les iut en danger

[Danger]

Enseignant en iut, je m'inquiète comme beaucoup du démantèlement actif d'une structure qui a fait ses preuves en matière de formation et d'insertion sur le marché du travail. Je me permet de vous faire suivre le texte d'une pétition faisant suite à une action peu médiatisée, hélas. Chacun en pensera ce qu'il en veut.

DUT, une disparition programmée !

Depuis quarante ans, les IUT assurent une mission de formation de techniciens supérieurs (Diplôme Universitaire de Technologie) et de cadres intermédiaires (Licences Professionnelles créées en 2000). Les 116 IUT de France ont été, à la satisfaction de tous (les étudiants et leurs familles, les milieux professionnels) un des vecteurs essentiels de la démocratisation et de la professionnalisation de l’enseignement supérieur et de l’aménagement du territoire. Ils accueillent aujourd’hui plus de 140 000 étudiants (dont 36% de boursiers), qu’ils font réussir à plus de 75%.
Ce succès, que personne ne dément, repose sur :

- un DUT reconnu de manière identique sur l’ensemble du territoire,
- un partenariat étroit avec l’entreprise,
- des moyens financiers et humains spécifiques à la technologie,
- une responsabilisation des acteurs et décideurs des IUT.

Dans le cadre de la mise en application de la loi « Libertés et Responsabilités des Universités » (LRU), l’Etat retire toute dotation directe (financière et humaine) aux IUT.

Si rien ne change, les IUT, au premier janvier 2009, ne pourront plus garantir les conditions du succès et la lisibilité nationale du diplôme.

L’ensemble des directeurs des IUT de France considère que cette situation remet en question l’existence même des IUT et en conséquence celle du Diplôme Universitaire de Technologie.

Les soussignés réclament le maintien du fléchage des moyens ou de véritables garanties de l’Etat pour que le caractère national des DUT (qualité et moyens) existe dans les universités autonomes.

SIGNEZ !!!
http://www.iut-fr.net/petitions/?petition=2

Ayant moi même obtenu un DUT et du boulot dans la foulée, dans une branche qui paradoxalement a du mal à reconnaître le DUT face aux autres diplômes, je ne peux que défendre ces formations.

Après, il faut avouer que l'objectif premier des DUT (accéder le plus rapidement possible au marché du travail tout en ayant une formation dans le supérieure) a été quelque peu détourné vu le nombre de poursuites d'études après un DUT. Mais il serait idiot de s'opposer au fait que ces formations deviennent de bonnes passerelles pour des parcours de plus en plus qualifiés.

je n'ai pas fait de DUT par méconnaissance de ce diplôme lorsque j'étais au lycée, je me suis retrouvé dans un Deug foure-tout qui ne m'orientait que vers une carrière de prof que je ne souhaitais surtout pas embrasser (pas mon truc).
J'ai "perdu" plusieurs années à m'entêter à faire des études (mais pendant ce temps je ne gonflais pas les chiffres du chômage :modopouic: ) pendant que je voyais des gens intégrer le monde du travail.
Il me semble que ces filières sont très intéressantes pour bon nombre d'étudiants qui souhaitent intégrer des filières techniques sans vouloir (ou pouvoir) aller jusqu'à devenir ingénieur.

Les DUT, ça vaut rien !

Vive les études longues où on en sort après 25 ans pour le même salaire et le même poste qu'un DUT... Vive à retraite à 70 ans !

le poney dit:je n'ai pas fait de DUT par méconnaissance de ce diplôme lorsque j'étais au lycée, je me suis retrouvé dans un Deug foure-tout qui ne m'orientait que vers une carrière de prof que je ne souhaitais surtout pas embrasser (pas mon truc).
J'ai "perdu" plusieurs années à m'entêter à faire des études (mais pendant ce temps je ne gonflais pas les chiffres du chômage :modopouic: ) pendant que je voyais des gens intégrer le monde du travail.


Idem ... avant que j'arrête les études que j'aille faire des p'tits boulots et que l'éducation populaire me refasse accrocher à l'Education Nationale via les IUT. Dans mon cas ça a limite été salvateur :shock:

spartak dit:
Dans le cadre de la mise en application de la loi « Libertés et Responsabilités des Universités » (LRU), l’Etat retire toute dotation directe (financière et humaine) aux IUT.

C'est remplacé par quoi? Dotations indirectes? Contrat d'objectifs? Contrats avec des entreprise? Autres?
En quoi cela pose-t-il problème?
spartak dit:
Les soussignés réclament le maintien du fléchage des moyens ou de véritables garanties de l’Etat pour que le caractère national des DUT (qualité et moyens) existe dans les universités autonomes.


"Maintien du fléchage des moyens"? Cela veut dire quoi? Quelles garanties réclament les signataires?

Les IUT c'est bon mangez en ! :pouicok:
au final j'aurai enchainé mon DUT et 3 années en fac sans une fausse note.
j'ai évité les prépa et mon salaire me va pleinement.
j'ose à peine imaginé mon cursus si j'avais enchainé Terminal (mode total encadré) - Fac (mode total free)... :pouicboulet:

bertrand dit:
spartak dit:
Dans le cadre de la mise en application de la loi « Libertés et Responsabilités des Universités » (LRU), l’Etat retire toute dotation directe (financière et humaine) aux IUT.

C'est remplacé par quoi? Dotations indirectes? Contrat d'objectifs? Contrats avec des entreprise? Autres?
En quoi cela pose-t-il problème?
spartak dit:
Les soussignés réclament le maintien du fléchage des moyens ou de véritables garanties de l’Etat pour que le caractère national des DUT (qualité et moyens) existe dans les universités autonomes.

"Maintien du fléchage des moyens"? Cela veut dire quoi? Quelles garanties réclament les signataires?


Les IUT ont construit leur succès sur leur autonomie, garanti lors de leur création par ce qu'on appelle l'article 33. Cette autonomie était construite sur un budget indépendant fixé par le Ministère et par des postes idems (dotation directe). Paradoxalement la loi LRU qui vise à autonomiser les Universités sonne le glas de la responsabilité des IUT. Leurs moyens seront alloués par l'Université à laquelle ils appartiennent sans forcément tenir compte d'un ensignement technologique plus coûteux. Les Présidents d'Université jalousent depuis longtemps les IUT et les trouvent trop riches. Les premiers retours sur les dotations décidées par les Universités montrent des diminutions de moyens qui peuvent dans certains endroits aller jusqu'à plus de 30%. Je ne parle pas des postes...
Le flêchage des moyens consiste à revenir à un système où le budget n'est pas une part de l'enveloppe budgétaire de l'Université décidé par la dite Université, mais une enveloppe propre. Les garanties passent par un contrat d'objectifs et de moyens négocié avec le Ministère...
Cette perte d'indépendance va plus loin. Le commissions nationales pédagogiques (CPN) sont amenées à disparaître et avec elles le caractère national du diplôme.
Une autre force des DUT est la participation à l'élaboration et au suivi des formations par des professionnels. La fin des CPN et la perte de pouvoir des conseils de gestion locaux des IUT ne peut que conduire ceux ci à se désengager. Je ne pense pas que ce soient les Universités qui profitent de ce désengagement, mais plutôt des officines privées de formation...

Les IUT (je parle notamment de GEA pour Gestion des Entreprises et Administrations), c'est bien car je trouve que :
- L'essentiel est de faire des expériences en entreprise et j'ai pu faire un stage de 4 mois entre ma première et deuxième année
- Il y a des amphis mais pas trop et on continue les cours en TD, ce qui est bien pour ceux qui ont tendance à pas trop travailler
- C'est quand même bien équipé en terme de matos pédagogique
- Le but étant d'être opérationnel au bout de deux ans, on apprend vraiment des choses utiles pour la vie professionnelle
- Cela permet aussi bien de travailler directement que de continuer à faire des études
- Que ça coûte moins chère et c'est moins long qu'une école de commerce pour apprendre les mêmes choses
- Qu'on croise pleins de gens en école de commerce qui viennent de prépa qui se disent, zut, pourquoi j'ai pas aussi fait un IUT à la place de la prépa ?
- Que ça permet d'étudier à l'étranger durant les deux ans (pour moi ce fut 1 semestre)

Bref, les IUT, c'est hachement bien

spartak dit: ...


Merci pour ces éclaircissements.

Signé.

Tract de l'unef sur la question

L'UNEF demande des garanties pour assurer l'avenir des IUT. Pour participer à des actions dans votre IUT, remplissez le formulaire !

Lors de la journée d’action des IUT, mardi 25 novembre, de nombreux étudiants d’IUT se sont réunis en assemblées générales pour défendre l’avenir de leur formation. Ils étaient 1000 à l’IUT de Toulouse, 300 à l’IUT d’Orléans, 150 à l’IUT de Bordeaux 4… L’UNEF demande à la ministre d’entendre les inquiétudes des étudiants sur l’avenir de leur formation.
L’UNEF s’inquiète des menaces sur les IUT.
La mise en place du budget global dans les universités conduit l’Etat a attribuer une enveloppe budgétaire globale aux universités et a supprimer le fléchage des moyens humains et financiers vers les IUT. Ce n’est plus l’Etat qui donnera directement leurs moyens aux IUT mais les présidents d’université. Alors qu’en juillet 2007, lors du débat sur la loi LRU, les UFR de Santé avait réussi à garder le fléchage de leurs moyens, il y aurait aujourd’hui deux poids, deux mesures.
Pour l’UNEF, cette mesure risque de conduire à une diminution des moyens humains et financiers à destination des IUT et à un creusement des inégalités entre eux. Elle risque de plonger les IUT dans la situation de pénurie budgétaire que connaissent aujourd’hui les universités.
L’UNEF demande des garanties pour l’avenir des IUT.
Pour l’UNEF, les IUT jouent un rôle essentiel, depuis leur création, pour former les cadres dont la société a besoin et dans la démocratisation de l’enseignement supérieur. Ils délivrent un diplôme national reposant sur un programme national permettant une insertion durable de ces diplômés. Au moment où Valérie Pécresse fait de la réussite des étudiants sa priorité, ce sont toutes ces spécificités qui sont menacées.
Pour garantir l’avenir des IUT, l’UNEF demande :
- le maintien des moyens humains et financiers des IUT
- l’intégration des contrats d’objectifs et de moyens passés entre les universités et les IUT dans les contrats quadriennaux des établissements afin de garantir des moyens des IUT
- l’augmentation du nombre de places en IUT pour améliorer l’accès des bacheliers technologiques et professionnels à ces formations
- l’accès de droit de tous les bacheliers technologiques et professionnels aux IUT
- le droit pour tout titulaire d’un DUT de poursuivre ces études en licence
L’UNEF appelle les étudiants d’IUT à se réunir en assemblées générales.
Les étudiants ne peuvent être tenu à l’écart de toute discussion sur les IUT. L’UNEF demande à Valérie Pécresse d’ouvrir des discussions avec l’ensemble des acteurs de la communauté universitaire pour entendre les inquiétudes des étudiants sur l’avenir de leur formation et de prendre des mesures pour assurer la pérennité des IUT.
L’UNEF appelle les étudiants d’IUT à continuer leur mobilisation en se réunissant en assemblées générales et à participer aux journées nationales d’action, notamment à la journée nationale d’action dans l’Education le mercredi 10 décembre.


C'est marrant, la mobilisation LRU de 2007 avait bien prevenu qu'il y aurait ce genre de betise... :(

Faut pas trop chercher : un étudiant en fac coûte 6000 euros, un étudiant en IUT 9000. Dire que les IUT c'est formidable (ce qui est une évidence), ça n'est finalement pas le problème...

Tout ça rentre dans le cadre d'un démantèlement complet du système éducatif, de l'école primaire au CNRS, avec pour seule motivation de grappiller un peu de pognon à redonner à ceux qui en ont vraiment besoin (c'est-à-dire les plus riches, pour qu'ils puissent enfin payer les études de leurs enfants dans des boîtes privées sans amputer leur budget de Noël).

j'adore ces tracts qui partent d'un constat partagé, font des propositions légitimes mais y ajoutent leur fond de commerce.

Le financement doit rester le même et on doit augmenter le nombre de places et que tout le monde y accède... C'est toujours le même discours pour toutes les fillières, c'est ultra démagogique comme propos et quand on fait le cumul, je ne sais pas comment on finance tout ça ni comment on l'organise.

Bref, autant je comprends le cri d'alarme de l'auteur de ce sujet, autant je perçois la nécessité de faire pression sur le gouvernement pour éviter de perdre un outil performant (me semble-t-il), autant je vois de l'instrumentalisation dans ce tract. J'aurai toujours un problème avec certains syndicats dans leur réappropriation de certaines batailles. Utiles mais corporatistes, c'est dommage.

Des fois combattre le mal par le mal ça donne des résultats mais c'est pas glorieux !

Question démagogie, je crois que le gouvernement actuel a été quand très fort avec la campagne présidentielle comme point d'orgue. QUe les syndicats essaient de faire de même avec leurs moyens, c'est pas plus joli, mais à qui de donner l'exemple et de reprendre un dialogue social sur de bonnes bases ?

A moins qu'il soit intéressant de former l'esprit critique des citoyens pour pas tomber dans le panneau de la démagogie, mais avouez que ce serait pour le gouvernement se tirer une balle dans le pied. D'ailleurs je ne vois pas beaucoup de réformes actuelles qui vont dans ce sens.

Bref, peut être parce que nous savons la décrypter, la démagogie ne me gêne plus toujours dans le contexte ultra-démago dans lequel on nous a plongé depuis quelques années. Ca fait partit du quotidien, un peu comme la pub, la seule façon de nous atteindre c'est en conditionnant, sûrement par en nous convainquant !

Dire que l'EN coûte cher c'est un slogan démago?
Etrange, j'aurais plutôt penser que des slogans tels que "l'éducation c'est l'avenir" en était un.

shix dit:Bref, peut être parce que nous savons la décrypter, la démagogie ne me gêne plus toujours dans le contexte ultra-démago dans lequel on nous a plongé depuis quelques années. Ca fait partit du quotidien, un peu comme la pub, la seule façon de nous atteindre c'est en conditionnant, sûrement par en nous convainquant !

Tout à fait, je ne nie pas l'aspect ultra démagogique du gouvernement qui réagit plus à l'actualité qu'à l'intérêt à moyen/long terme.

le poney dit:
Tout à fait, je ne nie pas l'aspect ultra démagogique du gouvernement qui réagit plus à l'actualité qu'à l'intérêt à moyen/long terme.


Est-ce que ultra-démago et gouvernement ne sont pas devenus des synonymes depuis de très nombreuses années ?

En partie mais pas totalement, les réformes ont souvent un fond (retraites, chômage, éducation, santé). Le gouvernement les instrumentalise souvent puisqu'ils se baseront là-dessus pour les prochaines élections comme bilan sur lequel se faire réélire.
Mon propos ne vise pas uniquement le gouvernement actuel même s'il est un parfait exemple de cela !

Mais on s'éloigne un peu du sujet... désolé pour le HS !

On sent bien que le financement est un sujet qui préoccupe le gouvernement et je trouve que c'est une préoccupation pertinente qui a fait défaut aux précédents.
Maintenant, si ce n'est que pour avoir des réflexes comptables et démanteler le système de santé, d'éducation ou de retraites, au profit de systèmes privés ou inégalitaires, c'est stupide et dangereux.