’intégrer ce loisir à la vie lycéenne de jeunes filles est une bonne initiative mais, comme souvent dans les mangas pour adolescents, il y a un double discours : le premier, assez peu ragoûtant mais commun au Japon, les filles au lycée sont des fantasmes sur pattes et il faut satisfaire la curiosité non rassasiée des jeunes garçons qui liront le manga, et le second, plus intéressant cette fois, le jeu de société est un loisir passionnant plein de suspense et de réflexion.
Pour qui est habitué à la lecture de manga, ce double discours passera presque inaperçu. Le point très positif reste la découverte de jeux de société qui ont fait date dans notre hobby : commencer par Marrakech est une très bonne idée. Le jeu est beau, stratégique et dépaysant. L’auteur s’adresse clairement à des non initiés et les pages de présentation rédigées par le patron de Sugorokuya viennent donner plus d’informations, même si l’oeuvre donne un peu l’impression d’être une vitrine pour l’enseigne.
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Excellent, merci beaucoup!

Merci pour cette superbe présentation, ça fait envie de les avoir dans les mains

sten dit:Merci pour cette superbe présentation, ça fait envie de les avoir dans les mains
Pareil, sauf que même avec le manga entre les mains, j'en saurais pas plus vu mon niveau inexistant en japonais. Du coup ça me donne plutôt envie de lire ton résumé en français des chapitres suivants ! :D

Très intéressant, ce résumé (et du coup j'ai visité le site, qui a l'air bien aussi)!
:pouicok:
-Mildaene

Merci à tous pour vos commentaires ! La suite devrait arriver dans les prochains jours. :)