Livre blanc de l'ecoconception des jeux

http://www.ludigaume.be/v4/php/lg_article.php?id=274

L’UEJ (union des éditeurs de jeux) est un organisme qui rassemble nombre d’éditeurs de jeux de société, créé début 2016 et présidé par Mathilde Spriet (Gigamic). L’UEJ organise une dizaine de commissions dont une dédiée à l’éco-conception (EC) et la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Les membres de cette commission sont les éditeurs Bioviva, Blam! (responsable commission), Bragelonne Games, Game Flow, Gigamic, Le droit de perdre, Studio Lumberjacks, …etc. (je n’ai pas la liste complète !).

La commission EC-RSE a fait réalisé une étude (Le livre Blanc de l’écoconception) par un prestataire extérieur spécialisé en matière environnementale. Cette étude fournit des données importantes sur la dimension environnementale de notre loisir. Elle donne également des pistes d’action aux éditeurs et aux distributeurs pour réduire l’impact environnemental de leur activité. En toute transparence, ils ont accepté de me la faire parvenir et je vous en livre ici ma lecture.

Tric Trac

Merci pour le partage !

Je me modère :slight_smile:

Je ne veux surtout pas être contre productif :slight_smile: Enfin, si, mais pas dans ce sens :slight_smile:

En quoi obtenir des données concrètes sur la production des jeux que nous consommons serait de la propagande ? Et quel rapport avec EELV ?

Je pense que c’est comme bcp d’autres secteurs, obligatoirement si tu veux etre moins polluant, tu produis local.

Mais pour que ce soit économiquement acceptable pour le public, tu dois diminuer le nombre d’intermediaires ou tu réduis tes marges, ou alors tu fais vibrer la corde “made in France” qui peut permettre de faire accepter un coût supplémentaire. 

Ceci dit, pas sûr que nous ayons tout le savoir faire en France, peut-être davantage en Europe mais bon, comme mis dans l’etude, le transport de Pologne pollue quasiment autant que le transport de Chine pour 1000 jeux. 

Du coup, cela implique une relocalisation française de la fabrication, mais est-ce si intéressant en terme de volume de le faire, et a-t-on encore le savoir faire ?

Sur un jeu que j’ai pledgé, le createur est clairement embêté par l’imprimeur français qui choisit les delais qu’il veut pour honorer sa commande et met le createur devant le fait accompli, alors que d’autres pièces produites hors France sont arrivées dans les delais et en très bonne qualité. Donc Made in France ne veut pas non plus dire qualité absolue. 

Edit : Là où je rejoins Gabriel Ombre, c’est que l’ecologie n’est pas que de l’equivalent CO2, c’est minimiser l’utilisation de matière en quantité finie, c’est se recentrer sur le nécessaire, et c’est ne pas faire de l’ecologie chez nous pour polluer 3 fois plus le voisin.
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L’étude parle également de l’épuisement des ressources.
Sur les boites en métal par exemple.
Ce point est mentionné dans l’article.

“Les boites en métal sont selon l’étude à éviter du fait des émissions de Co2 mais également pour plusieurs autres raisons dont l’épuisement des matières premières.”

Il fait beau, je vais aller faire un tour :slight_smile:

C’est pas faux.

XavO, “conclut” prend un t à la troisième personne du singulier. Je me permets de relever car ce verbe revient plusieurs fois dans ton article.​​​​​​

Précision importante : l’article de Xavo n’est qu’une synthèse du Livre Blanc, qu’il ne fait que résumer, sans doute à gros traits (merci à lui, au passage). Donc attendons peut-être de voir avant de balayer l’initiative d’un revers de la main ?

Quant au barème de CO2, c’est une norme, un critère parmi d’autres, retenu parce qu’il est facilement mesurable et reconnu comme facteur majeur du réchauffement climatique. Le rejeter purement et simplement en reviendrait à rejeter le système métrique parce qu’il existe d’autres systèmes de mesure : ce serait se priver d’un outil important de mesure et de… comparaison, justement.

Celles qui ouvrent l’article servent seulement d’illustration, d’accroches. Je doute fort que les auteurs du Livre Blanc se contentent de ce type d’infographies faciles (enfin, je n’espère pas !). En revanche, le reste de l’article de Xavo aborde bien d’autres sujets, dont celui du transport (lui aussi traduit en CO2, ce qui paraît normal) et des ressources utilisées.

Du coup, je trouve plutôt sain que des éditeurs se regroupent pour aborder ces questions, produire une synthèse et élaborer des pistes de recherche. Greenwashing ou pas (le greenwashing implique quand même des campagnes de com de grande ampleur, ça ne me paraît pas être le cas ici), c’est le seul moyen pour que l’industrie modifie certaines pratiques (pis ça tombe bien, c’est justement au moment où ça devient compliqué de produire en Chine, ça alors^^).

Vous êtes tombés dans le panneau du sujet polémique par excellence.
je me demandais quand est ce que ça aller mordre.
c’est fait.

Albumine Tagada dit :Du coup, je trouve plutôt sain que des éditeurs se regroupent pour aborder ces questions, produire une synthèse et élaborer des pistes de recherche. 

Je n'ai pas vu ces pistes de recherche.
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Produire loin pollue. Soit.
- Mais alors il faut produire près de chaque lieu de consommation ?
A quelle echelle? Continent, pays, région, ville, quartier?
Quid des économies d'échelle grâce à l'industrialisation ?
A-t-on les capacités de production localement ? 

Le dernier km (boutique-client) pollue. Soit.
On supprime le e-commerce?
On interdit aux clients de venir en boutique en voiture?
On supprime les salons internationaux? Ou on les interdit au public?

Le jeu en ligne pollue. Soit.
On fait quoi?

Le KS pollue. Soit.
On fait quoi?
Plusieurs distributeurs livrent leurs KS en boutiques. Ça entre ainsi dans le flux classique.
L'article ne le mentionne pas.

L'article parle du bois vs métal et plastique. Soit.
On va faire des boites en bois, des jeux en bois?
C'est beau. Mais c'est cher, moins malléable que le plastique, peu résistant à l'eau, + lourd et donc plus cher en € et CO2 à transporter.

... Bref, du constat à des solutions viables, il y a un gap.
Et comme on dit dans l'Underground "Mind the gap!"
 

Je suis pour la paix des braves :slight_smile:

Gabriel Ombre dit :
En ce moment, l'urgence climatique commence à envoyer des signaux vraiment très forts : inondations, feux de forêts, Courants marins en voie de disparition, épisodes caniculaires... Y'a pas qu'une histoire de CO2.
 

Pas que... mais la concentration du CO2 reste le principal facteur de l'accroissement de l'effet de serre et donc du réchauffement climatique, qui entraîne justement les effets que tu listes. On va dire que ces derniers sont des symptômes d'une maladie en (très) grande partie causée par les émissions de CO2. Du coup, sa mesure et les comparaisons qu'elle peut entraîner ne me paraissent pas si à côté de la plaque que ça.
Quant à la faiblesse des réactions face à la catastrophe climatique, on sera au moins d'accord là-dessus... mais c'est un autre débat, là aussi !

Albumine Tagada dit :
Gabriel Ombre dit :
En ce moment, l'urgence climatique commence à envoyer des signaux vraiment très forts : inondations, feux de forêts, Courants marins en voie de disparition, épisodes caniculaires... Y'a pas qu'une histoire de CO2.
 

Quant à la faiblesse des réactions face à la catastrophe climatique, on sera au moins d'accord là-dessus... mais c'est un autre débat, là aussi !

Le dilemme du prisonnier, bien connu de la théorie des jeux.
On z collectivement intérêt à coopérer.
Mais si l'un coopère et les autres non, celui qui coopère perd.
Donc personne ne coopère.
Resultat: on perd tous.

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Dilemme_du_prisonnier

Ajoute à ça le gros décalage spatial et temporel entre pollution et changement climatique (on subit actuellement las effets climatiques de la Révolution industrielle, l'île de France subit la pollution des centrales à charbon allemandes décidées par les Grunen...qui maintenant regrettent l'arrêt du nucléaire allemand), et on a un bon cocktail pour ne rien faire.

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Juste pour signaler que Andrew Navaro a lance un KS (justement) afin de répondre a sa façon au challenge environnemental posé par l’industrie du jeu:


Par ici que ca se passe : EarthBorne Rangers

Des produits qui durent
Des composants de haute qualité associés à une présentation attachante et réfléchie font d’Earthborne Rangers un jeu que vous voudrez dans votre collection pour la vie. La boîte de base, bien que recyclable, est robuste et conçue comme une solution de stockage permanente pour votre collection de cartes.

Le recyclage et la valorisation des déchets
Pas de plastique à usage unique. Tous les emballages sont réutilisables, minimaux, recyclables et biodégradables. Notre objectif est que tous les composants du jeu Earthborne Rangers soient entièrement recyclables, biodégradables et/ou compostables.

Des matières durables
Tous les composants des Earthborne Rangers seront fabriqués à partir de papier certifié FSC ou à partir de sources de papier alternatives. Aucun produit pétrochimique ne sera utilisé dans aucun de ses composants ou emballages. Les modules complémentaires seront fabriqués à partir de matériaux naturels recyclables, biodégradables ou compostables.

Des usines respectueuses de l’environnement
Earthborne Games s’engage à travailler avec des usines qui partagent notre vision de la durabilité environnementale. Chaque usine que nous envisageons prend activement des mesures pour réduire son empreinte carbone grâce à l’utilisation d’énergie propre, à la réduction des déchets ou à d’autres pratiques respectueuses de l’environnement dans ses installations. Ces usines travaillent également avec des fournisseurs qui utilisent des pratiques durables dans l’approvisionnement en matières premières.

Distribution durable
Notre objectif est de fabriquer des Earthborne Rangers aussi près que possible de la majorité de ses bailleurs de fonds, et si nos objectifs régionaux d’extension sont atteints, nous fabriquerons dans plusieurs usines à travers le monde. Quel que soit l’endroit où Earthborne Rangers est fabriqué, il sera distribué à partir des centres de distribution régionaux. La fabrication régionale associée à la distribution régionale minimisera la distance que le jeu parcourra de l’usine à votre porte, réduisant ainsi les émissions de carbone.


Les coûts de matériaux et de fabrication prévus pour les Earthborne Rangers sont de plusieurs ordres de grandeur supérieurs à ceux de produits comparables sur les marchés de détail (avec lesquels nous sommes très familiers). Le coût est la principale raison pour laquelle la fabrication régionale et les matériaux durables ne sont pas souvent (voire pas du tout) utilisés dans la production de jeux de table. Malgré tout, nous faisons notre part pour empêcher les bailleurs de fonds de supporter ces coûts autant que possible en offrant des remises pendant la campagne et en acceptant des marges inférieures à celles standard du secteur.

Tric Trac

Évidemment que c’est un sujet polémique :slight_smile:

Donc c’est bien normal d’en discuter, chacun avec ses sensibilités et donc son point de vue.

L’important étant de se respecter.

Donc il n’y a pas d’autre panneau que celui qui avertit : attention, dans ce sujet vous risquez de dévoiler une partie de votre opinion.

Quant au pop corn… Il ne me semble pas, par exemple avec Albumine Tagada, que nous nous affrontons tels des gladiateurs dans l’arène. Donc il n’y a pas grand chose à attendre, désolé.

Merci pour ton message aussi, Tintaglia. Je ne connaissais pas ce projet qui va à mon sens, bien sûr, dans la bonne direction. Je remarque juste que la localisation comprend l’anglais, l’allemand et l’italien. Pas de français donc… Dommage.

Dans la même veine, je suis Solutions: the game, aussi sur KickStarter.

Bien que je n’apprécie pas vraiment le crowdfunding actuel, je trouve que ces projets renouent avec ce qui faisait son intérêt à l’origine : faire connaître des projets qui n’auraient pas pu se développer ni se faire connaître sans.

Le calcul de l’équivalent CO2 est à l’origine conçu par le GIEC dans un but facilitateur. Il se base sur des comparaisons des effets de 6 gaz à effet de serre, définis dans le protocole de Kyoto. Les taux de base choisis pour les calculs tentent de tenir compte des effets dans le temps de chaque gaz. C’est pourquoi l’équivalent CO2 est calculé à partir des effets sur une période de 100 ans pour uniformiser. Il existe aussi une alternative sur 20 ans. Le CO2 est responsable pour les deux tiers du réchauffement climatique. Mais par exemple, la part du méthane est loin d’être négligeable surtout dans les premières années de son rejet… Or le calcul se fait sur un taux de 100 ans par défaut. Le GIEC admet lui même que cet indicateur est loin d’être parfait et qu’il sert de prétexte à l’industrie pour se créer une image propre, entre autres. J’ai donné l’exemple du secteur automobile.

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Mais c’est surtout les comparaisons qui m’ont fait bondir ! Si ce n’est pas intentionnel c’est particulièrement maladroit. Mais je pense que c’est intentionnel.

Tout pollue mais il faut bien vivre. La pollution, c’est surtout la frontière qu’il ne faudrait pas franchir pour se mettre en danger.

Enfin, un livre blanc, c’est un recueil de bonnes intentions, sans véritable effet de contrainte. Nul besoin d’attendre sa réalisation pour commencer à se positionner. C’est un peu comme la création de commission, c’est le meilleur moyen de ne pas agir sans que ça se voit trop.

Donc, des actes :slight_smile:

N’oublions pas que le jeu, c’est une infime partie du problème global. Mais c’est génial qu’il participe, comme le colibri, a trouver des alternatives. Pour l’instant c’est quand même encore marginal.

Bonne journée :slight_smile:

Merci pour le partage sur le forum.

Il y a dans le document fourni par l’UEJ un peu plus de contenus que ce que j’ai mis dans l’article : j’ai repris les conclusions de chacun des chapitres et une partie des éléments fournis. Le gros du rapport est là. Je suis d’accord sur le fait qu’il y a un certain amateurisme dans le document dans la forme et le fond (par exemple on ne sait pas qui l’a fait). N’étant pas du domaine, je me suis abstenu de juger cet amateurisme. J’ai néanmoins voulu montrer, sans être spécialiste, que les comparaisons sont assez limites, d’où mon point par exemple sur l’accord de Paris.

Pour participer à la commission Environnement de ma boite, je sais à quel point il est difficile d’avancer sur ce sujet. Pourtant, je bosse au sein d’une coopérative dite de l’économie sociale et solidaire avec plein de gens super dedans, tous entrepreneurs de leur propre activité. Mais le sujet est vaste, les remises en cause profonde, difficile voire impossible pour certain. Sans nullement nier que le carbone n’est qu’une problématique environnementale parmi d’autres et sans non plus être dupe du fait que cela soit un marché, nous avons également eu ce point d’entrée dans notre approche car ce sujet permet d’évaluer sa propre activité de façon assez précise. Il y a beaucoup de référentiels et d’outils à disposition. Nous n’avons pas fait appel à des spécialistes (sur conseil de l’ADEME) car ils vendent des machines à gaz pour grands groupes et parce que cela coûte très cher (plusieurs milliers d’euros). Je pense que l’UEJ est dans cette démarche. 

Pour être tout à fait transparent, j’ai voulu être positif : faire confiance, croire en la sincérité de l’UEJ et voir ce que ce rapport nous dit de notre loisir et ce que l’on peut en faire dans notre pratique. Je crois que c’est un signal intéressant et ce d’autant plus que l’étude n’est pas publique : j’ai du la demander. Il n’y a pas eu un beau bilan RSE sur papier glacé. Ils ont produit le doc et il ressemble surtout à un document de travail.

Hurler au greenwashing et à la caricature environnemental  me semble contreproductif. On ne peut demander un bilan complet de l’impact de l’industrie du jeu de société sur toutes les dimensions environnementales possibles. Par exemple, il faudrait que l’UEJ évalue son impact sur les 9 limites planétaires (le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore, les changements d’utilisation des sols, l’acidification des océans, l’utilisation mondiale de l’eau, l’appauvrissement de la couche d’ozone stratosphérique et l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère) et … agisse. Oui ce serait magnifique mais qui peut croire que cela va se faire ou que cela soit même faisable ? L’UEJ diffuse aujourd’hui l’idée qu’il faut arrêter avec la production chinoise, l’usage du plastique et du métal, montre, par le carbone, que la surconsommation de jeux de société est un problème ! Remontons 3 ans en arrière : le sujet n’existe tout simplement quasiment pas. Quand j’écris mon premier article sur le sujet en 2018 et que je poste le lien sur un groupe FB, j’ai des réactions épidermiques de personnes qui veulent acheter des tonnes de jeux. Quand Gus&Co et Ludigaume intègrent l’écoscore en 2019, nous sommes suivis par… personne ! Par contre, ils sont légions à nous expliquer pourquoi c’est imparfait ! Je sais bien que cela avance trop lentement. Aujourd’hui, les pros font quelque chose. On est loin, très loin de ce qu’il faudrait faire (sauf chez Opla…), mais, pour moi, qui ait une expérience similaire dans ma coop, c’est quelque chose. Maintenant, attendons d’autres actes.

Gabriel Ombre dit :

Quant au pop corn... Il ne me semble pas, par exemple avec Albumine Tagada, que nous nous affrontons tels des gladiateurs dans l'arène. Donc il n'y a pas grand chose à attendre, désolé.
 

Ah oui, je confirme^^. D'autant qu'on est presque tous ici d'accord sur le fond, à savoir l'urgence écologique. Du coup, je ne vois pas ce que ce sujet aurait de "polémique par excellence" au point de sortir les pop-corns ?!

Sinon, tout à fait en phase avec l'analyse de Xavo.